annibal en gaule - L'Histoire antique des pays et des hommes de la ...
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aller bien loin. Plutarque dit simplement, dans sa Vie de Brutus (ch. IV), que, la veille de Pharsale, pendant que les autres dormaient, ou pensaient et songeaient à ce qui arriverait le lendemain, lui étudiait et écrivait tout le long du jour, jusqu'au soir, composant un sommaire de Polybe. Ces notes ou ce résumé, écrits dans une journée de crise, d'après les idées plutôt que d'après le récit de Polybe, est-ce bien là ce qu'on voudrait nous donner pour une traduction, grâce, à laquelle Tite-Live aurait connu l'historien grec ? C'est jouer sur les mots. Le texte de Plutarque ne nous semble pas permettre de classer Brutus parmi les historiens d'Annibal. Polybe n'est pas le seul qui ait essayé de compléter les relations par des renseignements pris dans le pays ; plusieurs historiens ou géographes assez obscurs se sont occupés de la Gaule, et ils ont dû fournir quelques renseignements nouveaux, d'une exactitude douteuse, sur l'itinéraire d'Annibal. Parmi ceux-là, et le dernier de tous, le seul dont le nom et l'œuvre nous soient à peu près connus, est Timagène1. Né 25 ans avant Tite-Live, ce rhéteur alexandrin, fils du maître de la monnaie égyptienne, avait été fait prisonnier et esclave par Gabinus. Cuisinier, puis conducteur de litières, il parvient à gagner la faveur d'Auguste, et il écrit une histoire de la Gaule. Mais certains écarts de parole le font chasser du palais (Sénèque, De Controversiis, X). Il est accueilli par Asinius Pollio (Sénèque, De Ira, III) chez qui il vieillit et meurt en paix. Ses talents littéraires étaient très appréciés (Horace, Ep. XIX ; Quintilien, X ; Quinte-Curce, IX ; Josèphe, contre Apion, II ; Suidas) et Ammien Marcellin nous en a conservé un assez long fragment, qu'il fait précéder de l'introduction suivante : Les écrivains anciens qui ont traité des origines primitives des Gaulois en ont donné une connaissance imparfaite ; mais le grec Timagène est venu qui, avec un soin et une éloquence dont il y avait peu de modèles, a rassemblé ce qui était épars dans différents ouvrages. Nous suivrons sa parole en faisant disparaître toute obscurité, et nous redirons clairement et intelligiblement ce qu'il a raconté. Là commence dans Ammien la citation (ou résumé) de Timagène, qui remplit deux chapitres (XV, 9 et 10), et sert de préambule aux opérations de Constance en Gaule. La citation terminée, Ammien la clôt en disant : le me suis écarté un peu de mon sujet, mais j’y reviens enfin. Le passage de Timagène cité ou résumé par Ammien comprend en premier lieu des renseignements généraux sur les Celtes, leur origine, leurs mœurs, l'arrivée des Phocéens, etc. Suit une description physique de la Gaule, après laquelle l'auteur s'occupe particulièrement des Alpes. Il parle assez longuement de Cottius, donne une description des Alpes cottiennes et de leur passage, qui se retrouve dans Strabon, et fait enfin une digression sur la marche d'Annibal ; P. Cornélius Scipion, père du premier Africain, devait aller en Espagne au secours des Sagontins, célèbres par leur infortune et leur constance, et que les Africains assiégeaient avec une fureur opiniâtre. Il mit à la voile avec une flotte qui portait une armée nombreuse ; mais déjà l'ennemi, très supérieur en forces, avait détruit la ville. Scipion dut même renoncer à suivre Annibal, qui avait traversé le Rhône depuis trois jours et marchait vers l'Italie : il reprit donc la mer et fit rapidement un trajet assez court ; puis, se postant près de Gênes, ville de 1 Cf. Mémoires de l'Académie des inscriptions, t XIII (in-4°) ou t. XIX (in-12°), et Histor. græc. Fragm.. Édition Didot, t. III.
