L'école, un terrain d'expérimentation
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L<br />
El Watan - L<strong>un</strong>di 4 février 2013 - 3<br />
L’ACTUALITÉ<br />
LE SYSTÈME SCOLAIRE À NOUVEAU SOUMIS À DÉBAT<br />
L’école, <strong>un</strong> <strong>terrain</strong><br />
d’expérimentation<br />
● Le ministère de l’Education nationale appelle à <strong>un</strong>e évaluation de la réforme éducative.<br />
e système scolaire est de nouveau<br />
soumis à consultation par<br />
le ministère de l’Education en<br />
prévision de correctifs qu’il compte<br />
apporter aux programmes d’enseignement.<br />
La tutelle se garde pour<br />
le moment de parler de réformes.<br />
Autant par souci de ne pas dresser<br />
de bilan du règne de Benbouzid qui,<br />
pour rappel, a duré plus de vingt ans,<br />
que par celui de ne pas prêter le flanc<br />
à des critiques qui ne manqueront<br />
pas de venir d’acteurs, tout au long<br />
de ces dernières années, culpabilisés<br />
pour avoir osé trouver à redire sur<br />
la suffisance affichée par la tutelle<br />
en la matière. L’école reste ainsi <strong>un</strong><br />
<strong>terrain</strong> d’expérimentation dont l’instabilité<br />
déroute aussi bien les élèves<br />
et leurs parents que les enseignants.<br />
Officiellement donc, le ministère de<br />
l’Education nationale appelle à <strong>un</strong>e<br />
évaluation de la réforme éducative.<br />
Le débat a été lancé hier, mais en<br />
plus du scepticisme qui entoure ses<br />
motivations, les modalités d’organisation<br />
de ces consultations sont<br />
d’ores et déjà contestées. «Je me<br />
demande comment vont se dérouler<br />
les consultations au niveau des<br />
établissements. Il y a <strong>un</strong> manque<br />
flagrant en matière d’information<br />
sur l’organisation des rencontres du<br />
travail», dénonce Messaoud Boudiba,<br />
chargé de comm<strong>un</strong>ication au<br />
Conseil national autonome des professeurs<br />
du secondaire et technique<br />
(Cnapest) élargi. Ce syndicaliste<br />
suppose que les consultations vont<br />
se tenir sous forme de commission<br />
au niveau de chaque établissement.<br />
Certains directeurs d’académie<br />
ont commencé, hier, à convier les<br />
syndicats et les directeurs d’établissement.<br />
«Le débat est orienté<br />
d’avance. Le ministre a limité le<br />
débat à quatre axes. Il a donné<br />
des orientations aux directeurs de<br />
l’éducation. Ces derniers vont à<br />
leur tour orienter les directeurs des<br />
établissements», estime Idir Achour,<br />
porte-parole du Conseil des lycées<br />
d’Algérie (CLA). Et de commenter :<br />
«C’est <strong>un</strong>e démarche pour légitimer<br />
ce qu’ils sont en train de faire.»<br />
Jusqu’à hier, certains directeurs cen-<br />
a session d’automne du Parlement avec<br />
L ses deux Chambres, l’Assemblée populaire<br />
nationale (APN) et le Conseil de la nation, a été<br />
clôturée, hier, en présence du Premier ministre,<br />
Abdelmalek Sellal, et son équipe gouvernementale.<br />
Le président du Sénat, Abdelkader<br />
Bensalah, a saisi cette opport<strong>un</strong>ité pour défendre<br />
la place et le rôle de l’institution qu’il préside.<br />
Il a répondu aux partis politiques, notamment<br />
ceux de couleur islamiste ayant revendiqué<br />
la suppression «pour inutilité» du Conseil de<br />
la nation lors de la prochaine révision de la<br />
Constitution. M. Bensalah a récusé dans le fond<br />
et la forme cette accusation affirmant que la<br />
Chambre haute du Parlement n’est nullement<br />
<strong>un</strong>e chambre d’enregistrement, puisqu’elle avait<br />
