Projets de Réformes - western armenia

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— 99 — s'il était sorti de la voie droite, c'est à la suite de l'oppression dont soit sa famille, soit lui-même, avaient eu à se plaindre de la part des Kurdes. Presque tous les témoins arméniens nient connaître même le nom de Mourad: les Kurdes, ou les témoins ayant des attaches officielles, ne parlent de lui que par ouï-dire; dans ces circon- stances , l'enquête ne présente pas les données nécessaires pour se rendre un compte parfaitement exact de ses faits et gestes; tout ce qu'il est permis de conclure, c'est qu'il visitait les régions de Kavar et de Talori, où il avait sa résidence principale, ainsi que les villages environnants, se promenant avec ses compagnons, mais rarement dans les montagnes, et donnant, comme il le recon- naît lui-même, des conseils touchant directement les rapports d'Arniéniens à Kurdes; d'après le nommé Tono de Talori, en effet, il engageait les premiers à rendre dent pour dent aux seconds et à ne pas payer leurs impôts au Gouvernement pour attirer son attention. En outre, le contenu du cahier trouvé sur Mourad lui-même, composé de pièces de vers patriotiques en arménien, exposant les agissements de ce dernier, encore que ces écrits ne soient pas de Mourad, les notes au crayon, entre autres, qu'il reconnaît être de sa main, et qui sont le début d'une lettre relatant le commencement des événements de 189A, prouvent indubitablement qu'aussi bien que Damadian, Mourad est venu dans ces pays avec un but politique caché et en essayant de provoquer des rencontres entre les Arméniens et les Kurdes. D'ailleurs, ces excitations ne paraissaient guère avoir eu pour résultats, acquis par l'enquête, que l'incident d'Aktchesser au mois de juin 1894, et d'où le caïmakamde Koulp, qui y était allé pour percevoir les impôts et arrêter quelques individus, fut obligé de se sauver, et de plus, quelques méfaits qui auraient été commis par les Arméniens sur les Kurdes. Un grand nombre d'accusations de différents genres : vols, meurtres barbares, viol, etc., ont été soulevées contre les premiers; le détail, ainsi que le degré de confiance qu'elles méritent s'en trouvera consigné dans le Supplément, chapitre 11. Les soussignés doivent reconnaître comme ayant été réellement commis, pendant l'été de 189^, le vol de deux boeufs du nommé Ahmé Ahmo de Medrân, le meurtre de deux Kurdes, l'un d'Inc- tau et l'autre de Karikâu. L'attaque sur les tentes du nommé Hassan Chaouki. Et le 28 juillet (V. S.) 189/i. sur celles des Kurdes Télikauli, habitant Mouch, cette dernière provoquée par des querelles antérieures au sujet du bétail volé et repris. Ces attentats paraissent avoir eu pour auteur la bande des compagnons de Mourad qui devaient être, en réalité, plus nombreux que les cinq hommes arrêtés avec lui, et parmi lesquels se trou- vaient, selon toute vraisemblance, quelques Arméniens de Kavar et de Talori. Ces faits dans leur ensemble, le dernier surtout, où trois musulmans forent tués ou blessés, ne pouvaient manquer, grossis et exagérés, d'exciter chez les Kurdes une agitation que rend visible la déposition de Hichman Agha, disant qu'un Kurde Télikauli courut chez les Bekrauli pour leur exposer la situation critique qui leur était faite par les Arméniens, et la déclaration deCherko, agha des Bekrauli, expliquant que si les Bedikauli prirent part aux combats qui suivirent, ce n'était pas pour aider aux Bekrauli, leurs ennemis de la veille, mais pour venger tous les méfaits dont eux-pleines avaient eu à souffrir de la part des Arméniens. Quoi qu'il en soit, les Kurdes se rassemblèrent à Kavar et à Talori, et surtout dans ce dernier endroit leur nombre paraît avoir été considérable; à quelle influence déterminante doit-on l'attri- buer? Les données de l'enquête ne permettent de rieu affirmer, des déclarations isolées, d'après lesquelles ce rassemblement aurait été causé par les excitations des agents de l'autorité, dont le cheikh Mehemet de Zeilau aurait été l'intermédiaire, ne pouvant être regardées comme suffi- santes dans un cas aussi important, et la présence à Gueliguzan de celui-ci, le premier des cheikhs kurdes, quoique affirmée par quelques témoignages, ne paraissant pas prouvée. A la suite de l'agitation qui s'était produite parmi les Kurdes, les Karikauli veulent attaquer les Arméniens, mais ils en sont empêchés par l'intervention des troupes régulières, détachées au nombre de deux compagnies d'infanterie à Merguemouzan, situé à trente minutes de Chenik. Il est à noter que cette alerte devait forcément obliger les Arméniens à prendre leurs précautions contre la possibilité d'attaques ultérieures. i3.

