Projets de Réformes - western armenia

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N° 269.
M. P. CAMBON, Ambassadeur de la République française à Constantinople,
à M. HANOTAUX, Ministre des Affaires étrangères,
Thérapia, le 26 septembre 1.896.
Le Sultan m'a donné aujourd'hui
une
longue audience. Il m'a dit
qu'il comptait
sur la France et son représentant pour le seconder et le défendre dans la crise ac-
tuelle.
Je lui ai répondu que, comme amis éprouvés de la Turquie, nous avions le droit de
lui dire la vérité.
« Tous les Gouvernements, ai-je dit en substance, sont très préoccupés; l'opinion
européenne s'est émue à la pensée de massacres et de pillages poursuivis pendant trois
jours sous l'oeil bienveillant de la police et de l'a
troupe;
on est
inquiet pour
les colonies
étrangères
: le renouvellement des désordres amènera certainement une intervention
européenne.
« On affirme dans certains milieux que Sa Majesté
n'est plus en état de se faire obéir,
que l'anarchie est complète
et l'on étudie les moyens d'établir ici un Gouvernement
fort et respecté. Tel n'est pas l'avis du Gouvernement Français. Il considère la Su-
blime Porte comme impuissante, mais le Sultan reste à ses yeux la seule force
gouvernementale
en Turquie et il n'a
pas
l'intention de l'affaiblir. Mais, si nous croyons Votre'
Majesté
assez forte pour imposer sa volonté au monde religieux et à l'armée, nous
la tenons pour responsable et nous lui demandons d'user de son autorité.
« Eclairez d'abord les Musulmans sur vos véritables intentions. Beaucoup d'entre eux
croient vous être agréables en assommant des Arméniens inoffensifs. Faites interdire
ces tueries par une proclamation du Cheikh-Ul-Islam ou par des sermons dans les
mosquées. Sévissez contre les
coupables quelle que soit leur religion et notamment
contre vos fonctionnaires ; enfin, si le Comité arménien se livre à des manifestations
violentes, employez
contre lui les autorités régulières et ne mêlez
pas
la populace
répression.
« Quant à la politique à suivre vis-à-vis des Arméniens, efforcez-vous de
séparer
masse de la population du petit groupe révolutionnaire; mettez en liberté les milliers
d'innocents détenus sans motifs, appliquez les réformes, convoquez l'assemblée générale
et faites élire un patriarche.
Vous rassurerez ainsi la nation et vous pourrez vous
montrer impitoyable pour les révolutionnaires. »
Le Sultan m'a remercié de mes observations et il m'a annoncé qu'il avait par
avance mis en
pratique
la plupart de mes conseils. Il venait de prendre un décret
étendant à tout l'Empire les réformes adoptées pour
les six
vilayets orientaux d'Asie
Mineure; il avait organisé des Commissions de secours; il procédait, avec le concours
d'officiers européens au service ottoman, à une enquête
sur la participation des fonctionnaires
civils ou militaires aux massacres qui seraient poursuivis et punis; il avait
fait défendre
par
les chefs de chaque quartier aux particuliers d'intervenir en cas de
troubles et il répondait que ce mot d'ordre serait respecté; la convocation de l'Assem-
à la
la