annibal en gaule - L'Histoire antique des pays et des hommes de la ...
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Des expressions précises <strong>de</strong> Polybe sont généralisées <strong>de</strong> manière à <strong>en</strong> fausser le<br />
s<strong>en</strong>s : <strong>de</strong> l'infanterie légère (XVIII, 21) <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t tout simplem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'infanterie<br />
(XXXIII, 7), ce qui change !e caractère <strong>de</strong> l’opération décrite.<br />
Les villes grecques <strong>de</strong> <strong>la</strong> Thrace (XXIII, 8), <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t chez Tite-Live toute <strong>la</strong><br />
Thrace (XXXIX, 33).<br />
Dans le même passage, au lieu <strong>de</strong> traduire littéralem<strong>en</strong>t : Le roi, ayant été<br />
dissuadé d'aller plus loin <strong>et</strong> ayant hésité longtemps (XXII, 18), il improvise : C<strong>et</strong>te<br />
parole troub<strong>la</strong> d'abord le roi à tel point que son visage pâlit <strong>et</strong> se décomposa ;<br />
<strong>en</strong>fin, ayant ressaisi ses esprits... (XXXIV, 34), <strong>et</strong> c'est Tite-Live qui impute au roi<br />
Philippe c<strong>et</strong>te émotion intempestive sans que ri<strong>en</strong> l'y invite.<br />
Un peu plus haut, Polybe nous racontait les marches qui ont précédé <strong>la</strong> bataille<br />
<strong>de</strong> Cynocéphales : Ayant été gêné dans sa marche par le brouil<strong>la</strong>rd, il (Philippe)<br />
passa <strong>la</strong> nuit dans un <strong>pays</strong> ouvert <strong>et</strong> conduisit son armée dans <strong><strong>de</strong>s</strong> gorges (XVII,<br />
20), <strong>et</strong>c. Tite-Live traduit : Une telle nuée avait obscurci le jour, que les<br />
<strong>en</strong>seignes ne voyai<strong>en</strong>t pas le chemin, ni les soldats leurs <strong>en</strong>seignes ; <strong>la</strong> colonne<br />
s'ori<strong>en</strong>tait sur <strong><strong>de</strong>s</strong> cris incertains comme si elle s'était égarée <strong>en</strong> errant dans <strong>la</strong><br />
nuit (XXIII, 7). Nous perdons le r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t topographique exact pour une<br />
amplification oiseuse.<br />
A propos <strong>de</strong> <strong>la</strong> bataille même <strong>de</strong> Cynocéphales, Tite-Live remarque, d'après<br />
Polybe, qu'<strong>en</strong> arrachant un pieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> palissa<strong>de</strong>, on n'ouvrait pas un bi<strong>en</strong> grand<br />
vi<strong>de</strong>, mais il ajoute, <strong>de</strong> lui-même, une observation très fausse : <strong>et</strong> il était facile<br />
d'<strong>en</strong> rem<strong>et</strong>tre un autre (XXXIII, 5).<br />
Ce qui est plus grave, c'est que Tite-Live traduit c<strong>et</strong>te phrase : Philippe, ayant<br />
appris que les Romains campai<strong>en</strong>t près <strong>de</strong> Thèbes, par : ayant appris que les<br />
Romains s'étai<strong>en</strong>t portés <strong>de</strong> Thèbes à Phères <strong>et</strong>, si singulier que ce<strong>la</strong> paraisse, il<br />
a pris sur lui <strong>de</strong> contredire Polybe, car tout le chapitre est traduit <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier,<br />
sans trace d'autres originaux.<br />
Il lit le grec à livre ouvert, mais n'est pas à l'abri <strong><strong>de</strong>s</strong> contres<strong>en</strong>s, <strong>et</strong> il <strong>en</strong> comm<strong>et</strong><br />
d'assez amusants. Il confond, par exemple, θυρεούς (boucliers longs) avec θύρας<br />
(portes), <strong>en</strong> racontant <strong>la</strong> guerre <strong>de</strong> mines <strong>de</strong>vant Ambracie. Le déf<strong>en</strong>seur qui,<br />
d'après Polybe, arrêtait l'assail<strong>la</strong>nt dans un boyau <strong>de</strong> mine <strong>en</strong> lui opposant ses<br />
boucliers (XXII, 11), se trouve, d'après Tite-Live, lui fermer <strong>la</strong> porte au nez<br />
(XXXVIII, 7).<br />
Une autre fois, il confond Thermôn, où se réuniss<strong>en</strong>t les Étoli<strong>en</strong>s (XVIII, 31), avec<br />
les Thermopyles ; il <strong>en</strong> profite pour ajouter quelques mots : Aux Thermopyles, où<br />
se ti<strong>en</strong>t, à <strong><strong>de</strong>s</strong> époques fixes, une nombreuse assemblée <strong><strong>de</strong>s</strong> Grecs nommée<br />
Py<strong>la</strong>ïque (XXXIII, 35).<br />
La plus amusante <strong>de</strong> ses erreurs est peut-être celle qu'il comm<strong>et</strong> sur le<br />
mouvem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> piques dans <strong>la</strong> bataille <strong>de</strong> Cynocéphales. Philippe ayant<br />
commandé à <strong>la</strong> pha<strong>la</strong>nge : Abattez les piques (XVIII, 24), l'équival<strong>en</strong>t <strong>de</strong> notre<br />
Croisez <strong>la</strong> baïonn<strong>et</strong>te, Tite-Live compr<strong>en</strong>d qu'il a ordonné <strong>de</strong> j<strong>et</strong>er les piques à<br />
terre, <strong>et</strong> il explique aussitôt que <strong>la</strong> longueur <strong>de</strong> ces armes les r<strong>en</strong>dant<br />
<strong>en</strong>combrantes, on s'<strong>en</strong> débarrasse pour charger l'épée à <strong>la</strong> main (XXXIII, 8). Il<br />
avait pourtant r<strong>en</strong>contré ailleurs <strong>et</strong> bi<strong>en</strong> compris <strong>la</strong> même expression1.<br />
1 Polybe, XI, 13-16.