Projets de Réformes - western armenia

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Cependant l'état de la ville demeurait assez inquiétant; avant même que le Doyen
du Corps diplomatique eût pu réunir ses coEègues, j'avais, dès la soirée du 2 6, adressé
un télégramme à Tewfik Pacha. Le Ministre des; Affaires étrangères se bornait àme
répondre dans la nuit que le Gouvernement avait fait son devoir et ne pouvait être
rendu « responsable des méfaits commis par des agitateurs arméniens»;
Le lendemain matin 27 août, les Représentants des Grandes Puissances se réunis-
saient chez- le baron de CaEce et s'entendaient sur les termes d'une Note coEective
dont
copie
est
ci-jointe. Tandis que le Premier
Drogman d'Autriche-Hongrie la remettait
à la Porte, ceux de France, de Russie et d'Angleterre se rendaient au Palais,
y faisaient les représentations les plus sévères et réclamaient la
répression immédiate
des excès, librement commis sous l'oeE
complaisant de la
police, par
la
populace
musulmane.
Comme je revenais de Péra, où j'avais pu constater qu'aucune mesure efficace
n'avait encore été prise, Tewfik Pacha m'attendait à l'Ambassade à Thérapia; je dus
me montrer un
peu incrédule sur les assurances qu'il m'apportait et, fort des impressions
personneEes que je rapportais de la vEle, je lui fis
remarquer que depuis
la
veEle on nous
manquait de parole et
qu'E était temps de mettre un terme à cette
organisation officielle du
pElage et du massacre.
Dans les autres ambassades, où le Ministre des Affaires
étrangères se présenta également,
les impressions étaient les mêmes et, chez le baron de Calice, le lendemain
matin 28, M. de.Nélidow proposa d'adresser directement au Sultan un télégramme
de remontrances sévères. Les circonstances paraissaient si graves que l'emploi d'un
moyen si peu conforme au protocole fut
approuvé à l'unanimité. Votre ExceEence
trouvera également ci-joint le texte de ce
télégramme.
Les excès de la
populace musulmane
gagnaient, en effet, les
viEages
du
Bosphore.
A Bebek, à Roumélie-rEssar, à Candili où résident, au mEieu des Turcs, un nombre
considérable de chrétiens et d'Européens, la chasse à l'Arménien se
poursuivait systématiquement
et plusieurs maisons étaient
pillées. Les chrétiens fuyaient en masse
et venaient s'entasser dans les hôtels et les maisons de
Thérapia et de
Buyuk-Déré,
sous la protection des Ambassades.
Dans cet intervaEe, je me rendis de nouveau à Péra, afin de veiEer avec M. Gazay
aux mesures à prendre au cas où la situation s'aggraverait.
Je parcourus lavEle, visitant plusieurs de nos établissements et rassurant de mon
mieux les membres de notre colonie. Je constatai
que le nombre des
gens armés de
gourdins avait diminué. Mais le
spectacle de la vEle était bien propre
à
augmenter
la panique croissante dans Péra; on savait
qu'un massacre génénal des Arméniens
avait eu lieu à Hasskeuï, quartier de la Corne d'Or, habité en majorité par des
juifs qui, pour racheter à bon compte les objets volés par les musulmans, guidaient
ceux-ci dans leur triste
besogne. On voyait passer tout le long de la rue de Péra et
du faubourg de Pancaldi de longues files de tombereaux où se trouvaient entassés
pêle-mêle les cadavres. J?ai vu à notre hôpital où je me rendis, après avoir compté
plus de 4oo cadavres, affreusement mutilés au cimetière arménien de ChichE, trois
blessés
qui avaient été transportés avec les morts dans ces charrettes et qui, pour
sauver leur vie, avaient fait le mort en cette épouvantable compagnie jusqu'au mo-