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h 12<br />
<strong>CAES</strong> projets Passion<br />
Passion…nés !<br />
lls ont, elles ont entre 15 et 21 ans, habitent dans des régions très différentes.<br />
Point commun : ils sont enfants d’agents <strong>du</strong> <strong>CNRS</strong> et passionnés.<br />
Le <strong>CAES</strong> a, en 2003, pu en aider douze d’entre eux à réaliser le projet<br />
qui leur tenait à cœur. Bref tour d’horizon des aspirations, impressions<br />
et souvenirs de nos lauréats.<br />
Pour la bourse Jeunes 2003,<br />
12 projets ont été retenus sur<br />
19 dossiers présentés. Ces<br />
projets se répartissent en cinq<br />
groupes : artistique, scientifique,<br />
sportif, humanitaire et voyages.<br />
Deux des projets de 2002 ont,<br />
en outre, été reportés sur 2003.<br />
Découverte <strong>du</strong> Maroc<br />
Ivana Cerovic et Carole<br />
Deltendre (Strasbourg, 67) sont<br />
allées à la découverte <strong>du</strong> Maroc pour<br />
le photographier, y faire des peintures<br />
et des croquis. Premier contact :<br />
Marrakech, avec ses rues remplies<br />
pour l’essentiel d’hommes, une circulation<br />
intense et sa mythique place<br />
Jemaa-El-Fna, « sortie tout droit d’un<br />
conte ».<br />
Départ pour Setti Fatma, ses falaises<br />
d’argile rouge et ses villages<br />
jaunes, rouges ou roses ; Telouët et<br />
sa kasbah étonnamment récente ;<br />
Aït Benhaddou, avec ses allures de<br />
décor de cinéma et son ancienne<br />
kasbah tout en hauteur telle une<br />
tour de Babel ; passage incontournable,<br />
enfin, par Ouarzazate. Puis la<br />
route <strong>du</strong> désert, semée d’embûches,<br />
où les voitures s’enlisent. Découverte<br />
de Merzouga, calme, sans électricité,<br />
résonnant de chants ; des gorges <strong>du</strong><br />
Todra, une nature superbe mais par<br />
trop polluée par des déchets.<br />
Pour Ivana et Carole, c’est la<br />
« découverte d’une autre façon de<br />
vivre : troc et état d’esprit plus que<br />
décontracté. Comme dans tout le<br />
Maroc, les expressions “Inch Allah”<br />
(Si Dieu le veut) et “Les gens pressés<br />
sont déjà morts” sont des règles<br />
quotidiennes. Vivre l’instant, ne faire<br />
les choses que si on le désire, prendre<br />
son temps. »<br />
Au Maroc : « Vivre l’instant, ne faire les choses que si on le désire,<br />
prendre son temps. » (Illustration d’Ivana Cerovic.)<br />
Retour à Marrakech et à une réalité<br />
moins agréable avec le fourmillement<br />
des passants et les odeurs de pourriture.<br />
Mais des visites très intéressan-<br />
tes à faire comme le palais El-Badi,<br />
la medersa Ben-Youssef et le jardin<br />
Majorelle, si bleu. Des rencontres,<br />
aussi, en particulier avec un tour-<br />
neur sur bois <strong>du</strong> souk, qui réalise des<br />
grigris pour les enfants malades de<br />
l’hôpital Necker.<br />
Et comment oublier l’accueil généreux<br />
des familles ? « Qui n’a rien,<br />
écrivent-elles, te donnera tout ce qu’il<br />
peut, quitte à ne pas manger par la<br />
suite ! Ces gens ont un cœur énorme<br />
et le plus incroyable : ce sont eux qui<br />
nous ont remerciées de notre venue<br />
et de l’honneur ren<strong>du</strong>. »<br />
Poésie<br />
Julien Deneuil (Issy-les-<br />
Moulineaux, 92) nous propose, lui,<br />
un nouveau recueil de poésie intitulé<br />
État de larmes. Julien a découvert<br />
la poésie dans la souffrance. Écrire<br />
est pour lui une thérapie et un exorcisme<br />
face aux « démons de l’intérieur<br />
