Gambetta, la belle bourgeoise oubliée - Tribune Bulletin Côte d'Azur

Actualité
Gambetta, la belle
bourgeoise oubliée
C'est la seule grande artère niçoise à déboucher sur le front de mer :
une situation certes privilégiée, mais un commerce à bout de souffle.
Plus de 250 commerces sur un boulevard entre mer et montagne. Banques, espaces vides et commerces vieillissants
sonnent le glas d'une économie active.
Mais l'îlot maudit du
12, n'explique pas à
lui-seul le progressif
déclin du secteur.
Contrairement à
d'autres grandes artères, le commerce
sur Gambetta n'est pas
omniprésent, coupé par endroit
par un square, un consulat, une
école, de belles demeures dont
l'une vit mourir Gaston Leroux.
Autre paramètre : le côté historiquement
cosmopolite du quartier,
qui abrita jadis les riches
Russes Blancs, puis des populations
de moins en moins nanties.
Une différence qui s'est toujours
fait sentir dans la partie nord du
boulevard (après le pont Sncf) et
qui s'est étendue peu à peu.
Moins aisées, ces nouvelles
familles ont généré d'autres commerces.
De cette histoire pluri-culturelle,
Gambetta a gardé quelques
particularismes : traiteurs russes
et asiatiques, spécialités turques,
pakistanaises ou orientales. Ce
tour du monde gustatif vient de
s'enrichir d'une toute nouvelle
boutique dédiée aux produits roumains,
ouverte il y a juste un mois
par Michaela Samoila : elle y prépare
le chou farci à la viande, y
vend “Zacusca” (jardinière de
légumes), “Mititei” (saucisses en
pot), céleri sauvage en conserve
et charcuterie du pays. De quoi
satisfaire les 4.000 Roumains
recensés dans le département,
très vite avertis de l'aubaine par
l'intermédiaire de l'église.
Depuis
l'ouverture
du Hi,
tout proche,
nous avons
vu revenir
quelques clients
étrangers…
Plus haut sur le boulevard,
autre pays, autre ambiance : 20
ans déjà que Michel Franco a
ouvert son Bonsaï Center, et parcourt
Thaïlande, Viet Nam, Japon
et Chine à la recherche de nouvelles
espèces d'orchidées,
d'arbres nains ou d'artisanats
venus des pays du soleil levant.
Odeur d'encens, chaleur humide
et précieuses laques au mur, tout
ici est fait pour plaire aux divins
végétaux. Bouddhas sereins ou
olivier haut comme trois pommes,
les cultures se mélangent et
se complètent.
Gambetta, c'est aussi tout un
pan de nissartitude encore bien
présente dans les cafés et caves à
vin, qui côtoient sans complexe
aucun les bonnes fourchettes
du sud ouest de l'Occitanie ou
l'ambiance cantine gourmande
de La Cuisine d'André, un nouveau
restaurant pour des midis
sympathiques et étonnants ;
n'oubliez pas les desserts, le
chef est un ancien pâtissier qui
n'a pas perdu la main !
Du Gambetta d'antan, il ne
reste guère que notre antiquaire.
Et le commerce hautde-gamme
se limite désormais
aux friandises chocolatées de
Christophe Canet, qui attire
une clientèle dépassant largement
les limites de la ville. "Le
fourreur est parti l'année
dernière, la parfumerie a beaucoup
baissé… Mais l'hôtel Côte
d'Azur a ré-ouvert, et ça, c'est un
point positif. Depuis l'ouverture
du Hi, tout proche, nous avons vu
revenir quelques clients étrangers…"
Ce qu'il manque au boulevard
pour retrouver son lustre
d'antan ? "Peut-être quelques grandes
enseignes de qualité. Des cités
marchandes plus accueillantes,
car elles ont su malgré tout rester
compétitives par rapport aux
supermarchés, mais souffrent de
leur vétusté et de leur abandon progressif."
Dans la partie basse, certaines
façades ont été ravalées
récemment, laissant apparaître
quelques joyaux de la Belle
Epoque. La santé des commerces
passera elle aussi par un lifting
complet.
Isabelle Auzias
● Vendredi 25 janvier 2008 ● Tribune Bulletin Côte d’Azur ● 3 ●
Quoi de neuf
cette semaine ?
➔ LE CHIFFRE
4.202.843 Ma
C'est le chiffre d'affaires 2008 arrêté par le
conseil d'administration de la Sominice, présidée
toujours par Joseph Calza, qui gère
les marchés d'intérêt national. La baisse des
redevances de 30% qui est annoncée pour
l'exercice en cours, confortera le Min dans
sa position de structure parmi les moins onéreuses
pour les utilisateurs.
➔ LES FAITS MARQUANTS
L'annulation par le tribunal administratif de
Nice, à la suite du recours déposé par le
conseil régional, de la décision du préfet de
région accordant le transfert du port de Nice
au département, au motif de l'insuffisance de
la consultation menée par les services régionaux
de l'Etat, qui a précédé cette opération.
Le conseil général ne fera pas appel de
façon à ne pas rallonger le délai de relance
de la procédure
Saluée par le président du conseil général,
le président de la Canca et maire de
Nice, le président de la Cci, l'institution par
décret de l'Etablissement opération d'intérêt
national pour la Plaine du Var est l'acte de
naissance officiel de la structure juridique au
sein de laquelle va se définir l'aménagement
de cette portion essentielle du territoire
départemental.
Nouveau feuilleton produit par Marathon
pour France 2, "Cinq soeurs" se tourne
actuellement à la Victorine. Un premier
contrat, signé avec le producteur de "Sous
le Soleil", porte sur 260 épisodes de 26 minutes,
soit un peu plus d'un an de tournage.
Avec l'un des plus gros budgets, dit-on,
consacré par une chaîne française à une
saga de ce genre, et, bonne pioche, beaucoup
de recrutements sur place. Si l'audimat
ne prend pas une claque, il y aura une suite.
Cannes et la Riviera dans son ensemble
ayant été évoqués un temps, c'est finalement
Nice qui sert de décor à l'intrigue. Top départ
pour les aventures d'un médecin veuf et de
ses cinq filles, le 28 janvier à 18h15.
➔ L’ENTREPRISE
EN VEDETTE
Fabricant de ferrures métalliques et composites
à Tourette Levens bien connu de nos
lecteurs, Tordo Belgrano est une des quatre
firmes (dont 2 à Paris), à avoir reçu le trophée
Inpi de l'innovation 2007. Donnant deux
leçons : l'innovation ne doit pas être liée
exclusivement à certaines branches industrielles
et notre territoire peut encore (mais
un coup de pouce des pouvoirs publics ne
sera jamais de trop pour gommer les handicaps)
convenir à des entreprenants industriels,
s'ils en ont les capacités.