Projets de Réformes - western armenia
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— 274. —<br />
bombes. L'émoi fut grand parmi les employés<br />
<strong>de</strong> la Banque; dans le désordre, le<br />
Directeur général<br />
<strong>de</strong> la Banque se retira aussitôt dans le local <strong>de</strong> la régie <strong>de</strong>s tabacs<br />
qui communique avec celui <strong>de</strong> la BanquevLes<br />
émeutiers avaient barricadé lès portes<br />
<strong>de</strong> la Banque, en interdisant l'entrée et la sortie. M. Auboyneau, Directeur général<br />
adjoint, qui se trouvait dans son bureau, s'aboucha immédiatement avec les <strong>de</strong>ux<br />
chefs <strong>de</strong> la ban<strong>de</strong>, hommes tout<br />
jeunes<br />
encore et parlant couramment le français.<br />
La situation était périlleuse pour les cent vingt employés qui <strong>de</strong>meuraient entre les<br />
mains <strong>de</strong>s insurgés. Avec un<br />
sang-froid auquel tous les employés<br />
<strong>de</strong> la<br />
Banque<br />
ren<strong>de</strong>nt<br />
hommage, M. Auboyneau chercha à<br />
persua<strong>de</strong>r<br />
à ces bandits <strong>de</strong> quitter les locaux <strong>de</strong><br />
la Banque. Ceux-ci s'y refusèrent : « Nous ne TOUS en voulons nuEement, dirent-ils,<br />
et vous n'avez rien à craindre <strong>de</strong> nous. Nous ne voulons toucher ni à votre argent ni<br />
à vos dépôts. Nous voulons seulement faire une manifestation et dicter d'ici nos con-<br />
ditions ».<br />
Après<br />
une<br />
longue discussion, Es consentirent à laisser M. Auboyneau quitter la<br />
Banque et se rendre au Palais pour faire part au Sultan <strong>de</strong>s conditions que<br />
les émeutiers<br />
mettaient à évacuer la Banque. On ne pouvait, en effet, songer<br />
à les déloger<br />
par<br />
la force et à faire donner la troupe. C'eût été le signal<br />
du massacre <strong>de</strong> tous les<br />
employés et M. Auboyneau mérite d'être félicité pour l'énergie avec laqueEe<br />
E a<br />
poursuivi,<br />
en face dés Arméniens et du Sultan, le salut <strong>de</strong> son personnel et <strong>de</strong>s<br />
caisses <strong>de</strong> la<br />
Banque.<br />
La situation <strong>de</strong>venait <strong>de</strong><br />
plus<br />
en plus critique, dans le reste <strong>de</strong> la vEle; en effet,<br />
les troupes étaient tout à fait insuffisantes, le Sultan n'ayant pas consenti à distraire,<br />
pour maintenir l'ordre, un seul homme <strong>de</strong>s trente bataElons casernes autour <strong>de</strong> Yldiz.<br />
De toutes parts,<br />
à Galata, éclataient <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> feu répondant<br />
à <strong>de</strong>s bombes.<br />
Dès les premiers instants, une ban<strong>de</strong> d'assommeurs partie <strong>de</strong>s bas-fonds <strong>de</strong> Stamboul<br />
s'était précipitée<br />
dans les quartiers chrétiens. Une véritable chasse à l'Arménien s'organisait;<br />
ceux<br />
qui<br />
avaient l'impru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> se montrer ou <strong>de</strong> sortir pour fuir dans<br />
<strong>de</strong>s lieux plus sûrs étaient immédiatement tués à coups <strong>de</strong> gourdins, <strong>de</strong> barres <strong>de</strong> fer<br />
ou <strong>de</strong><br />
poignards.<br />
Les magasins arméniens étaient pElés et saccagés, leurs propriétaires<br />
égorgés<br />
et la populace se ruait sur les maisons où l'on croyait trouver <strong>de</strong>s Arméniens,<br />
enfonçant les portes, brisant les fenêtres. Dans les khans voisins <strong>de</strong> la<br />
Banque et <strong>de</strong>s nouveaux quais, nombre <strong>de</strong> bureaux <strong>de</strong> banquiers, <strong>de</strong> gens d'affaires,<br />
d'avocats étaient saccagés <strong>de</strong> fond en comble par la populace musulmane, avi<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
piEage<br />
Galata.<br />
et du sang <strong>de</strong>s «hammals» arméniens, gardiens habituels <strong>de</strong>s locaux <strong>de</strong><br />
Pendant toute la soirée, sur tous les<br />
points<br />
<strong>de</strong> la vEle, à Galata, à Perchembé-<br />
Bazar, à Tophàné, à Bechuctache, au bas même <strong>de</strong> la colline <strong>de</strong> Yldiz, à Kassim Pa-<br />
cha, près <strong>de</strong> l'Ambassa<strong>de</strong> d'Angleterre, les mêmes scènes se sont reproduites. Quel-<br />
ques bombes ayant éclaté dans ces différents quartiers, <strong>de</strong>s hor<strong>de</strong>s sauvages se précipitaient<br />
sur toutes les maisons arméniennes et faisaient une véritable boucherie <strong>de</strong><br />
leurs-habitants.<br />
Deux <strong>de</strong>s secrétaires <strong>de</strong> l'Ambassa<strong>de</strong>, qui se trouvaient dans le haut <strong>de</strong> Péra au<br />
moment où la Banque était envahie et qui étaient aussitôt <strong>de</strong>scendus à Galata pour<br />
s'informer <strong>de</strong>s événements, ont été témoins <strong>de</strong>Tacharnement <strong>de</strong>s assassins. Armés <strong>de</strong><br />
leurs gourdins ensanglantés,<br />
les mains et les vêtements<br />
rougis, ceux-ci ne faisaient