». Entre violence intérieure et<br />
paix retrouvée, ses poèmes mettent<br />
en mots des forces qui s’affrontent :<br />
lutte/délivrance, douleur/bonheur, violence/douceur,<br />
cri/silence, souffrance/<br />
plaisir, froideur/chaleur… Comme son<br />
premier recueil, Souffrir mais avec les<br />
mots, État de larmes a été publié chez<br />
L’Harmattan. Extraits :<br />
« Idéal demain<br />
Nous rappellerons-nous d’un éternel<br />
[demain<br />
Un demain où pourront nos bras<br />
Enlacer l’espoir<br />
Un espoir où devront nos bustes<br />
lentement frayer un chemin<br />
vers la voie de la joie »<br />
Documentaires<br />
La bourse Jeunes a, cette année,<br />
permis à Natacha Dubois<br />
(Grenoble, 38) d’acheter un<br />
Caméscope pour tourner un court<br />
métrage dans lequel elle interviewe<br />
<strong>CAES</strong>magazine n° <strong>72</strong> • automne 2004
deux personnes âgées de 70 ans. Son<br />
but ? Leur faire raconter leur enfance<br />
et leur adolescence. Las ! Peu enclines<br />
à revenir sur leur jeunesse, elles sont,<br />
en revanche, intarissables lorsqu’elles<br />
se laissent aller à parler <strong>du</strong> temps qui<br />
passe, à revenir sur leurs souvenirs de<br />
la guerre. Au-delà, elle ambitionne de<br />
construire son film en deux temps :<br />
d’abord un documentaire, ensuite<br />
une fiction.<br />
« Un documentaire, écrit-elle,<br />
composé d’interviews d’a<strong>du</strong>ltes que<br />
l’enfant, dans notre monde, serait allé<br />
voir. […] Quelques interviews non<br />
pas pour recueillir des informations,<br />
des connaissances palpables. Mais<br />
des liens, des relations assez sincères<br />
pour qu’elles semblent réelles, vraies,<br />
que des histoires, des mots s’en dégagent.<br />
[…] Je voudrais raconter les<br />
histoires comme nos grands-parents<br />
nous les racontent. Par un vécu, par<br />
ces petites choses qui font la vie et<br />
pas la télévision. […] Ces interviews<br />
permettront d’alimenter l’autre phase<br />
de mon projet : la fiction. En fin de<br />
compte ce seront les interviews qui<br />
construiront les histoires de mon histoire.<br />
Histoire que je filmerai <strong>du</strong> point<br />
de vue de l’enfant. »<br />
Michaël Epelboin (Paris,<br />
75) a, lui aussi, entrepris de réaliser<br />
un film. Très précisément un documentaire<br />
filmique sur le djembefola<br />
(en langue maninké, le « joueur de<br />
djembe », percussion mandingue).<br />
Après avoir initialement choisi la<br />
Guinée et Conakry, il a décidé d’aller,<br />
avec ses deux amis, au Mali où<br />
le djembe remplit pour beaucoup de<br />
gens un rôle important.<br />
D’où une transformation de son<br />
projet initial : « À l’origine, écrit-il, le<br />
sujet était l’étude de l’évolution <strong>du</strong><br />
statut social <strong>du</strong> djembefola […] Au fil<br />
de notre enquête et de notre voyage,<br />
nous nous sommes en fait aperçus de<br />
certaines erreurs, imprécisions dans<br />
notre réflexion. Nous avons constaté<br />
que l’évolution <strong>du</strong> rôle <strong>du</strong> djembefola<br />
est liée à celle de l’Afrique traditionnelle,<br />
et que ce qui transforme<br />
ces traditions, aujourd’hui, c’est la<br />
mondialisation imposée aux Africains.<br />
[…] Le projet est donc finalement<br />
d’étudier, en Afrique et en Europe,<br />
les conséquences de la mondialisation<br />
en Afrique, à travers le djembe<br />
et son évolution. » Son documentaire<br />
doit intégrer les images tournées en<br />
