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revue de presse - République et Canton du Jura

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AVENIR INSTITUTIONNEL<br />

«Un oui en novembre ne serait pas irréversible»<br />

A la fin <strong>de</strong> l’année,<br />

les populations <strong>du</strong> <strong>Jura</strong><br />

bernois <strong>et</strong> <strong>du</strong> canton <strong>du</strong><br />

<strong>Jura</strong> ne voteront pas formellement<br />

sur la création d’un<br />

nouveau canton, mais sur<br />

l’opportunité d’engager un<br />

processus pouvant y mener.<br />

C<strong>et</strong>te configuration<br />

encourage certaines personnalités,<br />

pourtant pas<br />

réputées autonomistes, à<br />

prôner un oui au premier<br />

scrutin, pour perm<strong>et</strong>tre à<br />

une Constituante <strong>de</strong> définir<br />

les contours d’une nouvelle<br />

entité.<br />

C’est le cas <strong>de</strong> Patrick<br />

Gsteiger, député PEV<br />

d’Eschert, <strong>et</strong> <strong>de</strong> Roger<br />

Chopard, ex-PLR <strong>et</strong> conseiller<br />

municipal à Grandval.<br />

«Dire oui en novembre,<br />

c’est accepter <strong>de</strong> creuser la<br />

question d’un nouveau canton,<br />

savoir à quoi il ressemblerait<br />

<strong>et</strong> comparer avec la situation<br />

actuelle. Ce oui ne serait<br />

pas irréversible <strong>et</strong> on pourrait<br />

toujours redresser le tir si on<br />

constate s’être trompé». Patrick<br />

Gsteiger, député <strong>du</strong> Parti<br />

évangélique au Grand Conseil<br />

bernois, est convaincu <strong>de</strong>s<br />

avantages d’un oui à la première<br />

étape <strong>du</strong> processus.<br />

L’homme n’est pourtant pas<br />

<strong>de</strong> réputation autonomiste: «Je<br />

ne suis pas un antibernois. J’ai<br />

travaillé 18 ans pour le canton<br />

<strong>de</strong> Berne, d’abord dans la poli-<br />

Patrick Gsteiger: la raison avant le drapeau pour le vote <strong>de</strong> novembre sur l’avenir institutionnel. ARCHIVES STÉPHANE GERBER<br />

ce, puis à la Chancellerie d’Etat.<br />

En tant que secrétaire <strong>du</strong><br />

Conseil régional, j’ai contribué<br />

à la mise en place <strong>du</strong> statut particulier<br />

<strong>du</strong> <strong>Jura</strong> bernois. Je sais<br />

précisément ce qu’on a.»<br />

Son expérience politique<br />

l’amène toutefois à constater<br />

que le <strong>Jura</strong> bernois ne peut<br />

plus espérer grand-chose pour<br />

améliorer sa situation dans le<br />

canton <strong>de</strong> Berne. «On a atteint<br />

les limites pour la protection<br />

d’une minorité dans un Etat. Il<br />

y a eu un esprit d’ouverture à<br />

l’égard <strong>du</strong> <strong>Jura</strong> bernois, mais il<br />

se perd. Il y a un ras-le-bol <strong>et</strong> il<br />

sera <strong>de</strong> plus en plus difficile<br />

pour les francophones <strong>de</strong> surnager<br />

dans ce canton. Tout au<br />

plus peut-on espérer <strong>de</strong>s améliorations<br />

<strong>de</strong> détail avec le statu<br />

quo+, mais sans substance<br />

supplémentaire», estime-t-il.<br />

Patrick Gsteiger note qu’un<br />

plafond a été atteint en matière<br />

d’institutions communes. «On<br />

se heurte toujours au problème<br />

<strong>de</strong> la souverain<strong>et</strong>é <strong>de</strong>s cantons.<br />

