revue de presse - République et Canton du Jura

MOUTIER
De l’espoir de la création d’une constituante
Le Conseil municipal
de Moutier a dévoilé hier
le contenu de son rapport
annuel relatif à la Question
jurassienne, qui sera soumis
aux conseillers de ville lors
de leur séance du 25 mars.
L’exécutif se réjouit que
le cas particulier de la ville
de Moutier et le droit d’autodétermination
des communes
aient officiellement
été reconnus et intégrés
dans le processus en cours.
En vue du vote du 24 novembre,
le Conseil municipal
fait savoir qu’il défendra
la création d’une constituante
paritaire.
Après avoir fait l’impasse durant
3 ans pour ne pas interférer
dans les négociations entamées
par les Gouvernements
après la remise du rapport final
de l’Assemblée interjurassienne,
le Conseil municipal de
Moutier, actualité brûlante
oblige, a à nouveau entrepris
de rédiger son traditionnel rapport
sur la Question jurassienne,
le 17 e du nom. Il faut dire
qu’au cours des douze derniers
mois, la situation a évolué.
Ainsi, le 20 février 2012, les
Gouvernements bernois et jurassien
signaient une déclaration
désignant la marche à suivre
pour régler politiquement
la Question jurassienne, reconnaissant
entre autres le droit
Le chancelier Christian Vaquin (à gauche) et le maire de Moutier Maxime Zuber ont présenté hier le rapport sur la Question
jurassienne. «On va enfin débattre démocratiquement et sereinement», se réjouit le maire. PHOTO STÉPHANE GERBER
d’autodétermination des communes.
«Une victoire et une
grande satisfaction pour les autorités
prévôtoises que de voir
le cas particulier de Moutier,
mais aussi les droits de chaque
commune fondés sur la
Constitution fédérale, être reconnus»,
souligne le rapport.
Ces droits ont ensuite été
confirmés en janvier par le
Grand Conseil bernois, avec le
rejet de la motion Blanchard-
Hadorn. En marge de ce débat,
la Délégation du Conseil-exécutif
pour les affaires jurassiennes
a d’ailleurs eu l’occasion
d’affirmer au Conseil municipal
que «le cas de Moutier était
particulier et qu’il devait pouvoir
être réglé». Des propos
«qui sont venus couronner des
années d’efforts pour faire reconnaître
les droits démocratiques
des Prévôtois. La motion
Blanchard-Hadorn aura au
moins eu pour mérite d’inciter
l’officialité à la clarté», a relevé
hier le maire Maxime Zuber.
Une occasion unique
Aujourd’hui, c’est toutefois
le 24 novembre, date à laquelle
les populations du Jura et du
Jura bernois se prononceront
sur leur avenir, qui est dans le
viseur des autorités. «Il s’agit
d’une occasion unique de s’engager
dans un débat constructif,
serein, en faisant table rase
des querelles du passé, en
changeant de registre pour tenter
de définir ce que pourrait
être un réaménagement de
fond en comble de la maison
jurassienne», notent-elles.
A ce titre et sans surprise, le
Conseil municipal fait savoir
qu’il soutiendra la création
d’une constituante interjurassienne
paritaire. «Car c’est bien
de ça dont il s’agit. Ce premier
vote ne consistera pas à choisir
entre deux cantons existants,
mais à décider si l’on veut se
donner la possibilité de débattre
ensemble de ce que pourrait
être un nouvel espace de vie. Le
risque est grand que les gens ne
répondent pas à la vraie question
qui leur sera posée. Il y a
un grand travail d’information
à faire», insiste Maxime Zuber.
Ce serait ensuite à la constituante,
si sa création est acceptée,
de définir les contours
d’une nouvelle entité cantonale
et d’aborder toutes les questions
liées à l’avenir des établissements
de formation, des hôpitaux,
de la fiscalité etc., afin
que la population puisse dans
un second temps faire un choix
institutionnel. «Dire non au 1 er
vote, c’est refuser le débat
constructif et accorder une priorité
inconditionnelle à l’appartenance
cantonale bernoise»,
avertit le Conseil municipal.
Pour l’heure, ce dernier ne
veut donc pas penser à un
éventuel vote communaliste.
«Car nous sommes confiants
qu’une constituante sera créée,
confiants dans le travail des
élus qui la composeront», indique
le maire. Si ce scénario devait
malgré tout ne pas se réaliser,
alors «Moutier ira au bout
du processus prévu par la Déclaration
d’intention». Le cas
échéant, le Conseil municipal
«ne réfléchira pas seul. Il prendra
notamment en compte la
situation de la couronne prévôtoise»,
assure Maxime Zuber.
Nul doute que les conseillers
de ville, fin mars, feront à leur
tour connaître leur avis sur ce
dossier. CÉLINE LO RICCO CHÂTELAIN
Aux élus de montrer l’exemple
Invitation à signer la Charte
Reconnaissant qu’au vu de certaines déclarations, le risque existe
de raviver des tensions, le Conseil municipal invite les élus prévôtois
à signer la Charte interjurassienne, prônant respect mutuel,
tolérance et dialogue. «Le débat se fera d’autant plus sereinement
que les élus montrent l’exemple», souligne Maxime Zuber.
Campagne
Le Conseil municipal n’a pas prévu d’engager des moyens financiers
en vue de la campagne. «Nous avons arrêté une position,
nous allons la défendre et informer. Les gens doivent comprendre
sur quoi ils vont voter. Il y a une différence entre campagne et information».
A ce propos, le maire considère que le Conseil du Jura
bernois aura un rôle important à jouer, pour expliquer aux gens à
quelle question ils devront répondre et le rôle d’une constituante.
«Le CJB a son avis mais il ne peut pas faire campagne comme un
parti. Il devra se montrer rigoureux et honnête», estime-t-il.
Question de poids
Même si ce sont des questions qu’aborderait une constituante, le
maire de Moutier sait bien que des thèmes comme l’avenir de
l’hôpital ou des écoles s’inviteront dans la campagne. «L’avantage
est que dans une constituante, on remettra tout à plat.
Concernant l’hôpital, je suis persuadé que Moutier a des arguments
à faire valoir. Mais il est plus facile de les défendre quand on
pèse 50% que quand on pèse 5%», fait remarquer le maire. CLR