Afrique et en Europe, ainsi que des<br />
documents d’archives.<br />
<strong>CAES</strong>magazine n° <strong>72</strong> • automne 2004<br />
L’hydroplane construit par Arnaud Faisant est un mini-navire radiocommandé.<br />
Tel un vélo, il doit avancer pour tenir en équilibre.<br />
Hydroplane et insectes<br />
en Guyane<br />
Arnaud Faisant (Évran, 22)<br />
avait déjà réalisé, avec des matériaux<br />
de récupération, une maquette<br />
<strong>du</strong> Aïta Pea Pea, le voilier sur lequel<br />
il fit, pendant deux ans, le tour <strong>du</strong><br />
monde en famille. Accompagné de<br />
nombreux plans fort détaillés, son<br />
projet de construction d’un hydroplane<br />
a retenu l’attention <strong>du</strong> jury qui<br />
a examiné les demandes de candidats<br />
à la bourse Jeunes.<br />
Présentation : « L’hydroplane est<br />
un “mini-navire ” radiocommandé.<br />
La carène sera supportée au-dessus<br />
de l’eau par une sorte d’avion biplan<br />
manœuvrable dans les trois axes. Il<br />
se soulèvera par l’hydrodynamisme<br />
que crée le moteur. » Carène et coffre<br />
étanche <strong>du</strong> moteur en aluminium,<br />
ailes immergées en contreplaqué<br />
résiné, son hydroplane pourra « se<br />
comparer à un vélo ; en effet, il doit<br />
avancer pour tenir en équilibre ». Son<br />
ambition : « Réaliser un “OVNI” se<br />
déplaçant lentement à la façon d’un<br />
avion à 50 cm au-dessus de l’eau, ce<br />
qui serait une prouesse technologique<br />
dans le monde <strong>du</strong> modélisme naval. »<br />
À quand une démonstration ?<br />
Thierry Édouard (Pertuis, 84)<br />
a, il faut bien l’avouer, fait l’unanimité<br />
<strong>du</strong> jury. Comment rester insensible à la<br />
passion pour les insectes qu’éprouve<br />
ce jeune se destinant à une carrière<br />
de professeur de sport ? La Guyane<br />
n’est pas, à franchement parler, une<br />
destination pour touristes en quête<br />
de vacances au soleil sur des plages<br />
de sable fin. Cayenne, la ville autrefois<br />
tristement célèbre pour son bagne,<br />
bien que reconvertie en site touristique,<br />
est encerclée de forêts qui s’étendent<br />
à l’infini dans un climat chaud et<br />
humide. C’est donc avec appréhension<br />
que notre entomologiste a commencé<br />
sa récolte d’insectes.<br />
L’environnement frappe par la luxuriance<br />
et l’étrangeté des plantes de<br />
même que la couleur « coca » de<br />
l’eau. La faune étrange n’est pas en<br />
reste ; souvent cachée, elle se réveille<br />
la nuit tombée telles les petites tortues<br />
qui peuplent la plage ou encore<br />
un vol de toucans et partout des singes,<br />
des faucons, des vautours et des<br />
colibris. Le vrai danger ne vient pas<br />
seulement des serpents venimeux<br />
mais de la forêt elle-même, par la<br />
chute d’arbres faiblement enracinés,<br />
ou encore la perte d’orientation, car<br />
il n’y a aucun repère visuel.<br />
Thierry nous familiarise avec les<br />
différentes techniques d’observation<br />
et de récolte des insectes. La plus<br />
connue est la chasse à vue avec un<br />
filet à papillon ; le piégeage se fait<br />
avec des appâts, telles des bananes<br />
mélangées avec <strong>du</strong> sucre ou <strong>du</strong> rhum.<br />
La chasse à la lumière se fait la nuit<br />
avec une lampe fixée à trois mètres<br />
<strong>du</strong> sol et sous laquelle est fixé un<br />
drap qui permet de recueillir les insectes<br />
attirés par la lumière. On peut en<br />
capter ainsi jusqu’à 8000 en une nuit.<br />
