revue de presse - République et Canton du Jura

Trente et un conseillers de
ville sur quarante présents
hier soir ont donc décidé d’apposer
leur nom à la fameuse
Charte interjurassienne de
bonne conduite initiée par
l’AIJ. A l’opposé, sept sages
ont renoncé à parapher le texte.
Il s’agit de Jean-Bernard
Blaser, Olivier Carnal, Patrick
Tobler et Emile Kohler (tous
de l’UDC), ainsi que de Patrick
Roethlisberger, Paolo
Roethlisberger et André Piguet
(tous trois membres du
PLR). Christian Aubry et Jean-
Pierre Schwab (également du
PLR) se sont quant à eux abstenus.
C’est dans une atmosphère
sereine que les débats qui ont
précédé ce vote nominal se
sont déroulés. Pas d’attaques
sous la ceinture à signaler hier
soir, ce qui, au moment de clore
la séance, a particulièrement
ravi le président Roland
Piquerez.
Mais qu’à cela ne tienne: la
quiétude perceptible à la Sociét’halle
n’a pas empêché des
joutes verbales passionnées.
Manuel Gsteiger (Interface,
premier signataire de la motion
enjoignant les conseillers
de ville de signer le texte) a
tenu à rappeler que son parti
avait également adhéré à la
charte en tant qu’institution.
«Ce texte promeut le dialogue,
et le respect mutuel. Il encourage
aussi au débat et invite les
populations à s’intéresser à
l’avenir institutionnel de la région»,
a-t-il plaidé.
Patrick Tobler a quant à lui
relu un virulent pamphlet antibernois
que le Rauraque avait
diffusé lors de la campagne en
vue du vote consultatif sur l’appartenance
cantonale de Moutier
en 1998. Le jeune conseiller
de ville UDC a demandé si ce
texte – qui avait en son temps
été pointé du doigt par de nom-
breux membres de l’Entente jurassienne
– était condamnable
au sens de la charte. Volant au
secours des jeunes Rauraques
de 2013, le maire Maxime Zuber
a rappelé que ce texte datait d’il y
a 15 ans «mais que ce genre de
propos était en effet contraire au
texte de l’AIJ.»
Du côté du PLR, on a émis
des doutes sur l’interprétation
de ce code de bonne conduite.
«Quelle est la limite à ne pas
franchir?» a interrogé André
Piguet. Et de poursuivre: «Il
est à craindre que la charte devienne
un règlement de censure
et de muselage.»
Reprenant la parole, Manuel
Gsteiger a assuré que le
texte cher à l’AIJ «encourage le
débat davantage qu’il le musèle.»
Très virulent, le suppléant
UDC Emile Kohler a tenu à
rappeler «que les plus âgés se
souviennent des bombes posées
ainsi que des stands de tir
et des écoles brûlées. Cette
charte est une vaste plaisanterie»,
a-t-il asséné. Silence dans
l’assistance.
Très pacificatrice, Chantal
Mérillat (RPJ) a rebondi sur
ces propos. «Nous devons
avoir le même âge. Cette charte
existe justement pour ne
pas retomber dans les travers
de l’époque. C’est un code moral.
Même si vos propos me
font bouillir, je les respecte.»
Daniel Heizmann, du PSA,
s’est fendu d’un appel solennel:
«Revenez à la raison et signez
cette charte. Ces affaireslà,
c’est du passé. Tournonsnous
vers l’avenir. Sa camarade
Francine Richon a quant à
elle relevé qu’aucune école ne
serait viable sans une charte
de bonne conduite.
De retour à la tribune, Patrick
Tobler a promis qu’il resterait
correct. «Je suis par
exemple un bon perdant. Mais
je n’ai pas besoin d’un bout de
papier pour dicter ma conduite»,
a-t-il lancé. Alain Piquerez,
du Rauraque, a insisté sur
le fait que, durant les années
de braise, «les dérapages ont
eu lieu des deux côtés. Les
choses ont changé depuis lors.
LQJ - 30 avril 2013
Nous vivons en 2013!», a-t-il
martelé.
Avant cela, les sages ont pris
connaissance du rapport annuel
du Conseil municipal sur
la Question jurassienne. Le
maire Maxime Zuber a rappelé
«que le sujet était plus que jamais
d’actualité.» Et d’insister:
«Le 24 novembre, nous aurons
une chance unique de vivre
une véritable réconciliation, de
dessiner ensemble un nouveau
canton moderne et de définir
l’avenir de Moutier.»
Du côté antiséparatiste, André
Piguet s’est étonné de l’absence
de mention relative au «statut
particulier de Moutier» dans le
Rapport Widmer et l’Accord du
25 mars 1994. En réponse, Maxime
Zuber a évoqué une lettre de
la Délégation du Conseil-exécutif
pour les affaires jurassiennes
qui indique «que Moutier reste
un cas particulier. Une déclaration
du Gouvernement bernois
est pour nous amplement suffisante»,
a ironisé Maxime Zuber.