Astorg (rue d') 75008 - Apophtegme
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Rue d’<strong>Astorg</strong><br />
ASTORG (<strong>rue</strong> d’)<br />
Une photo de Dora Maar (29, <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong>)<br />
VIII e Arrondissement. Commence 24 <strong>rue</strong> de la Ville-L’Évêque; finit place Saint-Augustin. Longueur 280 m;<br />
largeur 10 m. Cette <strong>rue</strong>, ainsi que la <strong>rue</strong> Roquépine qui la coupe à angle droit, a été percée, en 1774, sur<br />
d’anciens marais appartenant, en partie, à Louis d’<strong>Astorg</strong> d’Aubarède, marquis de Roquépine, comte de<br />
Barbasan, lieutenant général du roi (1714-1782). (cf. <strong>rue</strong> Roquépine). Son but était de donner aux gardes<br />
françaises casernés <strong>rue</strong> Neuve-Saint-Charles (de la Pépinière) un passage facile à travers ces marécages<br />
pour qu’ils puissent, sans trop de mal pour eux et sans trop de dégâts pour les cultures, aller faire<br />
l’exercice aux Champs-Élysées. La <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong> fut prolongée, en 1778, vers le nord, puis réunie en 1840<br />
à la <strong>rue</strong> de la Maison-Neuve, qui reliait, depuis 1800, les <strong>rue</strong>s de la Pépinière et de la Voirie (Laborde).<br />
L’ouverture du boulevard Malesherbes, en 1854, a fait disparaître cette dernière section. (J.H.)<br />
Charles Lefeuve, nous dit :<br />
«Louis d’<strong>Astorg</strong> d’Aubarède, marquis de Roquépine, connu d’abord sous le nom de comte de Barbazan,<br />
entra cornette dans le régiment de Toulouse et acheta ensuite le régiment de Nivernais; il était colonel du<br />
Royal-Comtois en 1747, maréchal-de-camp et lieutenant-général quinze ans après. La <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong> lui<br />
doit le jour et l’hôtel qu’il a occupé. Cette propriété est présentement la demeure du général de Goyon, qui<br />
fait partie de la maison de l’empereur; c’est le n° 31 de la <strong>rue</strong>.»<br />
1
«Après 89, la <strong>rue</strong> s’est continuée<br />
jusqu’à la <strong>rue</strong> de la<br />
Pépinière sous le nom de <strong>rue</strong><br />
Maison Neuve, puis elle s’est<br />
prolongée au-delà, et elle y a pris<br />
la place d’un chemin montant;<br />
cette rampe conduisait à un lieu<br />
parfaitement infect où se jetaient<br />
encore les immondices il y a vingt<br />
ans, (notice écrite en 1856) et où<br />
les chiffonniers s’abattaient ainsi<br />
que les corbeaux, au grand chagrin<br />
des rats qu’il y dérangeaient<br />
à chaque instant.<br />
Sénateurs, députés, ambassa-<br />
Rue d’<strong>Astorg</strong><br />
deurs sont encore fort à l’aide<br />
dans l’ancienne <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong>;<br />
c’est à peine si le commerce y touche. On ne pourrait s’y procurer que des carrosses et des fleurs: c’est<br />
assez pour aller au bal chez un ministre, où le buffet est mieux servi qu’ailleurs. Le haut de la <strong>rue</strong> est, au<br />
contraire, le siège de grands établissements industriels et tou y date du siècle qui suit son cours.»<br />
Au carrefour qu’on a dénommé place des Saussaies se rencontrent la <strong>rue</strong> de la Ville-l’Evêque et la <strong>rue</strong><br />
d’<strong>Astorg</strong>. Ayant portes sur ces deux <strong>rue</strong>s, s’élevait là - avant que le terrorisme financier n’attire ici les<br />
vandales malades de la pierre - un ensemble d’hôtels particuliers que des jardins et des cours séparaient<br />
moins qu’ils ne les faisaient communiquer. (La formule est de André de Fouquières.)<br />
Entre 1900 et 2007 l’aspect de cette <strong>rue</strong> jadis bourgeoise et paisible a beaucoup changé !<br />
N° 1 : Hôtel de la Compagnie financière de Suez.<br />
Promenade anecdotique au Faubourg du Roule<br />
N° 8-10 : Emplacement de l’hôtel Greffulhe, démoli en<br />
