annibal en gaule - L'Histoire antique des pays et des hommes de la ...

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grande partie avec les bêtes de somme. Aussi, après avoir franchi le Rhône avec 38.000 fantassins et plus de 8.000 chevaux, il en perdit à peu près la moitié, comme nous l’avons dit plus haut, dans les défilés. Les survivants avaient une telle figure et un tel aspect général, par suite de ces souffrances incessantes, qu'ils semblaient tous être retombés à l'état sauvage. Annibal pourvut alors à beaucoup de choses pour leur entretien, ranima les esprits et remit les corps de ses hommes en bon état, ainsi que les chevaux. Cela fait, l'armée se trouvant déjà bien rétablie, il essaya de lier amitié et alliance avec les Taurins, qui habitent au pied des montagnes, lesquels étaient ennemis des Insubres1 et se défiaient des Carthaginois. Les Taurins ayant repoussé ses avances, il enleva en trois jours leur ville la plus importante et tua ceux qui lui avaient été opposés, ce qui inspira une telle crainte aux peuples voisins que tous vinrent à lui pour se mettre à sa discrétion. II. — RELATION DE TITE-LIVE. XXI, 23. — Annibal, joyeux de cette apparition2, fit passer l’Èbre à son armée en trois divisions ; il avait envoyé en avant des gens chargés de lui concilier, par des présents, les Gaulois dont il voulait traverser le territoire et de reconnaître les passages des Alpes. Il fit franchir l'Èbre à 90.000 fantassins et 12,0U0 cavaliers, il soumit ensuite les Ilergètes, les Bargusiens, les Ausetaniens et la Lacétanie, qui se trouve aux pieds des Pyrénées. Il donna le gouvernement de toute cette marche à Hannon, pour rester maître des passages qui font communiquer l'Espagne et la Gaule. Pour occuper cette région, il donna à Hannon 40.000 fantassins et 1000 cavaliers. Quand l’armée eut commende s'engager dans le passage des Pyrénées, le bruit que l'on marchait contre les Romains prit consistance parmi les barbares, et aussitôt 3.000 fantassins carpétans rebroussèrent chemin. Ils n'étaient pas effrayés, en réalité, par la guerre, mais par la longueur de la route et la traversée impraticable des Alpes. Annibal, ne voulant ni les rappeler ni les faire revenir de force, pour ne pas exaspérer l’humeur farouche des autres, renvoya dans leurs foyers plus de 7.000 hommes, qui lui avaient paru inquiets de cette expédition, et il feignit d'avoir aussi renvoyé lui-même les Carpétans. 24. — Sans laisser le temps aux autres d'être ébranlés par l'arrêt ou l'inaction, il passe les Pyrénées avec le reste de ses troupes, et vient camper près de la ville d'Illiberris. Les Gaulois avaient bien entendu dire qu'il portait la guerre en Italie ; pourtant, comme ils avaient appris que les Espagnols, de l'autre côté des Pyrénées, avaient été soumis par la force, et que des contributions leur avaient été imposées, quelques peuples, craignant d’être asservis, prennent les armes et se réunissent à Ruscino. Annibal, à cette nouvelle, et craignant un retard plus que la guerre, envoya des parlementaires à leurs rois, pour leur dire : qu'il 1 Στασιαζόντων µέν πρός τούς Ίνσοµβρας signifie ennemis des Insubres, et non en état de guerre active contre eux, ainsi qu'on l'a souvent traduit. Les Insubres étant Gaulois, et alliés des Carthaginois, les Taurins ligures, qui sont ennemis des Insubres, se méfient d'Annibal. 2 D'après Tite-Live, Annibal avait vu en songe une créature divine, qui se disait envoyée par Jupiter pour le conduire en Italie.

