La rentrée doit être offensive - Le Travailleur Catalan
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TC 3275 16/07/08 21:13 Page 3<br />
N°3275 - Semaine du 18 au 24 juillet 2008<br />
l’actu de la semaine<br />
Stèles OAS<br />
Après Marignane, Perpignan?<br />
Une victoire de grande portée : l’enlèvement de la stèle OAS du cimetière de<br />
Marignane vient d’<strong>être</strong> prescrit par un jugement du Tribunal Administratif de<br />
Marseille datant du 7 juillet.<br />
Par un arrêté daté du 23 juin 2005, le<br />
maire frontiste de l’époque, Daniel<br />
Simonpieri, avait autorisé l’Adimad à<br />
ériger une stèle dans le cimetière de<br />
Marignane. Sur cette stèle, analogue à<br />
celle de Perpignan, figurent sept dates<br />
dont trois d’entre sont celles où des<br />
activistes de l’OAS, condamnés pour<br />
crime par la justice française, furent<br />
passés par les armes : 7 juin 1962 :<br />
Albert Dovecar et Claude Piegts qui<br />
ont participé à l’assassinat du commissaire<br />
de police Roger Gavoury ; 6<br />
juillet 1962 : Roger Degueldre, dont<br />
l’un des “commandos delta” assassina<br />
six inspecteurs de l’Education<br />
nationale réunis à El Biar ; 11 mars<br />
1963 : Jean-Marie Bastien-Thiry, l’organisateur<br />
des attentats manqués<br />
contre de Gaulle à Pont-de-Seine et<br />
au Petit-Clamart. Suite à l’érection de<br />
cette stèle, le Tribunal Administratif<br />
(TA) de Marseille avait été saisi des<br />
plaintes émanant de deux associations<br />
: "Ras l'Front Vitrolles-<br />
Marignane"et"les amis de Max<br />
Marchand, Mouloud Feraoun et leurs<br />
compagnons", et de celle de Jean-<br />
François Gavoury, fils du commissaire<br />
assassiné, qui demandaient l’annulation<br />
de l’arrêté municipal du 23 juin<br />
2005. Après une longue procédure, le<br />
commissaire du gouvernement leur a<br />
donné raison au cours de l’audience<br />
du 30 juin du TA de Marseille. Son<br />
argumentation a été reprise et développée<br />
dans le jugement du 7 juillet,<br />
qui ordonne l’enlèvement de la stèle "<br />
dans un délai de quatre mois à compter<br />
de la notification du dit jugement,<br />
sous astreinte de 100 euros par jour<br />
de retard passé ce délai ".<br />
<strong>La</strong> stèle de Perpignan a été inaugurée le 5 juillet 2003.<br />
<strong>La</strong> stèle de Marignane érigée deux ans après celle de Perpignan<br />
Une victoire qui en<br />
appelle d’autres<br />
Même si seule la demande de J-F<br />
Gavoury a été retenue, il s’agit là d’une<br />
victoire qui va considérablement aider<br />
les organisations de notre département<br />
qui se battent depuis plusieurs années<br />
pour l’enlèvement de la stèle OAS du<br />
cimetière du haut-Vernet. Il est remarquable<br />
que leurs arguments soient très<br />
proches de deux des conclusions formulées<br />
par le TA de Marseille. Qu’on en<br />
juge :<br />
"Considérant, en premier lieu, que la<br />
stèle évoque, par certaines des dates<br />
choisies, des agissements inacceptables,<br />
même en temps de guerre, établis<br />
et jamais déniés par leurs auteurs ; que<br />
ces agissements, bien qu’amnistiés,<br />
demeurent et ne sauraient, en tout état<br />
de cause faire l’objet d’une quelconque<br />
apologie publique plus ou moins expli-<br />
cite, constitutive d’une atteinte aux<br />
nécessités de la sauvegarde de l’ordre<br />
public"<br />
De la deuxième conclusion, nous<br />
retiendrons " qu’il appartient ainsi au<br />
maire d’une commune, en vertu de ses<br />
pouvoirs de police, d’assurer dans un<br />
cimetière le maintien de l’ordre public,<br />
et de veiller à la décence et à la neutralité<br />
qui sied à ce lieu ; que la stèle érigée<br />
par l’association ADIMAD est, par<br />
les choix de commémoration effectués,<br />
susceptible de manquer de respect aux<br />
familles des victimes d’activistes de<br />
l’OAS, au nombre desquels se trouve le<br />
père du requérant, et de heurter certains<br />
usagers du cimetière ; qu’elle a<br />
ainsi une connotation qui n’est pas<br />
conforme à la neutralité du lieu dans<br />
lequel elle a été érigée ; que, comme il<br />
l’a été dit, elle est aussi susceptible de<br />
porter atteinte aux nécessités de la<br />
sauvegarde de l’ordre public "<br />
On voit mal dans ces conditions,<br />
qu’après un tel jugement, la mairie de<br />
Perpignan* ne fasse pas droit à la<br />