1958, remplacé par un grand bâtiment de bureaux laid<br />
et sans âme (Groupama).<br />
Élisabeth Riquet de Caraman-Chimay, comtesse<br />
Greffulhe (1860-1952), fille du prince Joseph de<br />
Chimay, épouse d’Henri Greffulhe, intelligente, sage,<br />
originale, fé<strong>rue</strong> de littérature, cultivée et riche, a régné<br />
sur le Tout Paris, à cheval sur deux demi-siècles par son<br />
charisme et sa beauté (qui éclipsait celle de sa propre<br />
fille) et dont tous reconnaissaient la préséance.<br />
Inspiratrice de Marcel Proust pour son personnage<br />
de la comtesse de Guermantes, élève de Nadar qui<br />
immortalisa sa beauté, le mystère a toujours flirté avec<br />
cette étonnante sirène. Au 8 de la <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong> sa résidence<br />
s’étendait sur trois bâtiments de caractère, des<br />
écuries, des communs, un jardin avec une serre garnie<br />
de préciseuses plantes exotiques, un bassin orné d’un<br />
jet d’eau.<br />
«C’est […] une espèce de cité d’Angkor de<br />
l’aristocratie, un morceau du faubourg Saint-Germain<br />
à mi-chemin entre la plaine Monceau et le faubourg<br />
Saint-Honoré », dit Ghislain de Diesbach dans son<br />
Proust.<br />
2<br />
Élisabeth Riquet de Caraman-Chimay Comtesse Greffulhe
Rue d’<strong>Astorg</strong><br />
La <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong> fut aussi le discret havre parisien de<br />
souverains étrangers qui venaient dans la capitale<br />
assouvir incognito leurs passions amoureuses et que la<br />
comtesse hébergeait.<br />
Son salon du 10, <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong> a vu se presser le gratin<br />
parisien des arts, de la science, de la politique et de la<br />
mondanité.<br />
Tirons de cette impressionnante nomenclature, les<br />
noms de Jean Casimir-Perier, la danseuse Loïe Fuller,<br />
Robert, comte de Montesquiou, son parent et ami;<br />
Édouard VIII, roi d’Angleterre; la comtesse Anna de<br />
Noailles, le peintre Antonio de La Gandara, Blanche,<br />
comtesse de Clermont-Tonnerre; Élisabeth, reine de<br />
Belgique; Serge Daghiliew, Misia Sert, Franz Liszt qui<br />
a déjà joué pour elle, <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong>; Claude Debussy,<br />
Charles Haas, Modest Petrovitch Moussorgski, la claveciniste<br />
Wanda Landowska, Gabriel Fauré, Robert<br />
d’Harcourt, Paul Deschanel, Edmond de Goncourt, la<br />
princesse Bibesco;<br />
Henri de Régnier,<br />
Winaretta, princesse<br />
de Polignac; René<br />
Comtesse Elisabeth Greffulhe par Nadar Doumic, Paul<br />
Morand, Paul Claudel,<br />
François Mauriac, André Maurois, Édouard Branly, le prince Roffredo<br />
Caetani, le ténor Boris Chaliapine, Edmond Rostand, les député Jules<br />
Roche et Denys Cochin, Gustave Le Bon, Boni de Castellane, Maurice<br />
Barrès, Marcellin Berthelot, Philippe Berthelot, Irène Joliot-Curie,<br />
Louis et Maurice de Broglie; Henri Bergson, Armand de Gramont, Man<br />
Ray et Aristide Briand.<br />
Dreyfusarde convaincue, très liée à René Waldeck-Rousseau et au<br />
général Gaston Gallifet, elle sympathisait avec les républicains.<br />
Ajoutons qu’elle avait<br />
trouvé le temps de suivre<br />
des cours de dessin et de<br />
Elisabeth à 25 ans<br />
photographie avec Félix<br />
Tournachon dit Nadar et de taquiner le piano.<br />
État-civil : La comtesse Marie Anatole Louise Élisabeth<br />
de Riquet de Caraman, devenue par son mariage comtesse<br />
Henry Greffulhe, est née en 1860 et décédée en 1952. Fille<br />
de Joseph de Riquet de Caraman (1836-1892), 18 prince de<br />
Chimay et de la princesse, née Marie de Montesquiou-<br />
Fezensac, la comtesse Élisabeth de Riquet de Caraman (il est<br />
d’usage de donner aux femmes non mariées de la maison de<br />
Chimay le titre de comtesse tandis que les hommes portent le<br />
