Projets de Réformes - western armenia

— 192 —
De tous, M. Meyrier, Vice-Consul à Diarbékir, a peut-être le plus cruellement et le
plus longuement souffert; M. Roqueferrier,
à Erzeroum, a
déployé une
grande énergie
auprès des autorités et n'a pas craint de remplir tout son devoir au
risque de sa
vie. Quant à M. Carlier, Vice-Consul à Sivas, je puis le citer comme un modèle de
décision
prompte
et de
sang-froid.
Avec ses cavas
qu'il
avait armés, et assisté de Mme Carlier, il a véritablement
organisé la défense militaire de son quartier, sauvegardant ainsi des établissements
remplis d'Arméniens, tenant en respect les émeutiers, arrêtant les pillards et ravitaillant
toute une population.
M. Cillière, de son côté, surpris au milieu de la ville de Trébizonde par l'explosion
de l'émeute, n'est rentré au Consulat
qu'après avoir visité notre établissement des
Frères et s'être assuré de leur sécurité, tandis que M. Jousselin, Drogman chance-
lier, organisait la défense du Consulat et y recueillait, au milieu de la fusillade, les
gens poursuivis.
N° 169.
P. CAMBON.
M. P. CAMBON, Ambassadeur de la République française à Constantinople,
à M. BERTHELOT, Ministre des Affaires
étrangères.
Péra, le 24 décembre i8g5.
Les insurgés
arméniens de Zeïtoun résistent encore. Leur ville est devenue le refuge
de tous les chrétiens de la
région
de Marache et d'Alexandrette échappés aux
massacres.
Le jour où, faute
d'approvisionnements, les insurgés mettront bas les armes, une
popidation
de trente à quarante mille âmes, dont quatre mille à peine forment l'armée
de l'insurrection, sera livrée à tous les excès du vainqueur.
La Porte a fait récemment aux Ambassadeurs des communications
d'après lesquelles
les habitants de Zeïtoun, sommés de se rendre avec promesse d'un traitement
équitable
, auraient refusé faute de confiance dans les
promesses des autorités
turques..
Les patriarches arméniens, grégorien et catholique, ont réclamé notre intervention
pour
éviter une catastrophe sanglante.
Les Ambassadeurs, réunis aujourd'hui, sont tombés d'accord pour demander à leurs
Gouvernements l'autorisation d'offrir leurs bons offices à la Porte et de lui conseiller
amicalement de les accepter en vue de rétablir la paix.
Cette intervention officieuse servirait la Porte, qui ne voit pas sans appréhension
durer la résistance, et elle serait accueillie avec reconnaissance par la population chré-
tienne.
Nos Consuls à Alep ou leurs délégués pourraient au besoin se rendre sur les lieux
pour amener une composition acceptable et en assurer l'exécution.
Je vous serais obligé de me donner d'urgence l'autorisation d'agir dans ce sens avec
tous mes collègues.
P. CAMBON.