fait le ménage - PwC

Date: 26.05.2013
Le Matin Dimanche
1001 Lausanne
021/ 349 49 49
www.lematin.ch
Media genre: Print media
Type of media: Daily and weekly press
Circulation: 160'999
Frequency: weekly
Media monitoring
Media analysis
Information management
Language services
ARGUS der Presse AG
Rüdigerstrasse 15, PO Box, 8027 Zurich
Tel. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01
www.argus.ch
Topic n°: 660.3
Subscription n°: 660003
Page: 38
Size: 212'672 mm²
IENQUÊTE Avec 120 noms d'intermédiaires, la Principauté est très fortement impliquée dans les données d'Offshore Leal.. En quantité, mais aussi en «qualité»,
Le Liechtenstein n'a toujours pas fait le ménage
FRAUDE La Principauté se veut
exemplaire depuis 2009.
Les données d'Offshore Leaks
montrent qu'il n'en est rien:
des fiduciaires ont continué
à aider des intermédiaires
pourtant condamnés
par la justice.
C. Boss, F. Imbach, T. Plattner,
M. Stoll et O. Zihlmann
En découvrant jour après jour les révélations
d'Offshore Leaks, il y a un
mois, de nombreux politiciens au
Liechtenstein avaient éprouvé un
certain soulagement. Pour une fois,
qu'on s'en prenait aux autres; la
preuve que la Principauté avait su
faire le ménage, pouvait-on entendre.
Depuis quatre ans, en effet, le petit
pays a signé une série d'accords
avec la Grande-Bretagne, l'Allemagne
et les Etats-Unis, et se présente
depuis comme un modèle d'intégrité
face au reste du monde. La réalité est
toutefois un peu différente.
Dans les 2,5 millions de documents
sur les paradis fiscaux qui ont été
transmis au consortium international
de journalistes d'investigation ICII, le
Liechtenstein se distingue même par
sa très forte présence. Quelque
120 personnes ou sociétés apparaissent
dans les 260 gigabites d'Off-
Dans ce petit bâtiment où siège la fiduciaire ATU, on compte au moins 2122 sociétés ou fondations liechtensteinoises. Au sol, chacune
aurait l'espace de 3 pages M côte à côte. Ces 2122 sociétés contrôlent elles-mêmes des milliers de sociétés offshore.
Argus ref.: 50005715
Clipping Page: 1/6

Date: 26.05.2013
Le Matin Dimanche
1001 Lausanne
021/ 349 49 49
www.lematin.ch
shore Leaks, soit presque autant que
pour toute la France. Ces données
sont issues de deux intermédiaires
spécialisés dans les domiciliations de
sociétés offshore, Portcullis Trustnet
et Commonwealth Trust Limited.
Proportionnellement au nombre
d'habitants, la petite Principauté a
même eu 60 fois plus de relations
avec ces intermédiaires que la Suisse
(370 personnes ou sociétés).
L'absence du Liechtenstein sur le
radar tient plutôt au fait que les médias
partenaires de l'opération dont
font partie «Le Matin Dimanche» et
la SonntagsZeitung se sont d'abord
concentrés sur leur propre pays.
L'analyse des données, que nous
avons faite depuis, montre aussi à
quel point les fiduciaires liechtensteinois
ont pris des risques en prêtant
leurs noms dans des sociétés offshore.
Rapidement, on tombe sur des
clients troubles ou carrément criminels,
même après que le gouvernement
de Vaduz a décidé sa stratégie
de l'argent propre en mars 2009.
Disparition mystérieuse
Six mois après ce changement de paradigme
annoncé avec fracas, l'autorité
de surveillance en matière de
blanchiment d'argent au Liechtenstein
a par exemple dû s'intéresser à
une discrète fiduciaire de Schaan. Elle
avait mis en place des sociétés offshore
pour un riche homme d'affaires
du Kazakhstan, impliqué dans une
vaste fraude.
Margulan Seisembayev, 47 ans,
parlant un anglais presque parfait,
propriétaire de l'Alliance Bank était
au sommet de sa carrière. Mais en été
2009, il disparut subitement pendant
ses vacances. La brigade financière
kazakhe avait démarré une enquête
contre des responsables de sa banque
pour gestion déloyale. Montant du
dommage présumé: 1,1 milliard de
dollars. A Zurich et à Vaduz, où des
Media genre: Print media
Type of media: Daily and weekly press
Circulation: 160'999
Frequency: weekly
Media monitoring
Media analysis
Information management
Language services
investigations sont aussi ouvertes,
les autorités tombent rapidement sur
quatre sociétés aux îles Vierges britanniques.
