annibal en gaule - L'Histoire antique des pays et des hommes de la ...

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Carthaginois. Il leur imposa des contributions, et ayant réuni une somme considérable, il revint hiverner près de la Ville-Neuve. Ayant paye généreusement ses subordonnés, régir la solde et promis plus encore, il excita l'ardeur et les espérances de la troupe. L’été revenu, il repartit en toute hâte chez les Vaccéens, et enleva Helmantika par une attaque de vive force. Arbucala, par sa grandeur, le nombre et le courage de ses habitants, résista longtemps à un siège, et fut prise d'assaut. En revenant, Annibal courut un danger immense et imprévu : Les Carpésiens, qui étaient le peuple le plus puissant de cette région, prirent les armes contre lui ; les peuples voisins s'étaient joints à eux, excités surtout par les réfugiés olcades et par les habitants échappés d'Helmantika. Si les Carthaginois avaient été forcés do recevoir leur choc en bataille rangée, ils auraient infailliblement succombé ; mais Annibal eut l’idée pratique et sage de se dérober en battant en retraite, et s'étant fait un rempart du fleuve appelé Tage, il réduisit le danger au passage du fleuve. Il se donnait le fleuve comme auxiliaire, ainsi que les éléphants qu'il avait au nombre de quarante, et ce projet réussit tout à fait d'une manière extraordinaire et conforme à son calcul. Les barbares s'efforcèrent de franchir le fleuve de vive force en plusieurs endroits, mais le plus grand nombre fut écrasé en débarquant, car les éléphants se promenaient le long du rivage et prévenaient toujours les assaillants ; beaucoup de ceuxci furent massacrés dans le fleuve même par la cavalerie, qui surmontait plus facilement le courant, et combattait les fantassins de haut en bas. Enfin les troupes d’Annibal passèrent le fleuve à leur tour, et tombant sur les barbares, leur tuèrent plus de 100.000 hommes. Ceux-là vaincus, il n’y eut plus personne, en deçà de l’Èbre, qui osât avoir la légèreté de limitrophes de ceux-ci, à leur faire la guerre. Il emporte et pille Carteïa, ville riche, capitale des Olcades. Les villes plus faibles, frappées de terreur, payent une contribution, et acceptent le joug des Carthaginois. L'armée victorieuse, et riche de butin, revient à Carthagène pour hiverner. Là, par une large distribution du butin, et un règlement exact de la solde, Annibal se concilie les sentiments de tous ses concitoyens et alliés. Au printemps, il porte la guerre chez les Vaccéens. Hermandica et Arbocala sont enlevées d'assaut ; Arbocala, par le courage et le nombre de ses habitants, prolonge longtemps sa défend. Les fuyards d'Hermandica, et des exilés olcades dont la nation avait été soumise l'année précédente, se réunissent et excitent les Carpetani. Ils attaquent Annibal à son retour de chez les Vaccéens, et inquiètent son armée, encombrée de butin, non loin du Tage. Annibal refusa la bataille, établit son camp sur la rive. Dès qu’il y eut un peu de tranquillité et de silence chez les ennemis, il passa le fleuve à gué ; il construisit son retranchement de façon que les ennemis eussent l’espace nécessaire pour passer ; il décide de les attaquer au passage. Il ordonne à ses cavaliers de charger les Espagnols quand ils les verraient entrer dans l'eau. Il dispose la colonne d’infanterie sur la rive, avec les éléphants (il y en avait quarante). Les Carpetani, avec leurs renforts de Vaccéens et d'Olcades, étaient au nombre de 100.000 ; c’était une armée invincible, si l'on avait combattu en plaine. Naturellement braves, confiants dans leur nombre, et croyant que l’ennemi avait reculé par frayeur, que l’obstacle du fleuve retarde seul leur victoire, ils poussent une immense clameur, et se jettent dans le fleuve partout, sans aucun ordre, chacun allant au plus près. De l’autre côté, une grande troupe de cavalerie se jette

