annibal en gaule - L'Histoire antique des pays et des hommes de la ...
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était à l’origine des temps une petite île séparée de la terre ferme par les bras des Rhônes morts, désignée sur les anciennes cartes par le nom d'île de Spigai ou de la Piguette, s'avance d'une dizaine de mètres par an. Ainsi la lutte des courants marins et des alluvions a pour effet d'accentuer les saillants et les rentrants de la côte. Nous pourrions donc être tenté, pour tracer l'ancien rivage, d'atténuer simplement les contours du littoral actuel. Mais ici interviennent les mouvements du Rhône, qui projette ses alluvions vers le large au point où il débouche dans la mer, et qui, de temps à autre, déplace son embouchure. Le problème est donc un peu plus complexe qu'il ne paraissait d'abord, et on ne pourrait le résoudre qu'en suivant les transformations de proche en proche. Pourtant, dans l'ensemble, à mesure que nous reculons dans le passé, le tracé du littoral doit se simplifier. Le point de diramation des branches du fleuve ne paraît pas avoir varié depuis l'origine de la période géologique moderne. Il se trouve toujours au village de Fourques (Furca) dont le nom provient très évidemment de sa situation. Dans le principe, dit M. Lenthéric (et il faut entendre par là une époque fort antérieure aux temps historiques), la plus grande masse des eaux du fleuve coulait au pied des collines qui bordent la Camargue à l'Ouest. La pente de la Crau les rejetait naturellement de ce côté, et elles se déversaient dans la partie actuellement comblée de l'étang de Mauguio, qui est représentée parle territoire d'Aigues- Mortes. C'est à cette période, très longue, et terminée bien longtemps avant celle qui nous occupe, que se rapporte la formation des quatre cordons littoraux que nous voyons encore. Plus tard, le Rhône coula, en grande partie au moins, dans la direction où se trouvent aujourd'hui l’Espiguette et les Saintes-Mariés. De là un saillant qui, peu à peu modifié par le courant, a produit la pointe de l’Espiguette, sans cesse accrue ensuite par les apports du petit Rhône. A l'époque de la conquête romaine, le saillant devait être moins accentué et se trouvait placé plus au Sud, en face du grau d'Orgon. Depuis l’origine delà période historique, les apports du petit Rhône n'ont plus dépassé ce que peut entraîner le flot, ni même épuisé sa force d'entraînement, de sorte qu'au lieu de se déposer devant le grau d'Orgon, ils ont été transportés sur l'Espiguette. Ici la situation du fleuve n'a pas changé depuis vingt siècles : on peut donc suivre la marche du phénomène et conclure qu'au début de cette période, le banc de sable de l'Espiguette existait à peine, mais que le grau d'Orgon s'avançait davantage vers le large. La côte passait donc en arrière de l'Espiguette, en avant du grau d'Orgon, et se raccordait au tracé moderne devant les Saintes, où aucun déplacement n'a jamais été observé, et qui semblent un point neutre, un nœud dans les oscillations de la côte. Le grand Rhône, au contraire, a souvent changé d'embouchure. Voilà deux siècles seulement qu'il se déverse dans le golfe de Fos. Pendant cette période, il a formé une saillie de 8.000 mètres environ en avant du port de Saint-Louis, où passait le rivage de 1737 ; la côte a reculé, au contraire, de 5.000 mètres, entre son embouchure et la pointe de Beauduc, qui a gagné 7.000 à 8.000 mètres. Pendant les XVIe et XVIIe siècles, le Rhône a passé par le canal du Japon ou Bras-de-Fer (d'Enfer ?), qui débouchait à la pointe sud du banc de sable de Beauduc, indiqué comme une île vers 1550. Durant cette période, la mer a rongé le rivage sur l’emplacement où sont venus ensuite se former les theys ; mais les sédiments se déposaient alors en un promontoire de quelques kilomètres au sud
