annibal en gaule - L'Histoire antique des pays et des hommes de la ...

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oute à leur suite avec ses propres troupes, et garantit la sécurité de leur route jusqu'à l'approche de la traversée des Alpes. 50. — Annibal, ayant fait en dix jours 800 stades le long du fleuve, commença la montée vers les Alpes, et il lui arriva de courir de grands dangers. En effet, tant qu'ils furent d'ns la plaine, tous les chefs particuliers des Allobriges se tenaient loin d'eux, craignant les chevaux et les barbares qui les accompagnaient ; mais après que ceux-ci furent retournés dans leurs foyers, les soldats d'Annibal commencèrent à avancer dans les passages difficiles. Alors les chefs des Allobriges, ayant rassemblé un nombre d'hommes suffisant, occupèrent les positions favorables par lesquelles il fallait nécessairement que les compagnons d'Annibal fissent leur entrée. S'ils avaient caché leurs intentions, ils auraient anéanti complètement l’armée carthaginoise ; ayant été découverts, ils firent encore beaucoup de mal aux soldats d'Annibal, mais ils n'en éprouvèrent pas moins. En effet, le général carthaginois, sachant que les barbares tenaient les positions favorables, campa lui-même près du passage, s'y arrêta, et envoya quelques-uns des Gaulois qui le guidaient s'enquérir des idées de l'ennemi et de toutes ses intentions. Ceux-ci s'acquittèrent de leur mission, et le général apprit que les ennemis se rangent et gardent les positions soigneusement pendant le jour, mais se retirent la nuit dans une ville voisine. Il prit ses dispositions d'après cette donnée de la manière suivante : reprenant son armée, il la remit en marche ostensiblement, se rapprocha des endroits difficiles, et établit son camp non loin des ennemis. La nuit venue, il fit allumer les feux, laissa au camp la plus grande partie de son armée, et ayant équipé très légèrement ses meilleures troupes, il traversa les défilés' pendant la nuit et occupa les positions que les barbares avaient occupées : ceux-ci s'étaient retirés, selon leur habitude, dans leur ville. 51. — Sur ces entrefaites, le jour venu, les barbares s'apercevant de ce qui s'était passé, renoncèrent d'abord à leur projet ; mais ensuite, voyant la masse des bêtes de somme et les chevaux parcourir longuement et péniblement le passage difficile, ils furent excités par les circonstances à attaquer la colonne en marche. Comme ils le faisaient, et fondaient sur elle en plusieurs points, beaucoup de Carthaginois, et surtout des chevaux et des bêtes de somme, furent tués, non pas tant du fait des ennemis qu'à cause des localités mêmes. En effet, l'endroit n'était pas seulement étroit et raboteux, mais aussi escarpé1, et nombre d'animaux étaient jetés avec leur charge du haut en bas de l’escarpement à chaque mouvement et à chaque agitation. Et c’était surtout les chevaux blessés qui causaient ces agitations ; car les uns, effrayés par leurs blessures, se rejetaient à l'envers sur les bêtes de somme, et les autres, poursuivant leur course vers l’avant, refoulaient dans le défilé tout ce 1 Les dictionnaires ne donnent pas un sens satisfaisant unique pour προσβολή, qu'ils traduisent : action de lancer, d'appliquer, ou de s’élancer, élan impétueux, attaque, atteinte, impression, point d'attaque, action de débarquer, lieu de débarquement, tranchant, ce qui est aminci, aiguisé. Polybe veut-il dire ici le point d'attaque, le chemin d'accès, ou la crête ? Tite-live a adopté ce dernier sens ; le second nous paraîtrait préférable. Quant à κρηµνώδους, il ne signifie pas que la pente du chemin soit raide ; Polybe aurait employé άνωφέρης ou κατωφέρης, comme il le fait à propos de la descente du col ; κρηµνώδης s'applique aux passages à flancs escarpés, à pic, soit en descendant, soit en remontant, comme on le voit un peu plus loin à propos du précipice que les Carthaginois suivent pendant quelques instants : φάραγξ κρηµνώδης.