tenir tête aux Carthaginois, si ce n’est les Sagontins. dans le fleuve, et au milieu de celui-ci a lieu un combat très inégal. Le fantassin perdant l'équilibre, se fiant à peine au gué, pouvait être renversé par un cavalier, même sans armes, poussant vivement son cheval ; le cavalier, sur son cheval qui avait largement pied jusqu'au milieu du fleuve, était libre d'agir où et comme il voudrait avec son corps et ses armes. Le fleuve emporta une grande partie des assaillants ; quelquesuns, entraînés vers l’ennemi par le courant, furent écrasés par les éléphants ; les derniers, jugeant plus sûr de regagner la rive de leur côté, commençaient à se rallier en une seule troupe, mais avant que leurs esprits fussent remis d'une telle frayeur, Annibal avait formé son armée en carré et franchi le fleuve, et il les mettait en fuite. Il ravagea leurs champs, et en peu de jours les Carpetani se soumirent aussi. Dès lors tout le pays au dede l’Èbre, excepté Sagonte, appartint aux Carthaginois. La comparaison des deux textes donne lieu aux remarques suivantes : 1° La ville que Polybe appelle Althée se nomme Carteïa dans Tite-Live ; 2° Le récit de Tite-Live présente une foule de détails, de phrases même, qui se retrouvent exactement dans Polybe ; mais il est beaucoup plus long, quoique Polybe, comme le dit Nissen, soit assez prolixe. La différence ne tient pas à de simples développements littéraires, mais à des détails matériels, à de menus faits que Polybe a négligés. L'identité de certaines parties nous donne la certitude que les deux historiens ont suivi le même modèle, et que l’auteur grec l’a réduit plus que l’auteur latin ; Tite-Live, en expliquant qu'Annibal a placé son retranchement à quelque distance du Tage, nous paraît simplement avoir lu trop vite et traduit son original à contresens ; mais il est un point où il doit avoir raison contre Polybe : c'est quand il évalue l'effectif, et non les pertes, des Espagnols à 100.000 hommes. Le commencement des paragraphes III, 15 et XXI, 6 montre encore une grande analogie entre les deux textes, celui de Polybe étant toujours le plus bref : Les Sagontins, épouvantés des succès d'Annibal, et se sentant menacés, envoient des ambassadeurs à Rome pour solliciter l'intervention des Romains pendant qu'il en est encore temps. Une mission vient de Rome pour examiner sur place la situation de l'Espagne et agir selon les circonstances. A partir de là, nos deux historiens divergent : selon Polybe, les ambassadeurs romains trouvent Annibal en quartiers d'hiver à Carthagène ; selon Tite-Live, le siège de Sagonte est déjà commencé quand la mission quitte Rome. Suivant le

t<strong>en</strong>ir tête aux Carthaginois, si ce<br />

n’est les Sagontins.<br />

dans le fleuve, <strong>et</strong> au milieu <strong>de</strong><br />

celui-ci a lieu un combat très<br />

inégal. Le fantassin perdant<br />

l'équilibre, se fiant à peine au gué,<br />

pouvait être r<strong>en</strong>versé par un<br />

cavalier, même sans armes,<br />

poussant vivem<strong>en</strong>t son cheval ; le<br />

cavalier, sur son cheval qui avait<br />

<strong>la</strong>rgem<strong>en</strong>t pied jusqu'au milieu du<br />

fleuve, était libre d'agir où <strong>et</strong><br />

comme il voudrait avec son corps<br />

<strong>et</strong> ses armes.<br />

Le fleuve emporta une gran<strong>de</strong><br />

partie <strong><strong>de</strong>s</strong> assail<strong>la</strong>nts ; quelquesuns,<br />