— 100 — Peu de temps après, les Bekrauli, au nombre de 60 à 80 environ, se rendent avec leurs aghas Orner et Cherko audit campement de Merguemouzan et, à leur retour, tombent sur Chenik et Semai, dont les habitants se retirent sur les hauteurs de Kemphru Cherifhan, de Tchaï, ainsi que les gens d'Aliau qui se réunissent à eux, et les combats commencent entre Kurdes et Arméniens; c'était le ier août (v. s.) 189/I. Après deux jours de luttes pendant lesquels les Bekrauli reçoivent des secours des Badikauli, les Arméniens se dirigent vers Gueliguzan et l'Antok-Dagh, où ils avaient auparavant envoyé leurs familles; le fait qu'ils réussirent à emmener femmes, enfants, troupeaux et une partie de leurs effets, prouve que le départ avait commencé un peu avant les luttes elles-mêmes, comme en témoignent plusieurs dépositions. Quant aux gens de Gueliguzan qui envoyèrent, eux aussi, leurs familles à la montagne, ils étaient restés dans leur village, pour le protéger contre les attaques des Kurdes qni avaient brûlé Chenik et Sémal. Les affirmations clés Kurdes eux-mêmes, ou des témoins n'étant pas libres de toute attache, présentent la rencontre des Arméniens avec les Bekrauli et les Bedikauli comme une attaque des Arméniens descendus de l'Antok-Dagh, où ils s'étaient réunis depuis le commencement de juillet. Cette attaque aurait eu lieu sur la première partie des Kurdes Bekrauli, venant à leurs pâturages d'été, d'après une version, ou, d'après une seconde version, sur les Kurdes Bekrauli allant porter plainte aux troupes de Merguemouzan. Or, à en croire les Bekrauli eux-mêmes, ils prirent l'année dernière, pour se rendre aux pâtu- rages, la route de Sassoun, qui passe par le Tsovasar Daghi; dans ces conditions, il est impossible qu'ils aient pu être attaqués à Tchaï, situé dans une direction absolument opposée, et séparé de ladite route par la grande et profonde vallée cl'Agpi. En admettant la seconde hypothèse, fournie également par les Bekrauli, à savoir qu'ils auraient été attaqués au moment où ils allaient porter plainte à Merguemouzan, leurs pâturages étant sur la montagne de Mouch, du côté de Shatak, il est également impossible qu'ils aient pu être attaqués à Tchaï où, d'après la plupart de leurs dépositions, le combat eut lieu; attendu que cet endroit, situé entre Chenik, Sémal et Gueliguzan se trouve en dehors de la route, que, dans ce cas, ils eussent été obligés de suivre. Pas une seule déposition arménienne, excepté celle de Girbo, fils de Manouk, de Chenik, qui n'offre d'ailleurs aucune vraisemblance, n'autorise à croire que les Arméniens J'aient, dès le commencement de juillet, évacué leurs villages et se soient rassemblés à l'Antok-Dagh dans un but de révolte. Nadir Agha, il est vrai, dit avoir vu déjà au mois d'avril quelques maisons de Sémal abandonnées par leurs habitants. Le Caïmacam de Sassoun affirme que, le 2 juillet, les villageois commençaient à gagner l'Antok- Dagh, et son secrétaire, Ali Effendi, dit n'avoir vu alors aucun habitant de ce village; cependant, ce même Caïmakam, se rendant à la même époque à Chenik, pouvait, en moins de cinq minutes, faire amener devant lui les nommés Kirko, Erko, les chefs du village, représentés parmi les hommes les plus séditieux et comme faisant toujours partie des bandes coutumières d'agressions contre les Kurdes. Sali Agha, le 7 ou le 9 juillet, dit avoir trouvé Chenik et Semai déserts, et d'après Masroullah Agha, à ce même mois, Gueliguzan était vide de ses habitants. Cependant, Pani Agha, lieutenant de zaptiés, passant par Kavar le 12 juillet, dit avoir vu Chenik et Semai encore habités. Le 3o juillet, soit un jour avant la rencontre avec les Bekrauli, Medjid-ou-bachi, caporal de zaptiés, se rend de Merguemouzan dans ces deux villages pour le ravitaillement des troupes, ce qui prouve que ce jour-là, lui qui se trouvait an campement situé à trente minutes de distance de Chemik, et qui était en contact journalieravecles villageois, n'avait aucune connaissance de leur départ. Déplus, Tavo, de Semai, affirme qu'à cette même date, qui coïncide avec celle de l'arrivée du chef de bataillon de zaptiés Feozi Effendi, les gens de Semai étaient au village et propose d'in- terroger à ce sujet ledit Medjid-ou-Bachi, affecté au service de la Commission; mais, malgré la