contribué, durant ses quinze ans d’existence,<br />
Le ministre de l’Education nationale, Abdelatif Baba Ahmed<br />
sés organiser ce débat n’étaient<br />
toujours pas au courant de la marche<br />
à suivre. Ils attendent le signal des<br />
responsables au niveau des directions<br />
de l’éducation.<br />
Les syndicats s’organisent à leur<br />
manière. Le CLA envisage de mettre<br />
en place <strong>un</strong>e commission de réflexion<br />
au sein du syndicat. «Nous<br />
allons faire appel à des experts<br />
pour élaborer nos suggestions sous<br />
forme d’<strong>un</strong> document que nous<br />
allons remettre au ministre et nous<br />
allons rendre public. Ce rapport sera<br />
prêt dans deux ou trois semaines»,<br />
souligne Idir Achour. D’après les<br />
directives du ministre de l’Education<br />
nationale, toutes les parties<br />
concernées peuvent formuler des<br />
propositions. Mais si les syndicalistes<br />
sont à pied d’œuvre pour<br />
débattre des problèmes de l’école,<br />
certains enseignants et directeurs<br />
d’établissement avouent ne pas être<br />
au courant de la démarche entreprise<br />
jusque-là. «J’ai entendu parler de ce<br />
débat à la télévision», déclare <strong>un</strong>e<br />
enseignante qui a requis l’anonymat.<br />
La directrice d’<strong>un</strong>e école primaire de<br />
la capitale affirme qu’elle n’a reçu<br />
auc<strong>un</strong>e correspondance officielle à<br />
propos de ce débat. Pis encore, tous<br />
les enseignants contactés exigent de<br />
répondre sous le couvert de l’anonymat.<br />
RÉTICENCES<br />
Quelles sont les raisons de ces<br />
réticences ? «Les enseignants ont<br />
peur des représailles de leurs chefs<br />
directs. Les gens ont tendance à<br />
personnaliser les problèmes. Ce qui<br />
engendre chez les enseignants <strong>un</strong>e<br />
autocensure. Donc le débat est faussé<br />
d’avance», explique l’<strong>un</strong> deux.<br />
Les problèmes de l’école algérienne<br />
sont nombreux comme le<br />
démontrent les témoignages des<br />
«à la réalisation de l’équilibre institutionnel et<br />
consolidé la stabilité en Algérie». Sur la défensive,<br />
et à l’adresse de ses détracteurs, Bensalah a<br />
précisé que l’expérience avait montré les limites<br />
de la thèse selon laquelle la Chambre haute<br />
du Parlement est inutile et avait été créée pour<br />
régler <strong>un</strong> problème politique conjoncturel, expliquant<br />
qu’avec le temps, il a été démontré que le<br />
Conseil de la nation est <strong>un</strong>e véritable institution<br />
constitutionnelle qui a pleinement joué son rôle.<br />
Selon lui, «le Sénat a accompli parfaitement sa<br />
mission comme il a contribué à la promotion<br />
de l’action parlementaire en offrant <strong>un</strong>e trib<strong>un</strong>e<br />
supplémentaire à l’expression des opinions<br />
plurielles, à la réalisation de l’équilibre institutionnel<br />
et à la consolidation de la stabilité<br />
au sein des institutions constitutionnelles<br />
enseignants, recueillis sous le couvert<br />
de l’anonymat. «La réforme<br />
en elle-même ne me dérange pas.<br />
Ce sont les petites modifications<br />
qu’on m’impose chaque année qui<br />
me posent problème. Il n’y a pas<br />
de concordance entre la répartition<br />
et le livre de l’élève. Certains<br />
enseignants s’appuient sur ce dernier,<br />
tandis que d’autres préfèrent<br />
suivre la répartition», révèle <strong>un</strong>e<br />
enseignante exerçant dans <strong>un</strong>e école<br />
primaire de la comm<strong>un</strong>e de Chellata<br />