qu'ils rencontraient, et causaient ainsi un immense désordre. Ce que voyant, Annibal réfléchit qu'il n'y aurait même pas de salut pour ceux qui auraient échappé au danger, si les convois étaient perdus ; il prit donc les hommes qui avaient occupé les positions d'avance la nuit précédente, et il courut au secours de la colonne engagée sur le chemin. En cette occasion, beaucoup d'ennemis furent tués, parce qu'Annibal se jetait dessus de haut en bas, mais les pertes n'étaient pas moindres dans son armée, le tumulte dans la colonne étant accru des deux côtés par les cris et le choc des nouveaux venus. Après avoir tué le plus grand nombre des Allobriges, et mis les autres en fuite, il les obligea à fuir dans leurs demeures. Alors la foule des bêles de somme et des chevaux qui restaient arriva avec peine et laborieusement au bout du mauvais pas ; Annibal, ayant soustrait tout ce qu'il avait pu au danger, marcha sur la ville d'où les ennemis étaient partis pour l'attaquer. L'ayant trouvée presque vide, parce que tous les habitants avaient été attirés au dehors par l'espoir du butin, il en resta maître. Il en tira beaucoup de ce qui lui était nécessaire pour le présent et pour l'avenir, car il y prit un grand nombre de chevaux et de bêtes de somme, ainsi que les hommes qui avaient été pris avec eux, et pour l'avenir il trouva du blé et des bestiaux pour la subsistance de deux ou trois jours ; et qui plus est, il inspira de la crainte à ceux d’ensuite, au point qu'aucun de ceux qui se trouvaient le long de la montée n'osa l'attaquer à la légère. 52. — Ayant campé là, et s'y étant arrêté un jour, il repartit. Les jours suivants, jusqu'à un certain point, il conduisit son armée en sûreté ; mais, dès le quatrième jour, il recommença à courir de grands dangers. Ceux qui habitaient près de sa roule, s'étant entendus pour le tromper, vinrent au-devant de lui avec des rameaux et des couronnes, car c'est le symbole d’amitié chez presque tous les barbares, comme le caducée pour les Hellènes. Disposé à la méfiance à l’égard de cette protestation d'amitié, Annibal sonda activement leurs pensées et toutes leurs intentions. Ils dirent qu'ils connaissaient parfaitement la prise de la ville et la ruine de ceux qui avaient essayé de lui nuire, et affirmèrent qu'ils étaient venus pour cela : ils ne voulaient faire ni supporter aucun mal, et promettaient de donner des otages. Annibal resta longtemps méfiant, ne voulant pas se fier à eux ; mais il réfléchit qu'en acceptant leurs offres, il rendrait peutêtre plus doux et plus conciliants ceux qui étaient venus à lui, tandis qu'en ne les recevant pas, il en ferait des ennemis déclarés ; il consentit donc à ce qu'ils proposaient, et feignit de conclure amitié avec eux. Les barbares ayant donné des otages, et fournissant du bétail en abondance, se mettant d'ailleurs tout à fait entre ses mains sans précaution, Annibal s'y fia dans une certaine mesure au point de s'en servir comme guides à travers les pays difficiles de ce côté. Ces gens marchent en tète pendant deux jours, puis les naturels, s'étant rassemblés et ayant côtoyé la marche de l'armée, l'attaquent comme elle traversait un précipice aux flancs escarpés et inabordables. 53. — Dans celte circonstance, il aurait pu arriver que tous les compagnons d'Annibal fussent détruits de fond en comble, s'il n'avait craint, dans une certaine mesure, un événement critique, n'avait prévu ce qui allait arriver, et n'avait placé les équipages et la cavalerie en tète de colonne, les Hoplites à la queue. Ceux-ci étant aux aguets, le mal fut moindre, car ils arrêtèrent le choc des barbares. Néanmoins, beaucoup d'hommes, de chevaux et de bêtes de somme périrent. Les ennemis tenant les points les plus élevés , et attaquant ce qui était au pied, faisaient rouler des rochers sur les uns, lançaient des pierres aux autres ; ils les mettaient ainsi dans une déroute complète et dans un tel péril qu'Annibal fut obligé de passer la nuit avec son armée sur une roche nue très forte, séparé

