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annibal en gaule - L'Histoire antique des pays et des hommes de la ...

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part, comme chaque rivière <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te région a <strong>de</strong>ux ou trois noms très différ<strong>en</strong>ts,<br />

ri<strong>en</strong> ne nous perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> trouver le Scaras ou Saras par exclusion. Il est bi<strong>en</strong><br />

possible aussi que Scoras, comme le mo<strong>de</strong>rne Scourillo, soit un nom commun<br />

dans <strong>la</strong> vallée du Rhône, <strong>et</strong> que Polybe ait compris : le Scoras, quand on lui disait<br />

: <strong>la</strong> rivière ou le canal. L'assimi<strong>la</strong>tion au Delta du Nil est troub<strong>la</strong>nte, car il n'y a<br />

pas, dans toute <strong>la</strong> vallée du Rhône, un seul conflu<strong>en</strong>t qui fournisse une analogie<br />

complète. Le <strong>de</strong>lta du Nil a 163 kilomètres <strong>de</strong> côté le long <strong><strong>de</strong>s</strong> branches <strong>de</strong><br />

Canope <strong>et</strong> <strong>de</strong> Péluse, <strong>et</strong> 200 à 210 sur sa base maritime. Pour trouver <strong>en</strong> France<br />

un territoire équival<strong>en</strong>t, il faudrait pr<strong>en</strong>dre le Rhône <strong>de</strong>puis Val<strong>en</strong>ce jusqu'à son<br />

embouchure, <strong>et</strong> <strong>la</strong> mer jusqu'à Cannes ; ou le Rhône <strong>de</strong> Lyon à Orange, <strong>et</strong> une<br />

ligne m<strong>en</strong>ée d'Orange jusqu'aux Alpes, puis joindre <strong>de</strong> Val<strong>en</strong>ce à Cannes ou <strong>de</strong><br />

Lyon à Barcelonn<strong>et</strong>te pour former le troisième côté1.<br />

Quelque désir que nous ayons <strong>de</strong> ne jamais nous écarter du texte <strong>de</strong> Polybe,<br />

nous nous trouvons ici <strong>en</strong> face d'une impossibilité. Quoi que nous fassions, nous<br />

ne trouverons pas le long du Rhône une p<strong>la</strong>ine triangu<strong>la</strong>ire qui approche <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

dim<strong>en</strong>sions du <strong>de</strong>lta égypti<strong>en</strong>. Il faut adm<strong>et</strong>tre, <strong>de</strong> toute nécessité, que Polybe<br />

n'ayant jamais été <strong>en</strong> Egypte, n'ayant nommé ce <strong>pays</strong> que trois fois dans son<br />

histoire, s'<strong>en</strong> faisait une idée fort inexacte. Ce que nous savons <strong>de</strong> ses<br />

connaissances géographiques nous perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> le supposer. S'il avait eu à écrire<br />

spécialem<strong>en</strong>t sur l'Egypte, il aurait pris soin <strong>de</strong> se r<strong>en</strong>seigner exactem<strong>en</strong>t sur les<br />

dim<strong>en</strong>sions du <strong>de</strong>lta, mais nous n'avons affaire ici qu'à une comparaison<br />

Bicarus, <strong>et</strong> c'est ce nom que donne à l'Eygues le docte Suarès, évêque <strong>de</strong> Vaison, qui<br />

connaissait parfaitem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> son <strong>pays</strong>.<br />

Bull<strong>et</strong>, qui a donné <strong>de</strong> volumineux mémoires sur <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue celtique, dit que Car y signifie<br />

embouchure.<br />

1 FORTIA D'URBAN, p. 32 :<br />

Si l'on veut pr<strong>en</strong>dre à <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre le texte <strong>de</strong> Polybe, on pourra croire que son <strong>de</strong>lta avait <strong>la</strong><br />

gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> l’Égypte ; mais Tite-Live nous dit que ce n'était qu'un p<strong>et</strong>it espace<br />

<strong>de</strong> terrain, agri aliquantum, comme écrit M. Dureau <strong>de</strong> <strong>la</strong> Malle, qui traduit une certaine<br />