Aquanta, Bazora, Xilliana
et Serbina étaient toutes administrées
par des fiduciaires au Liechtenstein,
agissant via une société à Panama.
Des documents d'Offshore
Leaks le prouvent.
Au centre des investigations se
trouvaient deux prêts de fonds d'investissement
russes de 500 millions
et 480 millions de dollars au réseau
offshore de Seisembayev. L'argent
était notamment passé par des comptes
chez HSBC Private Bank à Zurich,
ouvert au nom des sociétés mises en
places depuis le Liechtenstein.
«Aucune leçon à tirer»
Des banquiers furent arrêtés au Kazakhstan,
Margulan Seisembayev fut
condamné dans son pays à deux ans
de prison. La fiduciaire de Schaan et
HSBC n'ont pas voulu répondre à nos
questions. Soulignant juste qu'ils ont
répondu à leur obligation d'annonce.
L'actuel directeur de la fiduciaire
écrit encore qu'il n'a aucune leçon à
tirer de cette affaire.
Pourquoi? Des risques sont pourtant
pris de façon tout à fait consciente
dans le business de masse des
domiciliations offshore. Et dans cette
masse, il y a un grand danger de tomber
sur des partenaires en affaires inquiétants,
explique Mark van Thiel,
ancien cadre du Bureau de communication
en matière de blanchiment
(( Dans de tels cas,
il est irresponsable
de prêter son nom»
MARK VAN THIEL
Spécialiste antiblanchiment
d'argent. Pourtant, la responsabilité
ARGUS der Presse AG
Rüdigerstrasse 15, PO Box, 8027 Zurich
Tel. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01
www.argus.ch
Topic n°: 660.3
Subscription n°: 660003
Page: 38
Size: 212'672 mm²
de celui qui accepte de devenir directeur
d'une société est claire, selon ce
spécialiste. «Elle est identique à celle
d'un conseiller d'administration et si
des affaires peu claires apparaissent,
il est irresponsable de prêter son
nom.»
C'est pourtant ce que R. et B., deux
autres fiduciaires du Liechtenstein,
ont accepté de faire. Quand Vaduz
s'est lancé dans sa stratégie de l'argent
propre, ils étaient en poste aux
îles Vierges britanniques chez IGT,
une filiale de la banque liechtensteinoise
VP -Bank. Et ils ont repris une
société offshore d'un certain Stephen
John Kelly, une figure centrale de
l'affaire Magnitski, l'un des cas de
corruption les plus retentissants qui
soit.
Antenne aux îles Vierges
Kelly est soupçonné d'avoir fait affaire
avec des escrocs et des fonctionnaires
corrompus. En 2008, les bureaux
moscovites de la société Hermitage
Capital sont perquisitionnés
et des titres au porteur de trois sociétés
valant presque un milliard ont été
volés. Peu après, elles apparaissent
avec de nouveaux propriétaires. Selon
Hermitage Capital, ces sociétés
ont ensuite été rachetées pour
750 millions de dollars et liquidées
par la société Boily System aux îles
Vierges britanniques (BVI). Le directeur
de Boily System n'est autre que
Stephen John Kelly.
Ce tour de passe-passe a servi à
brouiller les pistes, estiment les avocats
de Hermitage Capital. En septembre
2008, la Cour suprême aux
BVI a carrément retiré les pouvoirs de
directeur de Kelly dans les trois sociétés
volées.
Le dossier du client n'était donc pas
tout à fait vierge lorsque les fiduciaires
d'IGT sont entrés en contact avec
lui, en 2009. L'avocat russe d'Hermitage
Sergei Magnitski est décédé en
Argus ref.: 50005715
Clipping Page: 2/6

Date: 26.05.2013
Le Matin Dimanche
1001 Lausanne
021/ 349 49 49
www.lematin.ch
prison en 2009, après avoir mis à jour
la vaste affaire. Un témoin clé du Ministère
public de la Confédération,
qui enquête depuis 2011, est mort en
novembre dernier en Angleterre dans
des circonstances peu claires.
