Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
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REVUE DE.PRESSE-PRESS REVlEW-BERHEVOKA ÇAPÊ-RwISTA STAMPA-DENTRO DE LA PRENSA-BASIN ÖZETi<br />
--<br />
4<br />
TL 'ESSOR du parti islamiste s'est fait.<br />
aux dépens <strong>de</strong> la gauche. Le Parti<br />
social-démocrate (SHP) a connu une.<br />
véritable débâcle, passant <strong>de</strong> 20 % à<br />
13 % <strong>de</strong>s suffrages <strong>et</strong> perdant ses places<br />
fortes - Istanbul, Ankara, Izmir <strong>et</strong><br />
Adana -, <strong>et</strong> 22 postes <strong>de</strong> maire sur les<br />
30 qu'il détenait. A l'automne 1991,<br />
dirigé alors par M. EnlaI Inoiiti, il s'était<br />
engagé dans une alliance avec le Parti<br />
<strong>de</strong> la juste voie, une formation <strong>de</strong> droite<br />
conduite par M. Demirel, pour effacer<br />
l'héritàge du régime militaire issu du<br />
coup d'Etat, le 11 septembre 1980, du<br />
général Evren. Mais le bilan <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />
expérience est largement négatif: la<br />
situation économique <strong>et</strong> sociale n'a<br />
cessé <strong>de</strong> se détériorer <strong>et</strong>, après quelques<br />
ouvertures sans len<strong>de</strong>main, la guerre<br />
s'est intensifiée au Kurdistan (4). Sous<br />
le gouvernement <strong>de</strong> MmeTansu Ciller, le<br />
SHP est <strong>de</strong>venu l'ombre du DYP.<br />
«Notre chute est due à notre alliance<br />
avec le parti <strong>de</strong> Mme Ciller ",<br />
entendait-on dans les couloirs <strong>de</strong> la mairie<br />
d'Istanbul au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la défaite<br />
du maire social-démocrate, M. Nur<strong>et</strong>tin<br />
Sözen. «Mme Ciller nous a imposé une<br />
politique que ne pouvait comprendre<br />
notre électorat. Il faut r<strong>et</strong>ourner dans<br />
l'opposition », affirme un conseiller <strong>de</strong><br />
l'ancien maire. «Il faudrait résoudre le<br />
problème kur<strong>de</strong>. La guerre n'est pas<br />
une solution, c'est vrai. Mais il faut tout<br />
<strong>de</strong> même écraser le PKK. une organisation<br />
terroriste, dont beaucoup <strong>de</strong> qirigeants<br />
sont arméniens (sic) ou arabes<br />
(re-sic). »<br />
La tentative <strong>de</strong> Mustafa Kemal, en<br />
1923, <strong>de</strong> constituer la Thrquie en nation<br />
homogène est mise à mal. Soixante,dix<br />
ans plus tard, la revendication kur<strong>de</strong> n'a<br />
probablement jamais été ausSi organisée,<br />
aussi radicale. La Thrquie - gauche<br />
officielle en tête - est en guerre contre<br />
une. partie <strong>de</strong> sa propre population, avec<br />
plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong> son armée, un budg<strong>et</strong><br />
militaire dévorant, <strong>et</strong>. une tendance<br />
croissante à la désertion <strong>de</strong>s jeunes<br />
recrues - on estime à 250 000 le nombre<br />
<strong>de</strong>s insoumis (5).<br />
Les dénis <strong>de</strong> démocratie sont permanents.<br />
Le 23 mars, le Parlement a levé<br />
l'immunité <strong>de</strong>s principaux députés du<br />
Parti démocratique prokur<strong>de</strong>, élus en<br />
octobre 1991 (lire encadré, page 11).<br />
Depuis, ils moisissent en prison <strong>et</strong><br />
risquent la peine <strong>de</strong> mort pour séparatisme.<br />
Ces mesures s'appuient sur les<br />
différents articles <strong>de</strong>s lois antiterroristes<br />
- qui sont censées perm<strong>et</strong>tre au gouvernement<br />
<strong>de</strong> lutter efficacement contre les<br />
«séparatistes du PK/(» - <strong>et</strong> sur la<br />
Constitution d'inspiration kémaliste.<br />
« En Turquie, tout citoyen est turc, il n 'y<br />
a donc pas <strong>de</strong> races différentes, pas<br />
d'<strong>et</strong>hnies différentes, pas <strong>de</strong> croyances<br />
différentes, pas <strong>de</strong> religions différentes<br />
», résumait M. Coskun Cirka au<br />
nom <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> la c6IIimission<br />
chargée <strong>de</strong> rapporter <strong>de</strong>vant l'Assemblée<br />
nationale lors du jugement <strong>de</strong>s<br />
députés prokur<strong>de</strong>s. Toute référence à la<br />
question kur<strong>de</strong> <strong>de</strong>vient <strong>de</strong> la propagan<strong>de</strong><br />
séparatiste <strong>et</strong> mène le député comme le<br />
simple citoyen à la prison.<br />
Pourtant, c'est au Parlement <strong>et</strong> non<br />
dans la rue ou dans la clan<strong>de</strong>stinité que<br />