« L’abondance des insectes a été telle,<br />
nous écrit-il, que, la première nuit, j’ai<br />
sévèrement sélectionné mes prises<br />
(les plus grosses et les plus belles),<br />
sans avoir eu un instant pour souffler<br />
ou manger ! La troisième nuit, je ne<br />
pouvais pas m’approcher à moins de<br />
deux mètres <strong>du</strong> drap sans que mes<br />
habits soient remplis ou couverts<br />
d’insectes. »<br />
Le comportement des insectes est<br />
très varié. Ainsi, certaines espèces se<br />
déplacent seules, d’autres en grand<br />
nombre. Chez d’autres, les femelles<br />
se déplacent toute la nuit alors que<br />
les mâles ne se montreront que peu<br />
de temps avant l’aurore. Nous apprenons<br />
ensuite comment conserver les<br />
insectes. La mise en papillote dans<br />
un papier cristal transparent est un<br />
moyen simple qui permet d’identifier<br />
l’insecte sans ouvrir la papillote. Dans<br />
ce climat chaud et humide, on peut<br />
les conserver dans un congélateur.<br />
La seconde méthode consiste à les<br />
sécher sous une lampe. Ensuite, il faut<br />
étaler les papillons pour présenter les<br />
ailes qui les caractérisent.<br />
Thierry a estimé sa récolte à<br />
300 espèces différentes dont il faut<br />
à présent déterminer la nature. Son<br />
enthousiasme est tel qu’il espère<br />
revenir rapidement : « Ce séjour a été<br />
pour moi la réalisation d’un rêve et il<br />
s’est révélé largement au-dessus de<br />
mes espérances. Je voulais découvrir<br />
des insectes mythiques et légendaires,<br />
je les ai trouvés, mais j’ai aussi<br />
découvert des paysages et des formes<br />
de vie somptueux et uniques, des<br />
cultures, des modes de vie, mais aussi<br />
des personnes uniques, des amis […]<br />
J’ai appris tellement et cela m’a ouvert<br />
l’esprit sur plein d’autres sujets. »<br />
Cheval, montagne<br />
et vol<br />
Anne Gerland (Fleuray, 86) a<br />
été surprise de voir son projet Passion<br />
retenu : acheter un cheval pour participer<br />
aux championnats d’Europe de<br />
dressage Jeunes Cavaliers. Imprévue,<br />
la participation <strong>du</strong> <strong>CAES</strong> ne lui a<br />
certes pas permis d’acquérir le cheval<br />
qu’elle convoitait, et elle a dû<br />
acheter une jument moins chère et<br />
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donc avec un niveau plus faible. Avec<br />
cette jument, « Top Model des Quatre<br />
Chemins, nous dit-elle, j’ai passé tous<br />
mes loisirs, chaque jour à la travailler<br />
et j’ai aussi monté d’autres chevaux<br />
pour être au top ». Conclusion très<br />
provisoire : elle a fini première au<br />
championnat de dressage en Poitou-<br />
Charentes et s’est qualifiée pour participer<br />
aux championnats de France<br />
Jeunes Cavaliers.<br />
L’ascension <strong>du</strong> mont Blanc a toujours<br />
passionné les candidats à la<br />
bourse Jeunes. Ce fut le cas l’année<br />
dernière de Marine Monneuse<br />
(Boulogne, 92). Malheureusement,<br />
avec les températures particulièrement<br />
élevées connues pendant l’été<br />
2003, l’ascension <strong>du</strong> mont Blanc ne<br />
fut pas possible. En se rabattant sur<br />
la Mer de glace, il y eut également<br />
des problèmes, car d’énormes blocs<br />
de pierre se détachaient des parois.<br />
Mais on y découvre quand même<br />
le mont Blanc. Changement de cap<br />
vers l’Italie pour l’ascension <strong>du</strong> Grand<br />
Paradis (4 061 m) où les Alpes sont<br />
