annibal en gaule - L'Histoire antique des pays et des hommes de la ...
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à la descente sur Suse, et l'on sait par les itinéraires qu'administrativement, l'Italie commence à Suse. Non loin de là, au mont Genèvre, les sources de la Doire et de la Durance sont à peu près confondues ; beaucoup plus bas sont celles du Pô. Tout ce qu'on peut reprochera Strabon, c'est de supposer le mont Cenis, le mont Genèvre et le mont Viso trop voisins les uns des autres : c'est qu'ils sont compris sous la même étiquette Alpis Cottia, et qu'à distance, les notions sur ces zones montagneuses sont très confuses. On peut en juger par la table de Peutinger. Vitruve achève de nous renseigner sur le pays des Médulles, en nous apprenant qu'il s'y trouve beaucoup de goitreux : Il y a là, dit-il, une espèce d'eau qui donne des gorges énormes (turgidis) à ceux qui en boivent1. Le hameau de Miollans, près de Saint-Pierre-d'Albigny, s'appelait au moyen âge Castrum Medullum ; le plateau du mont Cenis s'appelait la plaine Médulline, d'où on a fait Madeleine, et les cols de la Madeleine, nombreux dans ces montagnes, doivent avoir la même origine. Les Médulles ont porté à un moment donné le nom de Graïoceli, qui signifie : aux débouchés des montagnes2, et qui s'appliquait sans doute à une confédération formée par eux avec quelques peuples voisins. César, ayant à traverser les Alpes, se heurte aux Centrons, aux Graïoceli et aux Caturiges. On avait beaucoup d'incertitude sur l'identification des Graïoceli, mais M. Osiander nous apprend que l'église de Saint-Jean-de-Maurienne portait encore leur nom au moyen âge3. Les Graïoceli de César étaient donc une confédération dans laquelle entraient les Médulles. Nous arrivons aux trois ou quatre peuples les plus difficiles peut-être à délimiter (à part quelques tribus alpines dont remplacement même est inconnu), les Voconces, les Iconii et les Tricorii. Et par malheur, ce sont, après les Allobroges, ceux dont la détermination nous importerait le plus. En ce qui concerne les Voconces, nous savons, par Pline, que c'était une confédération, et parmi les peuples qui en faisaient partie, il faut compter le Vertacomacori (habitants du Vercors). Dans l'ensemble, il n'est pas douteux que les Voconces occupaient le massif montagneux qui s'étend depuis l'Isère jusqu'au mont Ventoux, c'est-à-dire le Vercors et les hautes vallées de la Drôme, de l'Eygues, de l'Ouvèze, alors fertiles : les Voconces, dit Strabon, s'étendent jusqu'aux Allobroges, occupant dans le fond de la montagne des vallées considérables, et qui ne valent pas moins que celles occupées par ces derniers. Ils avaient pour capitales, sous l'Empire, Vaison (Vasio) et Luc-en-Diois (Lucus Augusti). Die (Dea) était aussi sur leur territoire, qui correspondait exactement aux diocèses de Die et de Vaison. Cependant, à l'époque de Strabon, le territoire des Voconces s'étend jusqu'aux portes d'Embrun. Ce géographe, décrivant la route de Cavaillon à Briançon, dit que du commencement de la montée des Alpes jusqu'à l'autre frontière des Voconces, vers le pays de Cottius, il y a 99 milles jusqu'au bourg d'Ebrodunum, 1 VIII, 3. 2 On trouve au débouché d'un grand nombre de vallées, en Italie et dans la France centrale, des villes nommées Ocelum ou Ocela. On sait que le nom de Graia s'applique aux montagnes élevées, et notamment aux Alpes de Savoie, appelées par les Romains Alpis Graïa. 3 OSIANDER, p. 117.
et le chiffre confirme le texte1. Nous serions donc conduit à étendre la domination des Voconces sur tout le diocèse de Gap, et peut-être celui de Sisteron, mais d'autres documents nous ramènent à notre première opinion. Il existait encore en 1790, dans les archives ecclésiastiques, les pièces d'un procès soutenu au VI’ siècle par l'évoque de Gap contre celui de Vaison. Il revendiquait, comme successeur et héritier des anciens Tricorii, un canton qui avait appartenu à ceux-ci et à leur Civitas, et que le diocèse de Vaison s'était annexé indûment. Or ce canton se trouve compris entre l'Eygues et l'Ouvèze : c'est le val de Saint-Jalle. Les Tricorii s'étendaient donc jusque-là, et les Voconces proprement dits ne sortaient pas des diocèses de Die et de Vaison. Nous avons la certitude que les Tricorii étaient établis aux sources de l'Eygues ; mais jusqu'où s'étendait leur domaine vers le Nord-Est ? Ici, il est absolument impossible de répondre. Il est très probable, sinon certain, que le diocèse de Gap est plus étendu que ne fut le territoire de ce petit peuple ; le Gapençais, en particulier, a dû faire partie du domaine des Caturiges, car, ainsi que le fait observer la Topographie des Basses-Alpes, on ne peut séparer les régions de Gap, Chorges et Embrun, qui forment un groupe géographique bien défini. C'est seulement à la fin de l'Empire romain qu'une limite a été tracée entre Gap et Embrun : d'après tous les itinéraires, c'est à l'ouest de Gap, au village de la Roche-des-Arnauds, que se trouvait un Fines ; il était bien à la limite de deux régions naturelles, et marquait la frontière occidentale des Caturiges. Il est assez probable qu'il faut voir dans le territoire ainsi séparé des Caturiges le domaine d'une de leurs tribus, les Avantici, dont le nom se retrouve dans celui de l'Avançon, affluent de la Durance ; c'est précisément la vallée de l'Avançon qui constitue la région comprise entre les deux limites, et