La société IGT ne veut pas commenter
sa relation d'affaires avec
Stephen John Kelly: «Nous ne
disons rien sur nos clients, réels ou
supposés», dit le directeur d'IGT Do -
minik Risch, avant d'assurer que
d'une façon générale chaque nouvelle
relation d'affaires est soigneusement
examinée.
«Téflon Jack»? Connais pas
C'est aussi ce qu'aurait pu dire T., un
autre fiduciaire liechtensteinois.
Malgré la stratégie de l'argent propre,
ce dernier a repris fin 2010 une société
en Asie de Jack F., un homme soupçonné
à l'époque déjà d'avoir profité
de l'une des plus grandes affaires
d'escroquerie à la caisse de pension
d'Australie: 164 millions de francs
appartenant à 6090 Australiens
avaient disparu dans des sociétés offshore.
Un partenaire de F. avait déjà
été déferré devant les tribunaux et a
été condamné depuis.
Mais pas Jack F., qui n'est toujours
pas jugé, ni même accusé. Dans les e -
mails privés d'Offshore Leaks, on
trouve pourtant des commentaires qui
laissent peu de doute sur ce qu'on savait
de lui dans le milieu. En 2006 déjà,
une avocate de renom écrivait qu'on
l'appelait «Téflon Jack» - tout reproche
lui glisse dessus. Avant d'ajouter:
«Avec lui, c'est les ennuis assurés.»
Confronté à ces éléments par «Le
Matin Dimanche», le fiduciaire T. assure
qu'il a vérifié dans plusieurs bases
de données le passif de Jack F., mais
qu'il n'a rien trouvé. Les experts que
nous avons contactés sont toutefois
sceptiques. «Compte tenu du nombre
considérable d'articles de presse faisant
état de soupçons d'un comporte-
Media genre: Print media
Type of media: Daily and weekly press
Circulation: 160'999
Frequency: weekly
Media monitoring
Media analysis
Information management
Language services
ment délictueux, une très prudence eût
été recommandable», estime Monika
Roth, experte en compliance et professeure
à la Haute Ecole de Lucerne.
Mais au Liechtenstein, personne
n'a eu vent des affaires risquées du fiduciaire.
T. a même été décorée par la
médaille «Pro Mentis» par l'archevêque
de Vaduz.
Des milliards à régulariser
Dans les données d'Offshore Leaks, on
trouve encore d'autres cas, où des
conseillers liechtensteinois soutiennent
des auteurs de fraudes ou des criminels
présumés. Ils contredisent la
ligne officielle selon laquelle les nouvelles
réglementations pousseraient
les fiduciaires à abandonner le marché
des sociétés boîtes aux lettres au profit
d'une activité de conseil beaucoup
plus intensive de très riches clients.
Ceux-ci viseraient une optimisation
fiscale totalement légale (lire l'exemple
de James Mellon ci-contre). «Nous
abordons les risques d'une manière
totalement différente d'il y a quelques
années», assure Beat Graf, de la fiduciaire
numéro un de la place, PAllgemeines
Treuunternehmen (ATU).
Cette nouvelle ère implique aussi la
régularisation de tous les avoirs déposés
au Liechtenstein. «Une partie
importante des 120 milliards de
francs déposés ici doit encore être ré -
gularisée. Ce processus est en
cours», explique l'ancien chef de
l'administration fiscale liechtenstei-
ARGUS der Presse AG
Rüdigerstrasse 15, PO Box, 8027 Zurich
Tel. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01
www.argus.ch
Topic n°: 660.3
Subscription n°: 660003
Page: 38
Size: 212'672 mm²
noise Marco Felder, qui dirige aujourd'hui
chez PricewaterhouseCoo -
pers la division «Impôts et droits
Liechtenstein». Dans deux ans, la
soustraction fiscale qualifiée sera as -
similée à du blanchiment.
Avant que ces sommes colossales
ne soient régularisées, les fiduciaires
de la Principauté ont encore quelques
soucis à se faire. Surtout depuis que
les autorités fiscales américaines,
britanniques et australiennes ont annoncé
avoir obtenu les données
d'Offshore Leaks.
CETTE
SEMAINE
Le banquier Stepic
propose sa démission
AUTRICHE Le directeur du groupe
autrichien Raiffeisen Bank International,
Herbert Stepic, a proposé sa
démission vendredi après l'ouverture
d'une enquête sur ses placements
à Singapour. Celle-ci a été déclenchée
par un article du magazine
News, partenaire du projet Offshore
Leaks.