(Béjaïa) depuis 1995. Cette dernière<br />
reconnaît que la façon de former est<br />
différente d’<strong>un</strong> enseignant à <strong>un</strong> autre<br />
et d’<strong>un</strong>e école à <strong>un</strong>e autre. Résultat :<br />
«Les élèves arrivent au CEM avec<br />
des niveaux différents.» Comme la<br />
plupart des zones rurales, la région<br />
de Chellata, située en haute Kabylie,<br />
connaît le phénomène du jumelage<br />
des classes. «J’enseigne deux<br />
programmes en <strong>un</strong>e seule classe.<br />
J’ai <strong>un</strong>e classe de deuxième année<br />
composée de 6 élèves et <strong>un</strong>e classe<br />
de troisième année avec également<br />
le même nombre d’élèves», déplore<br />
cette enseignante. Pour sa part,<br />
le directeur d’<strong>un</strong>e école primaire<br />
d’Alger dénonce le laisser-aller des<br />
responsables des APC. Ce directeur,<br />
qui révèle des dysfonctionnements<br />
énormes dans la distribution de la<br />
prime scolaire, exige l’anonymat.<br />
«Je suis ciblé», déclare-t-il. Le débat<br />
sur l’évaluation des réformes peutil<br />
être <strong>un</strong> débat libre ? Pas si sûr !<br />
Questionné au sujet des casiers qui<br />
pourraient alléger la contrainte des<br />
cartables sur les élèves, ce directeur<br />
estime qu’on est loin de ces solutions<br />
: «Au niveau du ministère, on<br />
parle de la généralisation de l’outil<br />
informatique dans les écoles, alors<br />
que notre établissement ne dispose<br />
même pas de téléphone fixe.»<br />
En somme, le débat sur l’école<br />
resurgit <strong>un</strong>e nouvelle fois avec les<br />
mêmes termes et les mêmes enjeux.<br />
Comme si ces longues années où<br />
l’on a fait et refait les programmes,<br />
faisant des élèves les cobayes obligés<br />
du bégayement idéologique au<br />
sommet, n’ont servi à rien.<br />
Djedjiga Rahmani<br />
et dans le pays». Pesant ses mots, Bensalah<br />
pense que le Sénat use de ses prérogatives avec<br />
«responsabilité et avec beaucoup de sagesse».<br />
Evoquant l’attaque terroriste qui a ciblé récemment<br />
le site gazier de Tiguentourine (In Amenas),<br />
le président du Sénat a soutenu qu’il ne s’agissait<br />
pas d’<strong>un</strong> acte terroriste ordinaire, mais d’<strong>un</strong> acte<br />
de guerre visant à tester l’Algérie quant à ses capacités<br />
et son niveau de résistance. M. Bensalah<br />
a, dans ce contexte, salué l’élan «extraordinaire»<br />
du peuple algérien et l’intervention «prompte et<br />
décisive» des forces de l’Armée nationale populaire<br />
(ANP) à travers laquelle l’Algérie a démontré<br />
ses grandes capacités à contrer l’agression.<br />
Pour sa part, le président de l’APN, Larbi Ould<br />
Khelifa, a qualifié de «hydre» le phénomène du<br />
terrorisme appelant dans ce sillage les citoyens à<br />
U<br />
TIZI OUZOU<br />
Violent<br />
accrochage<br />
à Tigzirt<br />
n terroriste a été abattu, samedi vers 19h,<br />
lors d’<strong>un</strong> violent accrochage qui a opposé<br />
les forces de sécurité à <strong>un</strong> important<br />
groupe armé, au lieudit Hagga, à 2 km à l’ouest<br />
de la ville de Tigzirt (40 km au nord de Tizi Ouzou).<br />
Les assaillants auraient, selon des sources<br />
locales concordantes, été repérés puis suivis par<br />
des militaires, et ce, avant de tomber nez à nez<br />
avec d’autres éléments des forces combinées en<br />
embuscade.<br />
Puis <strong>un</strong> intense échange de coups de feu entre<br />
les deux parties a eu lieu. L’accrochage a duré<br />
plus d’<strong>un</strong>e heure, ajoutent les mêmes sources,<br />