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s'il était sorti <strong>de</strong> la voie droite, c'est à la suite <strong>de</strong> l'oppression dont soit sa famille, soit lui-même,<br />

avaient eu à se plaindre <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s Kur<strong>de</strong>s.<br />

Presque tous les témoins arméniens nient connaître même le nom <strong>de</strong> Mourad: les Kur<strong>de</strong>s, ou<br />

les témoins ayant <strong>de</strong>s attaches officielles, ne parlent <strong>de</strong> lui que par ouï-dire; dans ces circon-<br />

stances , l'enquête ne présente pas les données nécessaires pour se rendre un compte parfaitement<br />

exact <strong>de</strong> ses faits et gestes; tout ce qu'il est permis <strong>de</strong> conclure, c'est qu'il visitait les régions <strong>de</strong><br />

Kavar et <strong>de</strong> Talori, où il avait sa rési<strong>de</strong>nce principale, ainsi que les villages environnants, se promenant<br />

avec ses compagnons, mais rarement dans les montagnes, et donnant, comme il le recon-<br />

naît lui-même, <strong>de</strong>s conseils touchant directement les rapports d'Arniéniens à Kur<strong>de</strong>s; d'après le<br />

nommé Tono <strong>de</strong> Talori, en effet, il engageait les premiers à rendre <strong>de</strong>nt pour <strong>de</strong>nt aux seconds<br />

et à ne pas payer leurs impôts au Gouvernement pour attirer son attention.<br />

En outre, le contenu du cahier trouvé sur Mourad lui-même, composé <strong>de</strong> pièces <strong>de</strong> vers patriotiques<br />

en arménien, exposant les agissements <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier, encore que ces écrits ne soient<br />

pas <strong>de</strong> Mourad, les notes au crayon, entre autres, qu'il reconnaît être <strong>de</strong> sa main, et qui sont le<br />

début d'une lettre relatant le commencement <strong>de</strong>s événements <strong>de</strong> 189A, prouvent indubitablement<br />

qu'aussi bien que Damadian, Mourad est venu dans ces pays avec un but politique caché et en<br />

essayant <strong>de</strong> provoquer <strong>de</strong>s rencontres entre les Arméniens et les Kur<strong>de</strong>s.<br />

D'ailleurs, ces excitations ne paraissaient guère avoir eu pour résultats, acquis par l'enquête,<br />

que l'inci<strong>de</strong>nt d'Aktchesser au mois <strong>de</strong> juin 1894, et d'où le caïmakam<strong>de</strong> Koulp, qui y était allé<br />

pour percevoir les impôts et arrêter quelques individus, fut obligé <strong>de</strong> se sauver, et <strong>de</strong> plus,<br />

quelques méfaits qui auraient été commis par les Arméniens sur les Kur<strong>de</strong>s.<br />

