L'école, un terrain d'expérimentation
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II L’ACTUALITÉ El Watan ÉCONOMIE - Du 4 au 10 février 2013<br />
Couverture des installations énergétiques en Algérie<br />
par<br />
Safi a Berkouk<br />
Les réassureurs mondiaux en<br />
passe de revoir leurs tarifs<br />
Selon M. Fabiani, qui dit avoir «eu<br />
des conversations avec des sociétés<br />
d’assurances» mondiales, cellesci<br />
ont déjà engagé des «discussions en<br />
interne» pour envisager des actions qui<br />
pourraient toucher les futurs contrats<br />
de réassurance avec Sonatrach. Certes,<br />
dit-il, «elles savent globalement que la<br />
sécurité en Algérie n’est pas <strong>un</strong> problème,<br />
mais doivent se préparer en cas<br />
de danger qui résulterait de la crise au<br />
Mali». C’est dans ce cadre qu’elles «ont<br />
peur et prêtent <strong>un</strong>e attention particulière<br />
à ce qui se passe en Algérie». En tout état<br />
de cause, on parle, selon lui, d’<strong>un</strong> effet<br />
de <strong>un</strong> à deux ans, après quoi «les primes<br />
d’assurances vont revenir graduellement<br />
au niveau d’avant» Tiguentourine.<br />
Youcef Benmicia, cadre dirigeant au sein<br />
de la Compagnie algérienne des assurances<br />
(CAAT), membre du groupement<br />
des assureurs nationaux de la Sonatrach,<br />
affi rme que «les réassureurs risquent<br />
de relever les coûts de réassurances,<br />
par prudence, même s’il n’y pas eu de<br />
dommage subi au niveau de Tiguentourine».<br />
Toutefois, il y a «<strong>un</strong> potentiel<br />
d’exposition au risque et si on constate<br />
<strong>un</strong> risque plus élevé, il est normal que les<br />
réassureurs prennent leur disposition».<br />
Généralement dans pareille situation,<br />
«les compagnies peuvent soit décider de<br />
maintenir les tarifs dans le meilleur des<br />
cas, soit les relever dans le pire des cas».<br />
En revanche, il ne risque pas d’y avoir<br />
«<strong>un</strong>e diminution des prix, ce qui se produit<br />
parfois» quand il n’y a pas de grande<br />
sinistralité pendant <strong>un</strong>e certaine période.<br />
LE POIDS DES RÉASSUREURS<br />
Il faut savoir que la réassurance occupe<br />
<strong>un</strong>e très grande place dans la couverture<br />
assurance de la Sonatrach. Il y a deux ans,<br />
l’ex P-DG de la Compagnie d’assurances<br />
des hydrocarbures (CASH), Nacer Sais,<br />
indiquait que «plus des deux tiers (70%)<br />
des risques Energie du groupe Sonatrach<br />
sont assurés par des sociétés d’assurance<br />
internationales, le reste étant couvert<br />
par <strong>un</strong> consortium de quatre assureurs<br />
algériens». Environ «<strong>un</strong>e vingtaine, voire<br />
<strong>un</strong>e trentaine de réassureurs internationaux»<br />
interviennent dans les opérations<br />
de réassurances, impératives en raison du<br />
manque de capacités fi nancières des assureurs<br />
nationaux pour couvrir l’ensemble<br />
du risque énergétique de Sonatrach. En<br />
2010, la compagnie avait notamment<br />
retenu trois groupes internationaux de<br />
réassurance, Swiss Ré, M<strong>un</strong>ich Ré et<br />
l’américain AIG, pour réassurer <strong>un</strong>e partie<br />
de son patrimoine industriel pour <strong>un</strong><br />
montant du contrat estimé à 30 millions<br />
de dollars. Au niveau national, l’assurance<br />
des installations énergétiques de<br />
Sonatrach est assurée par <strong>un</strong> consortium<br />
de compagnies nationales (CAAR,<br />
CAAT, SAA, CCR) dont le chef de fi le<br />
est la CASH.<br />
La réassurance est justement l’<strong>un</strong>e des<br />
«particularités» du secteur énergétique,<br />
souligne M. Benmicia, qui vient s’ajouter<br />
au fait que c’est <strong>un</strong> secteur où il «y a<br />
<strong>un</strong>e concentration de valeur et de capitaux<br />
liés à <strong>un</strong>e industrie de pointe». Les<br />
risques sont donc assurés à l’international<br />
où il y a <strong>un</strong> marché de l’énergie et de<br />
la pétrochimie en matière de réassurance,<br />
car ces réassureurs «ont des capacités fi -<br />
nancières importantes». «Les conditions<br />
ainsi que les prix d’assurance et de réassurance<br />
sont donc fi xés par le marché international»,<br />
précise le responsable de la<br />
CAAT. En ce qui concerne le patrimoine<br />
(industriel et immobilier) de Sonatrach,<br />
il bénéfi cie de plusieurs types de couvertures,<br />
mais «ce qui est réassuré, ce sont<br />
les installations énergétiques, l’activité<br />
forage et en partie la responsabilité civile».<br />
Les prix sont également fi xés «en<br />
fonction de la demande de couverture»<br />
et en la matière «les conditions édictées<br />
par les réassureurs sont parfois draconiennes<br />
(quand la conjoncture est défavorable)»,<br />
