revue de presse - République et Canton du Jura

J.H.:
Oui. Ce vote est le signe d’une démocratie
vivante. C’est une proposition
d’entrée en matière. Il serait farfelu
de refuser une telle offre. Le seul bémol
est que le scrutin intervient peutêtre
trop tôt. Ceux qui prennent position
aujourd’hui sont en majorité les
mêmes que ceux qui ont milité dans
les années 1970. Il aurait été préférable
de laisser le débat à la jeune génération,
qui aurait pu amener de nouvelles
idées. Quant au canton de l’Arc
jurassien, c’est une autre question.
Quoi qu’il advienne, on va vers une
redéfinition du fédéralisme suisse.
C’est un fait: davantage que vers Bienne
ou la région jurassienne, La Neuveville
penche du côté de Neuchâtel.
Dans les années 1970, certains Neuvevillois
ont voté non au canton du Jura
mais auraient volontiers dit oui pour
rejoindre Neuchâtel. Et même si la
question est moins émotionnelle pour
les Neuvevillois, ils vont s’y intéresser,
car ils sont ouverts d’esprit. Il y a des
questions de mentalité et de culture,
mais aussi la perspective de rejoindre
la Romandie. Car quoi qu’on en dise,
Berne n’est pas un canton romand. Il
est naturel qu’il cherche des alliances
en Romandie, car cela lui permet de
faire contrepoids à la région de Zurich.
Mais cette image de «pont» vers
la Romandie qu’il se donne, ce n’est
qu’une question d’influence politique.
La Neuveville
a déjà tout perdu ces dernières années,
du préfet au tribunal en passant
par divers offices. Et si Moutier devait
rejoindre le canton du Jura dans un
deuxième temps, c’est tout le Jura bernois
qui pourrait se retrouver à nu, car
il y a un risque que bien des services
soient centralisés à Bienne. Pour La
Neuveville, la chance de retrouver une
certaine importance passe par un oui.
Certains disent que les finances jurassiennes
ne sont pas brillantes, mais
celles de Berne ne vont pas mieux...
Il faut que les
gens répondent à la bonne question.
On ne nous demande pas de rejoindre
le canton du Jura, mais d’étudier une
proposition. Un oui signifierait un appel
à l’imagination, à la participation
pour créer quelque chose de neuf,
dans une Constituante qui devrait être
composée d’au moins deux tiers de
jeunes de moins de 40 ans. Par
contre, en cas de non, on va vers un
amoindrissement de notre région.
ien
clair
R.M.:
Oui, c’est la suite logique de l’Accord
du 25 mars 1994 entre Berne et le Jura.
Si on était d’abord venu avec la question
d’un canton de l’Arc jurassien, ça
aurait donné l’impression qu’on voulait
se débarrasser du problème jurassien
en impliquant les Neuchâtelois. Il
faut d’abord régler la Question jurassienne
au sens de l’accord de 1994.
Il n’y a pas de communauté d’intérêt
avec le Jura. On se situe dans les extrêmes
géographiquement et cela se voit
politiquement. On doit faire beaucoup
d’efforts pour montrer qu’on existe,
même dans le Jura bernois. Pour les
Neuvevillois, peu importe d’être avec
Berne, Neuchâtel ou le Jura, pourvu
qu’ils aient du travail. Le seul moyen
de gagner en importance serait de fusionner
avec le Landeron (NE). Mais ce
n’est pas notre rôle d’être la ville qui
créerait l’éclatement du Jura bernois.
Pour
La Neuveville, ça ne changerait rien
d’être dans un canton ou l’autre. On
sera toujours à un extrême. Notre situation
ne s’améliorerait pas dans un
nouveau canton du Jura. On devrait
même faire plus de route pour rejoin-
LQJ - 23 mai 2013
dre la capitale à Delémont (je ne crois
pas à une capitale à Moutier). Si on reste
Bernois, la situation ne va pas se dégrader,
sauf éventuellement pour des
raisons économiques. Le risque existe
aussi que certains services partent à
Bienne si Moutier s’en va. Mais c’est à
nous de nous battre pour maintenir
nos infrastructures, en parlant d’une
même voix à Berne! Actuellement, ce
n’est souvent pas possible car il y a en
filigrane la Question jurassienne.
Les séparatistes
font fort en avançant l’argument que
l’on va pouvoir changer la politique du
Jura bernois grâce à une nouvelle entité.
Politiquement, c’est intéressant.
Mais pas pour l’économie et la qualité
de vie! Or, je me base davantage sur
une région économiquement forte que
politiquement. On a des choses à défendre.
Mais pourra-t-on mieux le faire
avec deux conseillers nationaux plutôt
qu’avec la Députation ou le Conseil du
Jura bernois? On a intérêt à rester dans
un grand canton dans lequel on peut
trouver plus facilement des solutions,
où l’administration est moins coûteuse
et où la diversité économique garantit
une stabilité. On a perdu assez de
temps avec la Question jurassienne. Il
est temps de retrouver de la sérénité.