Un grand nombre d'accusations <strong>de</strong> différents genres : vols, meurtres barbares, viol, etc., ont<br />

été soulevées contre les premiers; le détail, ainsi que le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> confiance qu'elles méritent s'en<br />

trouvera consigné dans le Supplément, chapitre 11.<br />

Les soussignés doivent reconnaître comme ayant été réellement commis, pendant l'été <strong>de</strong> 189^,<br />

le vol <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux boeufs du nommé Ahmé Ahmo <strong>de</strong> Medrân, le meurtre <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux Kur<strong>de</strong>s, l'un d'Inc-<br />

tau et l'autre <strong>de</strong> Karikâu.<br />

L'attaque sur les tentes du nommé Hassan Chaouki.<br />

Et le 28 juillet (V. S.) 189/i. sur celles <strong>de</strong>s Kur<strong>de</strong>s Télikauli, habitant Mouch, cette <strong>de</strong>rnière<br />

provoquée par <strong>de</strong>s querelles antérieures au sujet du bétail volé et repris.<br />

Ces attentats paraissent avoir eu pour auteur la ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>s compagnons <strong>de</strong> Mourad qui <strong>de</strong>vaient<br />

être, en réalité, plus nombreux que les cinq hommes arrêtés avec lui, et parmi lesquels se trou-<br />

vaient, selon toute vraisemblance, quelques Arméniens <strong>de</strong> Kavar et <strong>de</strong> Talori. Ces faits dans leur<br />

ensemble, le <strong>de</strong>rnier surtout, où trois musulmans forent tués ou blessés, ne pouvaient manquer,<br />

grossis et exagérés, d'exciter chez les Kur<strong>de</strong>s une agitation que rend visible la déposition <strong>de</strong> Hichman<br />

Agha, disant qu'un Kur<strong>de</strong> Télikauli courut chez les Bekrauli pour leur exposer la situation<br />

critique qui leur était faite par les Arméniens, et la déclaration <strong>de</strong>Cherko, agha <strong>de</strong>s Bekrauli,<br />

expliquant que si les Bedikauli prirent part aux combats qui suivirent, ce n'était pas pour ai<strong>de</strong>r<br />

aux Bekrauli, leurs ennemis <strong>de</strong> la veille, mais pour venger tous les méfaits dont eux-pleines avaient<br />

eu à souffrir <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s Arméniens.<br />

Quoi qu'il en soit, les Kur<strong>de</strong>s se rassemblèrent à Kavar et à Talori, et surtout dans ce <strong>de</strong>rnier<br />

endroit leur nombre paraît avoir été considérable; à quelle influence déterminante doit-on l'attri-<br />

buer? Les données <strong>de</strong> l'enquête ne permettent <strong>de</strong> rieu affirmer, <strong>de</strong>s déclarations isolées, d'après<br />

lesquelles ce rassemblement aurait été causé par les excitations <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> l'autorité, dont le<br />

cheikh Mehemet <strong>de</strong> Zeilau aurait été l'intermédiaire, ne pouvant être regardées comme suffi-<br />

santes dans un cas aussi important, et la présence à Gueliguzan <strong>de</strong> celui-ci, le premier <strong>de</strong>s<br />

cheikhs kur<strong>de</strong>s, quoique affirmée par quelques témoignages, ne paraissant pas prouvée.<br />

A la suite <strong>de</strong> l'agitation qui s'était produite parmi les Kur<strong>de</strong>s, les Karikauli veulent attaquer<br />

les Arméniens, mais ils en sont empêchés par l'intervention <strong>de</strong>s troupes régulières, détachées au<br />

nombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux compagnies d'infanterie à Merguemouzan, situé à trente minutes <strong>de</strong> Chenik. Il<br />

est à noter que cette alerte <strong>de</strong>vait forcément obliger les Arméniens à prendre leurs précautions<br />

contre la possibilité d'attaques ultérieures.<br />

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