voulait avoir une entrevue avec eux ; qu’ils s'approchassent d’Illiberris, ou que lui s'avancerait près de Ruscino, pour faciliter leur rencontre. Il sera heureux de les recevoir dans son camp, et n'hésitera pas non plus à se rendre dans le leur. Il est venu en Gaule comme un hôte, non comme un ennemi ; et il ne tirera pas l’épée, si les Gaulois le veulent, avant d'être parvenu en Italie. Tel fut le langage de ses émissaires. Les chefs gaulois portèrent aussitôt leur camp près d'Illiberris, et vinrent volontiers chez le Carthaginois ; gagnés par ses présents, ils laissèrent passer son armée en toute tranquillité à travers leur territoire, au dede Ruscino. 25. — On ne connaissait encore en Italie que le passage de l’Èbre par Annibal, qui avait été signalé à Rome par des envoyés de Marseille ; néanmoins, comme s'il eût déjà franchi les Alpes, les Boii, entraînant les Insubres, s'étaient soulevés... [Récit de la guerre dans la Cisalpine.] 26. — Cette nouvelle alarme étant portée de Rome, les sénateurs apprirent ainsi qu'à la guerre punique il fallait en joindre une contre les Gaulois ; ils ordonnent que le préteur C. Atilius ira secourir Manlius avec une légion romaine et 5.000 alliés, levés par un décret récent des consuls. Atilius parvint à Tanetum sans combat, les ennemis ayant eu peur et s'étant retirés. P. Cornélius leva une nouvelle légion à la place de celle qui avait été envoyée avec le préteur ; il partit à Rome avec 60 vaisseaux longs, suivit le rivage d'Étrurie, celui des Ligures et les montagnes des Salyens, parvint à Marseille et alla camper à l'embouchure la plus voisine du Rhône (ce fleuve se jette dans la mer par plusieurs bras). Il croyait qu'Annibal en était à peine à franchir les Pyrénées. En constatant qu'il était déjà occupé de passer le Rhône, ne sachant où il le rencontrerait, et ses hommes n'étant pas encore assez remis du mal de mer, il envoya 300 cavaliers choisis, conduits par des Marseillais et des auxiliaires gaulois, pour tout reconnaître et observer l'ennemi sans s'exposer. Annibal, ayant immobilisé les autres peuples par la crainte ou par des indemnités, était parvenu sur le territoire des Volques, nation puissante. Ils habitent les deux rives du Rhône ; mais, désespérant de repousser le Carthaginois de la rive droite, ils se mirent à couvert du fleuve et firent passer presque tous les leurs au delà du Rhône, dont ils occupèrent la rive en armes. Annibal paya les autres habitants riverains du fleuve, et ceux des Volques qui étaient demeurés dans leurs foyers, pour lui amener de toutes parts et lui fabriquer des bateaux ; ils avaient hâte, d'ailleurs, que l’armée eût passé, et que leur pays fût débarrassé de cette foule énorme qui l'accablait. Aussi réunirent-ils une immense quantité de bateaux et de nacelles qui se trouvaient préparées pour l'usage des riverains. Les Gaulois en fabriquèrent de nouvelles en creusant pour chacune un tronc d'arbre, puis les soldats eux-mêmes, encouragés par l'abondance des matériaux et la facilité du travail, firent à la hâte des pirogues informes pour eux et leur équipement, ne leur demandant que de pouvoir flotter et porter leur paquetage. 27. — Tout étant prêt pour le passage, les ennemis se tenaient menaçants sur l'autre rive, toute couverte d'hommes et de chevaux. Pour les en détourner, Annibal ordonne à Hannon, fils de Bomilcar, de partir à la première veille de la nuit avec une partie des troupes, surtout des Espagnols, pour remonter le fleuve à une journée de marche, le traverser dès qu'il pourra, le plus secrètement possible, et tourner avec sa colonne de manière que, le mouvement terminé, il attaque les Gaulois à revers. Des guides gaulois, qu'on lui donne pour cette manœuvre, lui indiquent pour le passage, à environ 25 milles en amont, une

gran<strong>de</strong> partie avec les bêtes <strong>de</strong> somme. Aussi, après avoir franchi le Rhône avec<br />

38.000 fantassins <strong>et</strong> plus <strong>de</strong> 8.000 chevaux, il <strong>en</strong> perdit à peu près <strong>la</strong> moitié,<br />

comme nous l’avons dit plus haut, dans les défilés. Les survivants avai<strong>en</strong>t une<br />

telle figure <strong>et</strong> un tel aspect général, par suite <strong>de</strong> ces souffrances incessantes,<br />

qu'ils semb<strong>la</strong>i<strong>en</strong>t tous être r<strong>et</strong>ombés à l'état sauvage. Annibal pourvut alors à<br />

beaucoup <strong>de</strong> choses pour leur <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>, ranima les esprits <strong>et</strong> remit les corps <strong>de</strong><br />

ses <strong>hommes</strong> <strong>en</strong> bon état, ainsi que les chevaux.<br />

Ce<strong>la</strong> fait, l'armée se trouvant déjà bi<strong>en</strong> rétablie, il essaya <strong>de</strong> lier amitié <strong>et</strong><br />

alliance avec les Taurins, qui habit<strong>en</strong>t au pied <strong><strong>de</strong>s</strong> montagnes, lesquels étai<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>nemis <strong><strong>de</strong>s</strong> Insubres1 <strong>et</strong> se défiai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> Carthaginois. Les Taurins ayant<br />

repoussé ses avances, il <strong>en</strong>leva <strong>en</strong> trois jours leur ville <strong>la</strong> plus importante <strong>et</strong> tua<br />

ceux qui lui avai<strong>en</strong>t été opposés, ce qui inspira une telle crainte aux peuples<br />

voisins que tous vinr<strong>en</strong>t à lui pour se m<strong>et</strong>tre à sa discrétion.<br />