ét<strong>en</strong>due <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ines, ce qui ne convi<strong>en</strong>drait nullem<strong>en</strong>t à <strong>la</strong> prét<strong>en</strong>due ile <strong><strong>de</strong>s</strong> Allobroges,<br />

presque <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t formée <strong>de</strong> terrains montueux <strong>et</strong> peu fertiles. D'autres éditions<br />

écriv<strong>en</strong>t agri aliquantulum, <strong>et</strong> comme les copistes sont plutôt portés à r<strong>et</strong>rancher qu'à<br />

ajouter, il parait que c'est <strong>la</strong> véritable leçon <strong>et</strong> qu'il ne s'agit ici que d'une p<strong>et</strong>ite ét<strong>en</strong>due<br />

<strong>de</strong> p<strong>la</strong>ines. L'écrivain grec, qui avait fait <strong>la</strong> route d'Espagne à Turin par Arles comme on<br />

<strong>la</strong> faisait ordinairem<strong>en</strong>t, <strong>et</strong> qui n'avait conséquemm<strong>en</strong>t pas vu les lieux comme Trogue<br />

Pompée, a donc ici un peu exagéré, contre son ordinaire, <strong>et</strong> nous serions fort<br />

embarrassés <strong>de</strong> trouver dans l'<strong>en</strong>droit dont il est ici question, une ile aussi ét<strong>en</strong>due. Il me<br />

semble que nous <strong>de</strong>vons préférer ici l'assertion <strong>de</strong> Tite-Live, qui observe que c<strong>et</strong>te ile<br />

n'embrassait qu'un p<strong>et</strong>it espace <strong>de</strong> terrain, aliquantum, <strong>et</strong> même, suivant les meilleures<br />

éditions, aliquantulum agri.<br />

C<strong>et</strong>te première difficulté vaincue, il <strong>en</strong> reste une secon<strong>de</strong> qui n'est pas moins<br />

embarrassante ; c'est <strong>de</strong> trouver <strong>la</strong> rivière appelée Scaras par Polybe, Bisarar par Tite-<br />

Live, <strong>et</strong> l'ile qu'elle a servi à former. C'est ici que les critiques mo<strong>de</strong>rnes se sont donné<br />

carrière. Ils ont altéré le texte <strong>de</strong> Tite-Live, <strong>et</strong> même celui <strong>de</strong> Polybe, pour faire insérer <strong>la</strong><br />

Saône, Arar, dans le texte <strong>de</strong> ces histori<strong>en</strong>s, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te opinion a longtemps été celle <strong>de</strong><br />

tous les savants. Isaac Casaubon qui, dans sa préface, assure avoir consulté plusieurs<br />

manuscrits, fait dire à Polybe τή µέν γάρ ό 'Ροδάνος, τή δέ ό Άράρος, <strong>et</strong> c'est d'après lui<br />

que Dom Thuillier a traduit <strong>la</strong> Saône. Mais pour ce<strong>la</strong> il fal<strong>la</strong>it faire aller Annibal jusqu'à<br />

Lyon... Mandajors avait détruit c<strong>et</strong>te opinion <strong>en</strong> lisant Isara dans Tite-Live : il n'<strong>en</strong> a pas<br />

coûté davantage aux critiques mo<strong>de</strong>rnes <strong>de</strong> créer un nouveau nom, <strong>en</strong> lisant ό Ίσάρας<br />

dans Polybe, afin <strong>de</strong> favoriser l'opinion <strong>de</strong> Mandajors, qui me parait absur<strong>de</strong>, <strong>en</strong> faisant<br />

une ile <strong>de</strong> ce qui n'a certainem<strong>en</strong>t jamais été appelé ainsi par personne, <strong>et</strong> <strong>en</strong> p<strong>la</strong>çant au<br />

c<strong>en</strong>tre <strong><strong>de</strong>s</strong> Allobroges c<strong>et</strong>te ile que Tite-Live dit seulem<strong>en</strong>t être voisine <strong><strong>de</strong>s</strong> Allobroges.

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