oute à leur suite avec ses propres troupes, <strong>et</strong> garantit <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong> leur route<br />

jusqu'à l'approche <strong>de</strong> <strong>la</strong> traversée <strong><strong>de</strong>s</strong> Alpes.<br />

50. — Annibal, ayant fait <strong>en</strong> dix jours 800 sta<strong><strong>de</strong>s</strong> le long du fleuve, comm<strong>en</strong>ça <strong>la</strong><br />

montée vers les Alpes, <strong>et</strong> il lui arriva <strong>de</strong> courir <strong>de</strong> grands dangers. En eff<strong>et</strong>, tant<br />

qu'ils fur<strong>en</strong>t d'ns <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine, tous les chefs particuliers <strong><strong>de</strong>s</strong> Allobriges se t<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t<br />

loin d'eux, craignant les chevaux <strong>et</strong> les barbares qui les accompagnai<strong>en</strong>t ; mais<br />

après que ceux-ci fur<strong>en</strong>t r<strong>et</strong>ournés dans leurs foyers, les soldats d'Annibal<br />

comm<strong>en</strong>cèr<strong>en</strong>t à avancer dans les passages difficiles. Alors les chefs <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Allobriges, ayant rassemblé un nombre d'<strong>hommes</strong> suffisant, occupèr<strong>en</strong>t les<br />

positions favorables par lesquelles il fal<strong>la</strong>it nécessairem<strong>en</strong>t que les compagnons<br />

d'Annibal fiss<strong>en</strong>t leur <strong>en</strong>trée. S'ils avai<strong>en</strong>t caché leurs int<strong>en</strong>tions, ils aurai<strong>en</strong>t<br />

anéanti complètem<strong>en</strong>t l’armée carthaginoise ; ayant été découverts, ils fir<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>core beaucoup <strong>de</strong> mal aux soldats d'Annibal, mais ils n'<strong>en</strong> éprouvèr<strong>en</strong>t pas<br />

moins.<br />

En eff<strong>et</strong>, le général carthaginois, sachant que les barbares t<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t les positions<br />

favorables, campa lui-même près du passage, s'y arrêta, <strong>et</strong> <strong>en</strong>voya quelques-uns<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Gaulois qui le guidai<strong>en</strong>t s'<strong>en</strong>quérir <strong><strong>de</strong>s</strong> idées <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>nemi <strong>et</strong> <strong>de</strong> toutes ses<br />

int<strong>en</strong>tions. Ceux-ci s'acquittèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur mission, <strong>et</strong> le général apprit que les<br />

<strong>en</strong>nemis se rang<strong>en</strong>t <strong>et</strong> gard<strong>en</strong>t les positions soigneusem<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant le jour, mais<br />

se r<strong>et</strong>ir<strong>en</strong>t <strong>la</strong> nuit dans une ville voisine. Il prit ses dispositions d'après c<strong>et</strong>te<br />

donnée <strong>de</strong> <strong>la</strong> manière suivante : repr<strong>en</strong>ant son armée, il <strong>la</strong> remit <strong>en</strong> marche<br />

ost<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t, se rapprocha <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>droits difficiles, <strong>et</strong> établit son camp non loin<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>nemis. La nuit v<strong>en</strong>ue, il fit allumer les feux, <strong>la</strong>issa au camp <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong><br />

partie <strong>de</strong> son armée, <strong>et</strong> ayant équipé très légèrem<strong>en</strong>t ses meilleures troupes, il<br />

traversa les défilés' p<strong>en</strong>dant <strong>la</strong> nuit <strong>et</strong> occupa les positions que les barbares<br />

avai<strong>en</strong>t occupées : ceux-ci s'étai<strong>en</strong>t r<strong>et</strong>irés, selon leur habitu<strong>de</strong>, dans leur ville.<br />

