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annibal en gaule - L'Histoire antique des pays et des hommes de la ...

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y avons vu l'unique obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> notre ouvrage ; les lecteurs sérieux y trouveront<br />

seuls quelque attrait (XI, fragm. Mai).<br />

Il va <strong>de</strong> soi que l'histoire, ainsi comprise, ne peut se borner au récit <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

événem<strong>en</strong>ts : il faut que l'histori<strong>en</strong> <strong>en</strong> indique <strong>la</strong> suite, qu'il fasse ressortir les<br />

causes <strong>et</strong> les conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> chaque fait important, qu'il développe non<br />

seulem<strong>en</strong>t l'exposé <strong><strong>de</strong>s</strong> faits matériels, appar<strong>en</strong>ts, mais celui <strong><strong>de</strong>s</strong> ag<strong>en</strong>ts<br />

invisibles, <strong><strong>de</strong>s</strong> forces naturelles, morales ou intellectuelles, qui mèn<strong>en</strong>t le mon<strong>de</strong>.<br />

C'est à ce prix que son histoire sera un traité <strong>de</strong> politique <strong>et</strong> <strong>de</strong> stratégie, <strong>et</strong> non<br />

un récit <strong>de</strong> pure curiosité :<br />

Ceux qui lis<strong>en</strong>t ou écriv<strong>en</strong>t l'histoire ne doiv<strong>en</strong>t pas tant s'appliquer au récit pur<br />

<strong>et</strong> simple <strong><strong>de</strong>s</strong> faits importants qu'à ce qui s'est fait avant, p<strong>en</strong>dant <strong>et</strong> après. Otez<br />

<strong>de</strong> l'histoire les raisons pour lesquelles tel événem<strong>en</strong>t est arrivé, les moy<strong>en</strong>s que<br />

l'on a employés, le succès dont ils ont été suivis ; le reste n'est plus qu'un<br />

exercice <strong>de</strong> l'esprit, dont le lecteur ne pourra ri<strong>en</strong> tirer pour son instruction (III,<br />

25). Quelle utilité peut-il trouver dans <strong><strong>de</strong>s</strong> récits <strong>de</strong> guerres, <strong>de</strong> combats, <strong>de</strong><br />

sièges <strong>et</strong> prises <strong>de</strong> forteresses, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants réduits <strong>en</strong> servitu<strong>de</strong>, si on ne<br />

lui révèle pas <strong>en</strong> même temps les causes qui, dans chaque circonstance, ont<br />

déterminé les succès <strong><strong>de</strong>s</strong> uns <strong>et</strong> les revers <strong><strong>de</strong>s</strong> antres ? L'issue <strong><strong>de</strong>s</strong> événem<strong>en</strong>ts<br />

<strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> actions n'inspire au lecteur qu'un intérêt frivole, tandis que l'exam<strong>en</strong><br />

critique <strong><strong>de</strong>s</strong> p<strong>en</strong>sées qui ont dirigé les actes est fructueux pour l'homme qui veut<br />

s'instruire ; c'est surtout l'explication minutieuse <strong>de</strong> <strong>la</strong> manière dont chaque<br />

affaire a été conduite, qui peut servir <strong>de</strong> leçon au lecteur att<strong>en</strong>tif (XI, fragm.).<br />

C<strong>et</strong>te manière <strong>de</strong> compr<strong>en</strong>dre l'histoire nous donne <strong>de</strong> sérieuses garanties<br />

d'exactitu<strong>de</strong> : à relier ainsi les événem<strong>en</strong>ts, à les expliquer, à les contrôler l'un<br />

par l'autre, on obti<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> vérifications incessantes, on dispose d'un instrum<strong>en</strong>t<br />

critique excell<strong>en</strong>t. Ri<strong>en</strong> <strong>de</strong> meilleur, pour s'assurer <strong>de</strong> l'exactitu<strong>de</strong> d'une<br />

assertion, pour <strong>la</strong> rectifier au besoin, que <strong>de</strong> s'attacher à compr<strong>en</strong>dre comm<strong>en</strong>t<br />

les faits se sont déroulés ; toute <strong>la</strong>cune dans <strong>la</strong> série <strong><strong>de</strong>s</strong> événem<strong>en</strong>ts ou dans<br />

leur liaison fera soupçonner l'erreur. Or Polybe, dès qu'il y a cloute, se gar<strong>de</strong> bi<strong>en</strong><br />

<strong>de</strong> ri<strong>en</strong> affirmer sur <strong>la</strong> foi d'autrui :<br />

Quant aux choses dont je doute, qu'<strong>en</strong> dirai-je ? Raconter hardim<strong>en</strong>t <strong>et</strong> <strong>en</strong> tous<br />

détails <strong><strong>de</strong>s</strong> incid<strong>en</strong>ts mal connus... ce serait une faute, <strong>et</strong> périlleuse ; taire<br />

complètem<strong>en</strong>t ce qui a dû se faire, selon moi, dans une guerre, <strong>et</strong> a <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dré les<br />

malheurs qui ont suivi, ce serait faire acte <strong>de</strong> paresse <strong>et</strong> <strong>de</strong> timidité. Je me<br />

résous à n'écrire que sommairem<strong>en</strong>t ce qui est douteux, <strong>en</strong> indiquant les<br />

appar<strong>en</strong>ces, les probabilités qui m'ont guidé. Je consulterai les dates <strong>et</strong> surtout<br />

les faits <strong>en</strong> tous détails (XXIX, 12).<br />

L'histoire, telle que l'a conçue Polybe, ne se borne point à raconter ni à peindre,<br />

ni même à suggérer <strong><strong>de</strong>s</strong> réflexions utiles. La recherche approfondie <strong><strong>de</strong>s</strong> causes<br />

qui ont <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dré les événem<strong>en</strong>ts, <strong>la</strong> mise <strong>en</strong> lumière <strong><strong>de</strong>s</strong> occasions qui les ont<br />

déterminés, <strong><strong>de</strong>s</strong> circonstances où ils se sont produits, <strong><strong>de</strong>s</strong> eff<strong>et</strong>s qui <strong>en</strong> ont été<br />

tes conséqu<strong>en</strong>ces, voilà ce que se propose ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t c<strong>et</strong>te histoire, que<br />

Polybe appelle pragmatique, d'un terme employé à l'école péripatétici<strong>en</strong>ne, <strong>et</strong> qui<br />

servait à désigner les sci<strong>en</strong>ces d'application pratique <strong>et</strong> particulièrem<strong>en</strong>t les<br />

sci<strong>en</strong>ces morales. L'histori<strong>en</strong> contemple les faits historiques, il les explique, il les<br />

juge ; il disserte, il <strong>en</strong>seigne, <strong>en</strong> même temps qu'il peint ou qu'il raconte. II fait<br />

une pragmatie, comme Polybe nomme maintes fois son œuvre, c'est-4-dire un<br />

traité <strong>de</strong> politique <strong>et</strong> <strong>de</strong> morale à propos du spectacle <strong><strong>de</strong>s</strong> choses humaines. Il

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