de la plage de Faraman, tout en s'accumulant aussi sur la pointe de Beauduc. Au XVIe siècle, on trouve donc cette dernière saillie moins accentuée, mais la baie des Saintes moins profonde, la plage de Faraman un peu en retrait sur sa position actuelle, puis, de Faraman à Fos, un littoral moins avancé que celui d'aujourd'hui, mais dépassant de beaucoup l'emplacement de notre port Saint- Louis. Avant Je XVI’ siècle, pendant une période assez longue, le grand Rhône avait la même embouchure qu'aujourd'hui. Il y aboutissait déjà au XIIIe siècle, lors de l'établissement des digues1. Une autre phase, analogue à celle des XVIIIe et XIXe siècles, a donc dû se produire du XIIIe au XVe, marquée ici par un progrès, là par un recul de la côte. Antérieurement au XIIIe siècle, l'embouchure du Rhône s'est trouvée dans l'étang de Beauduc, à deux kilomètres seulement du rivage moderne. Elle a dû y demeurer stable pendant assez longtemps pour donner naissance à la pointe de Beauduc. Cette position est déterminée par une borne2, dont la date est malheureusement inconnue, mais qu'on ne croit pas pouvoir attribuer à la période romaine : suivant Hirschfeld, elle serait du moyen âge, et sans doute du VIe au XIe siècle. Elle porte l'inscription suivante : RHODANI DEGURSU OD. HONOR. ET I’’’’LECHE ΞV — IN — ANNO L'emplacement où l'on a trouvé cette borne se trouve au lieu dit le Platelet, sur la rive droite de la Goule de Sainte-Anne, à trois kilomètres du vieux Rhône et à deux kilomètres de la mer. Le grand Rhône a formé dans les temps modernes, en moins de deux cents ans, un promontoire aussi allongé, sinon aussi massif que celui de Beauduc ; mais avant le XIe siècle, avant la construction des digues, il en allait tout autrement. Jusqu'alors, les eaux les plus chargées de sédiments, celles des grandes crues, s'épandaient sur la Camargue pour la colmater, au lieu d'aller former un promontoire de theys sablonneux en pleine mer. Aussi, tandis que du XIIIe au XXe siècle, les atterrissements semblent l'emporter d'un tiers environ sur les érosions, leur supériorité devrait être à peine sensible entre l'époque de la conquête et le XIII« siècle. Les érosions s'accomplissaient avec la même force qu'aujourd'hui, mais le Rhône apportait à son embouchure principale, non endiguée, la moitié ou le tiers seulement des alluvions qu'il y dépose aujourd'hui. Mais ce ne sont là que des hypothèses. Heureusement deux données, l'une très ferme, l'autre approximative, vont nous fixer. La première, précise et solide, à laquelle nous revenons toujours, c'est l'inscription de Chamone. Sous la domination romaine, il y avait là un sol cultivé, au bord même du Rhône. Le rivage» était plus au Sud. L'autre donnée, c'est celle de l’Itinéraire maritime que E. Desjardins avait rejetée hors du cercle vicieux où il s'enfermait : Il n'y pas à 1 On a des témoignages écrits de l'entretien des chaussées latérales à partir du XIIe siècle ; le plus ancien document connu relatif à la digue de la Camargue est de 1150 ; la digue de Beaucaire à la mer est de 1304. 2 Musée d’Arles.
