annibal en gaule - L'Histoire antique des pays et des hommes de la ...
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presque tous navigables, et l'on ne voyait pas ces marécages pestilentiels qui ont désolé le pays1. La région du bas Rhône et la Camargue étaient loin d'être, aux temps anciens, dans la situation déplorable que les digues leur ont faite, et des ruines assez nombreuses attestent que le désert d'aujourd'hui était non seulement en pleine prospérité agricole, mais qu'il était aussi un territoire riche et peuplé. Le Valcarès, qui n'est plus qu'une grande mare isolée de la mer, où croupit une eau saumâtre et impure, communiquait alors librement avec elle et a dû, pendant assez longtemps, ressembler à notre bassin d'Arcachon. Partout, en effet, sur cet ancien rivage maritime, on trouve des débris et des souvenirs de la civilisation passée2. Comme les ruines romaines de Fos, celles du Valcarès sont en partie submergées. Il ne s'agit pas ici d'érosion, mais d'effondrement, de glissement des terres vers les lagunes et sans doute aussi d'un affaissement général du sol. On sait que les fouilles exécutées à Venise, depuis la chute du Campanile, ont mis à jour des voies romaines descendues au-dessous du niveau des lagunes, et des fragments d'habitations primitives, enfouis plus profondément encore. Le même phénomène d'affaissement s'est produit autour de l'étang de Valcarès et généralement de tous les étangs de la Camargue. Les ruines qui bordent l'étang de Valcarès sont si avancées dans les eaux, que la carte d'état-major les indique jusqu'à une centaine de mètres du rivage. Outre une grande quantité de poteries variées et de médailles du haut et du bas Empire, la rive orientale du Valcarès montre des pierres d'appareil et de nombreuses substructions qui offrent tous les caractères de l’époque galloromaine. Il en est de même sur le rivage opposé, et il existe notamment un point de cette rive où l’on aperçoit, lorsque les eaux sont très basses, une grande quantité d'amphores plus ou moins intactes, et à moitié enfouies dans la vase, à côté de pierres provenant d'anciennes constructions. La rive septentrionale n'est pas moins riche en vestiges du même genre et l'on y rencontre en abondance ces tuiles à rebords, caractéristiques des habitations gallo-romaines, des fragments de mosaïques et des fondations assez considérables pour être exploitées comme carrière, lorsque dans le pays on a besoin de quelques matériaux3. On appelait la plaine d'Arles horrea ac cellaria totius militiæ romanæ, le grenier de l'armée romaine ; il fallait donc que l'étendue des terres cultivées y fût considérable, et il semble que pour répondre à une pareille définition, ce ne soit pas trop de comprendre dans cette plaine tout le territoire qui s'étend de l'étang de Valcarès jusqu'au mont Ventoux. De ce que les nappes d'eau étaient plus importantes autrefois qu'aujourd'hui, il ne faut donc pas conclure que tout le territoire de la Camargue, et les rives du Rhône en aval d'Avignon, étaient de vastes marécages ; non seulement cette région n'aurait pas été, dans ce cas, horrea ac cellaria totim militiæ romanæ, mais les localités, les voies romaines qui la sillonnaient n'auraient pas existé. Les 1 Ch. LENTHÉRIC, La Région du bas Rhône, p. 58. 2 La Grèce et l'Orient en Provence, 306. 3 E. FLOUEST, Sépultures antiques de la Camargue, 1869-1870. — Ch. LENTHÉRIC, Les Villes mortes du golfe de Lyon, Plon, 1889 (5e édit.).
anciens n'auraient pas été de Nîmes à Tarascon par Arles au lieu de s'y rendre directement, s'il avait fallu naviguer au milieu des marais. Cela dit, examinons en détail, depuis la Durance jusqu'à la mer, les territoires voisins du Rhône, et cherchons a en définir la topographie ancienne, point par point. Le cours même du fleuve présentait, comme aujourd'hui, plusieurs parties bien distinctes : depuis l'embouchure de la Durance jusqu'à Beaucaire et Tarascon, il demeure ce qu'il était en amont, formant des îles et des bras toujours changeants. A Tarascon, la Montagnette resserre la vallée contre les plateaux de la rive droite et donne un point fixe où le grand Rhône a toujours passé. Depuis là jusqu'à Chamone, il ne semble pas que le lit du fleuve se soit sensiblement déplacé. De Tarascon à Soujean, sur une longueur de deux lieues, il forme encore des îles plus ou moins changeantes. Un léger mouvement du sol le resserre une dernière fois entre Soujean et le mas des Tours, puis, brusquement, il s'étale dans la plaine sur une largeur de 500 à 1.000 mètres ; la pente est à peu près nulle, et la vitesse du courant, qui était de 2m,50 à 3 mètres, tombe à 0m,75 ou 1 mètre. C'est là, en même temps, que le gravier a disparu et que le fleuve commence à ne charrier que du limon et du sable fin1. Tous les graviers, tous les débris de quelque importance se sont déjà déposés, et il ne reste plus en suspension dans l’eau du fleuve que des limons et des sables trop ténus pour former encore des écueils pouvant servir de noyau à de nouvelles îles. C'est l'irruption de la Durance, dans les temps primitifs, qui a déterminé la formation du delta. Sur les deux rives, les alluvions ont formé les bourrelets latéraux, où passaient les routes d'Arles à Beaucaire et à Tarascon. On trouve par exemple, à 2 kilomètres au sud de cette dernière ville, une altitude de 10 mètres, tandis que celle du Rhône et celle de l’ancienne Duransole, à l’Est et à l'Ouest, ne dépassent pas 5 mètres. Sur la rive gauche, l'espace parcouru par chaque bras de la Durance était alors bien irrigué et asséché par le passage de la rivière, et les marais, dont les traces sont visibles sur notre carte d'état-major, se sont formés en partie par suite de la disparition du cours d'eau. La chose est avérée, du moins pour les palustres de Maillane. La Duransole descendait donc jusqu'à Saint-Gabriel, entre deux plaines fertiles ; de là elle pénétrait dans l'étang des Baux et de Montmajour, qui s'étendait de l'Est à l’Ouest entre les Alpines et la Grau, puis du Nord au Sud, sous les murs 1 Ch. LENTHÉRIC, Les Villes mortes, p. 28 : Entre Lyon et Beaucaire, la pente du Rhône, sauf quelques rapides, varie entre 0m,50 et 0m,30 par kilomètre, et sa vitesse entre 1m,50 et 2m,50 par seconde pendant les eaux moyennes. Dans toute cette partie, le fleuve roule des galets et des graviers qui diminuent progressivement de volume à mesure qu'ils descendent vers la mer. C'est entre Beaucaire et Arles que la trituration est achevée, et que le gravier est entièrement réduit à l’état de sable et de limon. La pente du fleuve, entre Beaucaire et Arles, n'est déjà plus que de 0m,123 par kilomètre. La vitesse tombe, à Arles, à 0m,75 par seconde.