<strong>en</strong>traînés vers l’<strong>en</strong>nemi par le<br />

courant, fur<strong>en</strong>t écrasés par les<br />

éléphants ; les <strong>de</strong>rniers, jugeant<br />

plus sûr <strong>de</strong> regagner <strong>la</strong> rive <strong>de</strong> leur<br />

côté, comm<strong>en</strong>çai<strong>en</strong>t à se rallier <strong>en</strong><br />

une seule troupe, mais avant que<br />

leurs esprits fuss<strong>en</strong>t remis d'une<br />

telle frayeur, Annibal avait formé<br />

son armée <strong>en</strong> carré <strong>et</strong> franchi le<br />

fleuve, <strong>et</strong> il les m<strong>et</strong>tait <strong>en</strong> fuite. Il<br />

ravagea leurs champs, <strong>et</strong> <strong>en</strong> peu<br />

<strong>de</strong> jours les Carp<strong>et</strong>ani se soumir<strong>en</strong>t<br />

aussi. Dès lors tout le <strong>pays</strong> au <strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> l’Èbre, excepté Sagonte,<br />

appartint aux Carthaginois.<br />

La comparaison <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux textes donne lieu aux remarques suivantes :<br />

1° La ville que Polybe appelle Althée se nomme Carteïa dans Tite-Live ;<br />

2° Le récit <strong>de</strong> Tite-Live prés<strong>en</strong>te une foule <strong>de</strong> détails, <strong>de</strong> phrases même, qui se<br />

r<strong>et</strong>rouv<strong>en</strong>t exactem<strong>en</strong>t dans Polybe ; mais il est beaucoup plus long, quoique<br />

Polybe, comme le dit Niss<strong>en</strong>, soit assez prolixe. La différ<strong>en</strong>ce ne ti<strong>en</strong>t pas à <strong>de</strong><br />

simples développem<strong>en</strong>ts littéraires, mais à <strong><strong>de</strong>s</strong> détails matériels, à <strong>de</strong> m<strong>en</strong>us<br />

faits que Polybe a négligés. L'id<strong>en</strong>tité <strong>de</strong> certaines parties nous donne <strong>la</strong><br />

certitu<strong>de</strong> que les <strong>de</strong>ux histori<strong>en</strong>s ont suivi le même modèle, <strong>et</strong> que l’auteur grec<br />

l’a réduit plus que l’auteur <strong>la</strong>tin ; Tite-Live, <strong>en</strong> expliquant qu'Annibal a p<strong>la</strong>cé son<br />

r<strong>et</strong>ranchem<strong>en</strong>t à quelque distance du Tage, nous paraît simplem<strong>en</strong>t avoir lu trop<br />

vite <strong>et</strong> traduit son original à contres<strong>en</strong>s ; mais il est un point où il doit avoir<br />

raison contre Polybe : c'est quand il évalue l'effectif, <strong>et</strong> non les pertes, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Espagnols à 100.000 <strong>hommes</strong>.<br />

Le comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> paragraphes III, 15 <strong>et</strong> XXI, 6 montre <strong>en</strong>core une gran<strong>de</strong><br />

analogie <strong>en</strong>tre les <strong>de</strong>ux textes, celui <strong>de</strong> Polybe étant toujours le plus bref : Les<br />

Sagontins, épouvantés <strong><strong>de</strong>s</strong> succès d'Annibal, <strong>et</strong> se s<strong>en</strong>tant m<strong>en</strong>acés, <strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> ambassa<strong>de</strong>urs à Rome pour solliciter l'interv<strong>en</strong>tion <strong><strong>de</strong>s</strong> Romains p<strong>en</strong>dant qu'il<br />

<strong>en</strong> est <strong>en</strong>core temps. Une mission vi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Rome pour examiner sur p<strong>la</strong>ce <strong>la</strong><br />

situation <strong>de</strong> l'Espagne <strong>et</strong> agir selon les circonstances.<br />

A partir <strong>de</strong> là, nos <strong>de</strong>ux histori<strong>en</strong>s diverg<strong>en</strong>t : selon Polybe, les ambassa<strong>de</strong>urs<br />

romains trouv<strong>en</strong>t Annibal <strong>en</strong> quartiers d'hiver à Carthagène ; selon Tite-Live, le<br />

siège <strong>de</strong> Sagonte est déjà comm<strong>en</strong>cé quand <strong>la</strong> mission quitte Rome. Suivant le

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