titre de prince) est issue à la fois d’une des plus grandes<br />
familles belges et de la meilleure aristocratie française.<br />
La fortune de ses parents étant relativement restreinte<br />
c’est avec empressement que fut agréé le mariage<br />
Elisabeth, sa fille et Robert de Montesquiou d’Élisabeth avec le comte Henry Greffulhe, unique héritier<br />
3
Promenade anecdotique au Faubourg du Roule<br />
d’un empire financier et immobilier qui en faisait l’un<br />
des plus beaux partis de son temps. Le mariage est<br />
célébré en 1878. Ils auront une fille, Élaine (1882-<br />
1958), qui épousera Armand de Gramont.<br />
D’une beauté et d’une élégance incomparables,<br />
s’habillant chez Worth, Fortuny, Félix, Doucet ou<br />
Beauches, mais toujours avec une touche personnelle,<br />
la comtesse Greffulhe règne sur le Tout-Paris de son<br />
époque. Elle est immortalisée par de nombreux portraits,<br />
d’innombrables photographies, mentionnée par<br />
beaucoup de mémorialistes.<br />
Profondément narcissique, elle n’est peut-être pas<br />
très intelligente, mais elle fascine et intrigue. Douée<br />
pour les arts, elle prend nous l’avons vu, des cours de<br />
dessin et de photographie avec Paul Nadar.<br />
Par l’intermédiaire de son cousin Robert de<br />
Montesquiou, elle a rencontré Gustave Moreau dont<br />
elle possède plusieurs tableaux, et Antonio de La<br />
Gandara qu’elle admire.<br />
Excellente musicienne, elle joue du piano et<br />
apprend la guitare, organise des concerts de musique<br />
de chambre et jusqu’à des représentations lyriques,<br />
comme celle de “Béatrice et Bénédict” d’Hector<br />
Berlioz au Théâtre de l’Odéon en 1890 et la première<br />
représentation parisienne de “Tristan et Iseult” de<br />
Dans une robe de Worth<br />
Richard Wagner en octobre 1899.<br />
Elle a rencontré Franz Liszt lors de son dernier voyage à Paris en 1886 et, toujours grâce à Montesquiou,<br />
elle fait la connaissance de Gabriel Fauré.<br />
Elle fonde en 1890 la Société des grandes auditions<br />
musicales et favorise la venue à Paris des Ballets russes.<br />
Toujours grâce à Montesquiou, elle se lie avec<br />
Edmond de Goncourt, José-Maria de Heredia,<br />
Stéphane Mallarmé, Judith Gautier.<br />
En politique, de manière quelque peu paradoxale,<br />
elle est proche des républicains. Particulièrement liée<br />
avec Théophile Delcassé, Pierre Waldeck-Rousseau, le<br />
général de Galliffet, elle est informée de toutes les<br />
intrigues qui animent le monde politique. Sans doute<br />
sous l’influence des deux derniers, elle prend le parti<br />
du capitaine Alfred Dreyfus et sera accusée par la<br />
presse de droite d’être intervenue en sa faveur auprès<br />
de Guillaume II en 1899. Marcel Proust l’aperçoit à un<br />
bal chez la princesse de Wagram le 1er juillet 1893. Il<br />
est aussitôt fasciné et en fait le principal modèle de la<br />
duchesse de Guermantes dans “À la recherche du<br />
temps perdu”.<br />
9, <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong><br />
N° 9 : Construction de briques et de pierre de deux<br />
ailes autour d’un corps central. Balustrade. Blaise<br />
Cendrars y disposa d’une “garçonnière”.<br />
4
N° 11 : L’Hôtel Astor et son restaurant gourmand (2007), succède au<br />
célèbre Hôtel des Voyageurs dont la publicité proclamait dans les émissions<br />
de T.S.F. d’avant guerre, le slogan “à l’hôtel <strong>Astorg</strong>... on dort”.<br />
L’Hôtel Astor fut après la guerre l’un des dortoirs et l’une des cantines<br />
préférées de Ted R. Astor, l’un des milliardaires les plus farfelus<br />
de la planète. Voyageant sans passeport, sans argent, sous de multiples<br />
déguisements, à peu près dans tous les pays du monde, sous vingt pseudonymes<br />
différents, il était reçu partout grâce à un sésame imparable,<br />
coupe-file universel infalsifiable, reconnu par la plupart des autorités<br />