Ligurie, il épiait les ennemis qui allaient descendre des montagnes, dans l'intention d'attaquer en plaine leurs troupes fatiguées par la marche dans ces régions difficiles, si l'occasion s'en présentait. En même temps, dans l'intérêt général, il invita son frère Cn. Scipion à se porter en Espagne pour arrêter Asdrubal, qui voulait en sortir sur les traces d'Annibal. Ce dernier, renseigné par des déserteurs et bien servi par un esprit adroit et vigoureux, prit des guides de la nation des Taurins, traversa le pays des Tricastins et vint à l'extrême limite des Voconces, vers les gorges des Tricoriens ; puis il se mit à gravir un chemin qui était impraticable avant lui. Il entailla un rocher qui se dressait à une hauteur immense, en le calcinant avec un feu des plus intenses et le désagrégeant avec du vinaigre ; enfin, franchissant la Druentia, et ses tourbillons errants, il vint occuper les régions d'Étrurie. Mais en voilà assez sur les Alpes ; passons à ce qui suit. Nous trouvons ici deux paragraphes, dont le premier, écrit au point de vue purement romain, doit reproduire un passage de Fabius. Le second paragraphe, qui résume non pas la marche, mais l'itinéraire d'Annibal, se retrouvera isolément et un peu modifié dans Tite-Live, Quelle en est l'origine ? Faut-il remonter plus haut que Timagène pour la découvrir, ou ces indications géographiques, Tricastins, Voconces, Tricoriens, Druentia, sont-elles de son crû ? Géographe de profession, connaissait-il assez la région des Alpes pour y tracer de lui-même la route d'Anibal ? L'a-t-il copiée dans Fabius ? Autant de questions auxquelles nous ne pouvons pas répondre. VI. — Vie et travaux de Polybe. Il y avait cinq à dix ans qu'Annibal avait traversé la Gaule quand Polybe naquit à Mégalopolis1, en Arcadie (213 à 208 avant J.-C). L'Arcadie, on le sait, était un bassin verdoyant parmi d'assez hautes montagnes (1.300 à 2.300 mètres), un pays de pâturages alpestres au cœur de l'Hellade. Elle nourrissait un peuple fort, à l'esprit ouvert et droit, sans les grâces de l’Attique ni la rudesse lacédémonienne. Les montagnards arcadiens, parmi lesquels naquit Polybe, furent avec Philopœmen, son maître, et Lycortas, son père, les derniers défenseurs de l'indépendance hellénique. Par sa naissance, par ses dons naturels, Polybe fut amené à jouer, dès sa jeunesse, un rôle important dans les affaires publiques de la Grèce. Il avait fait ses premières armes en 190, avec un contingent achéen qui soutenait Eumène, roi de Pergame, contre les Galates. C'est lui qui fut désigné, en 183, pour ramener de Messène les cendres de Philopœmen, et porter l'urne cinéraire aux funérailles de ce grand homme2. Trois ans plus tard, on le désignait pour faire partie de l'ambassade envoyée en Egypte ; mais, comme il n'avait pas encore l'âge de remplir de semblables fonctions, il fut seulement adjoint à son père qui en était titulaire. Il semble qu'il avait à peu près 30 ans à cette époque3. 1 Cf. Cicéron, Acad., II, 12 ; Lucien, Manobe, 22. 2 Plutarque, Philopœmen, 21. 3 Polybe, XXV, 7 ; XXIX, 9.
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veille <strong>de</strong> Pharsale, p<strong>en</strong>dant que les autres dormai<strong>en</strong>t, ou p<strong>en</strong>sai<strong>en</strong>t <strong>et</strong> songeai<strong>en</strong>t<br />
à ce qui arriverait le l<strong>en</strong><strong>de</strong>main, lui étudiait <strong>et</strong> écrivait tout le long du jour,<br />
jusqu'au soir, composant un sommaire <strong>de</strong> Polybe. Ces notes ou ce résumé, écrits<br />
dans une journée <strong>de</strong> crise, d'après les idées plutôt que d'après le récit <strong>de</strong> Polybe,<br />
est-ce bi<strong>en</strong> là ce qu'on voudrait nous donner pour une traduction, grâce, à<br />
<strong>la</strong>quelle Tite-Live aurait connu l'histori<strong>en</strong> grec ? C'est jouer sur les mots. Le texte<br />
<strong>de</strong> Plutarque ne nous semble pas perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sser Brutus parmi les<br />
histori<strong>en</strong>s d'Annibal.<br />
Polybe n'est pas le seul qui ait essayé <strong>de</strong> compléter les re<strong>la</strong>tions par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts pris dans le <strong>pays</strong> ; plusieurs histori<strong>en</strong>s ou géographes assez<br />
obscurs se sont occupés <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, <strong>et</strong> ils ont dû fournir quelques<br />
