Haute-Fidélité n°87 mars 2004 Gros plan Ampli ... - Jason Diffusion

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Il ne faudrait pas confondre notre
Orphéus avec le modeste fabricant de
Lilyfield, en Australie, dont les
enceintes acoustiques - fort
respectables au demeurant - sont
uniquement exportés en Asie et Océanie
(Taiwan, Singapour, Malaisie, etc.). Il
serait bon de ne point se méprendre car il
existe également un Orpheus Audio en
Grèce. Celui-ci n’est pas fabricant mais
distributeur d’électroniques hi-fi, assez
prestigieuses au demeurant. On parle donc
d’Orphéus Technologies, la société suisse
basée à Préverenges dont la devise est, en
leurs mots : « Si tu n’obtiens pas d’eau, ce
n’est pas que le puit est sec, c’est que ta
corde est trop courte «. Le décor est planté,
la musique est là, la technologie n’est pas
une fin en soi, c’est à nous de concevoir les
Profil extra-plat et écran
matriciel vert pour
cet ampli intégré Four.
GROS PLAN
AMPLI INTEGRE
ORPHEUS FOUR
NOUVEAU CONSTRUCTEUR VENU DE SUISSE, ORPHÉUS EST AUSSI LA VITRINE
TECHNOLOGIQUE DU PRESTIGIEUX BUREAU D’ÉTUDES ANAGRAM. AVEC UNE
TELLE CARTE DE VISITE, VOUS COMPRENDREZ QUE NOUS N’AYONS PU
RÉSISTER AUX CHARMES DE LEUR BEL AMPLIFICATEUR INTÉGRÉ, LE FOUR...
produits qui permettront d’atteindre
la fidélité, le réalisme, la précision de
reproduction. Après ces quelques notes
mystiques, penchons-nous sur cette
marque au catalogue très intéressant. Les
modèles sont numérotés par un nombre
écrit en lettres : Zero pour l’intégré CD,
One pour le convertisseur suréchantillonneur,
Two pour le processeur
multicanaux, Three pour l’amplificateur
de puissance et Four pour l’intégré
stéréo qui nous intéresse, et
bientôt vous
passionnera aussi. Le catalogue s’étend
aussi aux câbles avec les joliment nommés
Orphéus Strings. L’esthétique tapageuse
n’est pas
le propos de ces électroniques suisses.
Quoique, diront certains. En effet, le look
rackable n’est pas du goût de tous, mais
l’aspect ultra mince et la sérigraphie très
« vieille école » peut séduire bon nombre
de mélomanes ayant vécu en compagnie
d’électroniques semblables. Un look qui
suscite diverses opinions est toujours
mieux qu’un design qui laisse indifférent.
L’Orphéus Four utilise donc un châssis
ultra compact flanqué d’une plaque
d’aluminium brossé en façade. Exactement
le même que le lecteur CD Zero
et le processeur Two. Seule la sérigraphie
diffère. Etonnant ? Cela permet de réduire
les coûts et de rester très homogène
dans une chaîne complète.
Tout est à l’intérieur
Les caractères spécifiques des appareils
sont en effet à l’intérieur mais aussi dans
l’informatique embarquée qui gère les
fonctionnalités via l’afficheur LCD aux
deux lignes de texte rétro éclairées. On
contrôle tout cela par le biais du quintet
de poussoirs placés en croix à droite
de l’afficheur. Et c’est tout, à l’exception
du témoin d’alimentation. L’austérité
disparaît heureusement quand on
appréhende la télécommande Orphéus
RC. Taillée dans le même bloc de métal
que la face avant des appareils, elle permet
l’accès direct à une pléiade de signes
cabalistiques, ultra abstraits, dont la
compréhension vous viendra par la lecture
du manuel d’instruction heureusement
fourni. La face arrière est classique. Avec
une sérigraphie évidente indiquant la
fonction des connecteurs. Avec des prises
plaquées or de tout premier choix, en
liaison symétrique XLR pour une des cinq
entrées et asymétrique RCA pour les
autres. Sans compter les deux savoureuses
paires de bornes haut-parleur répondant
aux normes de protection européennes.
Notez que chaque entrée peut être

La face arrière taille basse implique
un positionnement en quinconce
des connecteurs Cinch.
configurée en « pass through «, c’est-àdire
attaquer directement l’amplificateur,
afin de placer l’Orphéus Four dans toutes
les configurations possibles ; un processeur
home cinéma vient évidemment à l’esprit
en tout premier lieu : le Four se comporte ,
sans bouger le petit doigt, en intégré hi-fi
ou en ampli de puissance. Pour illustrer
la minceur du châssis, il suffit de constater
le placement en quinconce des connecteurs
d’entrée : une disposition classique l’un
sous l’autre eut nécessité plus d’épaisseur.
