revue de presse - République et Canton du Jura

C’est bel et bien sur le terrain
comptable que la campagne en
vue de la votation du 24 novembre
sur l’avenir institutionnel
a été lancée. A l’origine de
cette agitation, deux articles du
Journal du Jura, parus les 28
février et 2 mars, qui faisaient
état de sommes considérables
dont bénéficieraient les partisans
du «oui» le 24 novembre.
Des chiffres étaient même
lâchés: un à deux millions de
francs seraient à leur disposition,
dont 500 000 fr. dormiraient
sur le compte de la Fondation
de la réunification.
Or, et selon nos informations,
ces chiffres sont contestés
par les principaux intéressés.
Contactés hier, plusieurs
membres du Conseil de fondation,
présidé par l’ancien
maire d’Alle Charles Raccordon,
ont expliqué que les
300 000 fr. octroyés par le
Parlement jurassien en 1990
ont été en partie dépensés.
Sans toutefois livrer le solde
exact, le Conseil de fondation
confirme avoir la main «sur
moins de 150 000 fr.»
«Comme il s’agit d’une fondation
de droit privé, nous ne
sommes pas tenus de rendre
ces chiffres publics. L’argent
dépensé depuis plus de 20 ans
l’a notamment été pour la publication
d’ouvrages en relations
avec la Question jurassienne»,
indique le Conseil de
fondation.
Quant à la campagne à venir:
«Nous allons évidemment y
participer financièrement, dans
le but de donner un éclairage
positif des enjeux.» On notera
que la Fondation de la réunification
continue de récolter «le
franc de la réunification», une
obole par habitant versée à leur
gré par les communes.
Ces estimations ont également
fait réagir le Gouvernement
jurassien qui a qualifié
ces chiffres «de fantaisistes et
qui ne reposent sur aucun fondement».
La ministre Elisabeth
Baume-Schneider répète
à cet égard «que le canton du
Jura ne financera aucune propagande,
mais qu’il se bornera
à un travail d’information. En
ce sens, le délégué à l’information
et, plus récemment, le
communicateur (mandaté à
un taux de 20%) ont été nommés
dans la transparence.
Nous avons peu de moyens à
disposition», assure-t-elle.
S’agissant des mouvements
de lutte, et en premier lieu du
Mouvement autonomiste jurassien
(MAJ), aucun ne revendique
une quelconque fortune.
Au contraire. «Notre budget est
juste équilibré par rapport à notre
mode de fonctionnement.
Nous n’avons pas thésaurisé.
Une campagne de souscriptions
a été lancée. Elle rencontre
un bon écho de la part des
militants. Nous attendons évidemment
que des Jurassiens
fortunés fassent un effort. Mais
une chose est certaine: les partisans
du oui ne possèdent ni
deux, ni même un million.
Cela se saurait», sourit le président
Laurent Coste.
Quant à la rumeur qui fait
état de la vente de l’Hôtel de la
Gare à Moutier pour financer
une partie de la campagne, les
responsables d’Hogamo SA
indiquent qu’elle n’aura en
tous les cas pas lieu en cette
année de votation. «En septembre
2011, les actionnaires
avaient déjà renoncé à la vente
du bâtiment», rappelle Claude
Girardin.
Les partisans du oui, du Bélier
au Gouvernement jurassien
relèvent tous le peu de
moyens qu’ils ont à mettre à
disposition pour la campagne
du 24 novembre. Et ce, au
même titre que Force démocratique
(lire ci-contre).
LQJ - 21 mars 2013
Reste que du côté probernois,
la publication de ces chiffres
par le Journal du Jura a rapidement
pris une tournure
politique. La semaine dernière,
deux interventions émanant
des rangs de l’UDC enjoignaient
notamment l’Exécutif
bernois à s’impliquer financièrement
dans la campagne. Un
montant d’au moins un million
a même été évoqué «ou
une somme au moins équivalente
au montant engagé par
le canton du Jura et toutes les
entités publiques ou parapubliques
qui en dépendent».
Ces chiffres ont également
été repris en chœur samedi
soir à Moutier à l’occasion de
la Fête du 16 Mars. «Deux millions
pour eux et rien pour
nous. C’est de la dictature», at-on
entendu de la bouche de
l’ancien député radical Guillaume-Albert
Houriet.
«On ne parle plus des enjeux
politiques mais de manigances.
On veut à tout prix ternir
l’image d’un partenaire fiable»,
déplore, en guise de
conclusion, Elisabeth Baume-
Schneider.