Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE-PRESS REVIEW-BERHEVOKA ÇAPÊ-RNISTA STAMPA-DENTRO DE LA PRENSA-BASIN ÖZETÎ
l'OTANqui, depuis 1991, interdisent
à Bagrladde .rétablir son,
contrôle sur le pays ,kurde.
Mais cette couverture aérienne
ne sera pas éternelle, et le Dr
Robert a compris sur place que
les divisions des Kurdes {malgré
leur optimisme d'éternels
résistants} annoncent des catastrophes.
Guerre civile au sud de la.
frontière turque, terreur au
m:ird.. D.epuisle début de \'an~
né~, \'anùß8 d'Ankara a lance
L'EXPRESS • 16 JUIN 1994
; ANALYSES
, ,
une offensivè dans le Sud-J.;st
anatolien dont l'objectif est
d'anéantir le PKK«avant la rüi
de l'année». Daniel Robert a'pu
constater dans cette partie' du
pays kurde, où il s'est arr.êté
aussi, les effets de ces opérations
militaires.
eizre, près de la frontière,
qui était un haut lieu de la ré-
,sis!ance kurde, est aujourd'hui
, une ville morte qui vit dans la
pr '.Ir:fusillades nocturnes,pra-
TURQUIE'
Guerre aux Kurdes
.es militaires d'Ankara ont mobilisé plus du tiers de leurs troupes pour en finir
3vec les rebelles du PKK. Un pari risqué qu'ils sont loin d'avoir gagné.
A près
la main tendue, le poing
brandi. Résolu à « éradiquer »
la rébellion séparatiste du Parti
des travailleurs du Kurdistan (PKK),
l'Etat turc dérive vers la guerre
'totale. Balayé, le dialogue ébauché
'sous le défunt président Turgut Özal.
Oubliés, les propos conciliants hasardés
en début de mandat par le Premier
ministre, Tansu Ciller. Emme-
J?éspar le général Dogan Güres, chef
~'état-major, les « faucons» galonnés
ont désormais la bride sur le cou.
Depuis la mi-mars, l'armée intensifie
,son offensive. Combinant ratissages
'terrestres et raids aériens sur
les sanctuaires du PKK à
J'extérieur des frontières, elle
a déployé dans le Sud-Est
'anatolien plus du tiers de ses
:effectifs, épaulés par les
milices locales. Au total,
300 000 hommes environ. On
dénombre, depuis 1984, date
'du déclenchement de la guérilla,
12 500 morts. Bilan
pour la première quinzaine
de mai : 285 tués, dont
261 séparatistes. Et
48 maquisards tués durant le
seul week-end dernier.
Tactiquè efficace, en apparence
: maîtres des villes et
64
des plaines, les militaires contràignent
le PKK à se replier sur ses fiefs
en montagne. Pour autant, ce dernier
ne manque ni d'armement ni de
fonds - via le racket ou le trafic
d'opium - ni de chair à canon. On
enrôle au besoin garçons et filles dès
15 ans. Recrutement stimulé, il est
vrai, par la brutalité de la répression.
Même si l'idéologie du PKK, gardien
du dogme stalinien, et ses méthodes,
d'une violence extrême, n'ont rien
d'attrayant. Le vivier? 20 000 maquisards.
Les cadres? A l'abri à l'étranger.
A commencer par le chef
tiquées par l'armée, de purein-
,timidation, échoppes détruitp.s
ou désertées. Dans l'arrièrepays,
le médecin vaudois a pu.
entrer dans des villages entiè-
.rement calcinés. Furtivement,
•un vieillard l'a interpellé: «Savent-ils,
en Europe, ce qui se
passe ici?» 0
[> Le Dr Daniel Robert participe
ce soir à une conférence-débat à
GENÈVE. Forum II. Ste-Clotilde.
suprême, Abdullah Ocalan - dit
« Apo» - établi à Damas. Là se
trouve le défaut de la cuirasse, :
Ankara ne parvient pas à verrouiller
ses frontières. Celle du Kurdistan irakien
échappe à son contrôle. Bien
sûr, la Turquie frappe bases arrière et.
camps d'entraînement en Syrie, en
Iran ou dans le nord de l'Irak. Bien
sûr, elle sollicite la coopération des
pays de la région. Mais sans grand
succès.
Au-delà de l'anéantissement de la
guérilla, la stratégie turque vise à éliminer
l'aile politique de la révolte.'
Inculpés de « séparatisme et
[d']atteinte à l'intégrité de l'Eta!"»,
six députés du Parti de la démocratie
(DEP), formation promise à l'interdiction,
attendent leur procès. Le
mari de l'un d'eux, Mehdi Zana, exmaire
de Diyarbakir, a été condamné
le 17 mai à quatre ans de prison.
Ankara brûle ainsi ses vaisseaux. Que
faire si la manière forte échoue ?
Obsédé par le spectre de la sécession,
le régime bannit toute concession,
fût-elle culturelle. Coupable
aveuglement.
D'autant que la plupart
des 12 millions de Kurdes
du pays n'ont d'autre vœu,
que de s'intégrer dans une
Turquie respectueuse de
leur identité. Et que les
divergences apparues
entre l'élite du DEP et les
ultras du PKK laissaient
entrevoir une voie différente.
« En septembre:
nous eil aurons fini ! »
clame le général GOres.
En septembre, soit, mais
de quelle année?
Vincent Hugeux •
",