annibal en gaule - L'Histoire antique des pays et des hommes de la ...
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Nous croyons que les traces de pavage retrouvées entre te col de la Carbassère et les baraques Couloumates se rapportent à un chemin d'exploitation ou à une route secondaire, établie dans un temps où le pays était beaucoup plus riche qu'aujourd'hui, et il n'est guère vraisemblable qu'Annibal ait passé là. Le col de Banyuls est à peine plus élevé que celui du Perthus, et le chemin qui l’utilise passant plus près de la mer, dessert Banyuls, Port-Vendres, Collioure. Sans s’exagérer l'importance de ces trois villes au temps d'Annibal, elles pouvaient cependant lui procurer quelques ressources. Il y a 37 kilomètres d'Ampurias au col de Banyuls, 10 du col à Banyuls, 23 de Banyuls à Elne ; au total, d'Ampurias à Elne, la distance est à peu près la même que par les deux autres cols. Le col de Banyuls présentait donc quelques avantages sur celui du Perthus. Quant à la route du littoral, nous dit le colonel Perrin (p. 18), elle a été de tous temps impraticable. Le chaînon qui, à la tour de Caroigt, se détache des Pyrénées pour se diriger vers la mer, ressemble à une immense muraille en ligne droite, où ne se distinguent que des brèches insignifiantes, qu'on appelle le col de Los Frayles et le col de Balistre. C'est par ce dernier que passe le sentier, mais il est impraticable le long de la côte. Peut-être un chemin muletier passait-il autrefois sur les derniers contreforts des Albères, mais, outre les difficultés signalées par le colonel Perrin, ce chemin aurait compté 15 kilomètres de plus que celui du Perthus, entre Ampurias et Elne, passant par Rosas, Llansa et Port-Bou. D'Ampurias à Castellon, 15 kilomètres ; à Perelada, 7 ; à Llansa, 15 ; à Elne, 45. Total 82 kilomètres, en négligeant une partie des anfractuosités de la côte, et sans doute 85 à 90 en tenant compte de tous ces détours. Ces 15 kilomètres, ajoutés à la longueur déjà trouvée pour le trajet d'Ampurias au Rhône, donneraient un chiffre de beaucoup supérieur à celui que Polybe nous a transmis. II faut donc écarter l'hypothèse d'un passage sur le bord de la mer, et l'on ne peut guère hésiter qu'entre les cols du Perthus et de Banyuls. Nous nous déciderions en faveur de ce dernier, si nous avions la certitude qu'aucune de ces routes n'était pavée ou régulièrement entretenue. Mais notre ignorance irrémédiable sur ce dernier point nous oblige à ne rien affirmer1. 2° Depuis Elne jusqu'à Narbonne, Annibal a pu suivre le tracé de la voie romaine ; s'il s'en est écarté, ce n'a été que pour contourner les hauteurs au sud de Sijean au lieu de les traverser. Il aurait fait ainsi, entre Salses et Narbonne, 52 kilomètres au lieu de 46, soit une augmentation de 6 kilomètres. Cette variante devait être prise en considération, mais rien ne plaide en sa faveur. Les suivantes sont plus importantes. 3° Il est à peine admissible qu'au IIIe siècle avant l’ère chrétienne, une armée ait pu aller en ligne droite de Narbonne à Béziers. Les étangs qui entouraient Narbonne à l'Est et au Nord, et qui couvraient la vallée de l'Aude en aval de Cuxac ou de Sallèles, devaient l'obliger à se détourner vers l'Ouest, et à passer par Cuxac ou Sallèles, puis par Capestang. Le détour par Cuxac porte à 32 kilomètres la distance de Narbonne à Béziers ; le détour par Sallèles le porte au 1 Le colonel Fervel dit simplement qu’Annibal a dû passer à l’est du Perthus. M. Henri le conduit par le col de la Massanne, qu'il juge plus favorable que celui du Perthus : La route, dit-il, y est large et au moins aussi accessible que celle du Perthus.
