revue de presse - République et Canton du Jura

■ VOTATION DU 24 NOVEMBRE
La classe politique s’agite autour
d’hypothétiques fonds de campagne
Trois interventions en
lien avec les engagements
financiers des gouvernements
jurassien et bernois
pour la campagne du 24 novembre
sont sur le bureau
du Conseil-exécutif bernois.
Après le CJB, c’est au tour
des députés de s’enquérir de la
stratégie bernoise en vue de la
votation du 24 novembre.
Les trois députés UDC du
Jura bernois, Anne-Caroline
Graber, Jean-Michel Blanchard
et Manfred Bühler, ont déposé
une motion urgente intitulée
«Un combat politique à armes
égales». Cette intervention fait
suite aux chiffres hypothétiques
parus dans le Journal du
Jura du 28 février qui faisaient
état des importants moyens financiers
– de l’ordre d’un à
deux millions de francs – dont
disposerait le camp du oui pour
la campagne du 24 novembre.
«Ces fonds proviennent notamment
de la Fondation pour
la réunification qui avait été
dotée de plusieurs centaines
Le début de campagne sur le vote du 24 novembre est marqué par des interrogations financières. ARCHIVES R. MEIER
de milliers de francs (300 000
fr, n.d.l.r.) selon une décision
du Parlement jurassien de
1991, et des fonds amassés par
les communes», indiquent les
motionnaires. Donc, en partie
du moins, de l’argent public.
Une mise d’un million
Les trois élus UDC soulignent
que «ni le canton de
Berne, ni les communes n’ont
annoncé l’intention d’engager
des fonds dans la campagne».
Rappelant que le canton du
Jura dispose d’un délégué aux
affaires jurassiennes et d’un
spécialiste de la communication,
ils parlent «d’un rouleau
compresseur de propagande
pour inciter le Jura bernois à
quitter le canton de Berne.»
Les motionnaires enjoignent
donc le Conseil-exécutif
de se donner les moyens de
lutter à armes égales. Il exige
notamment de lui qu’il s’informe
auprès de son homolo-
gue jurassien sur le montant
exact des fonds publics qui seront
engagés dans la campagne.
La motion requiert en outre
«un engagement d’au moins
un million dans la campagne,
respectivement au moins
équivalent au montant engagé
par le canton du Jura et toutes
les entités publiques ou parapubliques
qui en dépendent.»
Dans cet esprit, la députée
UDC de La Neuveville Anne-
Caroline Graber, décidément
très en vue dans le dossier de
l’avenir institutionnel, a déposé
une interpellation urgente.
«Le financement public jurassien
d’une campagne qui
aura lieu essentiellement dans
le Jura bernois porte atteinte à
l’esprit de nos institutions et
au respect que les cantons
suisses se doivent les uns aux
autres. Cela ajoute une nouvelle
asymétrie à celles qui
sont déjà contenues dans la
Déclaration d’intention du 20
février 2012», analyse-t-elle.
Quid du financement?
La députée agrarienne
s’étonne en outre «d’une grave
lacune juridique. Le financement
des campagnes n’a été
réglé ni par la Déclaration
d’intention du 20 février 2012,
ni dans les bases légales prévues
pour les deux votations
respectives. Nous attendons
du Conseil-exécutif qu’il s’assure
que pas un franc d’origine
publique ou parapublique
ne soit investi par le canton du
Jura dans la campagne du 24
novembre dans le Jura bernois.»
Anne-Caroline Graber
demande en ce sens des explications
au Conseil-exécutif.
Dans la foulée, le député-maire
de Moutier Maxime Zuber a
LQJ - 16 mars 2013
également déposé une motion
urgente concernant l’engagement
financier du canton de
Berne dans la campagne.
Les caisses noires
dans le rétroviseur
Et de rappeler l’épisode des
«caisses noires bernoises» pendant
les plébiscites des années
1970: «En 1985, le Conseil-exécutif
indiquait que des versements
à des organisations du
Jura bernois fidèles à Berne,
pour une somme totale de
730 000 fr, avaient été alloués
à intervalles réguliers dictés
par les circonstances» «S’il intervient
dans la campagne avec
les ressources éventuelles qui
auront été allouées, le Conseilexécutif
devra se conformer
strictement à la Déclaration
d’intention du 20 février 2012
en veillant particulièrement à
expliquer aux citoyens le processus
démocratique prévu par
cette dernière», note l’élu PSA.
Et d’insister sur la nécessité de
donner une information équilibrée
et objective. «Il faudra rendre
attentifs les citoyens qu’un
double oui n’entraînera pas de
facto la création d’un nouvel
état mais conduira à l’élection
d’un Constituante interjurassienne»,
conclut Maxime Zuber.
PATRICK CERF