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XVIe siècle, on trouve donc c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière saillie moins acc<strong>en</strong>tuée, mais <strong>la</strong> baie<br />
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position actuelle, puis, <strong>de</strong> Faraman à Fos, un littoral moins avancé que celui<br />
d'aujourd'hui, mais dépassant <strong>de</strong> beaucoup l'emp<strong>la</strong>cem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> notre port Saint-<br />
Louis.<br />
Avant Je XVI’ siècle, p<strong>en</strong>dant une pério<strong>de</strong> assez longue, le grand Rhône avait <strong>la</strong><br />
même embouchure qu'aujourd'hui. Il y aboutissait déjà au XIIIe siècle, lors <strong>de</strong><br />
l'établissem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> digues1. Une autre phase, analogue à celle <strong><strong>de</strong>s</strong> XVIIIe <strong>et</strong><br />
XIXe siècles, a donc dû se produire du XIIIe au XVe, marquée ici par un progrès,<br />
là par un recul <strong>de</strong> <strong>la</strong> côte.<br />
Antérieurem<strong>en</strong>t au XIIIe siècle, l'embouchure du Rhône s'est trouvée dans<br />
l'étang <strong>de</strong> Beauduc, à <strong>de</strong>ux kilomètres seulem<strong>en</strong>t du rivage mo<strong>de</strong>rne. Elle a dû y<br />
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Beauduc. C<strong>et</strong>te position est déterminée par une borne2, dont <strong>la</strong> date est<br />
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pério<strong>de</strong> romaine : suivant Hirschfeld, elle serait du moy<strong>en</strong> âge, <strong>et</strong> sans doute du<br />
VIe au XIe siècle. Elle porte l'inscription suivante :<br />
RHODANI DEGURSU<br />
OD. HONOR.<br />
ET I’’’’LECHE<br />
ΞV — IN — ANNO<br />
L'emp<strong>la</strong>cem<strong>en</strong>t où l'on a trouvé c<strong>et</strong>te borne se trouve au lieu dit le P<strong>la</strong>tel<strong>et</strong>, sur <strong>la</strong><br />
rive droite <strong>de</strong> <strong>la</strong> Goule <strong>de</strong> Sainte-Anne, à trois kilomètres du vieux Rhône <strong>et</strong> à<br />
<strong>de</strong>ux kilomètres <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer.<br />
Le grand Rhône a formé dans les temps mo<strong>de</strong>rnes, <strong>en</strong> moins <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux c<strong>en</strong>ts ans,<br />
un promontoire aussi allongé, sinon aussi massif que celui <strong>de</strong> Beauduc ; mais<br />
avant le XIe siècle, avant <strong>la</strong> construction <strong><strong>de</strong>s</strong> digues, il <strong>en</strong> al<strong>la</strong>it tout autrem<strong>en</strong>t.<br />
Jusqu'alors, les eaux les plus chargées <strong>de</strong> sédim<strong>en</strong>ts, celles <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> crues,<br />
s'épandai<strong>en</strong>t sur <strong>la</strong> Camargue pour <strong>la</strong> colmater, au lieu d'aller former un<br />
promontoire <strong>de</strong> theys sablonneux <strong>en</strong> pleine mer.<br />
Aussi, tandis que du XIIIe au XXe siècle, les atterrissem<strong>en</strong>ts sembl<strong>en</strong>t l'emporter<br />
d'un tiers <strong>en</strong>viron sur les érosions, leur supériorité <strong>de</strong>vrait être à peine s<strong>en</strong>sible<br />
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avec <strong>la</strong> même force qu'aujourd'hui, mais le Rhône apportait à son embouchure<br />
principale, non <strong>en</strong>diguée, <strong>la</strong> moitié ou le tiers seulem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> alluvions qu'il y<br />
dépose aujourd'hui.<br />
Mais ce ne sont là que <strong><strong>de</strong>s</strong> hypothèses. Heureusem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>ux données, l'une très<br />
ferme, l'autre approximative, vont nous fixer. La première, précise <strong>et</strong> soli<strong>de</strong>, à<br />
<strong>la</strong>quelle nous rev<strong>en</strong>ons toujours, c'est l'inscription <strong>de</strong> Chamone. Sous <strong>la</strong><br />
domination romaine, il y avait là un sol cultivé, au bord même du Rhône. Le<br />
rivage» était plus au Sud. L'autre donnée, c'est celle <strong>de</strong> l’Itinéraire maritime que<br />
E. Desjardins avait rej<strong>et</strong>ée hors du cercle vicieux où il s'<strong>en</strong>fermait : Il n'y pas à<br />
1 On a <strong><strong>de</strong>s</strong> témoignages écrits <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> chaussées <strong>la</strong>térales à partir du XIIe<br />
siècle ; le plus anci<strong>en</strong> docum<strong>en</strong>t connu re<strong>la</strong>tif à <strong>la</strong> digue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Camargue est <strong>de</strong> 1150 ; <strong>la</strong><br />
digue <strong>de</strong> Beaucaire à <strong>la</strong> mer est <strong>de</strong> 1304.<br />
2 Musée d’Arles.