Il fallait y penser... Sous le capot
la magnificence de la technique éblouit
FICHE TECHNIQUE
Origine : Japon
Dimensions : 460 x 85 x 305 mm
Poids : 7,8 kg
Prix : 5 900 euros
Réponse en fréquence : 5 Hz à 20 kHz
Plage dynamique : > 98 dB
Rapport S/N : > 103 dB
Distorsion harmonique : 0,0015 %
Diaphonie : > 100 dB
littéralement. Où commencer ?
L’architecture double mono parfaite
commence dès les transformateurs toriques
bas profil de très grand diamètre, reposant
dans un châssis en métal amagnétique
digne d’une boîte noire. Elle continue sur
l’unique carte époxy, pour chaque canal,
par un hyper robuste pont de diodes
rapides, sept condensateurs de filtrage
ultra compacts dont la capacité totale
dépasse celle de bien des amplificateurs
affichant 100 watts par canal, deux
régulateurs de tension avec large
dissipateur individuel s’il vous plait.
La partie électronique de contrôle repose
GROS PLAN
entièrement sur une carte frontale placée
derrière les circuits d’affichage
de commande. Les perturbations sont
limitées, seule une nappe parvenant à cette
section bien distincte. Les entrées utilisent
des relais pilotés placés idéalement,
de manière à raccourcir au maximum
le chemin du signal. Celui-ci est dirigé
immédiatement vers la boîte noire
développée par Anagram, la sœur siamoise
d’Orphéus à qui l’on doit de nombreuses
réalisations génialement jubilatoires telle
la section numérique de l’Enkianthus
d’Audioméca et son circuit de
« renumérisation » du signal numérique
s/pdif (pour faire très simple) permettant
de se jouer totalement de la notion de
jitter. Grâce à ce boîtier pilotant les étages
de puissance à transistors IGBT (Insulated
Gate Bipolar Transistor), la longueur
totale du signal descend sous les 20 cm,
une petite prouesse. Ce circuit
d’amplification est directement dérivé de
l’Orphéus Three, un modèle intéressant
puisque capable de délivrer 2 x 40 W en
stéréo et surtout 150 W en mode ponté.
Une puissance presque quatre fois
supérieure en mode mono, soit quasiment
l’efficacité maximale que peut atteindre un
bridge. La caractéristique la plus frappante
reste la puissance absolument constante
sous n’importe quelle impédance.
De 1 à 16 Ohms, les 40 W seront là,
prêts à bondir. Une technologie
d’amplification constante unique,
propriété d’Anagram, qui permet
également d’obtenir une distorsion
équivalente aux circuits d’amplification
numérique (de 0.69 % à 0.0049 % à 75 %
de la puissance), une gamme dynamique
atteignant 104 dB dans les mêmes
conditions et une réponse parfaitement
linéaire à 0.1 dB près, jusqu’à 20 kHz, et
moins de 0.5 dB jusqu’à 80 kHz.
LES CONCURRENTS
BEL CANTO EVO 2I
prix : 5 000 euros
CHORD CPM 2600
prix : 6 150 euros
KRELL KAV-300IL
prix : 5 320 euros
YBA PASSION
prix : 5 050 euros
Belle brochette de vainqueurs pour
concurrencer cet Orphéus. Si le Krell, et
surtout le Bel Canto se font remarquer
par la puissance sidérante et leur
transparence, l’YBA et le Chord jouent
plus sur la carte du raffinement et de
l’élégance musicale et formelle. Dans
tous les cas de figure, nous avons
affaire à de redoutables machines
capables de rendre justice à des
enceintes exigentes.
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Ecoute
Que l’on accepte de se l’avouer ou non,
l’origine helvète du bel intégré nous a
immédiatement influencé. FM Acoustics,
Nagra ou Goldmund ont su laisser dans
notre esprit un souvenir vivace. Et
n’oublions pas que le dernier des trois
précités s’est imposé avec une esthétique
dont l’Orphéus Four offre une furieuse
GROS PLAN
réminiscence. Première surprise, les
quarante watts annoncés sont tous bien là,
et l’on aurait même tendance à croire qu’ils
ne sont pas venus tout seuls. La puissance
subjective est en effet bien supérieure aux
chiffres annoncés. Cela se traduit
notamment par un comportement
dynamique de très grande qualité sur tout
type de message. L’Orphéus Four bondit
CONFIGURATIONS POSSIBLES
AVEC L’INTEGRE ORPHEUS FOUR
LECTEUR ARCAM FMJ CD33
ENCEINTES PIERRE-ETIENNE
LEON QUATTRO RÉFÉRENCE
Voilà certes des compagnons compacts et abordables comparés à notre intégré
Orpheus, mais c’est LE ticket d’entrée pour accéder aux
hautes performances de l’électronique helvète. Malgré
un encombrement des plus réduits, le son explose
littéralement dans la pièce. L’ampli se joue totalement
de la charge relativement complexe de cette
extraordinaire enceinte et nous livre une performance
ahurissante eu égard à la taille des appareils,
grandement aidée en cela par une source d’une grande
classe et d’une superbe précision.
