revue de presse - République et Canton du Jura

■ VOTE DU 24 NOVEMBRE 2013
La campagne au cœur des préoccupations
Le 24 novembre – la date
est désormais officielle – les
populations du Jura et du Jura
bernois diront si elles veulent
entrer ou non en matière sur
un projet de nouveau canton.
En vue de la campagne, le
Conseil du Jura bernois (CJB)
a écrit au Gouvernement
bernois pour savoir quelle
stratégie et quels moyens
il entendait y consacrer.
Il faut dire que les moyens
que pourrait engager le canton
du Jura sont au centre des
discussions dans les milieux
probernois et notamment de
Force démocratique, qui a dénoncé
hier un «effort offensif»
de l’exécutif jurassien.
«Nous défendrons nos arguments
mais nous ne ferons
pas de propagande», rassure
la ministre Elisabeth Baume-
Schneider, alors que le Gouvernement
jurassien a tenu
à rectifier des chiffres erronés
parus dans la presse.
Une pointe d’inquiétude.
C’est ce qui ressort de la missive
envoyée mercredi par le
CJB à la Délégation du
Conseil-exécutif aux affaires
jurassiennes (DAJ). Le CJB y
évoque la future campagne en
lien avec la votation du 24 novembre
2013, demandant no-
tamment des éclaircissements
sur la stratégie qui sera adoptée
côté bernois.
Dans sa lettre (adoptée par 16
voix contre une et 3 abstentions),
le CJB relève que le Gouvernement
jurassien dispose
«d’un collaborateur chargé des
affaires jurassiennes qui pourra
être affecté au dossier à plein
temps et qu’il a engagé une entreprise
de communication en
vue du scrutin». Le plénum estime
donc qu’il y a «tout lieu de
s’attendre à une campagne intensive
de la part des autorités
jurassiennes». Dès lors, il se
demande quels moyens le
Conseil-exécutif est de son côté
prêt à consacrer.
Car selon le CJB, il serait
«cohérent que la population
du Jura bernois bénéficie, sur
les avantages à voter non,
d’une information qui soit
comparable aux efforts
consentis par le canton du
Jura en faveur du oui».
Des chiffres erronés
La question de la campagne
préoccupe visiblement également
Force démocratique, qui
a dénoncé dans un communiqué
diffusé hier une «action
d’envergure exceptionnelle du
Gouvernement jurassien pour
récupérer le Jura bernois». Se
basant sur des chiffres parus
dans le Journal du Jura, le mouvement
probernois affirme que
l’exécutif jurassien disposerait
de «un à deux millions de
francs pour mener campagne»,
sans compter l’effort que pour-
Le vice-chancelier bernois, Michel Walthert, peut compter sur quelques
collaborateurs pour l’épauler dans le dossier jurassien. ARCHIVES S. GERBER
ront fournir les communes. Et
FD d’évoquer encore, toujours
sur la base de l’article précité,
une participation contributive
de l’Etat de 300 000 fr., décidée
par le Parlement jurassien.
Ces allégations ont immédiatement
fait réagir le Gouvernement
jurassien, qui a estimé
nécessaire de procéder à
des rectifications par voie de
communiqué, «pour éviter
que la population ne soit induite
en erreur». Ainsi, l’exécutif
jurassien indique que les
affirmations selon lesquelles
le Gouvernement aurait annoncé
disposer d’un budget
d’un à deux millions de francs
pour la campagne sont «totalement
fantaisistes et ne reposent
sur aucun fondement».
«De même, le Parlement n’a
pas décidé d’une participation
de 300 000 fr. à cette campagne.
Le 21 juin 1990, il avait accepté,
lors d’un débat public,
un arrêté octroyant un crédit de
300 000 fr. à la Fondation de
la réunification. Cette décision
prise il y a 23 ans n’avait aucun
lien avec la consultation populaire
qui sera organisée en fin
d’année», fait remarquer le
Gouvernement.
Informations objectives
Contactée, la ministre jurassienne
Elisabeth Baume-
Schneider explique que le Gouvernement
va bel et bien participer
au débat d’idées et défendre
ses arguments. Tout comme
le Gouvernement bernois
d’ailleurs. «Mais il ne s’agit pas
d’aller placarder des affiches et
d’engager des moyens financiers
pour faire propagande! Il
n’y a aucune ‘machine offensive’.
Il y a une différence entre
une campagne partisane et une
campagne d’information. Notre
objectif sera d’expliquer et
de faire envie, données et informations
objectives à l’appui»,
insiste la Ministre.
Concernant le mandat externe
confié à une entreprise de
communication, Elisabeth
Baume-Schneider précise qu’il
correspond à un taux d’activité
de 20% et qu’il doit permettre
de consolider l’information et
les argumentaires présentés
aux citoyens quant à la pertinence
d’une nouvelle entité.
Pour le reste, le Gouvernement
jurassien pourra s’appuyer
sur son délégué aux affaires
jurassiennes et fédérales,
engagé en 2010, ainsi que sur
quelques pourcentages à l’interne
de l’administration.
«Rien d’excessif ou de machiavélique.
Notre chancellerie
LQJ - 2 mars 2013
n’est pas surdotée par rapport à
d’autres», affirme-t-elle.
Précisions attendues
Côté bernois, le vice-chancelier
francophone Michel Walthert
indique qu’il faudra attendre
la réponse de la DAJ au
courrier du CJB pour en savoir
davantage sur les intentions du
Conseil-exécutif. «Pour l’heure,
rien de spécial n’a été mis
en place. Nous n’avons engagé
aucune ressource supplémentaire.
Nous travaillons avec
l’équipe en place à l’interne,
qui se compose de moi-même,
de ma secrétaire, de deux juristes
et d’une personne à la communication.
Mais aucun ne travaille
à plein temps sur ce dossier»,
relève-t-il. Bien sûr, campagne
il y aura, de part et d’autre,
reconnaît le vice-chancelier.
«Chacun aura sa vision à
défendre, et c’est légitime.»
En un mot comme en cent,
une campagne. Dans laquelle
le CJB se dit prêt à jouer un rôle
«fédérateur en vue de l’unité
du Jura bernois». Il attend toutefois
des précisions du
Conseil-exécutif quant à la
marge de manœuvre dont il
pourra disposer à cet effet.
L’été s’annonce animé, à
n’en pas douter.
CÉLINE LO RICCO CHÂTELAIN