You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
De l’arsenic au fond du puits<br />
Un seul monde N° 3/Septembre 1999<br />
Mike Goldwater / Lookat / Network<br />
La découverte d’arsenic dans les eaux souterraines au<br />
Bangladesh a donné des allures de cau<strong>ch</strong>emar à un vaste<br />
programme d’approvisionnement en eau potable lancé en 1971<br />
par le gouvernement. Quelque 4 millions de puits ont été<br />
creusés. La moitié d’entre eux seraient contaminés.<br />
(jls) La DDC, l’agence danoise de coopération au développement<br />
DANIDA et l’UNICEF ont soutenu<br />
dès 1975 ce programme pour l’eau et l’assainissement<br />
en milieu rural. Il avait pour but d’enrayer les maladies<br />
diarrhéiques causées par la consommation<br />
d’eau souillée provenant des rivières et des étangs.<br />
Le forage de puits à travers tout le pays a fourni de<br />
l’eau « sûre » à 97 pour cent de la population.<br />
Quelques millions de latrines ont été construites afin<br />
de diminuer la pollution de l’eau par des matières<br />
fécales. Les populations ont reçu des informations sur<br />
les mesures d’hygiène ainsi que sur les précautions à<br />
prendre pour transporter et conserver l’eau. «Ces différentes<br />
mesures ont fait nettement baisser la mortalité<br />
due à la diarrhée, bien que celle-ci reste la principale<br />
cause de décès d’enfants au Bangladesh »,<br />
constate Peter Ts<strong>ch</strong>umi, de la DDC.<br />
Intoxication lente<br />
Mais l’eau souterraine s’est avérée calamiteuse elle<br />
aussi, car elle véhicule de l’arsenic provenant de la<br />
croûte terrestre, un élément cancérigène. On a réalisé<br />
l’ampleur du phénomène à partir de 1997: selon<br />
des sondages, la moitié des puits contiennent des<br />
concentrations qui dépassent les valeurs limites et la<br />
quasi-totalité des 64 districts sont tou<strong>ch</strong>és. «Aucune<br />
analyse <strong>ch</strong>imique ou géologique n’avait été effectuée<br />
avant d’entamer les forages, car l’arsenic est un<br />
problème très rare et de tels contrôles coûtent relativement<br />
<strong>ch</strong>er», explique M. Ts<strong>ch</strong>umi.<br />
À ce jour, 4600 cas d’intoxication à l’arsenic ont été<br />
identifiés. Mais le pire est encore à venir, compte<br />
tenu de la période de latence, qui peut aller de 8 à<br />
14 ans. Les premiers symptômes sont souvent des lésions<br />
cutanées. Puis des organes internes sont affectés.<br />
Au stade final, l’intoxication peut entraîner des<br />
cancers de la peau ou d’autres organes.<br />
Les experts re<strong>ch</strong>er<strong>ch</strong>ent des te<strong>ch</strong>niques simples et<br />
peu coûteuses qui permettraient à la population<br />
d’éliminer l’arsenic de l’eau souterraine, de désinfecter<br />
l’eau de surface ou encore de récolter l’eau de<br />
pluie. La DDC cofinance ces re<strong>ch</strong>er<strong>ch</strong>es. Elle soutient<br />
également la production de pompes manuelles<br />
sur le mar<strong>ch</strong>é local. «Vu qu’on n’a pas encore trouvé<br />
de véritable alternative, il faut continuer de creuser<br />
des puits, relève M. Ts<strong>ch</strong>umi. Sinon, les gens recommenceront<br />
à boire l’eau de surface, et le nombre<br />
de décès dus aux bactéries remontera en flè<strong>ch</strong>e.»<br />
Mais aujourd’hui, on teste la qualité de l’eau avant<br />
d’installer une nouvelle pompe.