LECTEUR
ICOS FADO
ENCEINTES
PROAC
RESPONSE D15
Nous voilà environnés de produits purement
audiophiles dans le sens noble du terme. Le lecteur Icos
et les enceintes ProAc constituant en effet de superbes
pièces d’orfèvrerie acoustique. Cette superbe trilogie
met en évidence le côté somptueux et élégant de la
restitution. Les timbres sont pleins et lustrés. La scène
est vaste et incroyablement structurée. Les frontières
s’évanouissent pour laisser place à un environnement
d’une grande cohérence. Ici, seule l’homogénéité prime
et affirme son ascendant.
LECTEUR LINN IKEMI
ENCEINTES DYNAUDIO CONTOUR SPECIAL 25
Voilà une combinaison qui incarne une certaine forme
de perfection sonore. Car chacun des maillons de ce
système sont les meilleurs de leur catégorie.
Jugez plutôt : une source exceptionnelle capable de
recréer sans le moindre tassement une très large bande
passante en respectant les plus infimes écarts de dynamique,
et des enceintes de très grande classe, certes compactes, mais
capables d’un son ahurissant à n’importe quel volume
sonore. Voilà un environnement exceptionnel pour
l’ampli Orpheus qui magnifie la performance de ces
somptueux protagonistes : divin,
tout simplement...
ORPHEUS FOUR
littéralement à la moindre sollicitation du
signal musical. Amateurs d’amplificateurs
rapides, n’oubliez pas ce nouveau nom
digne de figurer en tête de votre palmarès.
L’Orphéus Four sait parfaitement coller
aux rythmes les plus complexes. Les lignes
mélodiques de chacun des instruments
sont très facilement identifiables
et l’auditeur saura les individualiser sans
la moindre hésitation. Même quand la
musique devient complexe, l’Orphéus
Four suit parfaitement le fil rouge et
démêle l’écheveau le plus complexe sans la
moindre approximation. Si vous appréciez
la plus expresse lisibilité, vous louerez les
vertus de cet amplificateur. Si l’Orphéus
Four réussit ce tour de force, c’est grâce
à une bande passante de très grande
amplitude. Ici, le grave descend très bas
en fréquence, sans traînage et sans
atténuation. Le bas du spectre est
particulièrement tendu et vigoureux, et
s’il apparaît bien dégraissé, c’est parce qu’il
est totalement exempt de rondeurs un peu
flatteuses. Le registre médium suit dans la
même veine. Ouvert, lumineux,
particulièrement fluide et modulé, il offre
une vision exhaustive des plus petites
inflexions harmoniques. C’est grâce à ce
médium immensément élégant que
la restitution conserve cette classe et ce
maintien uniques. Enfin l’aigu achève ce
superbe tableau grâce à une extension qui
n’a rien d’artificiel mais semble se
prolonger sans cesse pour offrir une infinie
variété de nuances chatoyantes.
La transparence, enfin est d’un niveau
magistral. L’Orphéus Four va traquer les
informations au plus profond des entrailles
électroniques du système et les replace
sous vos oreilles avec un sens du naturel
qui force l’admiration.
ZACHARIE BOURJET
& LAURENT THORIN
FABRICATION ★★★★★
Même si certains trouveront le look un peu
professionnel, la qualité est inattaquable.
Quant à la maîtrise technologique et à la
topologie des circuits, nous sommes
clairement dans le très haut de gamme.
MUSICALITE ★★★★★
Cet amplificateur très séduisant se
caractérise avant tout par une bande
passante à la fois très étendue et d’une
rigueur assez remarquable. La dynamique
est de tout premier ordre et la
transparence est saisissante.
QUALITE/PRIX ★★★★✩
Bien que situé à un prix peu démocratique,
l’Orphéus Four a des arguments pour
convaincre et propose un faisceau de
qualités tout à fait compétitif sur ce marché.