Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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• Vendredi 17 juin 1994
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TURQUIE
Pour Ankara la logique militaire reste la seule réponse
les combats d'Anatolie ont
amené plus de 4 000 villageois
kurdes à fuir vers l'Irak ces derniers
mois, et la répression
touche aussi, de plus en plus,
les intellectuels pro-kurdes du
pays.
ISTANBUL
de notre co"espondante
Le procès de treize journalistes
et rédacteurs du quotidien prokurde
OzgUr Gündem s'est ouvert
à Istanbul mardi 14 juin, jour qui
marquait la première année de
MmoTansu Ciller à la tête du gouvernement.
Deux des inculpés,
Gurbetelli Ersoz et Ali Riza Halis,
détenus depuis décembre, ont été
relâchés à l'issue de la première
session du tribunal, mais les
charges qui pèsent sur eux, passibles
de peines de peines allant jusqu'à
plus de vingt ans de prison,
ont été maintenues. Ainsi, la lutte
contre les militants du PKK ne se
limite pas aux combats armés et,
récemment, plusieurs autres intellectuels
ont été condamnés pour
des écrits jugés «séparatistes ».
Les troubles économiques ont
temporairement détourné l'attention
du public de la question
kurde, problème prioritaire de la
Turquie, mais dans le Sud-Est anatolien,
les forces de sécurité poursuivent
sans relâche lelir offensive
contre les combattants du PKK.
Les communiqués laconiques
publiés quotidiennement par la
préfecture de la région, soumise à
l'état d'urgence, ne donnent
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au problème kurde
qu'une image tronquée des combats
meurtriers qui s'y déroulent,
mais sont néanmoins éloquents:.
selon le premier ministre, 107
combattants du PKK ont récemment
été tués en l'espace d'une
semaine. Le quotidien pro-kurde
Ozgür Ulke. qui a pris la relève
d'Ozgür Gündem aujourd'hui
fermé, donne sa propre version,
affirmant que 14 villages ont été
b11lléspar les forces de sécurité en
trois jours.
Des marques
de torture
Le coßt humain de cette guerre
est plus élevé que jamais. Les villageois
kurdes sont, comme d'habitude,
pris entre deux feux, alors
que la' pression contre le PKK
monte. Plus de 4 000 d'entre eux
ont, au cours des derniers mois,
suivant l'exemple de leurs cousins
kurdes d'Irak en 1991, emprunté,
en sens inverse, les sentiers montagneux
pour se réfugier en Irak du
Nord. Selon certaines organisations
humanitaires, une vingtaine
de familles arrivent quotidiennement
en Irak du Nord, affirmant
avoir été délogées par les forces de
sécurité ou par les bombardements
de l'aviation turque. Le lorig de la
route principale qui mène de la
frontière imkienne à Diyarbakir ~
des villa~es vides témoignent
d'une politique d'évacuation forcée.
Les autorités turques réfutent 'o:::t'f
ces allégations, affirmant que. 0\
l'exode de ces paysans a été délibé. 0\
rément organisé par le PKK. Mais ~
ces explicàtions, qUI contredisent
leurs propres déclarations selon
lesquelles l'influence du PKK
aumit été brisée par le succès des
récentes offensives gouvernementales,
ne sont pas convaincantes.
Les meurtres « mystérieux », qui
ont fait des centaines de victimes
au cours des deux dernières
années, se poursuivent. Le 2 juin,
Muhsin Melik, ancien responsable
local du Parti de la démocratie
(DEP), a été abattu à Urfa. Avant
de décéder de ses blessures, il
aumit accusé la police d'avoir tiré
sur lui. Deux jours plus tard, les
cadavres de trois hommes d'affaires
kurdes, proches des milieux
sympathisants du PKK, étaient
retrouvés portant des marques de
torture, un jour après leur enlèvement
à Istanbul. Le gouvernement
turc affirme qu'il s'agit de règlements
de comptes au sein de la
mafia kurde, mais le doute subsiste,
d'autant plus que le premier
ministre avait annoncé, il y a quelques
mois, détenir une liste des
hommes d'affaires qui soutiennent
le PKK.
L'étendue des succès militaires
effectivement remportés par les
autorités turques est difficile à
mesurer, mais il est probable que
le PKK a subi des pertes considémbles
ces derniers mois, et la présence
massive de troupes a forcé la
population kurde au silence. Le
nationalisme kurde n'a pas disparu
pour autant, et cette logique militaire
risque d'être difficile à maintenir,
ne semit-ce qu'en mison des
difficultés économiques que traverse
le pays.
L'idée d'une. solution politique,
jusqu'à ces derniers mois. débattue
régulièrement, n'est plus mentionnée
dans les cercles gouvernementaux,
qui ont laissé la gestion du
problème à l'armée. Les pays occidentaux
- y compris les Etats-
Unis, où la Chambre des représentants
a proposé récemment de
retenir 25 % de l'aide militaire à la
Turquie jusqu'à l'obtention de
preuves de progrès dans le
domaine des droits de l'homme -
demeurent persuadés que seules
des réformes politiques, satisfaisant
les revendications de.la mino.
rité kurde, pourmient assurer une
stabilité dumble en Turquie. .
Kurdistan would bë
a good neighbour
I TOURED eastern Turkey inJuhe 1990
and saw for myself the plight of the Kurdish
minority. It is unacceptable that a
nation of more than 25 million people is
kept divided and scattered throughout
five different countries (Turkey, Iran,
. Iraq, Syria and Russia). The Kurds are
. entitled. to have their own.,nation state.
Establishing an independent Kurdistan
could provide w~stern Europe with a .
friendly, non-Muslim neighbour.
Giovanna Bell85io
.Milan. ltalv
NICOLE POPE