Le niveau <strong>de</strong>s prestations n’est<br />

pas forcément le même <strong>de</strong> part<br />

<strong>et</strong> d’autre, d’où la difficulté à se<br />

m<strong>et</strong>tre d’accord».<br />

Un long chemin<br />

Le député reconnaît que sa<br />

vision <strong>de</strong>s choses a évolué. «Il y<br />

a quelques années, les fronts<br />

étaient très marqués. On a appris<br />

à rediscuter avec les <strong>Jura</strong>ssiens<br />

<strong>du</strong> nord, mis sur pied <strong>de</strong>s<br />

collaborations, <strong>de</strong>s institutions<br />

communes. De par ma profession,<br />

je vois au quotidien <strong>de</strong>s<br />

points communs entre ces<br />

<strong>de</strong>ux régions», explique-t-il.<br />

Tous ces facteurs l’ont poussé<br />

à envisager un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> nou-<br />

veau canton. «S’il n’y avait pas<br />

d’alternative, je me contenterais<br />

sans doute <strong>de</strong> la situation<br />

actuelle. Mais on nous offre la<br />

possibilité <strong>de</strong> créer quelque<br />

chose <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rne, la possibilité<br />

<strong>de</strong> voir se rapprocher le pouvoir<br />

<strong>de</strong> décision. Toutefois,<br />

pour que c<strong>et</strong>te nouvelle entité<br />

cantonale tire son épingle <strong>du</strong><br />

jeu, il ne faudra pas avoir peur<br />

<strong>de</strong> rem<strong>et</strong>tre les acquis en question,<br />

notamment en termes <strong>de</strong><br />

communes. Trente-cinq ans<br />

après sa création, le canton <strong>du</strong><br />

<strong>Jura</strong> a aussi besoin <strong>de</strong> redéfinir<br />

ses structures, sur <strong>de</strong> nouvelles<br />

bases. J’ai le sentiment que les<br />

autorités <strong>et</strong> la population sont<br />

ouvertes à se rem<strong>et</strong>tre en question.<br />

Les <strong>de</strong>ux régions ont intérêt<br />

à s’agrandir», analyse Patrick<br />

Gsteiger. Et <strong>de</strong> rappeler<br />

que si le proj<strong>et</strong> ne convient pas,<br />

chacun pourra le refuser. «Cela<br />

m’embêterait <strong>de</strong> voter non directement,<br />

sans savoir ce qu’on<br />

nous aurait proposé.»<br />

Pas <strong>de</strong> menottes<br />

Si les politiciens partageant<br />

l’avis <strong>du</strong> député d’Eschert <strong>et</strong><br />

prêts à s’afficher ne semblent<br />

pas être légion hors <strong>du</strong> sérail<br />

autonomiste, il y en a tout <strong>de</strong><br />

même quelques-uns. C’est le<br />

cas <strong>de</strong> Roger Chopard, ancien<br />

maire <strong>de</strong> Grandval (aujourd’hui<br />

conseiller municipal),<br />

ex-membre <strong>du</strong> PLR mais<br />

aussi <strong>de</strong> Force démocratique.<br />

«J’ai changé d’avis <strong>de</strong>puis<br />

peu. Mon parcours m’a amené<br />

à revoir ma vision <strong>de</strong>s choses.<br />

Sur le plan personnel, me rapprocher<br />

géographiquement <strong>du</strong><br />

<strong>Jura</strong> (n.d.l.r.: il vient <strong>du</strong> vallon<br />

<strong>de</strong> Saint-Imier) m’a amené à<br />

réfléchir différemment. Sur le<br />

plan politique, je me rends<br />

compte qu’au sein <strong>de</strong>s communes,<br />

on ne fait plus qu’appliquer<br />

<strong>de</strong>s ordonnances <strong>du</strong> canton.<br />

On n’a pas <strong>de</strong> moyens financiers,<br />

on a les pieds <strong>et</strong> les<br />

poings liés. Il faut que ça change.<br />

Ce proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> nouveau canton<br />

peut offrir une alternative».<br />

Roger Chopard relève aussi<br />

l’importance, pour une commune<br />

comme Grandval, <strong>de</strong> ne<br />

pas être séparée <strong>de</strong> Moutier.<br />

Il insiste surtout sur le fait<br />

que tout reste à imaginer. «Il<br />

faut que les gens s’enlèvent <strong>de</strong><br />

la tête qu’ils vont voter en novembre<br />

pour créer un nouveau<br />

canton. Un oui ne va pas nous<br />

menotter. Il signifiera simplement<br />

qu’on est d’accord d’évaluer<br />

la situation, <strong>de</strong> voir ce<br />

qu’on nous propose. Et on restera<br />

libre ensuite <strong>de</strong> choisir ce<br />

qu’on veut», conclut-il.<br />

CÉLINE LO RICCO CHÂTELAIN

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