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Littérature et poésie québécoise le <strong>libraire</strong> CRAQUE<br />
La fille du<br />
concierge<br />
Micheline Tremblay, Éditions David,<br />
136 p., 17,95$<br />
Pour son premier roman,<br />
Micheline Tremblay a su nous<br />
transporter dans son univers. On<br />
se retrouve dans les années cinquante avec Jocelyne,<br />
qui nous raconte ses années d’école primaire avec les<br />
sœurs. Étant la fille du concierge, elle a accès à toute<br />
l’école puisqu’elle qu’elle y vit avec sa famille. Donc,<br />
elle sait tout ce qui s’y passe. Elle nous amène avec elle<br />
dans ses souvenirs et son univers scolaire, et nous<br />
vivons ses peurs, ses angoisses, ses hontes et aussi ses<br />
découvertes. L’auteure réussit merveilleusement bien<br />
à faire ressortir cette ambiance des années cinquante<br />
où la religion est plus importante que tout, tant dans la<br />
vie quotidienne que dans celle de l’école. Pour<br />
plusieurs, ce récit rappellera des souvenirs; pour<br />
d’autres, ce sera une découverte de cette époque de<br />
notre histoire qui amènera la Révolution tranquille.<br />
À lire! Caroline Larouche <strong>Le</strong>s Bouquinistes<br />
Dehors l’intime<br />
Corinne Chevarier, <strong>Le</strong>s herbes<br />
rouges, 80 p., 14,95$<br />
Curieusement, la poésie de<br />
Corinne Chevarier est à la fois<br />
limpide et hermétique. <strong>Le</strong>s mots<br />
coulent comme un ruisseau transparent<br />
et se caparaçonnent en<br />
même temps dans une intimité très personnelle où le<br />
monde « évidé » laisse voir « l’invraisemblance des<br />
choses ». En quête de sens devant un monde absurde,<br />
nous ne serons pas étonnés que l’auteure nous interpelle<br />
d’une façon brusque: « Permettez-moi de vous<br />
assassiner un peu/d’abandonner les jeux de Javel. » <strong>Le</strong><br />
recueil est divisé en quatre parties, qui ont pour thème<br />
commun une maison. Dans la dernière partie, Une<br />
porte dans la poitrine, on devine qu’une souffrance<br />
profonde a fait son nid: « Nous habitons un ventre aux<br />
cordons de fer. » Dans cette maison de chair se livre<br />
une bataille à finir et « l’amnistie sera une longue<br />
nuit ». Guy Marchamps Clément Morin<br />
Bancs de neige<br />
Maxime Catellier, L’Oie de Cravan,<br />
56 p., 15,95$<br />
L’Oie de Cravan, nous l’avons déjà<br />
dit dans ces pages, publie de forts<br />
jolis livres. Bancs de neige de<br />
Maxime Catellier ne fait pas exception<br />
à la règle. <strong>Le</strong>s poèmes, accompagnés par douze<br />
magnifiques dessins de couleur sépia de Marc <strong>Le</strong>duc,<br />
sont tout à fait adaptés dans un tel environnement. Un<br />
air de fraîcheur émane de ces poèmes parfois<br />
déroutants, tendres ou sauvages. De multiples images<br />
peuvent se créer en nous lorsque, par exemple, nous<br />
lisons cette strophe: « <strong>Le</strong>s œufs cuisent et/je poivre<br />
tellement les jaunes/qu’ils éternuent dans le blanc. »<br />
La langue est belle, québécoise, avec même un<br />
archaïsme à la page 51: « et se laisser/ébarouir<br />
jusqu’au soir », ce qui peut vouloir dire, entre autres,<br />
« se laisser porter », « s’affaler ». La table des<br />
matières forme elle-même un poème.<br />
Guy Marchamps Clément Morin<br />
S E P T E M B R E - O C T O B R E 2 0 0 8<br />
10<br />
Petites histoires<br />
avec un chat<br />
dedans (sauf une)<br />
Véronique Papineau, Boréal,<br />
184 p., 19,95$<br />
Pauvres chats! Autant peuvent-ils<br />
être nos compagnons dans la vie quotidienne, autant<br />
peuvent-ils aussi être nos souffre-douleur. À travers les<br />
yeux de ses narrateurs et narratrices humains,<br />
Véronique Papineau montre par sa plume que la vie<br />
n’a rien de banal. Au contraire, elle peut être belle,<br />
grisante et, l’instant d’après, triste et cruelle. Pourtant,<br />
dans les pires moments se trouve un petit quelque<br />
chose (une petite boule de poils) qui parvient à nous<br />
surprendre et à nous remonter le moral. Et parfois<br />
non. Petit avertissement: cœurs sensibles s’abstenir.<br />
Provocation et sexualité sont en effet au rendez-vous.<br />
Certaines nouvelles pourront peut-être vous choquer,<br />
voire vous dégoûter. À vous alors de trouver la perle<br />
rare « avec le chat dedans ». Isabelle Prévost-Lamoureux<br />
La Maison de l’Éducation<br />
La société<br />
du campus<br />
Allen Côté, De l’Hexagone,<br />
160 p., 21,95$<br />
La vie sur un campus universitaire<br />
est une suite d’événements. Entre<br />
les cours, les sorties, le travail et les<br />
amours, chacun vit dans un monde<br />
à part. Myriam, mal dans sa peau, essaie d’échapper à<br />
son passé. Son cœur est plein de colère et de détresse.<br />
Joanna se lie d’amitié avec elle, et veut réorienter sa<br />
vie avec son nouvel amoureux. Émile, qui vient d’arriver,<br />
se trouve un emploi au bar de l’université. Et<br />
enfin, Yannic, qui va et vient d’un boulot à l’autre et se<br />
remet difficilement d’une rupture. On suit leurs trajectoires<br />
grâce à une narration en forme de dialogue<br />
intérieur. <strong>Le</strong>s découvertes des uns, les malheurs des<br />
autres, les choix et les épreuves les rapprochent. Assis<br />
autour d’une table du nouveau bistrot, « La société du<br />
campus », ils dévoilent leurs secrets et on ne peut que<br />
les vivre avec eux, comme un ami qui en écoute un<br />
autre. Jacynthe Dallaire <strong>Le</strong>s Bouquinistes<br />
<strong>Le</strong> jardin d’Adélie: <strong>Le</strong><br />
maître des peines (t. 1)<br />
Marie Bourassa, JCL,<br />
544 p., 24,95$<br />
Premier tome d’une grande saga<br />
qui en comptera trois, <strong>Le</strong> jardin<br />
d’Adélie est sans conteste un<br />
roman historique réussi. On se retrouve à Paris dans<br />
les années 1340, où un jeune garçon du nom de Louis<br />
essaie tant bien que mal de vivre. Il fait partie d’une<br />
famille de boulangers de père en fils, mais la lignée<br />
s’arrêtera avec lui, car il est considéré comme un peu<br />
sot. À la mort de sa mère, Adélie, il survivra comme il<br />
le pourra en subissant les brutalités de son père, la<br />
peste noire, la perte de sa bien-aimée et la trahison de<br />
son père, jusqu’à devenir lui-même bourreau. <strong>Le</strong><br />
jardin d’Adélie, c’est un roman agrémenté de maintes<br />
descriptions tant historiques que psychologiques. La<br />
nature humaine s’y montre en effet sous tous ses<br />
aspects. C’est captivant jusqu’à la fin!<br />
Caroline Larouche <strong>Le</strong>s Bouquinistes