aussi très belles. Inconvénient : en<br />
refuge, le soir, on parle très fort dans<br />
le dortoir. D’autant qu’il y a foule car<br />
tous ceux qui voulaient « faire » le<br />
mont Blanc se retrouvent là.<br />
La plus jeune <strong>du</strong> groupe, Marine<br />
tient bon : « Après une heure de<br />
montée, je suis vraiment exténuée,<br />
mais je sais que j’atteindrai le sommet<br />
: je me suis dit que j’irai jusqu’au<br />
sommet donc je le ferai ! Je suis là<br />
pour me dépasser et je compte bien<br />
réussir, même si cela est difficile. »<br />
Quand sa cordée arrive au sommet,<br />
il fait -10 °C. Il y a <strong>du</strong> monde, très<br />
peu de place, et elle n’y reste que<br />
dix minutes pour admirer la vue :<br />
superbe.<br />
Les vacances une fois finies, il faut<br />
regagner la France et ses embouteillages<br />
au tunnel <strong>du</strong> Mont-Blanc.<br />
Mais les souvenirs sont excellents<br />
et sa détermination certaine : « Une<br />
chose est sûre : j’ai encore plus envie<br />
qu’avant de grimper le mont Blanc<br />
et je me prépare déjà pour repartir<br />
l’année prochaine. »<br />
Le projet d’Adam Quotb<br />
(Roquevaire, 13), « Un vol pas comme<br />
les autres », a sé<strong>du</strong>it d’emblée par<br />
son originalité : « voler comme un<br />
oiseau ». Tout commence, comme<br />
déjà souvent pour Adam, par une<br />
heure de vol en double commande<br />
sur un Robin DR 400. Mais cette fois<br />
la nouveauté est de taille : au bout de<br />
30 minutes, le moniteur commande<br />
l’atterrissage et disparaît. Seul aux<br />
commandes, Adam nous raconte :<br />
« Prenant mon courage à deux<br />
mains, je décolle comme une fleur et<br />
je m’envole loin là-haut. Ça y est, j’ai<br />
réalisé mon rêve, je vole comme un<br />
oiseau ; ça y est, je ressens ce sentiment<br />
de solitude aérienne. Seuls<br />
le bourdonnement familier de mon<br />
moteur et la voix <strong>du</strong> contrôleur dans<br />
mon casque viennent perturber cette<br />
paix intérieure… »<br />
Il se pose après trois tours de piste<br />
non prévus par l’instructeur. « Ce vol,<br />
conclut-il, restera toujours gravé dans<br />
ma mémoire car, ce 18 mai 2003, j’ai<br />
réalisé un de mes rêves de gamin. »<br />
Adam est si heureux que, pour remercier<br />
le <strong>CAES</strong>, il propose à l’un d’entre nous<br />
de l’emmener faire un tour en avion…<br />
pour lui faire partager sa passion.<br />
Inde et Madagascar<br />
Les candidats à la bourse Jeunes<br />
sont souvent attirés par une action<br />
Dans un bidonville de Bombay, Nathalie Poumellec découvre que les<br />
Indiens prennent la vie avec un immuable sourire.<br />
humanitaire. Ce fut le cas en 2003 de<br />
Nathalie Poumellec (Gif-sur-<br />
Yvette, 91) qui voulait s’investir dans<br />
une aide aux écoles franco-indiennes<br />
de Bombay par l’apport de médicaments,<br />
réaliser des soins médicaux ou<br />
mettre en place des animations pour<br />
les enfants d’un bidonville. « Afin de<br />
trouver des moyens de financement<br />
pour notre projet, écrit-elle, nous<br />
avons organisé un concert sur une<br />
péniche, La Guinguette pirate, à Paris,<br />
ven<strong>du</strong> des gâteaux, organisé une<br />
vente de sandwichs tous les midis<br />
pendant deux semaines à la faculté<br />
de médecine <strong>du</strong> Kremlin-Bicêtre, et<br />
fait appel à des organisations sensibles<br />
aux projets jeunes comme le<br />
Conseil général <strong>du</strong> Val-de-Marne et<br />
le <strong>CAES</strong> <strong>du</strong> <strong>CNRS</strong>. »<br />
