annibal en gaule - L'Histoire antique des pays et des hommes de la ...
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eut été démolie en 1802, on a trouvé, dans le massif des deux tours romaines qui en dépendaient, un grand nombre d'inscriptions latines qui toutes étaient par cela même et nécessairement antérieures à l’an 288. A cette époque, qui est celle de la réédification des murs, elles devaient même être anciennes déjà, étant employées comme matériaux. Ces pierres portent les noms de citoyens romains morts, les uns sous Adrien (138 ap. J.-C), un autre en l’an 50, deux enfin dans les dernières années de la République. Ceux-là sont Q. Scribonius Lucullus et Julius Condianus, flamine de la déesse Juventus, à peu près contemporains de Cicéron et de Plancus. Ainsi Cularo, dès les premières années de la conquête, et avant même que la puissance romaine y fût définitivement établie, se trouvait sur remplacement de la ville moderne. Voilà pour la frontière des Allobroges le long de l'Isère ; examinons les parties riveraines du Rhône. César, ramenant de la Cisalpine les légions destinées à combattre les Helvètes, arrive à Ocelum (Avigliana) ; puis il atteint en sept jours le territoire des Voconces, dans la province ultérieure ; de là il conduit son armée chez les Allobroges, puis du pays des Allobroges dans celui des Segusiaves, qui sont le premier peuple au delà du Rhône en sortant de notre province. Déjà les Helvètes avaient franchi les défilés et le territoire des Séquanes (cluses de Nantua et d'Ambérieu), déjà ils étaient parvenus chez les Éduens et ils ravageaient leurs champs.... En même temps que les Éduens, les Ambarres, qui sont les alliés et les frères des Éduens, informent César que l'ennemi, après avoir dévasté leurs champs, menace leurs villes de refuge. Enfin les Allobroges qui possèdent au delà du Rhône des villages et des terres accourent se réfugier dans le camp de César1.... Ce passage nous montre les Allobroges s'étendant jusqu'au Rhône, tant du côté des Ambarres (Bresse) que des Segusiaves (Forez), peuples de la rive droite. Les Allobroges ont des terres et quelques villages du côté des Ambarres. Enfin les Éduens, les Ambarres, les Allobroges nous apparaissent ici comme des peuples sédentaires et déshabitués de la guerre, en face des Helvètes à demi sauvages. Quant à ces derniers, ils sont en contact avec les Allobroges entre le lac de Genève et le Jura, et c'est le Rhône qui forme la limite : Les Helvètes n'étaient séparés des Allobroges, nation récemment soumise à nos armes, que par le Rhône, et ce fleuve offre plusieurs passages guéables. La dernière ville des Allobroges, et par conséquent celle qui se trouve le plus rapprochée des Helvètes, c'est Genève. Le pont de Genève met les deux pays en communication... Tout ceci est parfaitement d'accord avec les limites attribuées aux Allobroges près du mont Blanc, du Rhône et de l'Isère. 1 César, I, 10-11. L'itinéraire de César ne peut être que le suivant : mont Genèvre, Gap, col de Cabre, Valence, Lyon. D'Ocelum (Avigliana) à la limite des Voconces (la Roche des Arnauds) il y a 191 kilomètres qui furent faits en sept jours, soit 27 kilomètres en moyenne par étape. Nous suivons l'excellente traduction de M. J. Bellenger, la seule traduction d'un auteur ancien que l'on puisse citer de confiance (I, 6 et 11).