Le Parquet ouvre
une enquête
BELGIQUE Le parquet fédéral
belge va demander, via Eurojust à
La Haye et ses contacts judiciaires
à l'étranger, une copie des données
à la base des fuites sur les paradis
fiscaux, les Offshore Leaks, a rapporté
vendredi De Standaard.
Argus ref.: 50005715
Clipping Page: 3/6

Date: 26.05.2013
Le Matin Dimanche
1001 Lausanne
021/ 349 49 49
www.lematin.ch
La Grèce va inspecter
des sociétés offshore
GRÈCE Athènes va auditer des sociétés
offshore, a annoncé le viceministre
des Finances George Mavraganis
devant le Parlement. Seules
4 des 107 sociétés, avec des propriétaires
grecs, présentes dans
les données d'Offshore Leaks seraient
inscrites dans les registres fiscaux.
L'enquête se poursuit
en Corée, au Brésil...
INTERNATIONAL Le consortium International
des journalistes d'investigation
ICIJ a étendu ses partenariats
avec des publications cette semaine
en Autriche, en Corée du Sud, au Brésil
et en Bulgarie. D'autres pays
comme le Panama, le Japon ou
Taïwan suivront. Pour la Chine, l'ICIJ
embauchera deux journalistes.
Media genre: Print media
Type of media: Daily and weekly press
Circulation: 160'999
Frequency: weekly
Media monitoring
Media analysis
Information management
Language services
ARGUS der Presse AG
Rüdigerstrasse 15, PO Box, 8027 Zurich
Tel. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01
www.argus.ch
Topic n°: 660.3
Subscription n°: 660003
Page: 38
Size: 212'672 mm²
Le millionnaire qui ne paie ses impôts nulle part
JONGLEUR Le richissime James
Mellon réussit l'exploit
de n'être imposé nulle part.
C'est le fruit d'un régime strict
de voyages méticuleusement
planifiés. Et c'est parfaitement
légal.
Les paradis fiscaux disparaissent l'un
après l'autre. L'Autriche et le Luxembourg
ont décidé d'abandonner leur
secret bancaire sous la pression des
autres membres de l'UE, tandis que
Singapour introduit l'échange automatique
d'informations. Et dans les
Caraïbes, les régimes fiscaux spéciaux
tombent comme des dominos.
Mais ceux qui s'imaginent que les riches
n'ont bientôt plus les moyens
d'échapper au fisc ne connaissent pas
James Mellon.
Cet homme, qui réussit l'exploit de
n'être imposable à aucun endroit de la
planète, a été trahi par quelques données
éparpillées au milieu des 260 gigabites
d'Offshore Leaks. James Mellon
est descendant d'un roi du pétrole
américain. C'est un chasseur pas -
sionné, qui a même acquis une certaine
notoriété dans le milieu pour ses
nombreux trophées ramenés d'Afrique,
mais James Mellon est surtout un
as de l'optimisation fiscale. En toute
légalité, bien sûr, cet ancien client
d'un fiduciaire liechtensteinois mène
les administrations fiscales du monde
entier par le bout du nez: en Italie, aux
Etats-Unis et à Klosters, dans le canton
des Grisons.
Joint à son domicile de New York, le
«contribuable» de 70 ans se montre
ravi par notre téléphone passé depuis
la Suisse et nous explique volontiers
ses astuces par le menu: «Croyez -
moi, tout est absolument légal.» Le
plus important, commence -t- il, est
de ne jamais rester assez longtemps
quelque part pour s'y faire domicilier
fiscalement. La conséquence est un
régime strict de voyages. «Je me déplace
énormément et je m'en tiens
précisément aux règles de chaque
pays», détaille-t-il.
James Mellon, devenu célèbre depuis
peu pour ses talents de jongleur
d'impôts, n'est pas vraiment un poids
léger du point de vue financier. Le
grand-père William Mellon a fondé
au début des années 1900 la Gulf Oil
Company à Pittsburgh, qui était un
temps l'une des plus importantes du
monde et a intégré le géant pétrolier
Chevron. Une université porte même
le nom de la famille et la BNY Mellon
Bank compte 48 700 employés.
