13.07.2013 Views

L'école, un terrain d'expérimentation

L'école, un terrain d'expérimentation

L'école, un terrain d'expérimentation

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

IV L’ACTUALITÉ El Watan ÉCONOMIE - Du 4 au 10 février 2013<br />

Echanges intermaghrébins<br />

Le commerce zonal le plus<br />

faible au monde<br />

Par<br />

Naima<br />

Benouaret<br />

E t<br />

si le projet maghrébin demeure<br />

cramponné au chapitre des mythes,<br />

même si «le printemps arabe» a<br />

relancé l’espoir de lui donner <strong>un</strong>e existence<br />

réelle, c’est bien en raison des<br />

antagonismes politiques entachant les<br />

rapports intermaghrébins, notamment<br />

ceux algéro-marocains. Les conséquences<br />

qui en découlent sont lourdes :<br />

<strong>un</strong> mal-développement chronique au plan<br />

économique et <strong>un</strong>e stagnation/enlisement<br />

au niveau de la sphère politique. Ce qui,<br />

d’ailleurs, a été, encore <strong>un</strong>e fois, rappelé<br />

par des économistes, opérateurs économiques<br />

et des banquiers issus des pays de<br />

l’UMA, devant les représentants du<br />

bureau régional pour l’Afrique du Nord<br />

de la Commission économique des<br />

Nations <strong>un</strong>ies pour l’Afrique (UNECA).<br />

Ce dernier les ayant ré<strong>un</strong>is, mi-janvier<br />

dernier, dans le cadre d’<strong>un</strong>e ré<strong>un</strong>ion de<br />

concertation sur l’intégration maghrébine,<br />

à laquelle fut associé le secrétariat<br />

général de l’UMA, est-il indiqué dans <strong>un</strong><br />

rapport de synthèse émanant du bureau<br />

onusien dont El Watan Economie détient<br />

<strong>un</strong>e copie. Pour les représentants de<br />

l’UNECA, le «printemps arabe» a, certes,<br />

ressuscité l’espoir d’aboutir à <strong>un</strong>e intégration<br />

maghrébine réelle, mais à défaut<br />

de la redéfinition de l’ordre des priorités,<br />

d’<strong>un</strong>e mobilisation des ressources à la<br />

dimension des ambitions et d’<strong>un</strong> engagement<br />

plus soutenu de la part des différents<br />

acteurs à l’intégration, cet espoir<br />

risque de fléchir. «Si le printemps arabe<br />

a relancé les espoirs sur cette <strong>un</strong>ion de<br />

90 millions personnes, il n’en demeure<br />

pas que les échanges entre pays membres<br />

sont évalués entre 2 et 3% du PIB». Une<br />

proportion susceptible d’être dépassée<br />

aux yeux de l’Union des Banques<br />

es arguments en faveur d’<strong>un</strong> marché maghrébin<br />

comm<strong>un</strong> ne sont pas simple littérature. Il est bon de<br />

Lles<br />

rappeler de temps à autre comme l’ont fait des<br />

spécialistes lors d’<strong>un</strong>e table ronde du MEF, le Maghreb<br />

Economic Forum, à la fin de semaine dernière à T<strong>un</strong>is. Le<br />

Maghreb c’est avec 85 millions d’habitants, le poids<br />

démographique de l’Allemagne. C’est aussi le PIB de la<br />

Turquie, le nouveau dragon de la Méditerranée. Une bonne<br />

carte d’entrée. Les spécialistes le disent aussi.<br />

L’attractivité du territoire est plus forte lorsque la<br />

profondeur de marché est là. Les investisseurs asiatiques<br />

ou brésiliens raisonnent en coûts d’expansion. Si <strong>un</strong><br />

investissement de 50 millions d’euros provoque derrière<br />

<strong>un</strong>e pénurie de ressources humaines qualifiées dans le<br />

pays d’accueil et entraîne <strong>un</strong>e inflation dans le<br />

développement, alors il ira ailleurs. Là où les seconds 50<br />

millions d’euros investis permettront de recruter presque<br />

au même coût que les premiers. Mieux encore. La<br />

concurrence intra-maghrébine pour attirer les<br />

investisseurs peut largement être amortie dans <strong>un</strong><br />

contexte intégré. Il y a de la place pour <strong>un</strong>e chaîne des<br />

valeurs où chaque pays apporte sa part dans la<br />

localisation de l’investissement étranger. Ainsi, la bataille<br />

du «low coast» que les Marocains ont livrée pour capter la<br />

part du lion dans la délocalisation de l’activité<br />

aéronautique autour d’Airbus au détriment de la T<strong>un</strong>isie, a<br />