Ce que César dit de Genève, et de la limite des Allobroges et des Helvètes devant cette ville, prouve qu'il n'a jamais confondu le Rhône avec l'Arve, car Genève n'a jamais été sur la rive gauche de l'Arve. fin disant du lac de Genève : influit in Rhodanum, il ne prend pas le déversoir du lac pour un affluent, et l'Arve pour le fleuve principal. Personne, dans l'antiquité, n'a accusé César de s'être trompé sur ce points lorsque la région de Genève fut devenue familière à tous ; c'est que influere in signifiait se déverser dans aussi bien que se jeter dans. Comment expliquer, sans cela, que nul écrivain ancien n'ait relevé la bévue de César ? D'ailleurs on savait, depuis les temps les plus reculés, que le Rhône venait du Valais : les montagnards de ce pays l'appelaient Rodden1. Près des Allobroges, les Centrons occupaient la Tarentaise. Leur territoire s'étendait au Nord jusqu'au sommet des pentes qui dominent l'Arve, puisqu'on a trouvé une borne frontière indiquant la limite de la Viennoise et des Centrons au Prarion, près de Saint-Gervais. Ptolémée cite comme villes chez ce peuple Axima (Aime) et Forum Claudii (Moutiers), qui s'appela aussi Darantasia. On trouve, non loin de Moutiers, un village appelé Centron, qui fut la première capitale de cette nation ; enfin, Strabon spécifie que deux routes partaient de chez les Salasses (val d'Aoste) pour traverser les Alpes, l'une par le mont Penninus (Grand Saint- Bernard), et l'autre allant chez les Centrons : Les Salasses occupent un vaste territoire dans une vallée profonde que des montagnes enferment de tous les côtés ; une partie de ce territoire s'élève jusqu'aux sommets environnants. En parlant de l'Italie, pour franchir les montagnes, la route suit cette vallée, puis elle se divise : une route va passer au mont Penninus, mais elle est impraticable aux charrois dans ses parties les plus élevées ; l'autre, qui traverse le pays des Centrons, est plus à l'Ouest2. La ville d'Augusta Prœtoria fut construite au cœur de la vallée qu'occupaient les Salasses ; Eporedia (Ivrée) en gardait le débouché dans la plaine. Tous ces renseignements fixent bien exactement la position des Salasses dans le val d'Aoste et celle des Centrons en Tarentaise, ceux-ci ayant les mêmes limites que le futur diocèse de Moutiers. Pline, énumérant les peuples des Alpes d'après le Trophée de la Turbie, cite, immédiatement après les Salasses, les Acitabones. On n'a jamais trouvé trace d'un pareil peuple dans les Alpes Grées, et deux solutions sont admissibles : l'une, qu'il a été fait une erreur de copie et qu'il faut lire Centrones au lieu d'Acitabones ; l'autre, qu'il y eut réellement un peuple de ce nom sur le versant italien, dans les petites vallées de la Stura et de l'Orco. Nous ne pouvons dire que peu de mots des autres peuples du versant italien. On sait que les Taurini, peuple ligure, avaient pour capitale une ville qui est devenue Turin, et qu'ils s'étendaient à l'Ouest jusqu'auprès de Suse. Quelles étaient leurs frontières du côté de la plaine ? Nous n'en savons rien. Leur importance même peut être appréciée très diversement. Les Gaulois Insubres, qui occupaient le Milanais, étaient limitrophes des Taurini à l'Ouest, et possédaient Verceil et Novare3, ce qui place leur frontière entre la Sesia (Sesitas) et la Doire Baltée (Duria Major). Pavie leur appartenait aussi, et la route de Pavie (Ticinum) à Suse, en longeant le Pô, et la Doire Ripaire (Duria 1 KIEPERT, Manuel de Géographie ancienne. 2 Strabon, IV, 7. 3 Strabon, V, 6.
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qui <strong>en</strong> dép<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t, un grand nombre d'inscriptions <strong>la</strong>tines qui toutes étai<strong>en</strong>t par<br />
ce<strong>la</strong> même <strong>et</strong> nécessairem<strong>en</strong>t antérieures à l’an 288. A c<strong>et</strong>te époque, qui est<br />
celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> réédification <strong><strong>de</strong>s</strong> murs, elles <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t même être anci<strong>en</strong>nes déjà,<br />
étant employées comme matériaux. Ces pierres port<strong>en</strong>t les noms <strong>de</strong> citoy<strong>en</strong>s<br />
romains morts, les uns sous Adri<strong>en</strong> (138 ap. J.-C), un autre <strong>en</strong> l’an 50, <strong>de</strong>ux <strong>en</strong>fin<br />
dans les <strong>de</strong>rnières années <strong>de</strong> <strong>la</strong> République. Ceux-là sont Q. Scribonius Lucullus<br />
<strong>et</strong> Julius Condianus, f<strong>la</strong>mine <strong>de</strong> <strong>la</strong> déesse Juv<strong>en</strong>tus, à peu près contemporains <strong>de</strong><br />
Cicéron <strong>et</strong> <strong>de</strong> P<strong>la</strong>ncus.<br />
Ainsi Cu<strong>la</strong>ro, dès les premières années <strong>de</strong> <strong>la</strong> conquête, <strong>et</strong> avant même que <strong>la</strong><br />
