revue de presse - République et Canton du Jura

Près de 160 militants, jeunes
et moins jeunes, ont pris part
samedi soir à la Fête du 16
mars à Moutier. Les organisa-
teurs avaient concocté un programme
politique plutôt costaud
avec onze orateurs.
La première partie de la soirée
a permis aux responsables
du mouvement Notre Jura bernois
de développer leurs arguments
en faveur du non le 24
novembre. Premier à s’exprimer,
l’ancien conseiller national
Jean-Pierre Graber (UDC,
La Neuveville) s’est fendu d’un
discours fleuve sur l’identité du
Jura bernois. Il a rappelé les clivages
historiques entre le Nord
et le Sud du Jura qui justifient,
selon lui, la pleine appartenance
du Jura bernois au canton de
Berne.
«Bienne est la capitale culturelle
et économique pour plus
des deux tiers des habitants du
Jura bernois. Il serait parfaitement
inopportun que nous vivions
dans un autre canton que
les Biennois. Par son appartenance
à Baselarea, le canton du
Jura est tourné vers Bâle alors
que le Jura bernois l’est vers
Berne, le Plateau suisse et la
Suisse romande en général», a
argumenté le coprésident de
Notre Jura bernois.
Marc Früh (UDF, Lamboing)
a quant à lui dressé un portrait
bien sombre du canton du Jura.
«La constituante est un outil
providentiel pour réformer l’administration
cantonale jurassienne.
Cette modernisation serait
alors financée pour moitié
par le Jura bernois.» L’ancien
membre de l’AIJ a en outre évoqué
à propos de ses anciens collègues
«la pensée unique» de la
délégation jurassienne qui prévalait
à l’AIJ. «Alors pourquoi
unir nos destins alors que le
prétendant, n’est pas attractif et
manque singulièrement d’humour?»
Le député Francis Daetwyler
(PS, Saint-Imier) a quant à lui
tenu un discours sur la cohésion
nationale. «Il serait fatal
pour la Suisse de se retrouver
dans une situation à la belge,
où les découpages politiques
coïncident avec les découpages
linguistiques, même si le
bilinguisme demande des efforts
et que certains trouvent
qu’il coûte cher. A-t-on
conscience de l’enrichissement
qu’il représente?»
Et de poursuivre: «On n’a jamais
vu que l’on rédige une
constituante et qu’ensuite on
fasse un Etat. Ceux qui croient
cela s’imaginent que pour faire
un macaroni, on prend un trou
et on y met de la pâte autour. Le
choix de l’ouverture passe par
un non. L’enjeu de la votation
dépasse la région. La perte du
bilinguisme compromettrait
l’équilibre du pays. Aussi, le débat,
c’est maintenant, et non
après le 24 novembre!»
Virginie Heyer (PBD, Perrefitte)
s’est quant à elle exprimée
sur les attentes des jeunes
pour 2013. «Je fais le pari que
les jeunes du Jura bernois iront
voter non le 24 novembre. Les
jeunes pensent que notre région
existe et y sont attachés,
avec ses avantages et ses inconvénients.
Ils sont convaincus
que leur région a de la valeur et
du potentiel. Ils ne cherchent
pas à faire d’elle un eldorado.
Ils ne veulent pas la brader sur
le marché de nos voisins.»
La mairesse de Perrefitte a
par ailleurs taclé les trois représentants
du tout nouveau
Mouvement universitaire jurassien
– favorable à l’entrée
en matière – présents dans la
salle. «Comment peut-on affirmer
être libre, indépendant,
neutre, et avoir un regard neuf
alors que le projet qu’on défend
date d’il y a presque 40
ans?» s’est interrogée la coprésidente
de Notre Jura bernois.
S
urprise, samedi soir sur le
coup de minuit. Alors que
les militants jurassiens avalaient
des raclettes et refaisaient
bruyamment le monde
autour d’un jus de Bélier, l’apparition
surprise de Guillaume-Albert
Houriet a semé le
doute de longues minutes.
Ni une, ni deux, l’ancien chef
du Groupe Sanglier a pris place
aux côtés du secrétaire général
du MAJ Pierre-André Comte
avec lequel il s’est entretenu un
long moment. Si la discussion
paraissait enflammée, elle n’a
pas tourné à la foire d’empoigne,
au sens propre.
Amusés, agacés ou indifférents,
les partisans du oui ont
vécu d’une façon plutôt sereine
cette «incursion». Certains ont
même immortalisé la scène
avec leur portable.
Alors, coup de bluff, provocation
ou réelle envie de partager
un verre de rouge avec ses
adversaires? «On m’a invité et
je n’ai pas dit non. Vous savez,
je suis quelqu’un d’atypique.
Le débat ne m’effraie pas. Et en
plus, la musique est sympa», a
confié, sur le ton de l’humour,
Guillaume-Albert Houriet.
On doit cette invitation à
l’ancien chef du Bélier Marc
Freléchoux, qui s’est lui-même
LQJ - 18 mars 2013
rendu à la Sociét’halle, chez ses
adversaires, «par curiosité et
sans aucune arrière-pensée», at-il
assuré.
Notons enfin qu’aucun débordement
n’a entaché les
deux fêtes. La police bernoise
avait toutefois prévu un dispositif
spécial du côté de Moutier.
Certains ont dû trouver la
nuit bien longue...