été <strong>un</strong>e course néfaste à la dépréciation de la valeur<br />

ajoutée des deux pays. En l’absence de concertation entre<br />

les gouvernements, ce sont les multinationales qui<br />

dessineront la spécialisation de chac<strong>un</strong> des pays. Il est<br />

encore temps de faire autrement. Et d’attirer ensemble<br />

Maghrébines, pour peu que le secteur<br />

banquier, maillon fort dans toute politique<br />

économique, soit plus dynamique<br />

et moins frileux. Et de faire le parallèle<br />

avec l’Europe, dotée d’<strong>un</strong>e monnaie<br />

<strong>un</strong>ique et dont 70% des échanges sont en<br />

interne. «Il faut redéfinir l’intégration<br />

maghrébine en fondant son espoir sur la<br />

vitalité du secteur bancaire pour sortir<br />

l’<strong>un</strong>ion de la léthargie», est-il souligné<br />

dans le document de l’UNECA. A l’heure<br />

du grand défi que constitue l’instauration<br />

d’<strong>un</strong>e zone de libre-échanges euro-méditerranéenne<br />

pour les économies maghrébines,<br />

le projet de l’UMA n’est plus ce<br />

qu’il était, <strong>un</strong> idéal, mais <strong>un</strong> impératif de<br />

survie, a-t-on insisté. «Situé entre la première<br />

puissance économique mondiale -<br />

la Zone euroet la zone économique la<br />

plus convoitée en ce moment - l’Afrique<br />

plus de capitaux et de projets. Il y a sept ou huit ans est né<br />

le concept du coût du non-Maghreb. Deux études<br />

différentes sont parvenues à la même conclusion. Un<br />

marché intégré maghrébin avec libre circulation des<br />

facteurs de production et des marchandises ferait gagner<br />

de <strong>un</strong> à deux pour cent de point de PIB en plus, selon les<br />

pays. Un <strong>un</strong>iversitaire français, spécialiste des flux<br />

migratoires, a rappelé que les mouvements migratoires<br />

portugais et espagnol ont baissé après l’entrée de ces<br />

deux pays dans l’Union européenne. L’intégration nivelle<br />

les niveaux de vie par le haut. Et rend l’exil économique<br />

moins opport<strong>un</strong>. Une réponse à <strong>un</strong>e partie de la classe<br />

politique t<strong>un</strong>isienne qui s’était offusquée de l’initiative<br />

<strong>un</strong>ilatérale du président Moncef Marzouki de liberté de<br />

circulation et de travail pour les ressortissants maghrébins<br />

en T<strong>un</strong>isie. La fin des régimes autoritaires en T<strong>un</strong>isie et en<br />

Libye et le début des transitions démocratiques dans ces<br />

deux pays ont relancé l’ambition du Maghreb Uni en 2011.<br />

Elle s’est affaissée lentement en 2012. Pourtant, jamais le<br />

modèle qui a construit le dynamisme économique du<br />

Maroc et de la T<strong>un</strong>isie durant les vingt dernières années<br />

n’est apparu si près de l’apoplexie. Le moteur européen de<br />

la croissance est durablement en panne. Le coût du non-<br />

Maghreb a évolué entre-temps. Il est devenu <strong>un</strong> risque<br />

systémique. Pressant vu de T<strong>un</strong>is. Jusque-là, la nonintégration<br />

maghrébine empêchait de fédérer les atouts<br />

de chac<strong>un</strong> des pays. Désormais, cette non-Union<br />

additionne les tares. Chaque pays déverse chez son voisin<br />

la sève de son <strong>un</strong>dergro<strong>un</strong>d. Sans retour économique. La<br />

