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La rentrée doit être offensive - Le Travailleur Catalan

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TC 3275 16/07/08 22:08 Page 10<br />

10 clos de paulilles<br />

<strong>Le</strong> site revient de loin<br />

<strong>La</strong> dynamiterie ouverte en 1870 ferme définitivement<br />

ses portes en 1984. En 1988, le<br />

promoteur immobilier Jean-Claude Méry<br />

rachète la friche industrielle pour un montant<br />

de près de 30 millions de francs avec<br />

dans l’idée d’y construire un complexe de<br />

marinas et de villas. Heureusement, le classement<br />

du site le sauve du béton et des<br />

anneaux d’amarrage à fric pour laisser au<br />

public une des baies les plus exceptionnelles<br />

de notre littoral. Devenu seul acquéreur possible,<br />

le Conservatoire du Littoral achète les<br />

lieux en 1998 avec la participation du<br />

Département. <strong>Le</strong> Conservatoire confie alors<br />

au Conseil général des P.-O. la gestion estivale<br />

provisoire de l’accueil du public à la<br />

plage de l’Usine (étés 2004, 2005, 2006 et<br />

2007) et la mise en oeuvre d’un Programme<br />

Global d’Aménagement définitif, la réalisation<br />

des travaux et la gestion permanente du<br />

site requalifié dès l’été 2008.<br />

Montant total de l’opération : 12,5 M€<br />

Etat : 30 %<br />

Europe : 14 %<br />

Région : 20 %<br />

Conservatoire du Littoral : 6%<br />

Département : 30 %<br />

Infos pratiques<br />

• Horaires d’ouverture du site : Juillet et<br />

Août: 9h – 21h, 7j/7<br />

• Horaires d’ouverture de la Maison de site :<br />

Juillet et Août : 9h – 20h, 7j/7<br />

Sur le site: Une exposition «<strong>La</strong> mémoire<br />

ouvrière» (entrée libre); Visites guidées<br />

gratuites. Inscriptions. Durée 1h30. Départs<br />

à 11h et 14h; Un espace buvette; Un espace<br />

muséographique en plein air avec ses<br />

maquettes; <strong>La</strong> Vigie offrant un panorama à<br />

360° sur l’anse de Paulilles<br />

Accès aux plages depuis l’aire de stationnement<br />

gratuite (située entre Port-<br />

Vendres et Banyuls sur la RD 914)<br />

Vers la plage Bernadi : par le chemin piéton<br />

aménagé via le rond point d’accès<br />

au parking<br />

Vers la plage de l’Usine (sur le site même<br />

de la dynamiterie) et du Fourat : par le<br />

tunnel piéton sous la RD 914<br />

Surveillance des plages de 11h à 18h<br />

tous les jours jusqu’au 15 septembre<br />

Paulilles hier<br />

En 1867, le chimiste suédois Alfred Nobel<br />

met au point un nouvel explosif, la dynamite.<br />

Convaincu de l’utilité de<br />

ce nouveau produit pour des<br />

fins industrielles, il<br />

entend implanter des<br />

dynamiteries partout en<br />

Europe et aux Etats-<br />

Unis. Il est contacté en<br />

1868 par un entrepreneur<br />

français, artificier de<br />

son état, Paul Barbe qui devient le seul et unique<br />

concessionnaire des produits Nobel pour<br />

la France.<br />

Ce dernier demande auprès de Napoléon<br />

III l’autorisation d’installer une usine de<br />

dynamite en France, qu’il projette en<br />

Moselle. Il est cependant confronté à deux<br />

obstacles. D’abord la fabrication et la<br />

commercialisation des poudres constituent<br />

un monopôle d’Etat depuis la<br />

Révolution française. Ensuite le contexte<br />

international est tendu. L’entrée en guerre<br />

de la France contre la Prusse conduit à la<br />

défaite de Sedan le 3 septembre 1870, ce<br />

qui marque la chute de l’Empereur. Un<br />

nouveau gouvernement de défense nationale<br />

prend le pouvoir avec à la tête du<br />

ministère de la Guerre Léon Gambetta.<br />

<strong>La</strong>nçant l’idée d’une dynamiterie française<br />

au plus loin des frontière avec la Prusse,<br />

ce dernier charge Barbe, qui n’a eu de<br />

cesse de vanter la dynamite, de monter<br />

l’usine et de trouver le site. C’est la baie<br />

de Paulilles qui est retenue. L’anse est<br />

accessible par la mer et sous protection<br />

d’une batterie militaire au cap Oullestrell.<br />

<strong>Le</strong>s terrains sont peu morcelés et appartiennent<br />

en partie aux domaines ainsi<br />

qu’à deux grands propriétaires, convaincus<br />

de céder leurs terrains au nom de la<br />

défense nationale. Enfin le Cosprons<br />

garantit une quantité d’eau suffisante<br />

pour la fabrication de la nitroglycérine qui<br />

a d’importants besoins.<br />

<strong>La</strong> première dynamiterie française<br />

implantée à Paulilles<br />

Novembre1870, Paul Barbe représentant<br />

en France Alfred Nobel pose la première<br />

pierre de l'usine, au bord de la plage. <strong>Le</strong>s<br />

travaux sont réalisés par les employés de<br />

De G. à D. Gilles Marty, architecte, Christian Bourquin, président du CG, maître d’oeuvre et gestionnaire<br />