les Kur<strong>de</strong>s doivent pouvoir dire. s~ils<br />
Aux dépens <strong>de</strong> la gauche<br />
sont ou non pour la séparation <strong>de</strong> leur<br />
pays, affirme llnur Cevik, éditorialiste<br />
du quotidien Turkish Daily News,<br />
ancien conseiller <strong>de</strong> M. Suleyman<br />
Demirel. S'il critique «le manque <strong>de</strong><br />
. maturité <strong>de</strong>s députés du DEP [Parti<br />
démocratique], qui s'évertuent à provo-<br />
. quer leurs .collègues au Parlement en<br />
parlant kur<strong>de</strong> ou en refusant <strong>de</strong> se référer<br />
à la Constitution parce qu'elle nie<br />
l'existence <strong>de</strong> leur peuple », il n'en<br />
affirme pas moins: «Leur arrestation<br />
proUve bien que nous ne sommes pas<br />
une démocratie. »<br />
La mise en cause <strong>de</strong> la liberté <strong>de</strong> penser,<br />
d'écrire, <strong>de</strong> publier est quotidienne.<br />
Plus <strong>de</strong> 80 intellectuels sont en prison<br />
pour délit d'opinion. Le quotidien prokur<strong>de</strong><br />
Ozgur Gün<strong>de</strong>m a été interdit<br />
après <strong>de</strong>ux ans d'existence (6). Neuf <strong>de</strong><br />
ses correspondants au Kurdistan - <strong>et</strong><br />
sept <strong>de</strong> ses ven<strong>de</strong>urs - ont été tués, sa<br />
rédaction entière - 50 personnes - a<br />
été arrêtée <strong>et</strong> interrogée. Plusieurs <strong>de</strong> ses<br />
rédacteurs ont été torturés avant d'être<br />
relâchés. Son directeur, M. Yasar Kaya,<br />
condamné à une centaine d'années <strong>de</strong><br />
prison, a finalement dû s'exiler.<br />
Mme Ayche Zarakolu, éditrice à<br />
Istanbul, qui a publié 200 ouvrages ces<br />
quinze <strong>de</strong>rnières années, est menacée <strong>de</strong><br />
plusieurs années <strong>de</strong> prison à la sortie <strong>de</strong><br />
la publication, en décembre, <strong>de</strong> la traduction<br />
du livre du chercheur français<br />
,Yves Ternon sur le génoci<strong>de</strong> arménien.<br />
«A c<strong>et</strong>te époque, la situation politique<br />
:semblait moins tendue, note M. Ragip<br />
~Zarakolu, <strong>et</strong> nous avons cru pQuvoir<br />
enfin abor<strong>de</strong>r ce tabou, puis le vent a<br />
tourné.» MmeAyche Zarakolu est<br />
inculpée d'« incitation à la haine entre<br />
les peuples, <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> raciste <strong>et</strong><br />
séparatiste ». Elle est déjà condamnée à<br />
cinq mois <strong>de</strong> prison pour la publication<br />
du <strong>de</strong>rnier livre du sociologue turc<br />
Ismal Besikci, spécialiste <strong>de</strong> la Question<br />
kur<strong>de</strong>, le Parti républicain <strong>et</strong> la question<br />
kur<strong>de</strong> en 1931. L'auteur, quant à lui, est<br />
en prison pour <strong>de</strong>ux ans, à la suite <strong>de</strong><br />
son soixante-dix-septième procès.<br />
Il n'est donc .pas étonnant que<br />
M. Necm<strong>et</strong>in Erbakan prophétise que,<br />
après avoir doublé ses voix - <strong>de</strong> 9 % <strong>de</strong>s<br />
suffrages exprimés en 1991 à 18 % en<br />
1994 -, il en fera autant lors <strong>de</strong>s prochaines<br />
législatives qui se dérouleront<br />
au plus tard en 1996, pour atteindre les<br />
40 %. Mais ce serait là un changement<br />
d'échelle qui m<strong>et</strong>trait en cause les fon<strong>de</strong>ments<br />
<strong>de</strong> l'Etat turc. Pour l'instant, la<br />
conquête <strong>de</strong>s municipalités par le Refah,<br />
le 27 mars 1994, reste encore le produit<br />
d'un système électoral aux eff<strong>et</strong>s pervers.<br />
Le scrutin uninominal à un tour a<br />
. permis aux candidats islamistes <strong>de</strong><br />
s'emparer <strong>de</strong>s mairies avec 30 % <strong>de</strong>s<br />
suffrages. Mais les candidats <strong>de</strong>s partis<br />
laïques totalisent près <strong>de</strong> 80 % <strong>de</strong>s voix<br />
dans l'ensemble du pays. On risque,<br />
d'ailleurs, d'assister à <strong>de</strong> sérieuses<br />
empoigna<strong>de</strong>s entre <strong>de</strong>s maires islamistes<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong>s assemblées municipales<br />
élues par listes, à la proportionnelle,<br />
dont la majorité est hostile au Refab.<br />
Le Parti du bien-être a égaiement profité<br />
<strong>de</strong> la division <strong>de</strong> la droite. Le parti<br />
<strong>de</strong> Mme Tansu Ciller, le DYP, est allié<br />
avec le SHP <strong>de</strong> M. Murat Karayalcin,<br />
formation <strong>de</strong> gauche, tandis que L'oppo-