moins à 36 kilomètres, soit une augmentation, très probable celle-ci, de 6 à 10 kilomètres. 4° De même, à partir de Béziers, il n'est pas vraisemblable qu'Annibal ait pu se diriger par le chemin le plus court vers l'emplacement où se trouve aujourd'hui Loupian. L'intervention des ingénieurs romains était nécessaire aussi bien pour tracer des alignements de 30 et 40 kilomètres à travers coteaux et vallons, que pour franchir des étangs et des marais sur des chaussées et des ponts en maçonnerie. De plus, il est naturel que les Carthaginois se soient tenus plus près de la mer. Il est bon d'aller vite, mais une armée de 60.000 hommes a surtout à s'assurer la subsistance. Ils ont dû se diriger de Béziers vers Agde, colonie marseillaise, c'est-à-dire ennemie, dont ils ne pouvaient négliger les ressources ; à partir d'Agde, ils auront longé le rivage des étangs jusqu'à Lunel. Peut-on croire qu'ils aient été à Nîmes ? c'était peu de chose au point de vue des ressources, à côté des comptoirs grecs ou phéniciens qui bordaient la côte. C'est bien plutôt vers Heraclea (Saint-Gilles ?) que le chemin et leur intérêt les conduisaient, et de là vers Thèlinè (ou Arelate). Ce chemin d'Hercule qui, depuis plus d'un siècle, reliait les établissements de la côte, devait passer près de toutes les villes grecques ou phéniciennes, et non dans l'intérieur du pays. Il avait un tracé absolument différent de celui de la voie domitienne, route militaire, instrument de conquête, puisqu'il répondait à un tout autre but. Ce chemin, aussi bien que l’itinéraire d'Annibal, devait, nous le répétons, se tenir à portée des villes commerçantes, et nous le supposerons volontiers passant près d'Agde, puis de Loupian, gagnant Lattes, longeant ensuite le rivage des étangs et des marais pour arriver à Saint-Gilles et à Arles, toutes villes de commerce et de ressources. Ce parcours nous donnerait les distances suivantes : De Béziers à Vias, en face de l'Ile d'Agde 17 km 000 De Vias à Loupian, en ligne droite 20 km 400 De Loupian à Lattes, suivant la route moderne jusqu'à Fabrègues, puis en ligne droite jusqu’à Lattes 30 km 300 De Lattes au Vidourle, au sud de Marsillargues, par Mauguio et Saint-Just 25 km 300 Du Vidourle à Franquevaux 12 km 000 De Franquevaux à Saint-Gilles 7 km 500 De Saint-Gilles au Rhône, à 4 kilomètres en amont de Fourques 15 km 400 127 km 900 Cette route est à peine plus longue que la voie romaine pour le parcours de Béziers au Vidourle (93 kilomètres au lieu de 89 ou 90) ; et elle présente les avantages militaires que nous avons dit. En résumé, Annibal a dû prendre un chemin un peu différent de la voie Domitia, et parcourir quelques kilomètres de plus que nous n'en avons comptés en suivant exactement celle-ci. Il n'est pas exagéré d'admettre qu'il aura fait 295 à 300
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Nous croyons que les traces <strong>de</strong> pavage r<strong>et</strong>rouvées <strong>en</strong>tre te col <strong>de</strong> <strong>la</strong> Carbassère<br />
<strong>et</strong> les baraques Couloumates se rapport<strong>en</strong>t à un chemin d'exploitation ou à une<br />
route secondaire, établie dans un temps où le <strong>pays</strong> était beaucoup plus riche<br />
qu'aujourd'hui, <strong>et</strong> il n'est guère vraisemb<strong>la</strong>ble qu'Annibal ait passé là.<br />
Le col <strong>de</strong> Banyuls est à peine plus élevé que celui du Perthus, <strong>et</strong> le chemin qui<br />
l’utilise passant plus près <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer, <strong><strong>de</strong>s</strong>sert Banyuls, Port-V<strong>en</strong>dres, Collioure.<br />
Sans s’exagérer l'importance <strong>de</strong> ces trois villes au temps d'Annibal, elles<br />
pouvai<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant lui procurer quelques ressources. Il y a 37 kilomètres<br />
d'Ampurias au col <strong>de</strong> Banyuls, 10 du col à Banyuls, 23 <strong>de</strong> Banyuls à Elne ; au<br />
total, d'Ampurias à Elne, <strong>la</strong> distance est à peu près <strong>la</strong> même que par les <strong>de</strong>ux<br />
autres cols.<br />
Le col <strong>de</strong> Banyuls prés<strong>en</strong>tait donc quelques avantages sur celui du Perthus.<br />
Quant à <strong>la</strong> route du littoral, nous dit le colonel Perrin (p. 18), elle a été <strong>de</strong> tous<br />
temps impraticable. Le chaînon qui, à <strong>la</strong> tour <strong>de</strong> Caroigt, se détache <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