Seulement, James R. Mellon II -
Argus ref.: 50005715
Clipping Page: 4/6

Date: 26.05.2013
Le Matin Dimanche
1001 Lausanne
021/ 349 49 49
www.lematin.ch
c'est son nom complet - ne s'est pas
senti de vocation de magnat du pétrole.
Ni même celle de banquier.
Jeune et aventurier, il a préféré parcourir
l'Afrique dix ans de suite, pour
y abattre des animaux sauvages. Et il
est toujours le seul au monde à être
parvenu à abattre trois des trophées
les plus rares qui soient: l'hippotrague
noir géant d'Angola (en photo), le
bouquetin d'Abyssinie et la très farouche
antilope pygmée. A 30 ans
seulement, il est devenu le plus jeune
détenteur du «Roy E. Weatherby Big
Game Trophy», l'équivalent des Oscars
dans le monde de la chasse.
Le jeune Américain a aussi appris à
connaître un adversaire qui ne se laissait
pas abattre comme ça. «A l'époque,
je vivais au Kenya et je voulais
rédiger un testament. Mon avocat
m'a expliqué que si je mourais en
Afrique, l'Etat américain recevrait
55% de tout ce que je possède, partout
dans le monde», raconte Mellon
avant d'ajouter: «Je ne vais quand
même pas donner mon argent à ce putain
de gouvernement!»
Leçon No 1
NE PAS ÊTRE
AMÉRICAIN
Choqué par cette claque sur la nuque
donnée par-dessus les océans par le
long bras du fisc américain, James
Mellon met en place sa première parade.
En 1977, il rend son passeport
US et devient sujet de Sa Majesté la
reine Elisabeth II en s'installant aux
îles Vierges britanniques (BVI).
«J'espère que vous vous rendez
compte de ce que ça représente? Depuis
je n'ai plus de relations avec les
Etats-Unis», dit-il. C'est la leçon
numéro 1 dans son combat contre
l'administration fiscale la plus puissante
de la planète: celui qui veut
contourner le fisc US n'a plus le droit
d'être Américain.
Media genre: Print media
Type of media: Daily and weekly press
Circulation: 160'999
Frequency: weekly
Media monitoring
Media analysis
Information management
Language services
Leçon No 2
NE RÉSIDER
NULLE PART
Mais après la renonciation à la citoyenneté,
il restait un problème pour
James Mellon: il était toujours imposable
à son domicile aux Etats-Unis,
même en tant qu'étranger. Il s'établit
donc officiellement aux BVI. Et lorsque
le climat fiscal a commencé à se
gâter là-bas aussi, Mellon a développé
la parade ultime: une vie sans
domicile. C'est sa leçon numéro 2.
Il quitte les Caraïbes et ne vit officiellement
plus nulle part. Et en plus
du fisc US, il se moque du même coup
des autorités italiennes, de celles des
BVI et de l'administration fiscale
suisse. Car sa famille possède une maison
à Klosters, dans les Grisons. Un joli
chalet avec jardin, à dix minutes seulement
de la télécabine. «It's very nice
there», assure James Mellon.
«Chaque pays connaît ses propres
règles», poursuit-il doctement. Les
Etats -Unis ont par exemple toute une
liste de critères en fonction desquels
les autorités définissent si quelqu'un
y est domicilié ou non: «Situes membre
de clubs locaux ou si tu as participé
aux élections.» James Mellon
planifie méticuleusement le temps
qu'il passe à chaque endroit, afin de
ne surtout pas se faire happer par une
domiciliation fiscale. «Mon statut de
séjour n'a encore jamais été remis en
question par le fisc américain», sourit
James Mellon. En Suisse, les ressortissants
de l'Union européenne
comme lui peuvent vivre jusqu'à
90 jours sans être imposables.
Quand le nom de James Mellon a été
cité aux USA durant la première vague
d'Offshore Leaks, il a confirmé
avoir optimisé ses impôts avec des
sociétés offshore. Sans sourciller. «Je
me fiche de ce que les gens pensent.
ARGUS der Presse AG
Rüdigerstrasse 15, PO Box, 8027 Zurich
Tel. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01
www.argus.ch
Topic n°: 660.3
Subscription n°: 660003
Page: 38
Size: 212'672 mm²
La seule chose qui m'intéresse, c'est
si ce que je fais est légal ou non. Tout
ce que j'ai fait ou ce que je fais aujourd'hui
est parfaitement légal.»