Libye, non encore sous contrôle, exporte des armes et des<br />

carburants au noir vers la T<strong>un</strong>isie, qui ne peut plus<br />

subsaharienne, le Maghreb a <strong>un</strong>e partition<br />

à jouer».<br />

Outre <strong>un</strong> rapprochement plus significatif<br />

des politiques économiques nationales<br />

aidant, la finance est, à ce titre, <strong>un</strong> facteur<br />

déterminant, son harmonisation est<br />

l’<strong>un</strong>e des conditions à même de permettre<br />

d’aller à pas sûrs vers cette intégration<br />

maghrébine tant convoitée.<br />

D’autant que, forte de 93 banques dont<br />

104 établissements financiers, 1300<br />

points de vente avec <strong>un</strong>e moyenne de 400<br />

nouvelles agences bancaires par an, la<br />

zone n’a rien à envier à ses partenaires de<br />

la rive Nord. Seul hic, précisent les<br />

auteurs du document, «le système bancaire<br />

maghrébin reste focalisé sur les<br />

échanges à l’international. Les 30 milliards<br />

de dollars déboursés/an dans les<br />

importations de céréales alors que la<br />

région ne manque pas de terres fertiles<br />

en est le parfait exemple. Les contraintes<br />

logistiques ne facilitent pas non plus les<br />

échanges. Exemple : il faut 23 à 40 jours<br />

pour relier le Port de Tanger Med à celui<br />

d’Oran, soit plus que pour rallier<br />

Singapour et Shanghai». D’autre part,<br />

est-il encore relevé, «l’harmonisation des<br />

codes fiscaux et des codes d’investissement<br />

est <strong>un</strong> autre impératif au même titre<br />

d’ailleurs que les réformes des systèmes<br />

de change entre les 5 pays membres,<br />

dotés chac<strong>un</strong> de sa monnaie nationale».<br />

Néanmoins, dans le milieu des affaires,<br />

la création de la Banque maghrébine<br />

pour l’Investissement et le Commerce<br />

(BMICE) dont l’annonce a été faite à<br />

partir de Nouakchott (Mauritanie), début<br />

janvier 2013, invite à l’optimisme. Et, «si<br />

les chefs d’Etat n’ont pas encore convenu<br />

d’<strong>un</strong> sommet, lequel ne saurait tarder, les<br />

hommes d’affaires, eux, seront bientôt en<br />

conclave à Marrakech», ajoute la note de<br />

l’UNECA.<br />

En somme, pour les participants à la ré<strong>un</strong>ion<br />

de concertation, en dépit de tous ces<br />

constats peu reluisants, «les lignes<br />

bougent depuis le déclenchement du<br />

printemps arabe. Matérialiser le rêve<br />

UMA, c’est possible. Toutefois, les rapports<br />

intermaghrébins, au même titre que<br />

ceux euromaghrébins, ne doivent plus<br />

rester tels qu’ils le sont actuellement,<br />

c’est-à-dire dominés par le syndrome<br />

sécuritaire, lequel est édifié autour des<br />

trois risques que constituent l’immigration,<br />

l’intégrisme et la drogue. Car, pour<br />

désactiver ces trois risques, ces rapports<br />

doivent évoluer vers <strong>un</strong> solide partenariat<br />

axé autour du développement, de la<br />

démocratie et de l’intégration maghrébine».<br />

N. B.<br />

L’ANALYSE d’El Kadi Ihsane<br />

2013, comment le non-Maghreb est devenu non plus<br />

<strong>un</strong> coût, mais <strong>un</strong> risque<br />

exporter ses containers par route. L’Algérie, qui a gonflé à<br />

nouveau le parc de ses produits subventionnés, les voit<br />

filer par l’Est et par l’Ouest. Tandis que le Maroc ne peut<br />

exporter par la voie continentale vers l’Algérie que des<br />

produits prohibés. Le non-Maghreb n’est plus <strong>un</strong>e<br />

opport<strong>un</strong>ité manquée. C’est <strong>un</strong> chaos annoncé. A T<strong>un</strong>is, le<br />

MEF propose <strong>un</strong>e politique de convergences par groupe<br />

d’affinité. T<strong>un</strong>is et Tripoli peuvent avancer très vite sur le<br />

désarmement tarifaire. T<strong>un</strong>is et Alger sur la libre<br />

circulation de la main-d’œuvre. En attendant celle des<br />

capitaux. Rabat et Nouakchott peuvent se trouver <strong>un</strong><br />

agenda propre à eux à l’intérieur des chantiers à l’arrêt de<br />

l’UMA. L’idéal serait de converger rapidement par binômes<br />

vers l’exercice des quatre libertés prévues par les textes<br />

fondateurs de l’UMA. Une construction maghrébine qui ne<br />

fait pas avancer ensemble à la même allure les cinq pays<br />

membres paraît de plus en plus inévitable. Au cœur des<br />

écueils, bien sûr le différend politique entre l’Algérie et le<br />

Maroc. Mais il n’est pas le seul. Entre l’Algérie et la<br />

T<strong>un</strong>isie, il n’y a jamais eu de crise majeure depuis 40 ans.<br />

Le niveau d’intégration entre les deux pays reste faible. La<br />

libre circulation de la ressource humaine se détache du lot<br />

parmi les mesures qui peuvent accélérer les synergies.<br />

Supprimer le permis de travail pour les ressortissants des<br />

deux pays est <strong>un</strong> premier pas essentiel. Et facile. Cela fera<br />

<strong>un</strong>e comm<strong>un</strong>auté en moins à racketter pour les préposés<br />

du bureau des étrangers. Tout le monde a bien compris<br />

avec le récent scandale de la wilaya d’Alger où se trouve<br />

l’intérêt mercantile d’<strong>un</strong>e partie de l’administration. Les<br />

frontières comme les guichets fermés marchent à l’envers<br />

de l’histoire.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!