consulaires, dont disposaient quelques VIP.<br />
N° 12 : Hôtel de Bailleul. A l’emplacement de cet hôtel aujourd’hui<br />
fortement restauré s’élevait en 1865, une belle demeure plus ancienne. Elle abritait la légation du Portugal<br />
où demeura José de Païva, le ministre du Portugal à Paris, cousin du marquis de Païva qui donna son nom<br />
à la célèbre croqueuse de diamants. A partir de 1871, l’hôtel appartint au marquis de L’Aigle.<br />
Cet hôtel lui vint par héritage de la marquise de l’Aigle, née<br />
Greffulhe. ?Son père le comte Louis-Charles Greffulhe l’avait acheté<br />
le 30 mars 1870 au comte Armand de Pomereu. Cet hôtel était alors<br />
connu comme l’hôtel de Bailleul. L’hôtel et son terrain appartenaient à<br />
l’origine au prince de Talleyrand (1808). Celui-ci l’échangea contre<br />
l’hôtel de Monaco (aujourd’hui hôtel Matignon) à madame Quentin<br />
Crawford. ?Par la suite l’hôtel Crawford fut vendu en 1822 au marquis<br />
d’Aligre qui sépara le terrain sur lequel fut alors bâtit celui du 12, <strong>rue</strong><br />
d’<strong>Astorg</strong>, puis plus tard le 10 et le 8 qui fut le siège des Assurances<br />
Mutualistes Agricoles. ?Le marquis d’Aligre donna à Madame de<br />
Bailleul un bail pour l’hôtel de la <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong> avec jouissance sa vie<br />
durant. Madame de Bailleul meurt le 24 octobre 1850, et laisse à sa<br />
fille Madame de Pomereu le dit-hôtel. Mais cette dernière meurt en<br />
1860, laissant l’hôtel à son troisième fils le comte Armand de Pomereu.<br />
Cet hôtel fut habité successivement par le marquis et la marquise de<br />
Cour du n°11 <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong><br />
Rue d’<strong>Astorg</strong><br />
tel jusqu’au 3 juin 1986, date à laquelle l’hôtel fut vendu à la<br />
société A.R.C. (Aménagement-Rénovation-Construction).<br />
L’hôtel de Bailleul est le dernier du quartier Saint-Augustin-<br />
Madeleine, de cet ensemble que formaient les hôtels Greffulhe<br />
(Bailleul) (8 et 10 <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong>), des hôtels de Laguiche et<br />
d’Arenberg, et de la <strong>rue</strong> de la Ville-l’Evêque. Cet ensemble était<br />
autrefois appelé par les amis qui le fréquentaient, “le Vatican”<br />
tant la vie que l’on y menait était discrète, sans manifestation<br />
extérieure ou tapageuse, à l’abri du silence. On y recevait “entre<br />
soi”, entre gens civilisés, riches et de bonne compagnie, évitant<br />
les raseurs, les tapeurs, les anarchistes, les voyous. Poètes, peintres,<br />
musiciens, jolies femmes et beaux garçons servaient<br />
d’appât et de “garniture”.<br />
http://mapage.noos.fr/aden-osteo/Aigle01.html<br />
N° 14 : Cette demeure, selon Lefeuve, dépendait de l’hôtel qui<br />
appartenait au marquis d’Aligre, <strong>rue</strong> d’Anjou, et ce nom de<br />
famille revient assez souvent dans nos recherches historiques sur<br />
la propriété particulière à Paris pour nous remettre en mémoire<br />
un certain conte de Perrault. “A qui ces prés, ces bois, ces fermes,<br />
l’Aigle, née Colbert. Et enfin par sa seconde, fille Louise de l’Aigle,<br />
marquise de Montmort et ses trois fils qui furent propriétaire de l’hô-<br />
5<br />
Hôtel Astor (2002)<br />
14, <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong>
ces cours d’eau, ces villages, ces châteaux<br />
et ces paysans ? Au marquis de<br />
Carabas, toujours au marquis de<br />
Carabas !”<br />
N° 15 : Ambassades de Ceylan et du<br />
Sri Lanka.<br />
À la Belle-Époque, la voyante Rose<br />
Mareuil qui se faisait appeler Rosalie<br />
de Merteuil donnait ses consultations<br />
dans cet immeuble. Protégée par sa voisine,<br />
la comtesse Greffulhe, elle lui servait<br />
discrètement d’informatrice, ainsi<br />
la reine de Paris”connaissait par le<br />