Son projet, intitulé « Pour un sourire<br />
», vise à intervenir sur de gros problèmes<br />
tels que la dénutrition, l’anémie<br />
ou l’hypocalcémie. Sur place, elle<br />
découvre que les Indiens prennent la<br />
vie avec courage et un immuable…<br />
sourire. En dehors <strong>du</strong> recensement<br />
des besoins de la population, l’équipe<br />
propose des escapades en dehors<br />
<strong>du</strong> bidonville. Pour certains enfants,<br />
c’est la première fois qu’ils prennent<br />
le train ou le bateau, qu’ils mangent<br />
au restaurant. L’éclat de leurs yeux<br />
n’a aucun prix. Un seul regret : avoir<br />
manqué de matériel pour les soins et<br />
de moyens pour organiser davantage<br />
de sorties. Cette expérience sera suivie<br />
par une exposition de photos, des<br />
vidéos et la mise en place d’un parrainage<br />
avec des bénévoles français.<br />
Le projet d’Ève Mousty (La<br />
Tronche, 38) était une action humanitaire<br />
en collaboration avec une association<br />
pour l’envoi de matériel de première<br />
nécessité à Madagascar. Il s’agissait<br />
d’une aide médicale et alimentaire, <strong>du</strong><br />
financement d’un puits fermé et de sensibiliser<br />
la population aux problèmes<br />
d’eau, d’hygiène et de MST.<br />
Première étape, Tuléar, à douze heures<br />
d’avion et dix-huit heures de taxibrousse.<br />
Objectif : apporter des vêtements<br />
dans un centre pouvant accueillir<br />
jusqu’à 800 enfants en formation<br />
scolaire et professionnelle. Un autre<br />
centre accueille des enfants dénutris<br />
auxquels l’équipe dont elle fait partie<br />
fournit des médicaments (antibiotiques,<br />
antipaludiques, antidiarrhéiques) et des<br />
pro<strong>du</strong>its de soins (compresses, pansements,<br />
désinfectants).<br />
La deuxième étape fut Saint-<br />
Augustin, située dans un cadre magni-<br />
fique mais néanmoins sans eau potable<br />
ni électricité et avec des conditions<br />
d’hygiène déplorables. Là, également,<br />
l’apport de médicaments de première<br />
nécessité a été très apprécié par la<br />
population. Les villages dépendant<br />
de la commune ne sont pas mieux<br />
lotis : pas d’école ni de dispensaire ;<br />
un puits ouvert à l’air libre, contaminé<br />
par les eaux de ruissellement. Après<br />
ces moments forts, vécus avec la<br />
population, une partie de l’équipe est<br />
restée pour découvrir cette île magnifique.<br />
Bilan : « Les besoins essentiels et<br />
prioritaires sont l’accès à l’eau potable<br />
non contaminée par des excréments ;<br />
dans un second temps, un travail sur<br />
l’é<strong>du</strong>cation pourrait être fait. »<br />
Japon, Québec et Népal<br />
Charles Joffre (Sèvres, 92) est<br />
parti au Japon pour découvrir la Route<br />
<strong>du</strong> sel, utilisée depuis le VIII e siècle et<br />
réputée très difficile. Las ! Le projet<br />
de randonnée doit céder la place aux<br />
transports en commun : un typhon<br />
sévit pendant cinq jours, les routes<br />
sont devenues impraticables, et il<br />
ne reste que le train pour rejoindre<br />
Itoigawa, en bord de mer.<br />
La méthode de récolte <strong>du</strong> sel est<br />
semblable à celle des marais salants<br />
en Camargue. En revanche, le transport<br />
se fait à dos d’hommes et de<br />
bœufs. Plus loin, le paysage est morne<br />
et les touristes étrangers ne sont pas<br />
légion. « En conclusion, nous écritil,<br />
ce fut un voyage raté sur le plan<br />