Que les autorités soient aussi en possession
des données d'Offshore Leaks
ne le désarçonne pas non plus. «Je ne
le savais pas, mais je m'en fiche. Ils
peuvent regarder tout ce qu'ils veulent.
Je n'ai rien à cacher.»
Pour James Mellon, chercher à
payer le moins d'impôts possible est
tout à fait naturel. Aussi naturel que
pour le simple pékin d'aller acheter sa
viande là où elle est justement en action.
Et à l'image des gens normaux
qui dépensent beaucoup d'énergie à
comparer les prix, James Mellon, lui,
met son énergie à placer sa fortune là
où elle est le moins ponctionnée.
Dans les années 90 et 2000, il entretenait
pour ce faire tout un aréopage
de sociétés offshore. Et dans les documents
d'Offshore Leaks apparaissent
les traces de transactions de plus
de 60 millions de dollars entre 2002 et
2009.
La place financière du Liechtenstein
a joué un rôle important pour James
Mellon. Un fiduciaire de Vaduz
s'est occupé durant des années des
millions offshore du Britannique. James
Mellon apprécie les banquiers et
les fiduciaires de ce petit pays. «J'ai
confiance en eux. Ils ont la mentalité
suisse», dit-il. Pour lui, c'est un
grand compliment.
Seulement voilà, les transactions
financières de James Mellon - chasseur
émérite et jongleur d'impôts -
étaient tellement aventurières que
même aux yeux surentraînés des spécialistes
des finances basés dans les
Caraïbes, elles ne paraissaient plus
tout à fait conformes. En 2005, Mellon
a voulu par exemple transférer
7,5 millions de dollars d'un compte
d'une de ses sociétés aux îles Vierges
britanniques, vers son compte personnel.
Mais il avait refusé de certifier
Argus ref.: 50005715
Clipping Page: 5/6

Date: 26.05.2013
Le Matin Dimanche
1001 Lausanne
021/ 349 49 49
www.lematin.ch
par écrit qu'il payait correctement ses
impôts. L'employé de la société de
services offshore Portcullis Trustnet
avait été alerté par le fait que la transaction
avait été déclarée comme un
prêt sans intérêts par le directeur
liechtensteinois de la société. Mais le
fiduciaire de Vaduz donna le feu vert,
malgré les inquiétudes de son collègue
aux BVI.
James Mellon se souvient encore
«vaguement» de la transaction. Ses
conseillers lui auraient dit d'emballer
l'argent dans un prêt, pour «des
questions juridiques». D'ailleurs, le
fisc américain n'avait aucun droit làdessus,
car Mellon n'avait déjà plus
de domicile aux Etats-Unis.
Leçon No 3
AVOIR UN COUP
D'AVANCE
Dans la mission qu'il s'est fixée de ne
jamais livrer un cent à un Etat, James
Melon doit parfois rendre les armes. Il
avoue payer encore des «milliers de
dollars» de taxes immobilières et des
«impôts plein pot» sur deux trusts aux
USA. Ces trusts avaient été fondés à
l'époque par son grand-père, roi du
pétrole, avant que James n'en devienne
le bénéficiaire. «L'argent est coincé
aux Etats-Unis. Et il est pratiquement
impossible de le sortir du pays.»
Au passage, le jongleur d'impôts
explique encore que le reste de son argent
ne se trouve plus aux Caraïbes
depuis un moment. Toujours un coup
d'avance - c'est la leçon numéro 3.
Où se trouve sa fortune offshore? James
Mellon ne le dira pas et répond en
invoquant la mentalité suisse: «Ça,
c'est une affaire privée.»
Florian Imbach
Media genre: Print media
Type of media: Daily and weekly press
Circulation: 160'999
Frequency: weekly
Media monitoring
Media analysis
Information management
Language services
ARGUS der Presse AG
Rüdigerstrasse 15, PO Box, 8027 Zurich
Tel. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01
www.argus.ch
Topic n°: 660.3
Subscription n°: 660003
Page: 38
Size: 212'672 mm²
Le riche héritier James Mellon a rompu
avec le fisc américain alors qu'il était
parti pour dix ans chasser en Afrique.
Argus ref.: 50005715
Clipping Page: 6/6