demande de vingt deux organisations<br />
du département de faire déplacer la<br />
stèle du cimetière du Haut Vernet dans<br />
un espace privé, afin que cette insulte à<br />
la mémoire des victimes de l’OAS soit<br />
éradiquée et que le cimetière retrouve<br />
enfin la sérénité et la neutralité qui<br />
n’auraient jamais dû quitter ce lieu de<br />
recueillement.<br />
Roger Hillel<br />
*Lors du dernier conseil municipal, le<br />
10 juillet, Nicole Gaspon (PCF) a également<br />
interpellé le maire de<br />
Perpignan. Ce dernier s’est engagé à<br />
répondre dès qu’il aura pris connaissance<br />
des entendus du jugement.<br />
l’édito<br />
de Jean-Jacques Cadéac<br />
Sous la plage, les pavés<br />
3<br />
<strong>Le</strong> candidat Sarkozy l’a dit et répété : Je serai le président<br />
du pouvoir d’achat ». Mensonge, un an après,<br />
jamais les portefeuilles n’ont été aussi plats, oh pas<br />
ceux des patrons du CAC 40 ! Il l’a dit et répété : « Je<br />
serai le président de la valeur travail ». C’est aujourd’hui<br />
la remise en cause des 35 heures et des retraites. « Je<br />
mettrai fin à l’impuissance publique » avait lancé le futur<br />
président. Il met en oeuvre un immense plan de rationnement<br />
des services publics. <strong>Le</strong> candidat Sarkozy l’a dit<br />
et répété : «Ensemble tout devient possible».<br />
Oui, mais pour qui ? <strong>La</strong> première mesure de son mandat<br />
aura été de distribuer 15 milliards d’euros aux plus<br />
riches avec son fameux «paquet fiscal». Sur l’injonction<br />
du Medef, il multiplie depuis les exonérations fiscales<br />
pour les entreprises, sans résultat sur l’emploi ou l’investissement.<br />
Servez-vous, c’est cadeau ! Et ça ne l’empêche<br />
pas d’aller partout disant que les caisses sont<br />
vides et de fustiger «l’assistanat»…<br />
De qui se moque t-on ?<br />
Devant ces mensonges d’Etat, la colère monte dans le<br />
pays. Mais cette colère a besoin de compter sur une<br />
gauche qui se bat pour faire reculer le gouvernement et<br />
qui soit prête à construire une alternative nouvelle à<br />
cette politique.<br />
Certes le printemps aura vu nombre de salariés, d’enseignants<br />
et de fonctionnaires se mobiliser contre les<br />
«réformes» Sarkozy. Certains demandent une autre<br />
politique, d’autres solutions que celles qui depuis 25<br />
ans ont échoué. Ils ont mille fois raison.<br />
Mais si l’on veut débloquer la situation, faire converger<br />
ces luttes, inverser le rapport de force et ouvrir une<br />
vraie perspective dans le monde transformé<br />
aujourd’hui, la gauche <strong>doit</strong> enfin répondre présent et se<br />
mettre au travail.<br />
A commencer par reconnaître que la crise que traverse<br />
le capitalisme ne connaîtra pas d’issue positive pour les<br />
peuples sans un changement profond de société, de<br />
civilisation.<br />
Ne nous le cachons pas, c’est bien par ce que cet objectif<br />
est difficile et ambitieux qu’une partie de la gauche y<br />
a renoncé. <strong>Le</strong>s forces de progrès doivent faire face à<br />
leurs responsabilités, se hisser au niveau des problèmes<br />
posés et travailler à construire les réponses neuves<br />
qui nécessitent.<br />
Il faut par exemple penser un mode de développement<br />
économique entièrement nouveau, soucieux de l’humain<br />
comme de l’environnement et contrôlant les marchés<br />
financiers. Il faut un nouvel élan démocratique et<br />
donner enfin plus de pouvoir aux citoyens dans les institutions<br />
et aux salariés dans l’entreprise. Il faut une<br />
nouvelle construction européenne répondant aux aspirations<br />
des peuples. Il faut un nouveau partage des<br />
richesses et des ressources, dans la société française<br />
comme au niveau planétaire. Bref, il faut bâtir des<br />
réponses adaptées à l’ère nouvelle dans laquelle nous<br />
sommes engagés.<br />
Ce souffle nouveau, les communistes ne seront pas<br />
seuls à en <strong>être</strong> porteurs. Mais ils sont déterminés à<br />
bousculer les petits jeux politiciens des uns comme le<br />
fatalisme des autres. Il vont pour cela engager des rencontres<br />
dans tout le pays comme dans le département<br />
pour construire, avec toutes celles et tous ceux qui le<br />
veulent, des réponses neuves. En attendant de s’y<br />
retrouver, bonnes vacances à toutes et à tous.