II. — RELATION DE TITE-LIVE.<br />

XXI, 23. — Annibal, joyeux <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te apparition2, fit passer l’Èbre à son armée <strong>en</strong><br />

trois divisions ; il avait <strong>en</strong>voyé <strong>en</strong> avant <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s chargés <strong>de</strong> lui concilier, par<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> prés<strong>en</strong>ts, les Gaulois dont il vou<strong>la</strong>it traverser le territoire <strong>et</strong> <strong>de</strong> reconnaître<br />

les passages <strong><strong>de</strong>s</strong> Alpes. Il fit franchir l'Èbre à 90.000 fantassins <strong>et</strong> 12,0U0<br />

cavaliers, il soumit <strong>en</strong>suite les Ilergètes, les Bargusi<strong>en</strong>s, les Aus<strong>et</strong>ani<strong>en</strong>s <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

Lacétanie, qui se trouve aux pieds <strong><strong>de</strong>s</strong> Pyrénées. Il donna le gouvernem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

toute c<strong>et</strong>te marche à Hannon, pour rester maître <strong><strong>de</strong>s</strong> passages qui font<br />

communiquer l'Espagne <strong>et</strong> <strong>la</strong> Gaule. Pour occuper c<strong>et</strong>te région, il donna à<br />

Hannon 40.000 fantassins <strong>et</strong> 1000 cavaliers. Quand l’armée eut comm<strong>en</strong>cé <strong>de</strong><br />

s'<strong>en</strong>gager dans le passage <strong><strong>de</strong>s</strong> Pyrénées, le bruit que l'on marchait contre les<br />

Romains prit consistance parmi les barbares, <strong>et</strong> aussitôt 3.000 fantassins<br />

carpétans rebroussèr<strong>en</strong>t chemin. Ils n'étai<strong>en</strong>t pas effrayés, <strong>en</strong> réalité, par <strong>la</strong><br />

guerre, mais par <strong>la</strong> longueur <strong>de</strong> <strong>la</strong> route <strong>et</strong> <strong>la</strong> traversée impraticable <strong><strong>de</strong>s</strong> Alpes.<br />

Annibal, ne vou<strong>la</strong>nt ni les rappeler ni les faire rev<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> force, pour ne pas<br />

exaspérer l’humeur farouche <strong><strong>de</strong>s</strong> autres, r<strong>en</strong>voya dans leurs foyers plus <strong>de</strong> 7.000<br />

<strong>hommes</strong>, qui lui avai<strong>en</strong>t paru inqui<strong>et</strong>s <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te expédition, <strong>et</strong> il feignit d'avoir<br />

aussi r<strong>en</strong>voyé lui-même les Carpétans.<br />

24. — Sans <strong>la</strong>isser le temps aux autres d'être ébranlés par l'arrêt ou l'inaction, il<br />

passe les Pyrénées avec le reste <strong>de</strong> ses troupes, <strong>et</strong> vi<strong>en</strong>t camper près <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville<br />

d'Illiberris. Les Gaulois avai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du dire qu'il portait <strong>la</strong> guerre <strong>en</strong> Italie ;<br />

pourtant, comme ils avai<strong>en</strong>t appris que les Espagnols, <strong>de</strong> l'autre côté <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Pyrénées, avai<strong>en</strong>t été soumis par <strong>la</strong> force, <strong>et</strong> que <strong><strong>de</strong>s</strong> contributions leur avai<strong>en</strong>t<br />

été imposées, quelques peuples, craignant d’être asservis, pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les armes <strong>et</strong><br />

se réuniss<strong>en</strong>t à Ruscino. Annibal, à c<strong>et</strong>te nouvelle, <strong>et</strong> craignant un r<strong>et</strong>ard plus<br />

que <strong>la</strong> guerre, <strong>en</strong>voya <strong><strong>de</strong>s</strong> parlem<strong>en</strong>taires à leurs rois, pour leur dire : qu'il<br />

1 Στασιαζόντων µέν πρός τούς Ίνσοµβρας signifie <strong>en</strong>nemis <strong><strong>de</strong>s</strong> Insubres, <strong>et</strong> non <strong>en</strong> état<br />

<strong>de</strong> guerre active contre eux, ainsi qu'on l'a souv<strong>en</strong>t traduit. Les Insubres étant Gaulois,<br />

<strong>et</strong> alliés <strong><strong>de</strong>s</strong> Carthaginois, les Taurins ligures, qui sont <strong>en</strong>nemis <strong><strong>de</strong>s</strong> Insubres, se méfi<strong>en</strong>t<br />

d'Annibal.<br />

2 D'après Tite-Live, Annibal avait vu <strong>en</strong> songe une créature divine, qui se disait <strong>en</strong>voyée<br />

par Jupiter pour le conduire <strong>en</strong> Italie.

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