Pyrénées pour se diriger vers <strong>la</strong> mer, ressemble à une imm<strong>en</strong>se muraille <strong>en</strong> ligne<br />
droite, où ne se distingu<strong>en</strong>t que <strong><strong>de</strong>s</strong> brèches insignifiantes, qu'on appelle le col<br />
<strong>de</strong> Los Frayles <strong>et</strong> le col <strong>de</strong> Balistre. C'est par ce <strong>de</strong>rnier que passe le s<strong>en</strong>tier,<br />
mais il est impraticable le long <strong>de</strong> <strong>la</strong> côte.<br />
Peut-être un chemin mul<strong>et</strong>ier passait-il autrefois sur les <strong>de</strong>rniers contreforts <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
Albères, mais, outre les difficultés signalées par le colonel Perrin, ce chemin<br />
aurait compté 15 kilomètres <strong>de</strong> plus que celui du Perthus, <strong>en</strong>tre Ampurias <strong>et</strong><br />
Elne, passant par Rosas, L<strong>la</strong>nsa <strong>et</strong> Port-Bou.<br />
D'Ampurias à Castellon, 15 kilomètres ; à Pere<strong>la</strong>da, 7 ; à L<strong>la</strong>nsa, 15 ; à Elne, 45.<br />
Total 82 kilomètres, <strong>en</strong> négligeant une partie <strong><strong>de</strong>s</strong> anfractuosités <strong>de</strong> <strong>la</strong> côte, <strong>et</strong><br />
sans doute 85 à 90 <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ant compte <strong>de</strong> tous ces détours.<br />
Ces 15 kilomètres, ajoutés à <strong>la</strong> longueur déjà trouvée pour le traj<strong>et</strong> d'Ampurias<br />
au Rhône, donnerai<strong>en</strong>t un chiffre <strong>de</strong> beaucoup supérieur à celui que Polybe nous<br />
a transmis. II faut donc écarter l'hypothèse d'un passage sur le bord <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer,<br />
<strong>et</strong> l'on ne peut guère hésiter qu'<strong>en</strong>tre les cols du Perthus <strong>et</strong> <strong>de</strong> Banyuls.<br />
Nous nous déci<strong>de</strong>rions <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier, si nous avions <strong>la</strong> certitu<strong>de</strong><br />
qu'aucune <strong>de</strong> ces routes n'était pavée ou régulièrem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tr<strong>et</strong><strong>en</strong>ue. Mais notre<br />
ignorance irrémédiable sur ce <strong>de</strong>rnier point nous oblige à ne ri<strong>en</strong> affirmer1.<br />
2° Depuis Elne jusqu'à Narbonne, Annibal a pu suivre le tracé <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie romaine<br />
; s'il s'<strong>en</strong> est écarté, ce n'a été que pour contourner les hauteurs au sud <strong>de</strong><br />
Sijean au lieu <strong>de</strong> les traverser. Il aurait fait ainsi, <strong>en</strong>tre Salses <strong>et</strong> Narbonne, 52<br />
kilomètres au lieu <strong>de</strong> 46, soit une augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> 6 kilomètres. C<strong>et</strong>te variante<br />
<strong>de</strong>vait être prise <strong>en</strong> considération, mais ri<strong>en</strong> ne p<strong>la</strong>i<strong>de</strong> <strong>en</strong> sa faveur. Les<br />
suivantes sont plus importantes.<br />
3° Il est à peine admissible qu'au IIIe siècle avant l’ère chréti<strong>en</strong>ne, une armée<br />
ait pu aller <strong>en</strong> ligne droite <strong>de</strong> Narbonne à Béziers. Les étangs qui <strong>en</strong>tourai<strong>en</strong>t<br />
Narbonne à l'Est <strong>et</strong> au Nord, <strong>et</strong> qui couvrai<strong>en</strong>t <strong>la</strong> vallée <strong>de</strong> l'Au<strong>de</strong> <strong>en</strong> aval <strong>de</strong><br />
Cuxac ou <strong>de</strong> Sallèles, <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t l'obliger à se détourner vers l'Ouest, <strong>et</strong> à passer<br />
par Cuxac ou Sallèles, puis par Capestang. Le détour par Cuxac porte à 32<br />
kilomètres <strong>la</strong> distance <strong>de</strong> Narbonne à Béziers ; le détour par Sallèles le porte au<br />
1 Le colonel Fervel dit simplem<strong>en</strong>t qu’Annibal a dû passer à l’est du Perthus. M. H<strong>en</strong>ri le<br />
conduit par le col <strong>de</strong> <strong>la</strong> Massanne, qu'il juge plus favorable que celui du Perthus : La<br />
route, dit-il, y est <strong>la</strong>rge <strong>et</strong> au moins aussi accessible que celle du Perthus.