remarque M. Benmicia. Les<br />
Intérêts énergétiques des compagnies étrangères<br />
en Algérie<br />
La vente d’actifs suite à l’attaque<br />
d’In Amenas jugée peu probable<br />
u-delà du relèvement des primes d’assurance, l’at-<br />
A taque d’In Amenas et plus récemment encore celle<br />
de Bouira, soulèvent des questions quant aux actions<br />
futures qui seront prises par les partenaires étrangers<br />
de Sonatrach en Algérie. Certaines compagnies ont<br />
rapatrié quelques-<strong>un</strong>s de leurs personnels, tandis que<br />
d’autres ont confi rmé leur volonté de poursuivre leurs<br />
affaires en Algérie. La nouvelle loi sur les hydrocarbures<br />
récemment promulguée étant plus avantageuse, certains<br />
experts pensent qu’auc<strong>un</strong>e société étrangère en Algérie<br />
ne songera à se débarrasser de ses actifs algériens. Car,<br />
si l’on considère que le risque a augmenté, la valeur de<br />
ces actifs s’en trouverait de ce fait revue à la baisse,<br />
pense-t-on.<br />
Riccardo Fabiani, analyste politique, spécialiste de<br />
la région Afrique du Nord au sein du groupe Eurasia<br />
(groupe d’expertise et de recherche en risques politiqus),<br />
confi rme cette thèse, tout en relativisant certains<br />
aspects. En premier lieu, «on peut imaginer que ce qui<br />
s’est passé à In Amenas soit la nouvelle réalité avec laquelle<br />
il faudra composer dans les prochaines semaines,<br />
en raison de ce qui se passe au Mali, mais je pense qu’il<br />
faut distinguer entre le Nord et le Sud de l’Algérie»,<br />
dit-il. Certes, c’est le Sud qui a été touché, mais cela<br />
reste «<strong>un</strong>e exception car c’est <strong>un</strong>e région très militarisée<br />
et même pendant les années de terrorisme elle n’a<br />
pas été affectée». «En revanche, explique-t-il, le Nord<br />
du pays est différent et la sécurité y est plus diffi cile et<br />
l’attaque contre le gazoduc de Bouira témoigne de cette<br />
diffi culté et peut être <strong>un</strong> signe de ce que pourra être la<br />
tendance dans les prochains mois». En second lieu, et<br />
en conséquence, M. Fabiani pense «qu’il n’y aura pas<br />
réassureurs peuvent «demander que les<br />
sites soient gardés par exemple». Cela dit,<br />
M. Fabiani estime qu’après les attaques<br />
d’In Amenas, «il serait diffi cile pour ces<br />
réassureurs d’exiger des conditions nouvelles,<br />
car elles savent qu’en Algérie les<br />
sociétés y opérant n’ont pas la possibilité<br />
de modifi er les mesures de sécurité à<br />
leur guise. Leur marge de manœuvre est<br />
limitée par le fait que les autorités algériennes<br />
imposent des conditions strictes»<br />
en la matière. Selon le PDG de la SAA,<br />
Amar Latrous, il existe «<strong>un</strong>e couverture<br />
contre les conséquences des risques terroristes<br />
qui est proposée par toutes les<br />
compagnies d’assurance», au même titre<br />
que la couverture contre les risques de<br />
sabotage et contre «les émeutes et mouvements<br />
populaires», précise M. Benmicia.<br />
L’attaque terroriste d’In Amenas pourrait<br />
avoir <strong>un</strong>e portée régionale quant aux<br />
conséquences sur les assurances. Selon<br />
M. Fabiani, en effet, les réévaluations des<br />
primes de risque pourraient également<br />
toucher «la Libye, où le risque est encore<br />
plus grand qu’en Algérie, la T<strong>un</strong>isie où la<br />
montée des djihadistes inquiète les assureurs,<br />
ainsi que la Mauritanie, même si<br />
pour ces pays l’activité énergétique est<br />
moindre qu’en Algérie». S. B.<br />
Les réassureurs<br />
de la Sonatrach<br />
• CCR Algérie<br />
• Charits (ex-<br />
AIG)<br />
• Sonatrach<br />
Re<br />
• ACE<br />
• M<strong>un</strong>ich Re<br />
• Swiss Re<br />
• Allianz<br />
Lloyd’s<br />
MAPFRE<br />
SCOR<br />
ZURICH<br />
AXA<br />
Hannover Re<br />
XL Capital<br />
Partner Re<br />
GENERALI<br />
Africa Re<br />
CCR Paris<br />
(source CASH)<br />
de sociétés qui voudraient vendre leurs actifs en Algérie<br />
en raison de l’attaque terroriste. Certes, elles réduisent<br />
leur présence, mais cela va rentrer dans l’ordre dans<br />
quelques semaines».<br />
Enfi n, les compagnies qui souhaiteraient le faire et il y<br />
en avait quelques-<strong>un</strong>es avant l’attaque d’In Amenas, leur<br />
motivation était surtout liée à «leur stratégie de développement,<br />
aux coûts élevés ou encore parce qu’elles<br />
jugeaient que ces actifs n’étaient pas très rentables».<br />
Avec ce qui s’est passé à In Amenas, «il leur faudra<br />
réduire leur prix de cession si elles veulent vendre, car<br />
les investisseurs qui seraient intéressés pour acheter ces<br />
actifs vont demander désormais des prix révisés». Cette<br />
situation risque de durer au moins 1 an à 18 mois, selon<br />
certains analystes. S. B.