Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE-PRESS REVIEW-BERHEVOKA ÇAPÊ-RNISTA STAMPA-r: \'fRO DE LA PRENSA-BASIN ÖZETi
23-30 juin 1994
Le premier qui dit la vérité
(version turque) ...
our avoir témoigné lors
d'auditions publiques devant le
Parlement européen en octobre et
décembre 1992, Mehdi Zana,
ancien maire de Diyarbakir,
considéré comme la capitale du
sud-est anatolien à majorité kurde,
a été condamné à quatre ans de
prison par la Cour de sécurité de
l'Etat d'Ankara. Comme de
nombreuses associations et
personnalités françaises et
européennes, j'avais eu l'occasion,
au nom du Comité de défense des
libertés des droits de l'Homme, de
soutenir son action et sa démftrche
à Bruxelles où il plaida en faveur
de la démocratie et du respect des
droits du peuple kurde. Mehdi
Zana, dont l'épouse députée de
Diyarbakir est détenue depuis
.mars avec cinq autres députés du
Parti de la démocratie (DEP), est
une figure respectée du
mouvement démocratique non
violent kurde. Après des années de
lutte et d'emprisonnement, il est
élu au suffrage universel en lm et
devient le premier maire ouvrier,
proche des communistes; d'une
grande ville dans l'histoire de la
République turque. Destitué,
écroué à la suite d'un coup d'Etat
Roland WIos,
secrétaire du
Comlt8 de défense
des droits de
l'Homme et des
libertés
militaire en septembre 1980, c'est
un total de quinze ans qu'il a déjà
passés dans les prisons de Turquie,
au cours desquels les sévices
de toutes sortes et tortures
n'ont pas manqué.
Sa condamnation, outre qu'elle a
pour conséquence d'étouffer
la moindre tentative
de témoignages du véritable
martyr subi par les habitants
du Kurdistan, peut C()nduire à
occulter toute perspective de
solution pacifique et démocratique
et, par conséquent, d'alimenter"
l'affrontement armé (1) au
détriment des populations civiles
déjà lourdement éprouvées. Un
récent communiqué émanant d'un
.grand nombre d'ONG dresse le
bilan effroyable de cette
répression: des centaines de
villages rayés de la carte, des villes
entière~ en grande partie détruites,
des milliers de morts, des
démocrates, des journalistes .
emprisonnés ou disparus ...
Tout se passe comme si «l'objectif
des autorités turques était de
dépeupler le Kurdistan, de
détetritorialiser la question kurde
et d'éparpiller le peuple kurde afin
de mieux "l'assimiler" dans le cadre
du traditionnel projet turc de
'recomposition ethnique du pays"
qui avait commencé par le génocide
des Arméniens, poursuivi par
l'expulsion d'Anatolie de 1200000
Grecs dans les années 1920 et qui
doit s'achever par l'éparpillement
4es Kurdes, dernière communauté
indigène non turque du pays» (2).
Face à cette situation, il est
~admissible que le gouvernement
.français ne remette pas en cause
l~-contrat signé ~n mars par
François Uotard sur la vente
de vingt hélicoptères Cougar, ni sur
~ux portant sur l'ensemble
des ventes d'armes à ce pays
.qUi servent la répression.
De même, nous demandons
avec un grand nombre
d~associations que les pays
occidentaux agissent avec
diligence, soit pour amener
leûr allié turc à mettre un terme
à la persécution du peuple kurde
en engageant un processus de
recherche d'une solution politique
à t~question kurde sous l'égide de
.la CSCE, de l'Union européenne
ou de l'ONU, soit, si Ankara
~~iste dans sa politique actuelle,
fW retirer tout soutien politique,
financier et militaire et l'exclure de
nos institutions occidentales où sa
présence ne pourrait que nous
discréditer et nous déshonorer .•
1. ~oir à ce sujet l'interview d'Eric Rouleau,
sp6cia1iste du Proche-Orient. Hunumiti du
l"dkembre 1993.
2. Le ?-Ionde du 8juin, le Herald Tribune
du ~juinl994.
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