r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts nouveaux, d'une exactitu<strong>de</strong> douteuse, sur l'itinéraire d'Annibal.<br />
Parmi ceux-là, <strong>et</strong> le <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong> tous, le seul dont le nom <strong>et</strong> l'œuvre nous soi<strong>en</strong>t à<br />
peu près connus, est Timagène1.<br />
Né 25 ans avant Tite-Live, ce rhéteur alexandrin, fils du maître <strong>de</strong> <strong>la</strong> monnaie<br />
égypti<strong>en</strong>ne, avait été fait prisonnier <strong>et</strong> esc<strong>la</strong>ve par Gabinus. Cuisinier, puis<br />
conducteur <strong>de</strong> litières, il parvi<strong>en</strong>t à gagner <strong>la</strong> faveur d'Auguste, <strong>et</strong> il écrit une<br />
histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule. Mais certains écarts <strong>de</strong> parole le font chasser du pa<strong>la</strong>is<br />
(Sénèque, De Controversiis, X). Il est accueilli par Asinius Pollio (Sénèque, De Ira, III)<br />
chez qui il vieillit <strong>et</strong> meurt <strong>en</strong> paix. Ses tal<strong>en</strong>ts littéraires étai<strong>en</strong>t très appréciés<br />
(Horace, Ep. XIX ; Quintili<strong>en</strong>, X ; Quinte-Curce, IX ; Josèphe, contre Apion, II ; Suidas)<br />
<strong>et</strong> Ammi<strong>en</strong> Marcellin nous <strong>en</strong> a conservé un assez long fragm<strong>en</strong>t, qu'il fait<br />
précé<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l'introduction suivante :<br />
Les écrivains anci<strong>en</strong>s qui ont traité <strong><strong>de</strong>s</strong> origines primitives <strong><strong>de</strong>s</strong> Gaulois <strong>en</strong> ont<br />
donné une connaissance imparfaite ; mais le grec Timagène est v<strong>en</strong>u qui, avec<br />
un soin <strong>et</strong> une éloqu<strong>en</strong>ce dont il y avait peu <strong>de</strong> modèles, a rassemblé ce qui était<br />
épars dans différ<strong>en</strong>ts ouvrages. Nous suivrons sa parole <strong>en</strong> faisant disparaître<br />
toute obscurité, <strong>et</strong> nous redirons c<strong>la</strong>irem<strong>en</strong>t <strong>et</strong> intelligiblem<strong>en</strong>t ce qu'il a raconté.<br />
Là comm<strong>en</strong>ce dans Ammi<strong>en</strong> <strong>la</strong> citation (ou résumé) <strong>de</strong> Timagène, qui remplit <strong>de</strong>ux<br />
chapitres (XV, 9 <strong>et</strong> 10), <strong>et</strong> sert <strong>de</strong> préambule aux opérations <strong>de</strong> Constance <strong>en</strong><br />
Gaule. La citation terminée, Ammi<strong>en</strong> <strong>la</strong> clôt <strong>en</strong> disant : le me suis écarté un peu<br />
<strong>de</strong> mon suj<strong>et</strong>, mais j’y revi<strong>en</strong>s <strong>en</strong>fin.<br />
Le passage <strong>de</strong> Timagène cité ou résumé par Ammi<strong>en</strong> compr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> premier lieu<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts généraux sur les Celtes, leur origine, leurs mœurs, l'arrivée<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> Phocé<strong>en</strong>s, <strong>et</strong>c. Suit une <strong><strong>de</strong>s</strong>cription physique <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, après <strong>la</strong>quelle<br />
l'auteur s'occupe particulièrem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> Alpes. Il parle assez longuem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />
Cottius, donne une <strong><strong>de</strong>s</strong>cription <strong><strong>de</strong>s</strong> Alpes cotti<strong>en</strong>nes <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur passage, qui se<br />
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P. Cornélius Scipion, père du premier Africain, <strong>de</strong>vait aller <strong>en</strong> Espagne au secours<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> Sagontins, célèbres par leur infortune <strong>et</strong> leur constance, <strong>et</strong> que les Africains<br />
assiégeai<strong>en</strong>t avec une fureur opiniâtre. Il mit à <strong>la</strong> voile avec une flotte qui portait<br />
une armée nombreuse ; mais déjà l'<strong>en</strong>nemi, très supérieur <strong>en</strong> forces, avait<br />
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1 Cf. Mémoires <strong>de</strong> l'Académie <strong><strong>de</strong>s</strong> inscriptions, t XIII (in-4°) ou t. XIX (in-12°), <strong>et</strong> Histor.<br />
græc. Fragm.. Édition Didot, t. III.