51. — Sur ces <strong>en</strong>trefaites, le jour v<strong>en</strong>u, les barbares s'apercevant <strong>de</strong> ce qui<br />

s'était passé, r<strong>en</strong>oncèr<strong>en</strong>t d'abord à leur proj<strong>et</strong> ; mais <strong>en</strong>suite, voyant <strong>la</strong> masse<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> bêtes <strong>de</strong> somme <strong>et</strong> les chevaux parcourir longuem<strong>en</strong>t <strong>et</strong> péniblem<strong>en</strong>t le<br />

passage difficile, ils fur<strong>en</strong>t excités par les circonstances à attaquer <strong>la</strong> colonne <strong>en</strong><br />

marche. Comme ils le faisai<strong>en</strong>t, <strong>et</strong> fondai<strong>en</strong>t sur elle <strong>en</strong> plusieurs points,<br />

beaucoup <strong>de</strong> Carthaginois, <strong>et</strong> surtout <strong><strong>de</strong>s</strong> chevaux <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> bêtes <strong>de</strong> somme, fur<strong>en</strong>t<br />

tués, non pas tant du fait <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>nemis qu'à cause <strong><strong>de</strong>s</strong> localités mêmes. En eff<strong>et</strong>,<br />

l'<strong>en</strong>droit n'était pas seulem<strong>en</strong>t étroit <strong>et</strong> raboteux, mais aussi escarpé1, <strong>et</strong> nombre<br />

d'animaux étai<strong>en</strong>t j<strong>et</strong>és avec leur charge du haut <strong>en</strong> bas <strong>de</strong> l’escarpem<strong>en</strong>t à<br />

chaque mouvem<strong>en</strong>t <strong>et</strong> à chaque agitation.<br />

Et c’était surtout les chevaux blessés qui causai<strong>en</strong>t ces agitations ; car les uns,<br />

effrayés par leurs blessures, se rej<strong>et</strong>ai<strong>en</strong>t à l'<strong>en</strong>vers sur les bêtes <strong>de</strong> somme, <strong>et</strong><br />

les autres, poursuivant leur course vers l’avant, refou<strong>la</strong>i<strong>en</strong>t dans le défilé tout ce<br />

1 Les dictionnaires ne donn<strong>en</strong>t pas un s<strong>en</strong>s satisfaisant unique pour προσβολή, qu'ils<br />

traduis<strong>en</strong>t : action <strong>de</strong> <strong>la</strong>ncer, d'appliquer, ou <strong>de</strong> s’é<strong>la</strong>ncer, é<strong>la</strong>n impétueux, attaque,<br />

atteinte, impression, point d'attaque, action <strong>de</strong> débarquer, lieu <strong>de</strong> débarquem<strong>en</strong>t,<br />

tranchant, ce qui est aminci, aiguisé. Polybe veut-il dire ici le point d'attaque, le chemin<br />

d'accès, ou <strong>la</strong> crête ? Tite-live a adopté ce <strong>de</strong>rnier s<strong>en</strong>s ; le second nous paraîtrait<br />

préférable.<br />

Quant à κρηµνώδους, il ne signifie pas que <strong>la</strong> p<strong>en</strong>te du chemin soit rai<strong>de</strong> ; Polybe aurait<br />

employé άνωφέρης ou κατωφέρης, comme il le fait à propos <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>te du col ;<br />

κρηµνώδης s'applique aux passages à f<strong>la</strong>ncs escarpés, à pic, soit <strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dant, soit <strong>en</strong><br />

remontant, comme on le voit un peu plus loin à propos du précipice que les Carthaginois<br />

suiv<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant quelques instants : φάραγξ κρηµνώδης.

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