annibal en gaule - L'Histoire antique des pays et des hommes de la ...
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les ports <strong>de</strong> <strong>la</strong> côte. Le pseudo Aristote <strong><strong>de</strong>s</strong> Anecdotes merveilleuses (Περί<br />
θαυµασίων άκουσµάτων) donne sur c<strong>et</strong>te route le curieux r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t que voici<br />
: On dit qu'il y a une certaine route, appelée Héraclée, qui conduit d'Italie<br />
jusqu'<strong>en</strong> Celtique, <strong>et</strong> chez les Celtoligures, <strong>et</strong> chez les Ibères. Si un Hellène ou un<br />
indigène quelconque y voyage, les habitants riverains veill<strong>en</strong>t à ce qu'il ne lui<br />
arrive aucun dommage. Ceux chez qui survi<strong>en</strong>drait un accid<strong>en</strong>t <strong>en</strong> supporterai<strong>en</strong>t<br />
<strong>la</strong> peine1. Était-elle pavée ? on ne saurait le dire, mais à coup sûr elle était<br />
l'obj<strong>et</strong> d'une att<strong>en</strong>tion toute spéciale. Primum Pæni dicuntur <strong>la</strong>pidibus vias<br />
stravisse, dit Isidore <strong>de</strong> Séville2, <strong>et</strong> M. L<strong>en</strong>théric ajoute à ce propos : Il est bi<strong>en</strong><br />
possible que les voies primitives qui reliai<strong>en</strong>t les comptoirs phénici<strong>en</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Méditerranée <strong>en</strong> Afrique, <strong>en</strong> Espagne, <strong>en</strong> Sicile <strong>et</strong> dans <strong>la</strong> Gaule narbonnaise,<br />
ai<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>té çà <strong>et</strong> là quelques parties pavées ou empierrées. A vrai dire, on<br />
n'<strong>en</strong> a r<strong>et</strong>rouvé que <strong><strong>de</strong>s</strong> vestiges insignifiants3.<br />
N'a-t-on pas quelquefois considéré comme voies romaines <strong><strong>de</strong>s</strong> routes plus<br />
anci<strong>en</strong>nes dont on r<strong>et</strong>rouvait les vestiges ? En particulier, <strong>la</strong> prét<strong>en</strong>due Via<br />
Sa<strong>la</strong>nca qui passe au col <strong>de</strong> <strong>la</strong> Carbassère, dans les Pyrénées-Ori<strong>en</strong>tales, n'estelle<br />
pas le seul véritable débris qui nous reste <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie Héraclée ? Nous<br />
sommes t<strong>en</strong>té <strong>de</strong> le croire, parce que c<strong>et</strong>te route, qui traverse les Pyrénées par<br />
un itinéraire plus long <strong>et</strong> plus fatigant que celui du Perthus, a pour unique<br />
avantage <strong>de</strong> se t<strong>en</strong>ir plus près <strong>de</strong> <strong>la</strong> côte. La voie romaine, au contraire, pour<br />
<strong>la</strong>quelle les itinéraires nous fix<strong>en</strong>t à n'<strong>en</strong> pas douter le tracé Gérone, Figuières, <strong>la</strong><br />
Jonquière, le Perthus, le Boulou, Elne, est meilleure, mais passe loin <strong><strong>de</strong>s</strong> quatre<br />
ports d'Ampurias, Rosas, Collioure <strong>et</strong> Port-V<strong>en</strong>dres.<br />
Nous ne pouvons donc pas réfuter, ni démontrer formellem<strong>en</strong>t l'exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong><br />
routes construites avant <strong>la</strong> conquête romaine. Personne, dit E. Desjardins, ne<br />
peut songer à nier l'exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> chemins gaulois <strong>et</strong> <strong>de</strong> communications<br />
régulières, actives, suivant même <strong><strong>de</strong>s</strong> directions fixes, <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>ts<br />
c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> peuples ou <strong>de</strong> cités, pour employer le terme dont s'est servi César ;<br />
mais nous affirmons que ces routes, qui n'étai<strong>en</strong>t pas construites, n'ont pu<br />
<strong>la</strong>isser, <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce, aucun vestige appréciable, ni même distinct, quant à<br />
leur origine <strong>et</strong> quant à leur époque4.<br />
Telle est certainem<strong>en</strong>t <strong>la</strong> vérité <strong>en</strong> ce qui concerne l'intérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule. Si l’on<br />
excepte <strong>la</strong> côte méditerrané<strong>en</strong>ne, pour <strong>la</strong>quelle le doute subsiste, il n'y avait<br />
avant <strong>la</strong> conquête romaine que <strong><strong>de</strong>s</strong> chemins <strong>de</strong> terre, <strong>de</strong> ceux que nos cartes<br />
d'état-major marqu<strong>en</strong>t par un seul trait. Mais ces chemins étai<strong>en</strong>t sans doute<br />
nombreux ; nous p<strong>en</strong>sons même que, dans les parties cultivées du territoire, ils<br />
n'ont guère dû changer <strong>de</strong>puis vingt siècles. Invariablem<strong>en</strong>t liés au tracé <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
parcelles, ils ont eu <strong>la</strong> stabilité du cadastre.<br />
On peut présumer, dit Deluc5, que les Romains ouvrir<strong>en</strong>t leurs grands chemins<br />
dans les Alpes <strong>en</strong> suivant les routes fréqu<strong>en</strong>tées par les anci<strong>en</strong>s habitants du<br />
<strong>pays</strong>.<br />
Il n'y a au contraire aucune raison <strong>de</strong> supposer que les Romains ai<strong>en</strong>t adopté le<br />
tracé <strong><strong>de</strong>s</strong> chemins gaulois. De nos jours, il est rare qu'une route nouvelle soit<br />
construite sur les chemins existants, surtout aux colonies. Comme on fait usage<br />
1 Περί θαυµασίων άκουσµάτων, chap. LXXXV.<br />
2 De origin., XIV.<br />
3 Le Rhône, I, 95.<br />
4 Géographie <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule romaine, IV, 160.<br />
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