revue de presse - République et Canton du Jura

8 RÉGION
L'IMPARTIAL MARDI 29 JANVIER 2013
QUESTION JURASSIENNE Le parlement bernois donne son feu vert, non sans mal.
La voie est libre pour le scrutin
Le Grand Conseil bernois a évité
hier une crise sur la Question
jurassienne. Il a accepté par 94
voix contre 51 la révision de la loi
qui permettra au Jura bernois de
se prononcer sur un nouveau
canton. Jura et Jura bernois devraient
se rendre aux urnes le
24 novembre. L’issue des débats
au parlement a été incertaine.
L’amendement de la commission
visant à interdire le vote communaliste
dans la loi sur le statut
particulier n’a été refusé que par
78 voix contre 74. L’UDC, le Parti
bourgeois-démocratique
(PBD) ainsi que certains députés
ont soutenu l’amendement rejeté
par le gouvernement.
Le Grand Conseil a réservé le
même sort à la motion du député
UDC de Malleray Jean-Michel
Blanchard. Le texte, accepté lors
de la session de novembre mais
gelé en raison du veto de la députation
francophone, a été rejeté
par 77 voix contre 72. Il stipulait
que le gouvernement n’était pas
lié par le vote communaliste.
Les députés ont ainsi suivi
l’avis de la majorité de la députation
francophone. Le vote com-
munaliste, qui figure dans la Déclaration
d’intention signée par
les gouvernements jurassien et
bernois pour résoudre le conflit
jurassien, permet aux communes
du Jura bernois de rejoindre
seules le Jura si la région n’a pas
voulu, lors d’un premier vote,
d’une nouvelle entité. Une disposition
négociée en particulier
pour la ville de Moutier.
Après plus de trois heures de
débats parfois vifs, le Grand
Conseil a écarté le dernier obstacle
à la tenue d’une votation
dans le Jura bernois. Seul un
éventuel référendum contre la
révision de la loi sur le statut particulier
pourrait retarder le scrutin
fixé à cet automne.
Opposition de l’UDC
Les débats n’ont pas réservé de
surprises.L’UDCaainsidénoncé
la Déclaration d’intention qui favorise
selon elle le canton du
Jura. «La majorité du Jura bernois
estime que la Question jurassienne
a été définitivement réglée», a expliqué
Caroline Graber. Pour
l’élue UDC de La Neuveville, la
population n’a pas demandé à
Jean-Michel Blanchard et la Question jurassienne suivis par une trentaine de journalistes hier. BIST-STÉPHANE GERBER
voter une nouvelle fois après les
plébiscites des années 1970. Elle
craint un morcellement de la
partie francophone du canton
avec le vote communaliste.
«L’UDC joue avec le feu», a estimé
la socialiste biennoise Emilie
Moeschler. Pour la députation
francophone, le vote constitue
une chance de résoudre le con-
flit jurassien. Les orateurs alémaniques
ont souligné combien
le canton de Berne était attaché
à sa région francophone.
Crise évitée
Si le vote communaliste avait
été refusé, toute la procédure aurait
été bloquée avant le risque
d’un regain de tension. L’exécutif
bernois aurait dû entamer de
nouvelles négociations avec son
homologue jurassien. Les mouvements
autonomistes n’auraient
pas manqué de dénoncer
un «diktat» de la majorité alémanique.
Pour le Mouvement autonomiste
jurassien (MAJ), la décision
du Grand Conseil donne
une impulsion décisive à la
campagne amorcée par les gouvernements
bernois et jurassien.
Il invite la Confédération à
vouer toute son attention au déroulement
de la procédure et
promet de privilégier la force
des arguments dans le respect
de l’opinion d’autrui.
Les citoyens du Jura bernois
décideront donc s’ils veulent
charger le Conseil exécutif d’engager
la procédure nécessaire à
la création d’un nouveau canton
avec le Jura. La population se
prononcera ultérieurement sur
la création d’un nouveau canton,
une fois l’assemblée constituante
formée.
Devant le Parlement
jurassien demain
Le Parlement jurassien se saisira
du dossier demain. Mais ici
l’issue du vote ne fait aucun
doute. Il acceptera, comme le lui
recommandent le Gouvernementetsacommission,unerévision
de la constitution pour permettre
une consultation
populaire sur la création d’un
nouveau canton. ATS-RÉD