annibal en gaule - L'Histoire antique des pays et des hommes de la ...
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Nous savons, dit le colonel Perrin, qu'<strong>en</strong> <strong>pays</strong> <strong>de</strong> montagnes, l'expéri<strong>en</strong>ce a<br />
prouvé que les routes, par suite <strong><strong>de</strong>s</strong> nombreux détours qu'elles sont obligées <strong>de</strong><br />
faire, sont plus longues <strong>de</strong> 1/3 que celles <strong><strong>de</strong>s</strong> p<strong>la</strong>ines, pour parcourir une même<br />
distance mesurée à vol d'oiseau. Mais c<strong>et</strong>te règle n'est véritablem<strong>en</strong>t exacte que<br />
dans <strong><strong>de</strong>s</strong> massifs montagneux tels que les Vosges, le Jura, <strong>et</strong>c. ; elle ne peut<br />
s'appliquer à <strong><strong>de</strong>s</strong> massifs aussi escarpés <strong>et</strong> aussi élevés que celui <strong><strong>de</strong>s</strong> Alpes. Si<br />
cep<strong>en</strong>dant nous appliquons c<strong>et</strong>te règle à <strong>la</strong> voie ferrée du mont C<strong>en</strong>is, qui peut<br />
être assimilée à une voie <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ine, nous aurons <strong>de</strong> Chamouss<strong>et</strong> à Alpignano 163<br />
kilomètres, dont le tiers est 54 kilomètres, ce qui donne un total <strong>de</strong> 217<br />
kilomètres, chiffre très rapproché <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> 224.<br />
Comm<strong>en</strong>t a été vérifiée c<strong>et</strong>te règle, d'après <strong>la</strong>quelle les chemins <strong>de</strong> montagne<br />
sont <strong>de</strong> 1/3 supérieurs aux chemins <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ines ? Nous n'<strong>en</strong> savons ri<strong>en</strong>. Mais <strong>en</strong><br />
adm<strong>et</strong>tant même qu'elle soit exacte dans certaines conditions, elle ne peut pas<br />
l'être d'une manière générale, ni même donner une moy<strong>en</strong>ne dans un ordre<br />
d'idées où tout est irrégulier. Les montagnes allong<strong>en</strong>t les chemins : 1° <strong>en</strong> les<br />
obligeant à contourner <strong><strong>de</strong>s</strong> massifs. Ainsi, <strong>de</strong> Gr<strong>en</strong>oble à Saint-Jean-<strong>de</strong>-<br />
Mauri<strong>en</strong>ne, il y a 50 kilomètres à vol d'oiseau <strong>et</strong> 110 par <strong>la</strong> route ; 2° <strong>en</strong> leur<br />
faisant faire <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>la</strong>c<strong>et</strong>s aux montées ; il y a 3 kilomètres ½, à vol d'oiseau <strong>de</strong><br />
Lans-le-bourg au refuge n° 18 <strong>de</strong> <strong>la</strong> route du mont C<strong>en</strong>is, <strong>et</strong> 10 kilomètres par <strong>la</strong><br />
route.<br />
Ces <strong>de</strong>ux mo<strong><strong>de</strong>s</strong> d'allongem<strong>en</strong>ts peuv<strong>en</strong>t agir, <strong>en</strong>semble ou séparém<strong>en</strong>t, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
manière' <strong>la</strong> plus diverse, <strong>et</strong> l'allongem<strong>en</strong>t peut varier <strong>de</strong>puis zéro jusqu'aux<br />
valeurs extrêmes que nous v<strong>en</strong>ons d'indiquer. Peut-on <strong>en</strong> conclure une moy<strong>en</strong>ne<br />
? Jamais <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie !<br />
Il faut d'ailleurs t<strong>en</strong>ir compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature du chemin considéré. S'il y a 10<br />
kilomètres <strong>de</strong> Lans-le-bourg au col du mont C<strong>en</strong>is par <strong>la</strong> route, il n'y <strong>en</strong> a pas<br />
plus <strong>de</strong> 4 par <strong>la</strong> Ramasse ; or, <strong>en</strong> abandonnant les vallées à fond p<strong>la</strong>t pour<br />
marcher à mi-côte, on emploierait <strong><strong>de</strong>s</strong> chemins plus semb<strong>la</strong>bles à <strong>la</strong> Ramasse<br />
qu'à <strong>la</strong> route nationale, <strong>et</strong> l'on peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r s'il y aurait lieu <strong>de</strong> faire subir<br />
une majoration quelconque aux distances mesurées <strong>de</strong> proche <strong>en</strong> proche, d'un<br />
hameau à l'autre, sur <strong>la</strong> carte à 1/50.000e. Le colonel Perrin n'y songe pas.<br />
D'autres l'ont fait.<br />
Le lieut<strong>en</strong>ant Azan a reconnu l’insuffisance <strong>de</strong> <strong>la</strong> majoration ainsi obt<strong>en</strong>ue, <strong>et</strong> il<br />
est parti d'un principe différ<strong>en</strong>t. Le colonel Perrin ne nous par<strong>la</strong>it que <strong>de</strong><br />
longueurs réelles, existantes, <strong>et</strong> si son estimation est discutable <strong>en</strong> thèse<br />
générale, au moins peut-on couper court à toute discussion par une mesure<br />
directe sur le terrain ou sur le cadastre. Avec MM. Osian<strong>de</strong>r <strong>et</strong> Azan, il s'agit <strong>de</strong><br />
longueurs fictives. On part <strong>de</strong> ce principe que l'on marche plus l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
montant qu'<strong>en</strong> terrain p<strong>la</strong>t, <strong>et</strong> l'on suppose que Polybe mesure les distances<br />
parcourues, non plus <strong>en</strong> longueur, mais <strong>en</strong> temps. Ceci est exact pour nos alpins,<br />
qui ont <strong><strong>de</strong>s</strong> montres, <strong>et</strong> mesur<strong>en</strong>t les traj<strong>et</strong>s d'un point à un autre <strong>en</strong> heures <strong>et</strong><br />
<strong>en</strong> minutes ; mais ce procédé n'était pas à <strong>la</strong> portée <strong><strong>de</strong>s</strong> anci<strong>en</strong>s. Non seulem<strong>en</strong>t<br />
ils n'avai<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong> montre, pas <strong>de</strong> sabliers <strong>de</strong> poche, mais ils n'avai<strong>en</strong>t pas<br />
d'unité <strong>de</strong> temps ; l’heure était <strong>la</strong> douzième partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> journée, comptée du<br />
lever au coucher du soleil, <strong>et</strong> une heure d'été va<strong>la</strong>it presque <strong>de</strong>ux heures d'hiver.<br />
Ainsi les anci<strong>en</strong>s ne songeai<strong>en</strong>t pas à estimer les distances parcourues <strong>en</strong><br />
montagne par le temps mis à les parcourir, mais bi<strong>en</strong> par leur longueur.<br />
Strabon ne donne pas l'altitu<strong>de</strong> d'un col, mais <strong>la</strong> longueur du chemin qui va du<br />
pied au somm<strong>et</strong>, <strong>et</strong> on peut <strong>en</strong> vérifier l’exactitu<strong>de</strong>.