Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE-PRESS REVIEW-BERHEVOKA ÇAPÊ-RlVISTA STAMPA-DENTRO DE LA PRENSA-BASIN ÖZETi
Quotidien Arménien 24 JUIN 1994
Ankara rejette
le rapport d'Amnesty
Comme on pouvait s'y attendre,
le dernier rapport d'Amnesty
International faisant une description
"apöcalyptique" de la
situation des droits de l'homme en Turquie
(voir GAMK du 23 juin 1994) n'a
pas été du goût d'Ankara. Le jour
même de la publication du rapport les
accusant de violations toujours plus
graves des droits de l'homme, notamment
dans le sud-est anatolien à majorité
kurde, les autorités d'Ankara rejetaient
le texte en le désignant comme
un tissu de mensonges. Le porte-parole
de la diplomatie turque, Ferhat Ataman,
déclarait ainsi que les accusations
d'Amnesty International
"n'avaient rien de vrai", ajoutant que
l'organisation "se trompe complètement
à propos de la Turquie.
M.Ataman a ajouté qu'en
"Turquie démocratique, toutes les institutions
fonctionnent dans le cadre des
libertés". "Signataire d'accords internationaux
sur les droits de l'homme, la
Turquie est un pays transparent et elle
dépend des mécanismes de contrôle
comme les autres pays du Conseil de
l'Europe".
La référence au Conseil de
l'Europe était pourtant osée, alors
qu'un comité de Défense des députés
kurde du DEP emprisonnés en Turquie
vient de déposer mercredi un recours
contre la Turquie devant la Commission
des droits de l'Homme du Conseil
de l'Europe pour violations graves des
droits de l'homme. Et certaines voix
européennes, loin de considérer la
International
Turquie comme un pays "comme les
autres", n'ont pas hésité à comparer la
répression des Kurdes dans l'est de la
Turquie à un "cancer rongeant le
Conseil de l'Europe".
Mais c'est la même antienne
de la lutte anti-terroriste qui résonne en
Turquie dès lors que l'on parle de violation
des droits de l'homme. M.Ataman
s'est ainsi empressé de souligner
que le rapport d'Amnesty International
"ne mentionnait nullement les attaques
sanglantes du PKK contre des civils,
des journalistes et des politiques". "II
est temps que cette organisation
(Amnetsy International) voie la vraie
face du terrorisme du PKK et ses violations
des droits de l'homme" a poursuivi
le porte-parole de la diplomatie
turque. Lui-même n'avait sans doute
pas pris le temps de lire tout le rapport,
qui dénonçait pourtant également les
violations de droits de l'homme de la
part des rebelles kurdes du PKK, responsables
de meurtres de civils, de
journalistes et de responsables politiques
locaux. Pour autant l'existence
d'un terrorisme kurde, dans lequel la
Turquie prétend enfermer une question
kurde dont elle s'obstine à ignorer
le caractère politique, ne saurait justifier
la longue liste d'exactions prêtées
au forces turques et relevées par
Amnesty et d'autres organisations de
défense des droits de l'homme. Et il
convient de noter que la "situation
empire d'heure en heure "en Turquie,
comme le signalait le rapport d'Amnesty,
alors que l'état-major turc se flatte
d'être sur le point d'avoir définitivement
réglé son compte à un terrorisme qu'il
a finalement encouragé, en fermant
toutes les portes à une négociation
avec les interlocuteurs politique de la
question kurde.
La semaine dernière encore,
la Cour constitutionnelle turque a dissous
le Parti de la Démocratie (DEP,
pro-kurde), dOllt cinq des 13 députés
représe'ntés au Parlement turc sont
sous les verrous depuis mars. Dans le
même temps, l'intensification des opérations
militaires turques dans le sudest
Anatolien contre les rebelles du
PKK a contribué à exporter vers les
métropoles turques la spirale de la violence,
avec l'annonce l'an dernier par
le leader du PKK d'une nouvelle stratégie
prenant pour cible les sites touristiques.
Après une semaine rouge
marquée par cinq attentats contre des
lieux publics à Istanbul, non revendiqués
mais attribués par la police au
PKK, deux 'stations balnéaires des
côtes méditerranéennes turques ont
été la cible d'attentats mercredi, faisant
des blessés notamment parmi les touristes
étrangers. Sans doute la communauté
internationale, prendra-t-elle
acte de cette dérive "terroriste" d'un
mouvement qui prétendait pourtant
limiter son action à une guerre de libération
nationale; mais pour atteindre ce
but, la Turquie devra néanmoins justifier,
au Conseil de l'Europe ou ailleurs,
de son mépris manifeste des droits de
l'homme.
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