nous savons que les Avantici ont été séparés du groupe cottien el annexés à la Gaule par Galba. Nous sommes donc conduit à considérer les Tricorii comme un peuple assez important, établi au nord du mont Ventoux et dans la vallée du Buech, et client des Voconces. Ceux-ci habitaient exclusivement le Vercors, le Dévoluy, et les vallées de la Drôme, du Lez et de l'Eygues. Nous avons déjà cité les deux passages où Strabon nomme les Voconces, les Tricorii et les Médulles. Rappelons-en les termes exacts, car en les reproduisant d'une manière approximative, comme l'a fait E. Desjardins (II, p. 2), on est conduit à d’assez grosses erreurs : Les Cavares ont au-dessus d'eux les Voconces, les Tricorii, les Iconii et les Médulles, dit d'abord Strabon (IV, 1), ce qui conduit à placer les Iconii entre les Tricorii et les Médulles, c'est-à-dire dans l'Oisans. On les confond alors avec les Uceni (vallée d'Oz), ou du moins on admet que ces derniers en faisaient partie. C'est une pure hypothèse, mais elle est vraisemblable. Plus loin (IV, 6), Strabon reprend : Après les Voconces se trouvent les Siconii et les Tricorii, que suivent les Médulles. On a admis assez généralement que les Siconii et les Iconii étaient un seul et même peuple. C'est une opinion qu'on ne peut repousser absolument, mais qui paraît difficile à concilier avec l'ordre dans lequel Strabon énumère les quatre peuples. Peut-être vaut-il mieux admettre 1 IV, 3.
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Sisteron, mais d'autres docum<strong>en</strong>ts nous ramèn<strong>en</strong>t à notre première opinion.<br />
Il existait <strong>en</strong>core <strong>en</strong> 1790, dans les archives ecclésiastiques, les pièces d'un<br />
procès sout<strong>en</strong>u au VI’ siècle par l'évoque <strong>de</strong> Gap contre celui <strong>de</strong> Vaison. Il<br />
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c'est le val <strong>de</strong> Saint-Jalle. Les Tricorii s'ét<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t donc jusque-là, <strong>et</strong> les<br />
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Nous avons <strong>la</strong> certitu<strong>de</strong> que les Tricorii étai<strong>en</strong>t établis aux sources <strong>de</strong> l'Eygues ;<br />
mais jusqu'où s'ét<strong>en</strong>dait leur domaine vers le Nord-Est ? Ici, il est absolum<strong>en</strong>t<br />
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particulier, a dû faire partie du domaine <strong><strong>de</strong>s</strong> Caturiges, car, ainsi que le fait<br />
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Embrun : d'après tous les itinéraires, c'est à l'ouest <strong>de</strong> Gap, au vil<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
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Il est assez probable qu'il faut voir dans le territoire ainsi séparé <strong><strong>de</strong>s</strong> Caturiges le<br />
domaine d'une <strong>de</strong> leurs tribus, les Avantici, dont le nom se r<strong>et</strong>rouve dans celui <strong>de</strong><br />
l'Avançon, afflu<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> Durance ; c'est précisém<strong>en</strong>t <strong>la</strong> vallée <strong>de</strong> l'Avançon qui<br />
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Avantici ont été séparés du groupe cotti<strong>en</strong> el annexés à <strong>la</strong> Gaule par Galba.<br />
Nous sommes donc conduit à considérer les Tricorii comme un peuple assez<br />
important, établi au nord du mont V<strong>en</strong>toux <strong>et</strong> dans <strong>la</strong> vallée du Buech, <strong>et</strong> cli<strong>en</strong>t<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> Voconces.<br />
Ceux-ci habitai<strong>en</strong>t exclusivem<strong>en</strong>t le Vercors, le Dévoluy, <strong>et</strong> les vallées <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Drôme, du Lez <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'Eygues.<br />
Nous avons déjà cité les <strong>de</strong>ux passages où Strabon nomme les Voconces, les<br />
Tricorii <strong>et</strong> les Médulles. Rappelons-<strong>en</strong> les termes exacts, car <strong>en</strong> les reproduisant<br />
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conduit à d’assez grosses erreurs : Les Cavares ont au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus d'eux les<br />
Voconces, les Tricorii, les Iconii <strong>et</strong> les Médulles, dit d'abord Strabon (IV, 1), ce qui<br />
conduit à p<strong>la</strong>cer les Iconii <strong>en</strong>tre les Tricorii <strong>et</strong> les Médulles, c'est-à-dire dans<br />
l'Oisans. On les confond alors avec les Uc<strong>en</strong>i (vallée d'Oz), ou du moins on adm<strong>et</strong><br />
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Plus loin (IV, 6), Strabon repr<strong>en</strong>d : Après les Voconces se trouv<strong>en</strong>t les Siconii <strong>et</strong><br />
les Tricorii, que suiv<strong>en</strong>t les Médulles. On a admis assez généralem<strong>en</strong>t que les<br />
Siconii <strong>et</strong> les Iconii étai<strong>en</strong>t un seul <strong>et</strong> même peuple. C'est une opinion qu'on ne<br />
peut repousser absolum<strong>en</strong>t, mais qui paraît difficile à concilier avec l'ordre dans<br />
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