menu les aventures et les préoccupations<br />
des illustres contemporains qui<br />
fréquentaient son salon.<br />
N° 17-19 : Le fondeur d’art Debreaux d’Englures établi <strong>rue</strong> de Castiglione, ouvrit en 1837 une galerie<br />
d’exposition à cette adresse. Fondeur atittré de Barye, Gecheter, Fauginet et tant d’autres, on lui doit<br />
l’étude préliminaire de la statue monumentale d’Emanuel Philibert de Savoie par Marochetti, érigée à<br />
Turin. Vers 1900 c’est une épicerie-fruiterie et un caférestaurant<br />
avant que l’aimable maison d’allure faubourienne<br />
ne soit démolie pour faire place à un “immeuble<br />
de rapport”.<br />
N° 21-23 : Ce building moderne se trouve à l’emplacement<br />
où s’élevait au début du XIXe siècle l’hôtel de<br />
Mouchy.<br />
N° 25-27 : Banale<br />
construction moderne<br />
édifiée dans les années<br />
trente à l’emplacement<br />
d’un bel hôtel du XIX e,<br />
25-27 <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong><br />
17-19, <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong> (2005)<br />
Promenade anecdotique au Faubourg du Roule<br />
cette balourdise avec son<br />
grand hall d’entrée prétentieux<br />
style art déco<br />
appartint à la CAMR, caisse de retraite des<br />
agents des chemins de fer secondaires. Celle-ci<br />
l’a occupé jusqu’en 1992, date à laquelle le gouvernement,<br />
considérant l’évolution démographi-<br />
que déclinante de ce secteur d’activité (quelques dizaines d’actifs pour 30 000<br />
retraités), décida l’intégration de ce régime à la Caisse nationale d’assurance<br />
vieillesse (CNAV).<br />
L’Association mondiale des Journaux a aujourd’hui son siège à cette<br />
adresse. http://www.wan-press.org<br />
N° 29 : En 1917, Charles-Edouard Jeanneret (Le Corbusier) (1887-1965)<br />
ouvre son premier atelier d’architecture au 20, <strong>rue</strong> de Belzunce avant de s’installer<br />
ici, au 29 <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong>. Cet urbaniste et peintre français d’origine suisse<br />
fut le chef de file du modernisme en architecture. Propagateur du “modèle progressiste”<br />
selon Francis Choay), apura les lignes, supprima l’ornementation,<br />
fit subir à l’architecture ce que le cubisme infligea à la peinture !<br />
6<br />
17-19, <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong> vers 1910<br />
Emanuel Philibert de Savoie<br />
par Marochetti
29 <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong> (2006)<br />
Élève de l’école d’art de La Chauxde-Fonds,<br />
il abandonne très tôt les<br />
études traditionnelles - Le Corbusier<br />
ne sera jamais diplômé d’une grande<br />
école d’art), pour se familiariser avec<br />
l’architecture locale des pays qu’il<br />
visite entre 1907 et 1911: l’Italie,<br />
l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie et<br />
la France. Il y rencontre quelques<br />
grands architectes du moment, Josef<br />
Hoffmann, Tony Garnier, Frantz<br />
Jourdain et Auguste Perret, chez<br />
lequel il effectue un stage en 1908-<br />
1909. En 1917, il s’installe définitivement<br />
à Paris (il sera naturalisé<br />
Français en 1930). Il y découvre le<br />
Le Corbusier<br />
cubisme et peint alors des tableaux qualifiés de puristes et qui annoncent par plus d’un aspect son œuvre<br />
d’architecte. En 1920, il fonde avec Amédée Ozenfant la revue d’avantgarde<br />
l’Esprit nouveau, revue internationale d’esthétique. Il y compare<br />
la maison à une machine à habiter. C’est à cette époque qu’il adopte le<br />
surnom de Le Corbusier.<br />
A cette même adresse, les célèbres éditions de musique Rouart-<br />
Lerolle succèdent à l’antique maison Meuriot. Editeurs de partitions<br />
d’Ernest Chausson, Jacques-Dalcroze, Vincent d’Indy, Francis<br />
Poulenc, Érik Satie, les éditions Rouart-Lerolle feront la part belle à la<br />