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Ce<strong>la</strong> dit, examinons <strong>en</strong> détail, <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> Durance jusqu'à <strong>la</strong> mer, les territoires<br />
voisins du Rhône, <strong>et</strong> cherchons a <strong>en</strong> définir <strong>la</strong> topographie anci<strong>en</strong>ne, point par<br />
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Le cours même du fleuve prés<strong>en</strong>tait, comme aujourd'hui, plusieurs parties bi<strong>en</strong><br />
distinctes : <strong>de</strong>puis l'embouchure <strong>de</strong> <strong>la</strong> Durance jusqu'à Beaucaire <strong>et</strong> Tarascon, il<br />
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De Tarascon à Soujean, sur une longueur <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux lieues, il forme <strong>en</strong>core <strong><strong>de</strong>s</strong> îles<br />
plus ou moins changeantes.<br />
Un léger mouvem<strong>en</strong>t du sol le resserre une <strong>de</strong>rnière fois <strong>en</strong>tre Soujean <strong>et</strong> le mas<br />
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1.000 mètres ; <strong>la</strong> p<strong>en</strong>te est à peu près nulle, <strong>et</strong> <strong>la</strong> vitesse du courant, qui était<br />
<strong>de</strong> 2m,50 à 3 mètres, tombe à 0m,75 ou 1 mètre. C'est là, <strong>en</strong> même temps, que<br />
le gravier a disparu <strong>et</strong> que le fleuve comm<strong>en</strong>ce à ne charrier que du limon <strong>et</strong> du<br />
sable fin1.<br />
Tous les graviers, tous les débris <strong>de</strong> quelque importance se sont déjà déposés, <strong>et</strong><br />
il ne reste plus <strong>en</strong> susp<strong>en</strong>sion dans l’eau du fleuve que <strong><strong>de</strong>s</strong> limons <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> sables<br />
trop ténus pour former <strong>en</strong>core <strong><strong>de</strong>s</strong> écueils pouvant servir <strong>de</strong> noyau à <strong>de</strong><br />
nouvelles îles. C'est l'irruption <strong>de</strong> <strong>la</strong> Durance, dans les temps primitifs, qui a<br />
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Sur les <strong>de</strong>ux rives, les alluvions ont formé les bourrel<strong>et</strong>s <strong>la</strong>téraux, où passai<strong>en</strong>t<br />
les routes d'Arles à Beaucaire <strong>et</strong> à Tarascon.<br />
On trouve par exemple, à 2 kilomètres au sud <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière ville, une<br />
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à l’Est <strong>et</strong> à l'Ouest, ne dépass<strong>en</strong>t pas 5 mètres.<br />
Sur <strong>la</strong> rive gauche, l'espace parcouru par chaque bras <strong>de</strong> <strong>la</strong> Durance était alors<br />
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sont visibles sur notre carte d'état-major, se sont formés <strong>en</strong> partie par suite <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
disparition du cours d'eau. La chose est avérée, du moins pour les palustres <strong>de</strong><br />
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La Duransole <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dait donc jusqu'à Saint-Gabriel, <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>ux p<strong>la</strong>ines fertiles ;<br />
<strong>de</strong> là elle pénétrait dans l'étang <strong><strong>de</strong>s</strong> Baux <strong>et</strong> <strong>de</strong> Montmajour, qui s'ét<strong>en</strong>dait <strong>de</strong><br />
l'Est à l’Ouest <strong>en</strong>tre les Alpines <strong>et</strong> <strong>la</strong> Grau, puis du Nord au Sud, sous les murs<br />
1 Ch. LENTHÉRIC, Les Villes mortes, p. 28 :<br />
Entre Lyon <strong>et</strong> Beaucaire, <strong>la</strong> p<strong>en</strong>te du Rhône, sauf quelques rapi<strong><strong>de</strong>s</strong>, varie <strong>en</strong>tre 0m,50 <strong>et</strong><br />
0m,30 par kilomètre, <strong>et</strong> sa vitesse <strong>en</strong>tre 1m,50 <strong>et</strong> 2m,50 par secon<strong>de</strong> p<strong>en</strong>dant les eaux<br />
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C'est <strong>en</strong>tre Beaucaire <strong>et</strong> Arles que <strong>la</strong> trituration est achevée, <strong>et</strong> que le gravier est<br />
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La p<strong>en</strong>te du fleuve, <strong>en</strong>tre Beaucaire <strong>et</strong> Arles, n'est déjà plus que <strong>de</strong> 0m,123 par<br />
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