revue de presse - République et Canton du Jura

L’heure était aux accolades,
aux boutades et autres déclarations
de bonnes intentions,
hier à Moutier, entre partisans
du oui et supporters du non au
scrutin du 24 novembre. A l’invitation
de l’AIJ et sous le regard
du président Dick Marty
et du secrétaire général Emanuel
Gogniat, les coprésidents
des comités de campagne «Notre
Jura bernois» (Virginie
Heyer et Jean-Pierre Graber,
défenseurs du non) et ceux de
«Construire ensemble» (Pierre
Kohler et Stéphane Boillat,
pour le oui) ont officiellement
souscrit à la Charte interjurassienne,
prônant un dialogue
serein et constructif.
«Dans les années 1970, il
aurait été impossible de réunir
autour d’une même table partisans
et opposants pour signer
une telle charte», ont
souligné tant John Buchs que
Philippe Rottet, représentant
respectivement les délégations
bernoise et jurassienne à l’AIJ.
Du côté de «Notre Jura bernois»,
Jean-Pierre Graber a expliqué
que si son comité avait
accepté d’adhérer à la Charte,
c’est parce qu’elle contenait des
«principes de bonne conduite
évidents, dans lesquels s’inscrivent
déjà nos actions». Au nom
de «Construire ensemble»,
Pierre Kohler a relevé l’importance
de montrer l’exemple et
réaffirmé que quel que soit le
résultat du vote, «il sera accepté
et nous continuerons à travailler
ensemble». «La Charte permet
d’assurer un débat citoyen
de qualité», a pour sa part argumenté
Stéphane Boillat.
Pour l’AIJ, l’adhésion des
deux comités de campagne au
document, symboliquement
mise en scène hier devant la
presse, donne le «la» quant au
rôle qu’elle entend jouer ces
prochains mois. Car l’AIJ, se
basant sur un rapport de sa
commission Institutions, esti-
me qu’elle a une place légitime
à occuper dans le tableau.
«La nouvelle étape qui s’est
ouverte dans la Question jurassienne
a été rendue possible
grâce au travail de fourmi,
pas forcément toujours spectaculaire
mais néanmoins important,
que l’AIJ a mené depuis
sa création», a rappelé
Dick Marty. C’est d’ailleurs
sur cette lancée que l’Interjurassienne
entend poursuivre.
Sans surprise, l’AIJ ne prendra
en aucun cas position sur le
fond de l’affaire, a annoncé son
président. En revanche, elle
mettra en valeur sa Charte,
code de bonne conduite rédigé
dans la foulée de son rapport final
de 2009, et se chargera de
sa promotion. «L’AIJ s’est posée
en lieu du dialogue. Il s’agit
de promouvoir cet état d’esprit,
afin que les choses se déroulent
dans le respect», a détaillé
Marcelle Forster, présidente de
la commission Institutions.
L’AIJ pourra en outre rappeler
en cas de besoin les étapes et
l’état d’esprit ayant mené à la
Déclaration d’intention du 20
février 2012, qui a ouvert la voie
au vote de novembre.
Convaincue que la résolution
de la Question jurassienne
dépend aussi du bon déroulement
du scrutin, l’AIJ propose
par ailleurs aux Gouvernements
d’étudier «la nécessité et
la possibilité» de constituer
une commission indépendante
d’observation, chargée non
seulement de veiller à l’application
des principes de la charte,
mais également de suivre attentivement
le déroulement du
scrutin et de la campagne.
«Il ne s’agit pas d’envoyer
des casques bleus», a rassuré
Dick Marty. «Il ne s’agit pas
non plus d’un acte de méfiance
envers les autorités qui organisent
les scrutins. C’est
une démarche de transparence,
qui est d’ailleurs appliquée
dans toutes les démocraties.
Les élections fédérales en
Suisse, ou même aux Etats-
Unis, sont régulièrement observées
par des délégués inter-
nationaux», a fait remarquer le
président de l’AIJ. Cette commission,
qui pourrait être formée
de 3 à 5 membres, n’aurait
aucune valeur juridique. Il
s’agirait en quelque sorte
d’une «référence éthique», a
encore précisé Dick Marty.
La décision d’instituer cette
commission reviendra aux deux
gouvernements. Emanuel Gogniat
insiste sur les avantages
d’une telle démarche: «L’idée
est aussi de pouvoir attester, au
terme du processus, que tout
s’est bien passé. Cela pourrait
consolider au final la résolution
de la Question jurassienne.»
Enfin, l’AIJ suggère également
aux exécutifs bernois et
jurassien d’étudier la possibilité
de dispenser une information
plus circonstanciée que
d’ordinaire aux électeurs quant
à leurs droits et à leurs devoirs.
Cette proposition est liée aux
risques du vote par correspondance,
que certaines affaires ré-
LQJ - 24 avril 2013
centes – et en particulier celle
de l’élection à la mairie de Porrentruy
– ont mis en lumière.
Aux gouvernements, désormais,
d’étudier ces propositions
et de déterminer les suites
à leur donner. Pendant ce
temps, le train de la campagne
continue d’avancer lentement
mais sûrement sur les rails menant
au 24 novembre. Une
campagne que tous les acteurs
présents hier ont assuré vouloir
mener selon les vertueux
principes de la Charte de l’AIJ.
Reste à voir si ces belles intentions
seront également partagées
– et respectées – par les
autres protagonistes, ce qui ne
semble pas gagné d’avance.
«Une charte n’a certes pas de
portée juridique. Mais chaque
citoyen, au final, sera le juge
des comportements qu’il observera»,
a conclu Dick Marty.