chanson traditionnelle et à la musique populaire.<br />
Le photographe et peintre Dora Maar (1907-1997) crée en 1935 son<br />
studio dans cet immeuble après avoir été l’assistante de Man Ray.<br />
Travaillant avec un simple Rolleiflex, composant des milliers de photos<br />
dont certaines sont devenues des icônes de<br />
la légende surréaliste.<br />
Dora Maar autoportrait (1932)<br />
Rue d’<strong>Astorg</strong><br />
Séduite puis abandonnée par Picasso,<br />
Dora Maar, fait partie de cette longue<br />
liste d’inconnues célèbres dont la vie et l’œuvre ont été marquées par celle du<br />
grand homme.<br />
Photographe et portraitiste de talent, Dora Maar invita Pablo Picasso à une<br />
séance de photos dans son atelier. Ils se connaissent depuis peu, depuis leur rencontre<br />
aux Deux Magots, à l’automne 1935. Picasso accepte et se rend au 29 de<br />
la <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong>.<br />
Armée de son inséparable<br />
Rolleiflex, Dora mitraille son<br />
modèle avec jubilation, met<br />
dans sa boîte plusieurs pellicules,<br />
engrange des dizaines de<br />
Picasso et Dora Maar<br />
clichés obligeant l’artiste à prendre les différentes poses<br />
qu’elle souhaite.<br />
Un témoin raconte : «Penchée sur la “fenêtre” de l’appareil,<br />
hiératique et précise, Dora observe son sujet, le<br />
scrute, le débusque. Jouant sur les contrastes, elle le traque<br />
lui le macho. Épaté, Picasso se prend au jeu de la pho-<br />
7<br />
Dora Maar par Picasso
Promenade anecdotique au Faubourg du Roule<br />
tographe, se plie à ses exigences, multiplie les postures. Le<br />
voilà donc, cigarette aux doigts, cravate courte sur la<br />
poitrine, manches de chemise relevées, pantalon blanc, qui<br />
pose, élégant et raffiné.<br />
Dora décline toute la palette de Picasso. Elle le prend en<br />
pied, assis, nonchalamment appuyé au chambranle d’une<br />
porte, le corps légèrement incliné, souriant, riant, amusé,<br />
intrigué. Le visage est carré, un peu massif, les cheveux<br />
sont déjà gris, mais encore fournis. Le regard de jais est<br />
perçant, décidé, interrogateur. Regard de séducteur séduit<br />
? Dora poursuit sa séance de prises de vue.<br />
Picasso par Dora Maar<br />
Picasso pose à la demande, assis, debout, allongé, tantôt de face,<br />
tantôt de trois quarts ou de profil. Avec ou sans cigarette, les bras croisés,<br />
la tête appuyée contre la main. Il endosse son veston, arborant son<br />
visage large posé sur un cou taurin. Il y a, dans la moue qui souligne<br />
les contours de la bouche, quelque chose de dur, de sévère, de triste ou<br />
de presque méchant. »<br />
De cette séance initiatique du 29 <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong>, naît une relation<br />
sado masochiste forte entre Dora Maar et Picasso. Une relation<br />
douloureuse qui conduira la jeune femme au bord de la folie et<br />
projettera son amant vers de nouvelles aventures. Les photos de cet<br />
envoûtant cérémonial de «possession» peu connues ont été analysées<br />
par Lacan.<br />
N° 29bis : De 1920 à 1940, le célèbre marchand de tableaux Daniel<br />
Kahnweiler (1884-1979) s’associa à André Simon pour ouvrir ici la<br />
Picasso : La femme qui pleure (Dora) galerie Simon, qui se substitua à la galerie Kahnweiler créée en 1907,<br />
nous verrons plus loin pourquoi.<br />
Initié très jeune à la peinture et à la musique par son oncle Josef Goldscheider qu’il appellera familièrement<br />
“l’Oncle Amigo, Daniel Kahnweiler grandit à Stuttgart dans une famille aisée. Adolescent, il<br />
voyage, visite les grands musées européens, découvre Boucher, Chardin, Rembrandt, Cranach. Sans goût<br />
prononcé pour les études sérieuses, ou les finances auxquelles le prédisposeraient les traditions familiales,<br />
le jeune homme mène une vie de dilettante, promenant un regard d’amateur éclairé sur les œuvres qu’il<br />