du site, Philippe Deliau, paysagiste et Michel Moly,conseiller général du canton Côte Vermeille<br />

la société <strong>La</strong>nglade et <strong>La</strong>porte, chargée de<br />

construire la voie ferrée reliant Perpignan<br />

à la frontière espagnole.<br />

A son ouverture le 5 décembre 1870,<br />

l’usine est sensée fournir de la dynamite<br />

aux armées françaises toujours en guerre<br />

contre la Prusse. Mais à la lecture des<br />

documents conservés, il apparaît que Paul<br />

Barbe s’est servi du prétexte de la guerre<br />

et que la dynamiterie de Paulilles n'a que<br />

très peu fourni d'explosifs à l'armée. Au<br />

contraire, la dynamiterie était vouée à<br />

fournir de la dynamite à l'industrie privée,<br />

en particulier dans le secteur du BTP.<br />

Durant les années 1870-1872, Barbe<br />

tente de mettre en place une organisation<br />

et une gestion rationnelle du territoire<br />

qu'il a acquit. Trois dynamiteries se succèdent.<br />

<strong>Le</strong> territoire initial qui accueillait<br />

quatre bâtiments répartis sur 8 000 m2,<br />

abrite, lors de la fermeture le 1er février<br />

1872, treize bâtiments ventilés sur 10 000<br />

m2. Car revenu en temps de paix, le gouvernement<br />

français restaure le monopôle<br />

d’Etat sur les matières explosives.<br />

Bien introduit dans les milieux républicains<br />

parisiens, Paul Barbe réussit néanmoins<br />

à faire autoriser la fabrication de la<br />

dynamite par le privé. Lors de la réouverture<br />

de l’usine, durant l'année 1876, la<br />

dynamiterie s'étend sur 24 000 m2 et<br />

accueille plus d'une trentaine de bâtiments.<br />

Désormais, la dynamiterie mène<br />

une politique d'accroissement territorial<br />

discontinue, afin d'accroître sa production<br />

qui se diversifie.<br />

En 1914, la dynamiterie produit plus de<br />

15 types de dynamite, des engrais ainsi<br />

que des tuyaux en caoutchouc. Elle<br />

emploie alors 300 ouvriers. <strong>La</strong> fabrication<br />

se consacre essentiellement à la production<br />

d’explosifs pour l’armement et pour<br />

les gros chantiers de génie civil (Mines de<br />

Batère, canal de Panama).<br />

A partir de 1968, la manufacture d’explosifs<br />

conventionnels s'effaçe peu à peu au<br />

profit du placage par explosifs, assuré<br />

localement jusqu’en 1984, date de fermeture<br />

définitive de la dynamiterie.<br />

N°3275 - Semaine du 18 au 24 juillet 2008<br />

Des hommes et<br />

des femmes<br />

Il est intéressant de noter que dès l'année<br />

1875 et jusqu'après la seconde guerre<br />

mondiale, 40 % des ouvriers et ouvrières<br />

de l'usine sont d'origine espagnole. De<br />

plus, les populations locales ont très vite<br />

compris les bénéfices financiers qu'elles<br />

pouvaient tirer de leur travail à l'usine.<br />

Cependant, elles n'en ont pas pour autant<br />

délaissé leur mode de vie agricole. En<br />

effet, de nombreux ouvriers de la dynamiterie<br />

continuent de travailler leurs vignes<br />

et leurs olivettes, mais aussi de participer<br />

aux grandes campagnes de pêche qui se<br />

pratiquent aussi bien à Collioure qu'à<br />

Banyuls-sur-Mer : l'agriculteur pêcheur est<br />

devenu agriculteur pêcheur ouvrier.<br />

<strong>La</strong> grande halle au millieu de la prairie<br />

L’idée qui reste de l’usine aujourd’hui est<br />

qu’elle fonctionnait comme une grande<br />

famille, unie dans un même destin et partageant<br />

la même vie de labeur. Cette<br />

conscience de groupe, propre au milieu<br />

industriel était matérialisée à l’usine par<br />

une très forte solidarité des ouvriers entre<br />

eux. A cela il faut ajouter la politique<br />

paternaliste qu’Alfred Nobel imposait<br />

dans ses usines, même si son but premier<br />

était de fidéliser sa main d’?uvre et maintenir<br />

sa production. L’usine garantissait<br />

des salaires bien supérieurs à toutes les<br />

autres activités aux alentours. Dès les<br />

années 1880 est créée la mutuelle patronale<br />

puis sont pris en charge les accidents<br />

du travail. <strong>Le</strong>s vieux n’étaient pas débauchés<br />

et le directeur leur trouvait de petites<br />

tâches à hauteur de leur capacité comme<br />

le jardinage ou l’entretien. Dans le même<br />

temps l’usine développe son patrimoine<br />

immobilier à destination de ses ouvriers.<br />

Enfin le ciment de cette colonie est l’ouverture<br />

d’une école à classe unique qui<br />

accueillit les enfants des ouvriers, en dépit<br />

des dangers de la dynamite stockée à<br />

proximité. Toutefois, ce relatif confort<br />

social est à mettre en rapport aux dangers<br />

encourus par les ouvriers inhérents à la<br />

fabrication d’explosifs.<br />

On trouvera en vente sur le site des<br />

ouvrages relatant l’histoire de Paulilles

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