qui précisent qu’<strong>un</strong> islamiste armé a été éliminé<br />
tandis que les autres membres de son groupe ont<br />
pris la clef des champs.<br />
D’importants renforts de l’ANP ont été déployés<br />
sur les lieux pour enclencher <strong>un</strong>e vaste opération<br />
de ratissage et traquer les autres assaillants qui<br />
ont fui vers la forêt de Mizrana. Dès lors, les<br />
forces de sécurité ont quadrillé <strong>un</strong> important<br />
périmètre boisé avant de passer au peigne fin les<br />
maquis susceptibles de servir de lieu de repli aux<br />
terroristes. Un important dispositif militaire a été<br />
mis en place pour fermer toutes les voies d’accès<br />
aux maquis. Les forces de sécurité ont maintenu,<br />
durant toute la nuit, <strong>un</strong>e offensive terrestre sur<br />
les lieux.<br />
Ils ont bouclé la zone sise entre la RN71<br />
jusqu’aux villages limitrophes au massif forestier<br />
de Mizrana. Au moment de l’opération, les<br />
éléments de la BMPJ étaient aussi sur le pied de<br />
guerre, mettant en place <strong>un</strong> remarquable dispositif<br />
sécuritaire pour parer à toute éventualité en<br />
ville, surtout après la coupure d’électricité. La<br />
quasi-totalité des ruelles jouxtant les bâtiments<br />
des services d’ordre ont été fermées à la circulation<br />
automobile. Les citoyens ont vécu, toute la<br />
nuit, des moments de psychose.<br />
Hier matin, les forces de sécurité, toujours en<br />
opération, ont récupéré le corps du terroriste, qui<br />
a été acheminé vers la morgue où il est en cours<br />
d’identification. On parle même de la possibilité<br />
d’autres pertes parmi les éléments du groupe<br />
terroriste.<br />
Ces derniers jours, les hommes du GSPC sont<br />
pourchassés et amoindris dans leurs effectifs par<br />
des opérations antiterroristes. Mardi dernier, <strong>un</strong><br />
terroriste a été abattu près du village d’Athouri,<br />
dans la comm<strong>un</strong>e de Tigzirt, dans <strong>un</strong>e embuscade<br />
tendue par des éléments de l’ANP. Il y a<br />
quelques semaines aussi, <strong>un</strong>e casemate a été découverte<br />
par l’armée près du village d’Arvedh,<br />
dans la comm<strong>un</strong>e de Mizrana, où des denrées<br />
alimentaires et des effets vestimentaires ont été<br />
récupérés. Après <strong>un</strong>e intense activité terroriste,<br />
marquée notamment par des attentats et des faux<br />
barrages à Mizrana et ses environs, les sbires de<br />
l’ex-GSPC ont essuyé maintes fois de cinglants<br />
revers dans la région. Hafid Azzouzi<br />
CLÔTURE DE LA SESSION D’AUTOMNE DU PARLEMENT<br />
Bensalah défend la fonction et le rôle du Sénat<br />
PHOTO : B. SOUHIL<br />
faire preuve de plus de vigilance. «Ce qu’il faut<br />
retenir de l’attentat terroriste perpétré contre<br />
le site gazier d’In Amenas est que le terrorisme<br />
transfrontalier est <strong>un</strong>e hydre dont les affres ne<br />
peuvent être prévenues que par la vigilance<br />
permanente», a-t-il souligné. Par ailleurs, les<br />
présidents du Sénat et de l’APN ont dressé, dans<br />
leur discours de clôture, <strong>un</strong> bilan «positif» des<br />
activités de ces institutions durant cette session.<br />
Pour Bensalah, cette session était globalement<br />
satisfaisante au plan purement législatif. Elle<br />
était «normale» en ce qui concerne le nombre de<br />
textes et «importante» de par le travail accompli<br />
par les membres du Conseil, sachant que la loi de<br />
finances 2013 et la loi portant règlement budgétaire<br />
2010 ont été adoptées durant cette session.<br />
Nabila Amir