découvre.<br />
Il arrive à Paris en 1902 dans<br />
une période riche en nouveautés<br />
où les idées bouillonnent et<br />
s’entrechoquent.<br />
Au Louvre il est intéressé par<br />
Paolo Ucello et Vermeer; au<br />
musée du Luxembourg il va<br />
découvrir l’Impressionnisme.<br />
En visitant les ateliers et les<br />
galeries, il assiste au passage<br />
brutal du fauvisme au cubisme.<br />
Il est l’un des premiers à voir<br />
les Demoiselles d’Avignon et se<br />
liera avec Picasso qui jusqu’à la<br />
fin de sa vie lui confiera des<br />
œuvres à vendre.<br />
Daniel Kahnweiler par Picasso<br />
Daniel Kahnweiler par Schlaper<br />
8
Rue d’<strong>Astorg</strong><br />
Mais c’est devant la peinture de Cézanne que Kahnweilerl<br />
éprouve son premier coup de foudre. Ce sera la clé de son<br />
destin. Il décide de devenir marchand d’art plutôt que banquier,<br />
artiste ou critique d’art et choisira pour guides Ambroise<br />
Vollard et Paul Durand-Ruel.<br />
Dès ses premiers choix, il a la main heureuse en jetant son<br />
dévolu sur Braque, Derain, Giacometti, Juan Gris, Fernand<br />
Léger et Picasso. Il restera toujours fidèle au cubisme, dont il<br />
fut l’un des premiers à reconnaître l’importance ignorant<br />
superbement l’art abstrait ou les autres voies empruntées par<br />
l’art moderne.<br />
Appréciant l’œuvre de ces artistes que la presse décrivait<br />
alors comme de “jeunes fumistes et joyeux farceurs”, que les<br />
acheteurs sérieux boudaient écoutant les critiques à la mode<br />
qui parlaient de “peinture sale , effroyablement laide et d’une<br />
prétention bouffonne”, il<br />
les défendit avec talent et<br />
panache, associant les<br />
Kahnweiler par Picasso<br />
écrivains et les poètes à<br />
sa croisade.<br />
Ce fut grâce à lui, que ces jeunes artistes purent vendre leurs<br />
premières œuvres.<br />
Kahnweiler était non seulement marchand d’objets d’art, mais<br />
également éditeur. Entre 1909 et 1914, il publia des livres de<br />
Guillaume Apollinaire et de Max Jacob illustrés par Derain et<br />
Picasso. Il estimait que ces écrivains encore peu connus à l’époque<br />
écrivaient en usant du même langage que les peintres cubistes dans<br />
leur peinture.<br />
Les activités de l’éditeur furent interrompues par la Première<br />
Guerre mondiale, période durant laquelle étant de nationalité allemande,<br />
ses biens furent confisqués. N’étant pas naturalisé, il fut<br />
contraint de s’exiler et séjourna en Suisse.<br />
29 bis, <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong><br />
Après la guerre, il réussit cependant à prendre un nouveau départ<br />
en utilisant un ami proche, André Simon, comme prête-nom. Entre<br />
1920 et 1940, les Éditions de la Galerie Simon, toujours installées au<br />
29 bis de la <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong>, publièrent en édition de luxe plusieurs<br />
ouvrages de Cocteau, Max Jacob, Raymond Radiguet, Erik Satie,<br />
Pierre Reverdy, Antonin Artaud et bien d’autres encore. Il va de soi<br />
que ces œuvres étaient illustrées par de célèbres artistes de la galerie<br />
de Kahnweiler.<br />
30, <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong><br />
N° 30 : Ambassade d’Andorre en France. Rappelons pour mémoire<br />
qu’après une très longue histoire qui débuta avec une charte que<br />
Charlemagne aurait octroyée aux Andorrans pour les récompenser de<br />
leur aide dans ses combats à Ronceveaux (cf. Chanson de Roland), la<br />
Constitution de la Principauté d’Andorre datant de mars 1993,<br />
confirme l’édit de 1607 qui établissait conjointement et de manière<br />
indivise le chef de l’État français (alors roi de France) et l’évêque<br />
d’Urgell, comme co-princes de la Principauté.<br />
http://fr.wikipedia.org/wiki/Andorre<br />
9
Promenade anecdotique au Faubourg du Roule<br />
