Projets de Réformes - western armenia

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servis les Kurdes pour extorquer des sommes d'argent aux villageois de Kavar, la vue de leurs
maisons détruites, on comprend qu'il ne soit plus resté aux Arméniens qu'une ressource, celle de
défendre leur vie et celle de leur famille.
A l'arrivée du détachement des troupes k Gueléguzan, ils commencèrent k s'enfuir ; les condi-
tions de la rencontre qui s'y serait produite, ainsi que celle de Gueliésan, sont restées très mystérieuses,
d'autant plus que le nombre de soldats tués ou blessés, qui aurait pu venir k l'appui de
l'existence des combats allégués, est indiqué par le seul Tewfik Bey dont les déclarations ne sau-
raient être regardées, en l'espèce, comme probantes, les autres dépositions relatives aux victimes
faites parmi les troupes régulières ayant gardé le caractère le plus indéterminé.
Toutes les raisons qui viennent d'être énumérées autorisent donc les soussignés k répéter que
les données fournies par l'enquête ne prouvent pas que les Arméniens de Kavar et de Talori
soient entrés en révolte contre le Gouvernement.
En venant aux mesures qui fiîfftnt prises pour réprimer ce que l'on considérait comme tel, il
est nécessaire de rappeler en premier lieu que rien ne fut fait pour aboutir par voie de conciliation
et qu'aucune trace n'existe dé précautions adoptées en vue de sauvegarder la vie des femmes et
des enfants qui, de l'aveu de tous, étaient avec les Arméniens sur l'Antok-Dagh; des nombreux
témoignages de ces derniers, il résulterait que, pendant les événements, un nombre considérable
d'hommes, de femmes et d'enfants périrent, les uns tués par les soldats, Kurdes et Zaptiés réunis,
les autres morts de peur, de privations,, les autres ayant disparu dans la panique causée par les
poursuites dont ils furent l'objet, quelques-uns aussi laissés dans les, maisons où ils auraient été
brûlés et d'autres enfin massacrés avec le prêtre Ohannés, de Semai, au camp de Gueléguzan.
Si l'on admet la version suivant laquelle le combat n'ayant duré que deux jours près de Sémal,
entre Arméniens et Kurdes, aurait été suivi de la disparition immédiate de ceux-ci, l'action des
troupes s'étant ensuite bornée k repousser k coups de fusil les deux attaques de Gueléguzan et de
Gueliézan, toutes les accusations des Arméniens doivent être regardées comme mensongères et
leurs pertes, ne portant que sur les hommes ayant pris part k ces trois rencontres, comme très
minimes.
Les soussignés cependant, pour les causes expliquées ci-dessus, ne peuvent se rallier k cette
manière de voir et sont obligés de croire qu'en réalité les Arméniens, hommes, femmes et enfants
ont été, pendant ces événements, l'objet de poursuites répétées de la part des soldats, Kurdes et
Zaptiés, qui blessaient ou tuaient, sans distinction d'âge ou de sexe, tous ceux qui leur tombaient
sous la main; et, point k noter, k l'exception des onze villageois de Talori, il n'y a pas eu un seul
prisonnier.
Le fait de ces meurtres ressort de très nombreux témoignages arméniens, concordant les uns
avec les autres et donnant le nom.des victimes : quant k leur nombre, en l'absence de tout état
civil régulier, et des mesures sérieuses prises pour reconstituer les populations de Kavar et de
Talori, il est impossible dé le fixer d'une manière même approximative, d'autant plus que les
Arméniens eux-mêmes, en. fuite et dispersés, indiquent comme morts des gens qui n'ont que
disparu, comme ayant été tués d'autres qui succombèrent aux suites et aux conséquences des
événements ; il n'en est pas moins vrai qu'une certaine quantité de personnes a péri, et les soussi-
gnés ne peuvent, sur ce point, que renvoyer au supplément (chap. iv) où seront indiqués les noms
de ceux qui sont donnés comme tels.
Y a-t-il eu k cette époque des actes de cruauté révoltante commis, tels que la mutilation bar-
bare d'une femme enceinte? Les témoignages k ce sujet étant isolés, comme celui delà femme dé
Chenik, ou s'appuyant sur des ouï-dire comme celui du vicaire de Gunndj, et, étant donné l'exa-
gération apportée par un grand nombre d'Arméniens dans leurs déclarations, les soussignés ne
croient pas possible de se prononcer k cet égard.
Quant aux vieillards et aux enfants qui auraient été brûlés dans l'incendie des maisons, les déclarations
k ce sujet de Tavo de Sémal, de Savo et de Khaté de Chenik n'ont pas été confirmées ;
mais il est hors de doute que quelques vieillards, des infirmes et des enfants sont restés dans les
villages arméniens au moment où ils furent abandonnés par leurs habitants, comme le prouve en
particulier, pour Gueléguzan, la lettre du prêtre Ohannès, de Sémal, ci-dessus mentionnée.