L'école, un terrain d'expérimentation
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El Watan ÉCONOMIE - Du 4 au 10 février 2013<br />
Sahel<br />
Par<br />
Nordine GRIM<br />
B ien<br />
que le risque ait été évoqué dés<br />
la fin des années 90 par certains<br />
politologues, le Sahel est devenu<br />
depuis peu le théâtre d’<strong>un</strong>e violente lutte<br />
d’intérêts économiques dont les véritables<br />
protagonistes ne sont pas les pays frontaliers,<br />
mais certaines grandes puissances<br />
qui cherchent à consolider leurs positions<br />
dominantes en faisant notamment main<br />
basse sur les richesses naturelles, le marché<br />
potentiel et les positions stratégiques<br />
d’<strong>un</strong>e région presque aussi vaste que<br />
l’Europe. Après <strong>un</strong> statu quo de plusieurs<br />
années ayant en réalité servi à créer, par<br />
islamistes interposés, les conditions d’<strong>un</strong>e<br />
intervention armée, l’action militaire a<br />
fini par prendre de façon subite et brutale<br />
le dessus sur l’action diplomatique.<br />
La convoitise des Etats-Unis, la France et<br />
la Chine sur cette région a, en réalité, été<br />
mise en relief par de nombreux observateurs<br />
il y a déjà <strong>un</strong>e vingtaine d’année, dés<br />
lors que cette vaste zone constituée de<br />
plusieurs pays souverains (Niger, Mali,<br />
Mauritanie, Tchad, Sahara occidental) fut<br />
désignée, non sans arrières pensées, sous<br />
terme globalisant de « Sahel », comme si<br />
cet immense territoire sept fois plus grand<br />
que la France et regorgeant de matières<br />
premières stratégiques, ne constituait<br />
qu’<strong>un</strong> seul et <strong>un</strong>ique pays. Leur main mise<br />
sur cette région est d’autant plus plausible<br />
qu’auc<strong>un</strong>e résistance sérieuse ne peut leur<br />
être opposée au vu de l’état d’extrême<br />
pauvreté et de fragilité militaire dans<br />
lequel se trouvent actuellement tous les<br />
pays du Sahel sans exception. Seule l’Algérie,<br />
en tant que pays riverain entretenant<br />
des relations séculaires tout particulièrement<br />
avec le Mali, le Niger et la<br />
Mauritanie, pourrait constituer <strong>un</strong> obstacle<br />
à ces convoitises en faisant jouer sa<br />
relative puissance militaire, mais aussi et<br />
surtout, ses soutiens internationaux, parmi<br />
lesquels, la Russie et la Chine ne sont pas<br />
les moindres.<br />
Pour justifier l’occupation d’<strong>un</strong> pays ou<br />
d’<strong>un</strong>e région convoitée, la stratégie utilisée<br />
depuis la guerre en Afghanistan n’a<br />
pas changé. Ce sont à chaque fois des<br />
islamistes des mouvances wahhabite ou<br />
salafiste contrôlées comme on le sait par<br />
des pays acquis aux thèses américaines<br />
(Arabie Saoudite et certains pays du<br />
Golfe) qui seront chargés de justifier les<br />
interventions armées « officiellement »<br />
destinées à mettre fin aux exactions et<br />
autres atteintes aux droits de l’Homme<br />
soigneusement médiatisées pour légitimer<br />
des initiatives militaires libératrices contre<br />
des hordes islamistes. Certains politicologues<br />
expliquent l’émergence de groupes<br />
djihadistes dans les pays du Sahel pourtant<br />
peu accommodants avec l’islam radical,<br />
par les financements saoudiens et qataris,<br />
à la faveur desquels, ont été construites de<br />
très nombreuses mosquées et écoles coraniques,<br />
confiées à des imams ayant généralement<br />
effectués de longs séjours dans<br />
les établissements d’endoctrinement<br />
V L’ACTUALITÉ<br />
Une guerre sur fond de lutte<br />
d’intérêts économiques<br />
wahhabites. Les orientations religieuses<br />
radicales qu’ils y prodigueront à leur<br />
retour auront <strong>un</strong> fort retentissement,<br />
notamment, chez les je<strong>un</strong>es chômeurs qui<br />
se considèrent comme les victimes expiatoires<br />
de la mauvaise gouvernance de<br />
leurs pays.<br />
Même si la France est de par son statut<br />
d’ancienne puissance coloniale et des<br />
intérêts qu’elle doit défendre dans la<br />
région (exploitation d’uranium au Niger<br />
notamment), sa toute récente intervention<br />
au Nord Mali qui met fin à <strong>un</strong> long statu<br />
quo sur la partition du Sahel, s’est faite<br />
selon cette même logique. On se souvient<br />
qu’avant l’envoi des troupes sur le <strong>terrain</strong>,<br />
tout <strong>un</strong> battage médiatique autour de la<br />
destruction de mausolées historiques et<br />
d’applications cruelles de la Charia, rappelant<br />
étrangement celui qui avait été<br />
effectué plusieurs années auparavant en<br />
Afghanistan avec, notamment la destruction<br />
des statues géantes de Bagram, les<br />
exactions et les trafics courants (drogues,<br />
armes etc.) auxquels s’adonnaient ouvertement<br />
les talibans. Comme en<br />
Afghanistan, en Irak, en Somalie et<br />
aujourd’hui au Mali, c’est sur fonds de<br />
problèmes sécuritaires créés de toutes<br />
pièces ou encouragés à prendre de l’ampleur<br />
(l’installation progressive des factions<br />
islamistes est connue des français et<br />
des américains depuis au minimum dix<br />
années) que la bataille pour la conquête<br />
des richesses naturelles du Sahel vient de<br />
s’ouvrir avec l’intervention armée française<br />
au Mali et l’attaque de la base<br />
gazière algérienne de Ain Amenas qui n’a<br />
pas encore livrée tous ses secrets, mais qui<br />
a certainement été commanditée pour<br />
légitimer des velléités d’affaiblissement<br />
de la plus importante partie opposée à<br />
l’intervention militaire qu’est l’Algérie.<br />
Les richesses naturelles que recèlent le<br />
Sahel et certains pays limitrophes seraient<br />
fabuleuses si on se réfère aux premiers<br />
états des lieux de la région déjà disponibles<br />
sur certains sites internet. Aux<br />
gisements d’hydrocarbures et d’uranium<br />
déjà disponibles s’ajoutent le fer, le cuivre,<br />
le phosphate, le cobalt et toute la panoplie<br />
de « terres rares » indispensables à l’industrie<br />
de l’électronique et de l’informatique.<br />
Autre sérieux motif de convoitise, le Sahel<br />
et sa périphérie (le Maghreb) sont également<br />
appelés à constituer <strong>un</strong> débouché<br />
commercial considérable pour les pays<br />
industrialisés. Il faut en effet savoir qu’à<br />
l’horizon 2050 le Niger, le Mali, le Tchad<br />
et la Mauritanie compteront à eux seuls<br />
pas moins de 160 millions d’habitants. Si<br />
on ajoute ceux des pays maghrébins limitrophes<br />
la population totale atteindra allégrement<br />
300 à 320 millions d’âmes. Une<br />
situation à laquelle les pays industrialisés<br />
et émergents doivent, dores et déjà, tenir<br />
compte pour assurer l’écoulement de leurs<br />
produits notamment en cette période de<br />
crise économique mondiale. N. G.