N° 31 : Emplacement de la demeure où naquit le lieutenant-général Louis<br />
d’<strong>Astorg</strong>, marquis de Roquépine, baron d’Aubarède, de Barbazan (1714-<br />
1782). Bernard de Châteauvieu dans son roman gothique “Les matadors de<br />
Roquépine” raconte sur un mode picaresque et un ton leste les aventures<br />
amoureuses et chevaleresques du baron d’Aubarède, ses innombrables<br />
conquêtes féminines et ses équipées de soudard avec ses compagnons dans<br />
les bouges, les bourdeaux et les tripots du Paris d’avant la Révolution.<br />
Louis d’<strong>Astorg</strong> s’étant reconnu dans cette parodie burlesque ne fit qu’en<br />
rire et racheta tous les exemplaires imprimés non pour les détruire mais<br />
Louis d’<strong>Astorg</strong> pour les offrir à ses amis et à ses belles !<br />
Or, la famille outrée, récupéra ce qu’elle put de ces ouvrages publiés sous le manteau, entachant l’honneur<br />
de l’un des siens et de leur nom, fit saisir les quelques volumes disponibles chez les libraires, pour les<br />
brûler dans la cheminée de leur hôtel.<br />
L’exemplaire qui figurait à l’«enfer» de la Bibliothèque nationale et dont Apollinaire et Fernand Fleuret<br />
ont fait mention, aurait aujourd’hui disparu !<br />
Au Second Empire, l’hôtel d’<strong>Astorg</strong> fut habité par le général et diplomate de Goyon appelé en 1859 par<br />
l’empereur Napoléon III à prendre la tête du corps d’occupation de la ville de Rome. Ce général qui avait<br />
fait partie du corps expéditionnaire en Algérie et dirigea plus tard la Croix-Rouge française n’avait pas la<br />
réputation d’être un tendre !<br />
En Algérie il avait laissé quelques mauvais souvenirs chez les autochtones pour sa manière forte de<br />
provoquer des “repentirs” parmi les prisonniers auprès desquels dit un chroniqueur “il ne trouva que les<br />
hauts mépris de la fierté républicaine”. A Paris, visitant les prisonnières<br />
politiques de la prison Saint-Lazare : “Il arriva parmi les captives,<br />
insolent, fanfaron, grossier comme l’écurie et, flanqué d’un rapporteur-secrétaire,<br />
le colonel de Courson, son éternel Tristan.<br />
Appelées devant lui, les femmes défilèrent comme un troupeau,<br />
sous la brutale insolence de la parole, du geste et du regard militaires.<br />
Il disait aux unes qu’elles sentaient la cartouche; aux autres qu’elles<br />
étaient alliées à des brigands et tombées dans l’écume sociale; à<br />
toutes, qu’il n’y aurait pas de grâce sans soumission absolue, sans<br />
placet de cœur au prince !<br />
Provoquer, torturer, insulter des femmes, quel rôle pour une épée<br />
de France !<br />
M. de Goyon, jusque là, n’était<br />
qu’un bandit comme tant d’autres: il<br />
n’avait tué que des hommes; mais l’insulteur<br />
de Saint-Lazare ne peut avoir<br />
31, <strong>rue</strong> d’<strong>Astorg</strong><br />
qu’un nom dans notre langue : il s’appelle<br />
Haynau-de-Goyon !»<br />
En 1849, après que les troupes du général Oudinot eurent chassé de Rome<br />
les insurgés républicains de Mazzini, l’armée d’occupation française eut à sa<br />
tête de 1856-1862, le général de Goyon. Le baron de Beyzns, diplomate<br />
belge, le décrit comme “l’homme qui a le plus amusé les Romains depuis<br />
Caracalla !”<br />
A la fin de sa mission romaine, le général alla rendre une visite<br />
protocolaire au Saint Père, lui montrant une lettre de son ministre :<br />
- Voyez, je suis juste appelé à Paris, “appelé” et non “rappelé”, comme<br />
Votre Sainteté peut le constater!<br />
Général Goyon<br />
10
Rue d’<strong>Astorg</strong><br />
- Certes, Général, certes, lui rétorque Sa Sainteté Pie IX, mais je crains que ce soit à Paris que vous<br />
allez retrouver le “ra” !<br />
Le Général de Goyon nous a laissé des “Mémoires” intéressants sur le Second Empire.<br />
Première mise en page : 28 juin 2007<br />
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