purement sportif. En revanche, j’ai pu<br />
me rendre compte par moi-même de<br />
ce qu’était la campagne japonaise, et<br />
comment les gens y vivent. »<br />
Arthur Mulle (Pessac, 33)<br />
est allé découvrir le Québec, pays<br />
où il est né. Il a commencé par être,<br />
pendant un mois, moniteur dans une<br />
colonie de vacances. Découverte de<br />
la culture québecoise, comparaison<br />
des méthodes d’animation. « Cette<br />
expérience dans le camp bruchési m’a<br />
permis, reconnaît-il, de voir d’autres<br />
horizons et surtout de m’enrichir au<br />
niveau des contacts humains. » Les<br />
deux semaines suivantes, il a voyagé,<br />
de Montréal à Tadoussac – d’où l’on<br />
voit les baleines –, pratiqué le rafting,<br />
découvert la « poutine » (frites avec<br />
une sauce brune et <strong>du</strong> fromage).<br />
Découvert, aussi, son « lieu de naissance,<br />
dans la ville de Québec. Ceci<br />
était très important pour moi. À partir<br />
de ce jour-là, je savais exactement<br />
d’où je venais. »<br />
<strong>CAES</strong>magazine n° <strong>72</strong> • automne 2004
Sur le Grand Paradis (4061 m). « Je me suis dit que j’irai jusqu’au<br />
sommet, donc je le ferai ! »<br />
Reka Polonyi (Strasbourg, 67)<br />
a voulu réaliser un rêve : découvrir le<br />
Népal, ses habitants, leurs coutumes<br />
et les animaux sacrés. Elle a découvert<br />
la précarité des habitations et<br />
les différents types d’insectes qui y<br />
trouvent refuge. Reka a logé dans<br />
un monastère où elle a approché la<br />
vie des moines et leur philosophie<br />
bouddhiste de la réincarnation ainsi<br />
que le culte <strong>du</strong> dalaï-lama. La pluie de<br />
la mousson était également au rendez-vous.<br />
Ce fut aussi le moment <strong>du</strong><br />
Nouvel An népalais avec les sacrifices<br />
d’animaux pour les dieux.<br />
Le périple s’est achevé par un trekking<br />
vers l’Himalaya qui a débuté par<br />
onze heures de voyage sur le toit d’un<br />
bus en regardant les étoiles. Le voyage<br />
de Reka, concrétisation de son projet<br />
intitulé « Mon petit rêve devenu<br />
tout grand », répondit à son attente :<br />
vivre dans l’illusion d’un monde idéal.<br />
« J’ai, dit-elle, découvert les religions,<br />
les différents groupes ethniques, les<br />
Tamangs, les Chetris ; j’ai donc un peu<br />
<strong>CAES</strong>magazine n° <strong>72</strong> • automne 2004<br />
appris leur langue et leurs habitudes. Il<br />
n’y a pas de conclusion ; ce voyage de<br />
mes rêves ne symbolise que le début<br />
d’une vie de voyages et de découvertes.<br />
Mille fois merci. »<br />
À lire ce que chacune et chacun<br />
d’entre ces jeunes nous raconte,<br />
avec ses mots et, toujours, son<br />
enthousiasme, nous pouvons<br />
apprécier d’avoir contribué, avec<br />
nos modestes moyens, à la réalisation<br />
de leurs projets Passion. ●<br />
Marc Ledig<br />
Marc Ledig est membre <strong>du</strong> conseil<br />
d’administration <strong>du</strong> <strong>CAES</strong> <strong>du</strong> <strong>CNRS</strong><br />
et de sa commission Culture.<br />
En 2003, il était président<br />
de la commission Culture.<br />
Toutes les photos illustrant<br />
cet article nous été envoyées<br />
par les lauréats.<br />
En deux mots<br />
Un Clas à Créteil<br />
Nous avons le plaisir de vous faire part de la création d’une nouvelle<br />
section locale <strong>du</strong> <strong>CAES</strong> <strong>du</strong> <strong>CNRS</strong> : le Comité local d’action sociale (Clas)<br />