puissance romaine y fût définitivem<strong>en</strong>t établie, se trouvait sur remp<strong>la</strong>cem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> ville mo<strong>de</strong>rne.<br />
Voilà pour <strong>la</strong> frontière <strong><strong>de</strong>s</strong> Allobroges le long <strong>de</strong> l'Isère ; examinons les parties<br />
riveraines du Rhône.<br />
César, ram<strong>en</strong>ant <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cisalpine les légions <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées à combattre les Helvètes,<br />
arrive à Ocelum (Avigliana) ; puis il atteint <strong>en</strong> sept jours le territoire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
Voconces, dans <strong>la</strong> province ultérieure ; <strong>de</strong> là il conduit son armée chez les<br />
Allobroges, puis du <strong>pays</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Allobroges dans celui <strong><strong>de</strong>s</strong> Segusiaves, qui sont le<br />
premier peuple au <strong>de</strong>là du Rhône <strong>en</strong> sortant <strong>de</strong> notre province. Déjà les Helvètes<br />
avai<strong>en</strong>t franchi les défilés <strong>et</strong> le territoire <strong><strong>de</strong>s</strong> Séquanes (cluses <strong>de</strong> Nantua <strong>et</strong><br />
d'Ambérieu), déjà ils étai<strong>en</strong>t parv<strong>en</strong>us chez les Édu<strong>en</strong>s <strong>et</strong> ils ravageai<strong>en</strong>t leurs<br />
champs.... En même temps que les Édu<strong>en</strong>s, les Ambarres, qui sont les alliés <strong>et</strong><br />
les frères <strong><strong>de</strong>s</strong> Édu<strong>en</strong>s, inform<strong>en</strong>t César que l'<strong>en</strong>nemi, après avoir dévasté leurs<br />
champs, m<strong>en</strong>ace leurs villes <strong>de</strong> refuge. Enfin les Allobroges qui possèd<strong>en</strong>t au<br />
<strong>de</strong>là du Rhône <strong><strong>de</strong>s</strong> vil<strong>la</strong>ges <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> terres accour<strong>en</strong>t se réfugier dans le camp <strong>de</strong><br />
César1....<br />
Ce passage nous montre les Allobroges s'ét<strong>en</strong>dant jusqu'au Rhône, tant du côté<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> Ambarres (Bresse) que <strong><strong>de</strong>s</strong> Segusiaves (Forez), peuples <strong>de</strong> <strong>la</strong> rive droite. Les<br />
Allobroges ont <strong><strong>de</strong>s</strong> terres <strong>et</strong> quelques vil<strong>la</strong>ges du côté <strong><strong>de</strong>s</strong> Ambarres. Enfin les<br />
Édu<strong>en</strong>s, les Ambarres, les Allobroges nous apparaiss<strong>en</strong>t ici comme <strong><strong>de</strong>s</strong> peuples<br />
séd<strong>en</strong>taires <strong>et</strong> déshabitués <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre, <strong>en</strong> face <strong><strong>de</strong>s</strong> Helvètes à <strong>de</strong>mi sauvages.<br />
Quant à ces <strong>de</strong>rniers, ils sont <strong>en</strong> contact avec les Allobroges <strong>en</strong>tre le <strong>la</strong>c <strong>de</strong><br />
G<strong>en</strong>ève <strong>et</strong> le Jura, <strong>et</strong> c'est le Rhône qui forme <strong>la</strong> limite :<br />
Les Helvètes n'étai<strong>en</strong>t séparés <strong><strong>de</strong>s</strong> Allobroges, nation récemm<strong>en</strong>t soumise à nos<br />
armes, que par le Rhône, <strong>et</strong> ce fleuve offre plusieurs passages guéables. La<br />
<strong>de</strong>rnière ville <strong><strong>de</strong>s</strong> Allobroges, <strong>et</strong> par conséqu<strong>en</strong>t celle qui se trouve le plus<br />
rapprochée <strong><strong>de</strong>s</strong> Helvètes, c'est G<strong>en</strong>ève. Le pont <strong>de</strong> G<strong>en</strong>ève m<strong>et</strong> les <strong>de</strong>ux <strong>pays</strong> <strong>en</strong><br />
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Tout ceci est parfaitem<strong>en</strong>t d'accord avec les limites attribuées aux Allobroges<br />
près du mont B<strong>la</strong>nc, du Rhône <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'Isère.<br />
1 César, I, 10-11. L'itinéraire <strong>de</strong> César ne peut être que le suivant : mont G<strong>en</strong>èvre, Gap,<br />
col <strong>de</strong> Cabre, Val<strong>en</strong>ce, Lyon.<br />
D'Ocelum (Avigliana) à <strong>la</strong> limite <strong><strong>de</strong>s</strong> Voconces (<strong>la</strong> Roche <strong><strong>de</strong>s</strong> Arnauds) il y a 191<br />
kilomètres qui fur<strong>en</strong>t faits <strong>en</strong> sept jours, soit 27 kilomètres <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne par étape.<br />
Nous suivons l'excell<strong>en</strong>te traduction <strong>de</strong> M. J. Bell<strong>en</strong>ger, <strong>la</strong> seule traduction d'un auteur<br />
anci<strong>en</strong> que l'on puisse citer <strong>de</strong> confiance (I, 6 <strong>et</strong> 11).