Projets de Réformes - western armenia

— 250 —
président
du couvent de Mudjuk-Déressi, près Marache, avait été tué dans les derniers
jours
du mois de novembre précédent.
Cette nouvelle, vague d'abord, encore incertaine, s'accréditait ensuite
peu
à
peu
et s'étayait progressivement
de renseignements et de détails
que recueillait, avec tin
soin et une prudence auxquels nous nous plaisons
à rendre hommage, le gérant du
Consulat de France à Alep, M. Barthélémy.
La partie Nord du Vilayet d'Alep était profondément troublée à cette époque ;
des massacres avaient eu lieu, la terreur
y régnait; les chrétiens n'osaient s'aventurer
en dehors des villes et des villages. La marche lente des nouvelles ne doit donc pas
surprendre.
Mais pour marcher lentement elles ne se complétaient pas moins chaque
jour et, en janvier 1896, aucun doute ne
pouvait plus subsister ni sur le massacre du
P. Salvatore et avec lui d'im certain nombre de
catholiques
latins de son
village , tous
placés sous le protectorat de la France, ni sur la
part qu'avaient prise
à ce massacre
des troupes régulières
de l'armée Impériale ottomane.
A la fin de janvier,
une demande d'explications fut adressée à la Sublime Porte par
l'Ambassade de France à Constantinople. Elle resta sans réponse. Enfin, sur de longues
et pressantes instances, au commencement d'avril, par ordre de Sa Majesté Elle-même,
une Commission fut constituée. Elle avait la mission de se rendre sur place pour se
livrer à une enquête sur les faits révélés.
Cette Commission se composait
i° D'Emin effendi, juge au tribunal de ire instance de Stamboul;
20 De Ohannès effendi, juge au tribunal de ire instance de Péra;
3° Du colonel Sadik bey, aide de camp de S. M. I. ;
:
4° Du lieutenant-colonel Abd-ul-Rahim bey, aide de camp de S. M. I. ;
5° Du lieutenant-colonel de Vialar, attaché militaire à l'Ambassade de France,
délégué français.
Elle quitta Constantinople le mardi 7 avril 1896, et se trouva réunie à Marache
(Vilayet d'Alep) le 22 du même mois.
Elle commença ses travaux le lendemain 2 3.
Pour l'intelligence
des faits qui vont suivre il est nécessaire de donner ici sur le
sandjak de Marache quelques
indications géographiques. Nous le ferons aussi succinctement
que possible.
Le territoire du Sandjak de Marache est généralement montagneux;
on y trouve
cependant quelques
belles plaines, entre autres celle dite de Marache, au Sud de la
ville et dominée par
elle. Cette plaine est arrosée
par deux rivières, l'Ak-Sou et l'Erkénes-Sou,
qui, après s'être réunies, vont se jeter à une vingtaine de kilomètres au
Sud-Ouest de la ville, dans le fleuve Djihan, l'ancien Pyramus.
Le Djihan prend sa source non loin d'Elbistan, au Nord-Est du Sandjak de Marache;
il court dans une direction
générale Nord-Est-Sud-Ouest, passe à douze kilomètres
environ à l'Ouest de Marache, est grossi par un torrent, le Gheudjek, et plus loin par
une petite rivière, le Kersoulou, coulant tous deux dans une direction Nord-Sud, dans
la partie
du moins qui nous intéresse.