de Créteil, dans la région Val-de-Marne.<br />
Son adresse ? Clas de Créteil, Laboratoire CRRET 61, avenue <strong>du</strong> Général<br />
de Gaulle 94010 Créteil – Tél. : 01 45 17 70 81 – Fax : 01 45 17 18 16.<br />
Lille 2004<br />
Ainsi que nous l’indiquions dans le précédent numéro <strong>du</strong> <strong>CAES</strong><br />
Magazine (« La rencontre des contrastes », pp. 32-33 de notre n° 71),<br />
c’est <strong>du</strong> 8 au 14 novembre qu’aura lieu, à Lille, une semaine<br />
exceptionnelle à l’initiative de la section locale <strong>du</strong> <strong>CAES</strong>.<br />
Au programme, de multiples manifestations culturelles :<br />
expositions, conférences, spectacles. Pour tout renseignement :<br />
tél. 03 20 43 41 16 – caes-cnrs@univ-lille1.fr<br />
Rencontres <strong>CNRS</strong> de la communication<br />
Le centre Paul-Langevin a accueilli, <strong>du</strong> 30 août au 2 septembre,<br />
les premières Rencontres <strong>CNRS</strong> de la communication.<br />
Pour beaucoup des 110 chargés de communication et correspondants<br />
information-communication des unités de recherche, délégations et<br />
départements scientifiques <strong>du</strong> <strong>CNRS</strong>, ce fut l’occasion de découvrir<br />
notre centre d’accueil et de vacances d’Aussois, nos capacités<br />
d’organisation. Et pour tous et toutes un plaisir partagé.<br />
Site UNAT Ile-de-France<br />
L’Union nationale des associations de tourisme (UNAT) d’Île-de-France,<br />
qui rassemble 47 associations (dont le <strong>CAES</strong> <strong>du</strong> <strong>CNRS</strong>) œuvrant pour<br />
une démocratisation de l’accès aux vacances, a désormais son site<br />
Internet : www.unat-idf.asso.fr<br />
Ce site fonctionnel propose différents types de vacances s’adressant<br />
aux Parisiens mais aussi aux provinciaux souhaitant découvrir Paris et<br />
sa région.<br />
Disparitions<br />
Le mois de juillet reste marqué par la disparition tragique de Jean-<br />
Claude Rouillon et de Françoise Villeneuve, qui furent élus au Clas<br />
de Bordeaux et très impliqués dans la vie <strong>du</strong> <strong>CAES</strong>.<br />
Jean-Claude Rouillon, que ses proches appelaient<br />
familièrement « Bill », est décédé accidentellement<br />
à Bordeaux le 3 juillet 2004. C’était un homme passionné,<br />
généreux, à l’écoute des autres. Et à leur service<br />
: militant syndical, il s’investit pendant plusieurs<br />
décennies au <strong>CAES</strong> et y occupa des fonctions de responsabilité.<br />
Il fut notamment président de la section<br />
locale de Bordeaux, président de la région Aquitaine<br />
Poitou-Charentes, ainsi qu’élu au <strong>CAES</strong> national. Tous<br />
ceux qui l’ont connu garderont de lui le souvenir de<br />
son dynamisme, de sa fantastique énergie, de sa joie<br />
de vivre, tout simplement.<br />
À peine quelques jours plus tard disparaissait à son tour Françoise<br />
Villeneuve qui fut, pendant six ans, responsable de la commission<br />
Enfance <strong>du</strong> Clas de Bordeaux, à l’origine de la création <strong>du</strong> centre de<br />
loisirs. C’était une personne rayonnante, chaleureuse et rieuse, qui sut<br />
faire de ce centre de loisirs un petit havre de paix où chaque enfant se<br />
sent bien. Son rire et sa générosité resteront à jamais gravés dans la<br />
mémoire des petits et des grands.<br />
À tous leurs proches et amis, le <strong>CAES</strong> présente ses plus sincères et<br />
cordiales condoléances.<br />
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