revue de presse - République et Canton du Jura

O
rdre du jour extraordinaire pour une rencontre
ordinaire. Comme c’est le cas chaque
année, une délégation du Conseil du Jura
bernois (CJB) s’est entretenue avec des représentants
du Gouvernement jurassien. Après
Tramelan l’an dernier, c’est à Delémont que
s’est tenue mardi cette séance. Vote sur l’avenir
institutionnel du 24 novembre oblige, la résolution
de la Question jurassienne a largement alimenté
le débat. Les autorités jurassiennes
étaient notamment représentées par Michel
Probst, président du Gouvernement, ainsi que
par les ministres Elisabeth Baume-Schneider et
Philippe Receveur. Du côté du CJB, l’ensemble
du Bureau et le président de la section Institutions
se sont déplacés.
Pour «clarifier encore une fois les choses suite
à un début de polémique», le Gouvernement jurassien
a insisté sur le fait «qu’aucun argent public
ne sera investi de sa part dans des actions de
propagande» durant la campagne. Il s’engagera
«en informant la population de manière objective
et transparente et en participant au débat public».
Le CJB ne consacrera pas non plus de deniers
publics à des actions de propagande. Il
prendra position sur le dossier de l’avenir institutionnel
à fin juin, en rendant un rapport dans
lequel la minorité pourra exposer son point de
vue.
Les discussions ont aussi porté sur les scénarios
envisageables après la votation. En cas de
double oui, les deux cantons «élaboreront un
concordat permettant l’élection d’une Assemblée
constituante qui pourrait être composée paritairement
de Jurassiens et de Jurassiens bernois».
Elle sera chargée de dessiner les contours
d’un nouveau canton sous la forme d’un projet
de Constitution à être lui aussi soumis à l’approbation
du souverain. Autrement dit, un double
oui le 24 novembre ne garantit aucunement la
création d’un nouvel Etat cantonal. Si le résultat
du vote s’avère négatif le 24 novembre, la Ques-
LQJ - 13 avril 2013
tion jurassienne sera considérée comme réglée,
l’Accord du 25 mars deviendra caduc et l’Assemblée
interjurassienne sera dissoute. Lors de la
rencontre de mardi, «le risque d’affaiblissement
du réflexe interjurassien» en cas de non a été
abordé. La délégation du CJB a fait part de son
souhait de maintenir un espace de dialogue interjurassien
et même «de développer la collaboration
dans la continuité des travaux de l’Assemblée
interjurassienne». L’idée d’un nouvel accord
«pour permettre que les relations se poursuivent
de manière privilégiée en vue de promouvoir
les intérêts de la région» a été avancée
par un membre du CJB. Ce à quoi il a été répondu
que les relations entre les cantons du Jura et
de Berne seraient conformes à «celles entretenues
avec d’autres cantons voisins, dans le respect
des relations confédérales». Des relations,
donc, principalement intergouvernementales.
Et de constater enfin que le règlement politique
de la Question jurassienne entraînera immanquablement
une évolution des relations institutionnelles,
sous-tendant de toute évidence le risque
pour le CJB de voir son statut d’interlocuteur
privilégié s’étioler.